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La grève reconductible, jusqu’à la victoire : la parole à Alain (CGT) de l’incinérateur TIRU d’Issy
Entretien avec Manon de Vertbaudet – Marquette lez Lille
Ce matin du lundi 20 mars, dès 3h45 les camarades du PRCF Nord étaient présents aux côtés de la CGT de l’Union Locale de Tourcoing et des grévistes de Vertbaudet à Marquette- lez-Lille pour bloquer le site et convaincre les autres salariés de rejoindre le mouvement. Ce fut rapidement chose faite puisque la quasi-totalité des salariés en CDI de l’équipe du matin se mirent alors en grève. L’arrivée de la direction aux alentours de 9h30 et l’annonce de leur refus de rouvrir les NAO pour permettre une augmentation plus significative que les 0% acceptés par les deux autres syndicats majoritaires n’a pas découragé les grévistes bien au contraire ! Rejoint vers 11h45 par l’équipe de l’après-midi avec qui fut partagé un barbecue fraternel, le mouvement de grève se poursuivra le lendemain. Initiative Communiste, via ses correspondants du PRCF 59, donne la parole à Manon, déléguée syndicale de la CGT Vertbaudet de Marquette-lez-Lille.
Initiative Communiste : Citoyennes, citoyens, chers amis, chers camarades. Aujourd’hui lundi 20 mars nous sommes à Marquette-lez-Lille sur le site de Vertbaudet en compagnie de Manon. Peux-tu te présenter brièvement en quelques mots. Quel est ton rôle ici en tant que travailleuse mais aussi en tant que membre de la CGT ?
Manon : Je suis déléguée syndicale depuis 4 mois et cela fait 10 ans que je travaille ici.
Initiative Communiste : D’accord, donc tu es devenue récemment déléguée syndicale pour la CGT et tu travailles ici depuis 10 ans. J’imagine qu’en 10 ans tu as dû voir les conditions de travail changer est sûrement pas favorablement.
Manon : Exactement, c’est de pire en pire. On a connu le Vertbaudet où l’on avait une liberté qui nous entraînait à produire inconsciemment parce qu’on était bien. Or, plus le temps avance, plus on a la direction sur le dos. On parle d’intimidation, limite de harcèlement, on parle de licenciement dit abusif. Il y a eu le licenciement d’une salarié en septembre, car dans le cadre d’une pause, on rigolait comme toujours, et la salariée a dit en plaisantant « ah tu es vraiment un grand con » ce qui montre qu’aujourd’hui lors des pauses on ne peut plus rire de ce que l’on veut.
« un taux d’augmentation générale à 0%«
Initiative Communiste : On est aujourd’hui quelques jours après l’annonce de l’utilisation du 49.3. Mais d’abord ce qui est important de signaler c’est que la principale raison, mais non la seule, pour laquelle vous êtes en grève aujourd’hui c’est notamment du fait des faibles salaires.
Manon : C’est ça, on sort tout récemment des NAO, qui ont été signés par des syndicats autres que la CGT, avec un taux d’augmentation générale à 0%. Il n’y a donc pas d’augmentation des salaires. On nous « offre » en compensation une prime de pouvoir d’achat. Or, on subit tous l’inflation, les bas salaires la subissent même plus que d’autres et cela ne dérange personne ici.
Initiative Communiste : Ce qui est surtout intéressant dans le grand mouvement qui a lieu c’est qu’il y a énormément de travailleuses.
Manon : On en a tous ras le bol, de se tuer, car il faut le dire notre corps en pâtit, on en a ras le bol de se tuer pour un salaire avec lequel on n’arrive même pas à boucler les fins de mois. On se lève très tôt tous les matins, on bosse comme tout le monde et comme tout le monde on n’a aucune reconnaissance, aucune. La direction ne nous connait même pas, les 3⁄4 de la direction ne connaissent même pas notre prénom. On ne nous connaît pas, on nous sous-estime et on nous intimide à longueur d’année.
Initiative Communiste : Pourtant, on imagine que Vertbaudet n’est pas en manque d’argent et que les bénéfices sont plutôt importants.
Manon : Les profits ne sont pas forcément au niveau de ce que voudraient atteindre la direction mais de notre côté la production ne diminue jamais. A longueur d’année, qu’il y ait énormément de travail ou non, on a une production à tenir et elle ne bouge pas en fonction de la masse de travail. Notre travail ne subit aucune baisse de production ou d’activité. Il n’y a soit disant pas d’argent pour nous augmenter, même si ils parviennent à en trouver pour augmenter les cadres et les agents de maîtrises. Lorsqu’il y a des heures supplémentaires à effectuer, qui est-ce que l’on appelle ? A qui demande-t-on de rester ? C’est à nous ! Donc, nous nous sommes là pour produire, voir surproduire pour atteindre des chiffres que fixe la direction et finalement, nous n’avons rien en retour. Même les heures supplémentaires pour les toucher il ne faut pas être pressé.
Initiative Communiste : Finalement dans ton témoignage, si on comprend bien l’argent il n’y en a pas pour les salaires des ouvrières et ouvriers, il n’y en pas non plus pour les retraites mais il y en a pour les actionnaires et j’ajouterai accessoirement qu’il y en a même pour faire la guerre puisqu’il ne faut pas oublier que le 20 janvier dernier. Il y a tout juste 2 mois, le président Emmanuel Macron annonçait un plan de modernisation de l’armée de 413 milliards d’euros d’argent public entre 2024 et 2030. Donc, un slogan « l’argent pour les retraites et les salaires, pas pour les actionnaires ni pour faire la guerre » pourrait-il être une revendication générale de votre part ?
Manon : C’est exactement ça. Il y a largement de quoi financer les salaires aujourd’hui à Vertbaudet pour cela il faudrait simplement que la direction se goinfre moins. Par ailleurs, l’année dernière la société a réalisé un très bon chiffre d’affaires et nous avons reçu une belle prime d’intéressement mais parce que le travail a été effectué bien sûr. Cette même année les autres syndicats ont signé comme tous les ans un accord sur l’intéressement avec un objectif à atteindre. Cette fois l’objectif mis en place par la direction était inatteignable et bien entendu il n’a pas été atteint puisque forcément tous les ans on vise plus loin et on finit par viser la lune avec un objectif qui n’est pas réaliste. Donc, cette année les chiffres sont bons. Mais, on n’a pas d’augmentation et on n’a pas non plus de prime d’intéressement puisque l’objectif fixé par la direction et signé par les autres syndicats n’a pas été atteint. Alors, oui ils ont de quoi nous augmenter mais ils refusent.
Initiative Communiste : En tout cas on voit qu’aujourd’hui il y a beaucoup de mobilisation.
Manon : Oui, plus que ce que l’on pensait, c’est très bien et il faut que ça continue.
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« On n’est pas des machines ! On est des humains !«
Initiative Communiste : Tu sens de la détermination là parmi tes camarades ?
Manon : Je sens que tout le monde est rassuré, chose qui n’était pas le cas avant d’arriver ce matin. Ils voient que c’est encadré, que c’est bon enfant, que c’est convivial. On n’est pas là pour faire ce que prétendent les médias c’est-à-dire détruire, casser. On est là pour montrer à la direction notre mécontentement et qu’il y a un ras le bol général. Il y en a marre du chantage, on passe notre vie à nous faire du chantage, « si tu fais ça, tu as ça » « si tu fais pas ça, tu auras ça », à un moment stop. On n’est pas des machines ! On est des humains ! On a le droit de vivre et le droit de vivre dignement donc pour ça il faut nous payer dignement. Vertbaudet ils ont un slogan : « les enfants d’abord » mais c’est les enfants des autres parce que les nôtres ils peuvent mourir de faim ça ne dérangera personne chez Vertbaudet.
Initiative Communiste : Oui et bien nous aux enfants d’abord nous répondrons les humains d’abords, tous les humains d’abords y compris ceux qui travaillent ici à Vertbaudet. Merci beaucoup Manon ! Ici le combat débute risque de se poursuivre avec le soutien bien sûr de la CGT et du PRCF toujours auprès des travailleurs en lutte, car le combat qu’ils mènent que ce soit à Gravelines, à Marquette-lez-lille ou n’importe où dans le Nord est un combat pour les salaires, pour les retraites, pour la dignité de tous les travailleurs. Alors plus que jamais le PRCF sera à vos côtés !