Par Georges Gastaud, PRCF (14 avril 2023) – 1953, le gouvernement MRP de l’époque (droite « chrétienne ») tente de décaler le départ en retraite des travailleurs du public de 65 à 67 ans sous prétexte d’économies (en réalité, il s’agissait surtout de financer la guerre coloniale en Indochine et, déjà, les crédits militaires pour la guerre antisoviétique préparée par Washington). Au bout de deux semaines de grève dure et illimitée, notamment à la SNCF et à la Poste, le gouvernement fut forcé de retirer son projet…
2023: après plusieurs mois d’actions diverses, Macron maintient son projet régressif et garde le cap sur l’objectif fixé dès 2002 par l’Union européenne : « porter à 67 ans en moyenne l’âge du départ en retraite dans les pays de l’UE » (Accord de Barcelone signé par Chirac et par le « socialiste » Jospin).
Entre les deux périodes, qu’est-ce qui a changé dans le rapport des forces?
- conduit par la puissante CGT de classe et de masse de Benoît Frachon, une CGT alors ouvertement proche des communistes et affiliée au syndicalisme mondial rouge de la FSM et non pas au syndicalisme rosâtre, voire jaunâtre, de la Confédération Européenne des Syndicats (CES) comme c’est le cas aujourd’hui, la classe ouvrière de 1953 a tenu sans barguigner un bras de fer de 15 jours: plus de transports publics, de débardage dans les ports, de communications postales, etc. Aujourd’hui, la confédération CGT reformatée par les Viannet, Thibault et autre Martinez, continue de se réclamer d’un « syndicalisme rassemblé » largement dépendant de la CFDT en France et de la CES à l’échelle européenne: donc, principalement, au niveau central, on a donc eu principalement des « journées d’action » discontinues, aucun appel au blocage général ni à la construction de la grève générale jusqu’u retrait du projet;
ce qui ne fait du reste que souligner le grand mérite des secteurs ouvriers les plus combatifs (énergie, raffinerie, transports maritimes et ferroviaires, éboueurs, électriciens coupant le jus aux députés de droite…) qui sont restés bien seuls pour tenir les blocages, le bras de fer, les réquisitions et les tentatives de révocation ;
- le PCF de 1953, encore fièrement marxiste-léniniste et conduit par Duclos, Fajon, et par d’autres grands dirigeants issus de la Résistance, portait alors une alternative de masse à la fois anticapitaliste, antifasciste et anti-impérialiste (contre les guerres coloniales, contre l' »Europe de la défense » tournée contre la Russie soviétique et parrainée par Washington et Berlin), et le gouvernement bourgeois se disait ainsi que, s’il ne finissait pas par céder, il prendrait le risque d’une révolution prolétarienne ! Bref, il devait lâcher du lest pour éviter l’arrivée au pouvoir des communistes (des VRAIS communistes, pas de leur caricature décaféinée…), et à travers eux, de la classe ouvrière…
à l’époque, la France ne s’était pas encore pieds et poings liée à l’Europe supranationale et les contre-réformes dictées par les eurocrates ne disposaient pas de l’appui de moins en moins discret de Bruxelles, de l’ensemble des gouvernements bourgeois européens avec, à l’arrière-plan si nécessaire, la « couverture » implicite de l’Euro-gendarmerie et de l’OTAN…
Les conclusions sont limpides et seul, hélas, le PRCF a le courage de les tirer à l’échelle du pays: il faut RECONSTUIRE:- reconstruire un grand syndicalisme rouge mettant la classe ouvrière au centre de la nation, contestant sur le fond le capitalisme et l’impérialisme, construisant le tous ensemble et, quand il le faut, sachant appeler au blocage et à la grève illimitée ;
- reconstruire un parti communiste de combat centré sur la classe ouvrière et sur le monde du travail, un parti unissant comme hier le drapeau rouge des ouvriers au drapeau tricolore de la Nation, combattant les guerres de l’OTAN et rejetant la russophobie héritière de l’antisoviétisme d’hier, dénonçant sans contorsions l’UE, l’euro et l’OTAN. Bref, un parti portant l’alternative révolutionnaire, celle du socialisme-communisme de nouvelle génération pour notre pays;
- il faut sortir la France de l’euro, ce dispositif austéritaire continental contre les salaires, les retraites, le « produire en France » et les services publics, de l’UE , cette prison des peuples soumise au capital, de l’OTAN, ce bras armé de l’impérialiste atlantiste, du capitalisme, ce système qui mène à la guerre mondiale, et rouvrir à la France une alternative rouge et tricolore affrontant l’oligarchie, dénonçant l’illégitimité du régime Macron et reprenant la route du socialisme qu’ont abandonnée les directions faillies successives du PCF depuis le virage social-démocrate de 1976 (abandon de la dictature du prolétariat et du marxisme-léninisme, abandon de l’internationalisme prolétarien au nom de l’eurocommunisme…).
C’est ce pour quoi milite le PRCF. Ouvriers et jeunes en lutte qui voulez enfin gagner et non plus perdre les bras de fer sociaux imposés par l’ennemi de classe, rejoignez sans plus tarder notre combat ! Il faut d’urgence reforger les outils de la victoire !
Août 1953. Alors que les Français s’apprêtaient à partir en vacances, le gouvernement avait voulu faire passer en douce plusieurs mesures impopulaires. Et notamment l’âge de la retraite de 65 à 67 ans pour les fonctionnaires.
La réaction fut immédiate, comme le rapportaient les Actualités françaises : « L’annonce des décrets d’économie agitait déjà le secteur public : les postiers fermaient les guichets, à leur exemple, les services de voiries se mettaient en grève laissant en quelques jours la rue aux poubelles et les cheminots à leur tour fermaient leurs gares. Aux pauvres gens en vacances la campagne et la mer devenaient soudain inaccessibles. »
Réquisitions et cars de vacanciers
C’est toute la France qui débraya : 4 millions de grévistes. Postiers, cheminots et même vignerons. « Dans les régions viticoles, les vignerons mécontents rééditaient les manifestations de la semaine précédente. Leurs barricades coupaient les routes. La plupart des touristes avaient, en prévision, détourné leur itinéraire. »
Le gouvernement réquisitionna de la main d’œuvre mais, aussi des cars de l’armée pour les Français qui veulent partir en vacances. Et le président du conseil, Joseph Laniel, lançait un appel au pays à la radio : « Face à la grève qui cherche à paralyser tout, je réponds donc catégoriquement : « NON, je dis NON à la grève » »
Mais les blocages continuaient dans les transports : « En France deuxième semaine de grève tandis que les gare autobus restaient déserte on a vu l’autostop devenir le sport quotidien des Parisiens. » Ou encore à la Poste : « On a vu encore l’ingéniosité ne perdant pas ses droits acheminer commande par pigeon voyageur. » Après 16 jours de grève générale, le gouvernement abandonna sa réforme des retraites