25 novembre 2023 – Par la commission femme du PRCF – La lutte contre les violences faite aux femmes est souvent annoncée comme la grande cause des différents quinquennats présidentiels en France.
Celle ci n’est pas seulement vis à vis des femmes : la violence n’est pas un concept abstrait, elle a un contenu de classe, et la classe travailleuse subit des violences insignes, dont les femmes sont les premières victimes : viols ou tentatives de viols (50 000), abus ou agressions sexuelles (1,8 millions), harcèlements (1 million), coups et brutalités allant jusqu’à provoquer la mort…
La violence imposée aux classes populaires, et en particulier aux femmes, est brutale, permanente et méthodique. Elle est indissociable des contre réformes macroniennes inspirées par la commission européenne, et donc sociale, dont la destruction par privatisation de tous les services publics dont les femmes sont largement bénéficiaires:
- diminution scandaleuse de 800 millions d’euros du budget des hôpitaux publics (en 2020)…la majorité y sont des soignantes, qui épuisées quittent le métier…
- les aides à domicile, maltraitées, permettant aux personnes âgées de rester chez elles, perçoivent un salaire de 600 à 800 euros par mois pour des horaires monstrueux !
- les sages femmes sont en lutte depuis des mois pour faire reconnaître la valeur de leur profession.
- les professeurs, majoritairement de sexe féminin, métier difficile pour un salaire à peine plus élevé que le SMIG, démissionnent de plus en plus.
-les agricultrices et femmes de paysans écrasées par la politique agricole commune et par les trusts de l’agro-alimentaire, fait qu’un(e) paysan(e) met fin à ses jours tous les deux jours…
La violence sociale, c’est aussi la diminution de 40 % des indemnités chômage et du recul sans fin de l’âge de départ à la retraite….Ces violences n’ont rien de « sexuel », mais n’en sont pas moins un énorme attaque à la fois sexiste et antisociale…
Quant au budget pour lutter contre la violence directe faite aux femmes, qui a augmenté régulièrement jusqu’à atteindre 184 millions d’euros en 2023, (dont 29 millions sont consacrés aux violences, 3 millions pour le numéro d’urgence, 6 millions pour les 30 centres de prise en charge des auteurs de violences conjugales), alors que la Fondation des femmes estime dans son rapport récent que ce budget nécessite 3 milliards d’euros……9 % des femmes se disent victimes de violences conjugales et sexuelles et 11 % d’injures, d’insultes ou de dénigrement de la part de leur conjoint ; en 2022, 147 assassinats de femmes (56 depuis le 1er janvier 2023)…..
Une victime sur quatre ne dépose pas plainte….Or le gouvernement affirme que 90 % des femmes sont satisfaites de l’accueil qui leur est fait quand elles le font. Cette même enquête révèle que 66 % d’entre elles s’estiment mal accueillies : banalisation des faits, refus de prendre la plainte, culpabilisation de la victime, moquerie ou sexisme, solidarité avec l’agresseur. Les magistrats sont peu enclins à délivrer des ordonnances de protection. Deux obstacles majeurs freinent les dépôts de plainte : l’accès à la justice et le taux de condamnation des affaires (80 % des plaintes pour violences conjugales sont classées sans suite, pour «défaut de preuve »)
L’Association National d’Intervention Sociale en Commissariat et Gendarmerie (ANISCG), crée en 2003 crée des postes d’intervenants sociaux dans ces deux instances. Aujourd’hui il y a 430 intervenants pour 208 000 victimes de violences conjugales ! D’autre part, un programme de formation nationale de professionnels s’impose (39 500 policiers et gendarmes auraient été formés selon le gouvernement). D’après l’association Avocats, Femmes et Violences, Il leur faudrait une formation pluridisciplinaire avec avocat, magistrat et psychologue pour avoir une vue d’ensemble.
Les associations de de défense des femmes victimes de violence, notamment domestiques, se sont appauvries faute de financements dédiés aux frais de fonctionnement et de structure (peu de permanents mais souvent des bénévoles). On est donc loin d’une grande politique nationale avec des moyens financiers adéquats.
Tout cela nécessite des investissements financiers massifs que l’État ne permet pas, notamment parce que l’UE du capital impose une politique d’austérité budgétaire (les 3 % de déficit budgétaire maximum imposés par Maastricht) et que le programme européen consiste en une destruction massive de tous les services publics.
Il faut agir sur les causes matérielles et donc traiter les problèmes existants et protéger les victimes dès les premiers signes de violences et jusqu’à la fin de celles ci. Mais lutter efficacement impose d’agir en amont et de s’attaquer aux causes matérielles déterminantes de ces violences sexistes et sexuelles.
Et dans ce cadre, nous défendons une idée majeure : garantir l’indépendance économique de toutes les femmes !
Aussi, pour être efficace, cette lutte doit-elle s’associer à la lutte des classes, à la lutte contre le capitalisme, et son bras armé, l’UE, qui écrase toujours plus les salaires et précarise les travailleurs et les travailleuses.
Lutte pour l’émancipation des femmes et lutte des classes ! Toutes et tous ensemble !
Le PRCF, ses militantes et militants, demandent l’égalité complète entre les hommes et les femmes en matière de salaires et de pensions, avec un renforcement des sanctions contre toutes les formes de violences. Ils se fixent pour tâche de lier le combat féministe et le combat de classe, de rassembler les luttes ouvrières et populaires avec les luttes contre les oppressions spécifiques, et en particulier celle des femmes.