Il y avait eu Benalla le 1er mai à Paris, il y a désormais un nouveau visage de la nature autoritaire, totalitaire et violente du régime Macron. Celui-là au moins à le grade de commandant de police et n’est pas, à ce que l’on en connait à ce jour, un membre direct de la garde rapprochée des hommes de main de Macron. Au soir de l’acte VIII des gilets jaunes, une vidéo choque l’opinion publique. Censurée par les chaines d’informations en continue et les JT, elle se répand sur les réseaux sociaux. Les milliers d’abonnés du compte twitter du PRCF (twitter.com/@PRCF_) en auront été informés dès le soir du 5 janvier. On ne parle pas ici de la vidéo d’un champion de France de boxe assénant des directs à travers le bouclier et le casque d’un gendarme mobile après que ordre fut donné à ces derniers de copieusement gazer et cogner une foule de manifestants en gilets jaunes jusque là pacifiques. Des témoignages ainsi que les vidéos viennent d’ailleurs remettre en cause la thèse médiatique simpliste d’un boxeur agressant froidement des gendarmes. Il semblerait que le boxeur soit intervenu pour empêcher un gendarme de tabasser une manifestante, malade, à qui le gendarme, auquel il s’en est pris, donnait des coups de pieds alors qu’elle était à terre. Non, on parle ici de la vidéo des multiples coups de poings à la tête donnés à une personne de couleurs à Toulon, arrêtée dans la manifestation des gilets jaunes par la police, plaquée au mur et boxée par un policier en uniforme de motard alors qu’elle est déjà interpellée. Puis qui boxe ensuite d’autres manifestants. Des images symptomatiques de la violence qui est opposée pour briser le mouvement social, que ce soient les manifestations syndicales ou celles lancées par les gilets jaunes.
La preuve en image des violences commises à Toulon
Les images des violences sont nettes, indiscutables :
#retwetez, interpelez le @Defenseurdroits ne vous #taisez pas ! De nouveau des témoignages de tabassage. Les #violencespolicières sont les #violences d’un régime #minoritaire #totalitaire #illégitime#acteVIII #giletsjaunes https://t.co/zbwCcQktuZ
— PRCF (@PRCF_) 5 janvier 2019
Pour sa défense, le commandant Didier Andrieux prétend le lendemain dans un média régional avoir voulu se défendre en tapant les mains de l’homme qui aurait tenu un tesson de bouteille. Cela n’est pas corroboré par les images filmées. À aucun moment l’homme ne semble tenir quoique ce soit, on ne voit aucun objet tomber de ses mains, ni au sol. Les policiers qui l’ont arrêté et qui le surveillent n’interviennent d’ailleurs d’aucune façon pour désarmer l’homme ou éloigner une telle arme. L’homme n’oppose aucune résistance et on voit sur les images tout simplement une pluie de coups de poing viser non pas les mains de l’homme mais sa figure. La violence est telle que ses collègues sont obligés de cesser leurs interventions pour faire cesser le tabassage. Ensuite Andrieux s’en prend à d’autres manifestants qu’il boxe également. D’autres images de la journée montrent également le policier attaquant des manifestants visiblement pacifiques sur une autoroute, provoquant une échauffourée dans laquelle il reçoit des coups. Pourtant le procureur de la république de Toulon Bernard Marchal refuse immédiatement et avant toute investigation d’ouvrir une enquête pour ses violences policières. Rappelons que le code pénal qualifie de circonstances aggravantes le fait d’être policier lorsque des violences sont commises. Sans aucun doute échaudé par l’affaire Benalla, le préfet du Var, prudent, s’est lui couvert en saisissant l’IGPN, qui n’ouvrira cependant qu’une simple enquête administrative. La protection manifeste dont bénéficie ce policier explique sans aucun doute les violences commises et le fait qu’elles le soient à visage découvert. Filmé dans la manifestation alors que des manifestants l’interpellent sur les violences constatées, Andrieux leur réplique qu’il est le commandant de police et qu’ils n’ont qu’à essayer de porter plainte. Des propos qui peuvent être interprétés comme quoi la loi ne s’applique pas à la police. Ce qui est la caractéristique d’un régime autoritaire.
🔴 Vidéo de #didierAndrieux après les tabassages à #Toulon face à des #GiletsJaunes qui reviennent sur la polémique « Déposez plainte… je suis Commandant » lance le policier pic.twitter.com/6DaNgdZlWe
— Stéphane Larue (@larueofficiel) 6 janvier 2019
On peut supposer au regard de ces faits que les violences, loin d’être une bavure, sont commises car il y a certitude d’être couvert, protégé et de ne pas être inquiété par la hiérarchie et la justice censées faire respecter la loi et protéger les citoyens. Et effectivement, aucun procureur, aucun juge d’instruction ne s’est saisi de l’enquête à ce jour. Observons que si cette affaire Andrieux a fait tant de bruit c’est parce que ce policier a agi à visage découvert, respectant sur ce plan contrairement à un nombre croissant de policiers et gendarmes la loi qui interdit, sauf pour certains services spécifiques, d’agir en masquant leur visage et impose de porter de façon visible leur numéro d’identification. Ce qui a conduit à son identification rapide. S’il n’avait pas été identifié comme lors de dizaines de faits de ce type filmés partout en France, l’affaire n’aurait sans doute pas prise l’ampleur dans l’opinion qu’elle à prise.
Pour réprimer les manifestations des gens masqués casqués armés Ces gens sont ils des policiers ou des militants et employés de #macron et #LREM comme #crase ou #benalla ? La loi impose l’identification de chaque policier
interpelez le @Defenseurdroits #acteVIII #giletsjaunes https://t.co/3N9MkKtQYI — PRCF (@PRCF_) 5 janvier 2019
Affaire Andrieux-Benalla, même violence, même justification, le passif et la légion d’honneur en plus !
Cette affaire Andrieux est par bien des aspects semblables à l’affaire Benalla qui a éclaté cet été. Elle démontre que cette dernière, loin de faits isolés, donne à voir la nature profonde du régime Macron. Un régime, autoritaire, totalitaire, violent : la fascisation en Marche. Alexandre Benalla et Didier Andrieux c’est en fait peu ou prou la même affaire. Celle d’un régime s’appuyant sur la violence pour maintenir sa politique majoritairement rejetée par le peuple. Jugez donc les différents points de convergences
- des violences commises par des personnes faisant partie des forces de sécurité ou en portant les insignes visant des personnes interpellées lors de mouvements sociaux s’opposant à la politique du régime Macron.
- des violences qui ne sont dénoncées ni par les collègues ni par la hiérarchie directe des forces de sécurité lors des faits, qui apparaissent protégés et peuvent tout se permettre…
- … mais des violences qui ne font scandale que parce qu’elles sont documentées et filmées par des manifestants présents et diffusées via les réseaux sociaux. Ces scandales n’émergeant que parce que trop visibles ils ne peuvent plus être censurés par les médias.
- dès lors que l’opinion publique s’indigne, le régime mobilise ses moyens pour protéger l’auteur des violences : appareil judiciaire et appareil médiatique.
- les auteurs des violences sont des personnes directement promues par le régime. Bénalla a été élevé à de hautes fonctions au sein de l’Élysée où il dirige de fait les services de sécurité, Andrieux reçoit la légion d’honneur en 2018 et occupe des responsabilités bien supérieures à son grade. L’homme est en effet alors qu’il n’a qu’un grade de commandant, chef du service d’ordre public et du soutien, occupant la place d’un commissaire divisionnaire mis sur la touche pour lui faire la place.
Très vite il apparaît que ce policier traîne derrière lui un très lourd passif. Il a cependant été désigné comme chef des 400 policiers de terrain de Toulon sur ordre du directeur de la sécurité publique du Var. Et reçu la légion d’honneur par le régime Macron en 2018. Un policier le connaissant indique auprès de RT «Ce gars, il était systématiquement protégé, il faisait ce qu’il voulait. Entre policiers, depuis l’été dernier, on l’appelait justement le Benalla de la police nationale ! Mais pour moi, sur les images du 5 janvier, il déshonore la police et le service d’élite auquel il a appartenu.» Retraçons son historique, qui permet de comprendre pourquoi ces violences, ces coups ne sont pas un dérapage et ne doivent surprendre personne mais sont révélateur d’un système. Observons que d’ailleurs il serait ridicule, comme le font tant d’éditorialistes à gages, de vouloir faire croire qu’il est nécessaire de promouvoir des gens avec ce genre de passif pour la sécurité des forces de police. C’est faux, les policiers en sont les premières victimes directes.
Des policiers premières victimes des violences de Didier Andrieux
En 2014, à la police de Toulon, un officier fonce sur un collègue et donne un violent coup de coude dans le visage du Major Jean Lasserre. À la directrice départementale de la sécurité publique, Marie-Josèphe Mazet, il explique avoir voulu frapper une armoire et que son coude aurait dérapé. une défense qui ne convainc personne à part la hiérarchie et la justice qui le protègent. Si les enquêteurs de l’IGPN ne le croient pas, il n’est néanmoins pas poursuivi en justice pour cette agression et n’écope que de la plus petite des sanctions, un avertissement. Un responsable de l’IGPN a témoigné auprès de la rédaction du Parisien: « À l’époque nous avons été très étonné de la décision prise par le conseil de discipline. En général quand l’IGPN demande un conseil de discipline, c’est qu’elle estime qu’il y a une faute suffisamment grave. Autrement elle attribue directement un avertissement ou un blâme à la personne. La sanction n’était pas proportionnée aux faits. Ce commandant a visiblement un problème avec la violence, et l’usage de la force ». Le policier frappé s’indigne « Je suis petit-fils de gendarme, fils de policier mais il ne faut plus me parler des forces de l’ordre. Parfois je comprends la colère que peuvent ressentir certains. Aujourd’hui encore, j’ai des séquelles, mon nez est complètement tordu et j’ai parfois du mal à respirer. Je suis en train de préparer avec mon avocat mon dossier pour attaquer au civil. » Et Jean Lasserre de tirer l’alarme : « Il est temps que la justice stoppe Didier Andrieux. Il a un sentiment d’impunité ». Je savais que Didier Andrieux allait redéraper. J’attendais. C’est un caractériel, qui ne sait pas se maîtriser », attaque l’ex-major. « Il pratique la boxe, et considère la vie comme un ring. J’ai été victime de sa violence et l’administration l’a couvert. Nous avions eu des mots à propos d’une affaire de stups. Ce n’était pas mon chef hiérarchique. » Mais le coup de poing de Didier Andrieux contre son collègue n’est pas une affaire isolée. Ce dernier a en effet reçu de la part de son supérieur direct, le commissaire divisionnaire Stéphane Rambaud, une récrimination manuscrite pour des violences verbales sur ce dernier et un autre fonctionnaire. Les états de service de ce flic sont loin d’être irréprochables d’après l’enquête menée par le Parisien : S’il a obtenu des distinctions pour les services rendus lors de ses 17 années passées au raid et au GIPN, il a du quitté ses fonctions dans ces services après ce que le journal appelle pudiquement des « soucis ». En réalité dans un courrier du 20 décembre 2007 dont le Parisien révèle des extraits, les policiers du GIPN de Marseille, dénoncent auprès du DDSP des Bouches-du-Rhône et du directeur central de la police nationale « des troubles du comportement de la part de notre chef de service » Didier Andrieux. 60% de l’unité dénonce d’une même voix, dans une institution connue pourtant pour se taire, « une crise » et alertent pour « éviter qu’un drame ne survienne ». En réaction le GIPN de Marseille est dissout, ses hommes dispersés tandis que Andrieux est promu adjoint au chef de la section d’intervention du Raid. Dont il est éjecté rapidement pour être promu chef subdivisionnaire au commissariat de la Garde (83) et ensuite comme chef du service d’ordre public et du soutien à Toulon. Son ancien adjoint au GIPN dénonce: « C’est une injustice. Nous avons été humiliés, sacrifiés alors que Didier Andrieux, grâce à ses réseaux et son entregent, est sorti par le haut ». Plus récemment, depuis octobre 2018, le commissaire divisionnaire Stéphane Rambaud, le véritable directeur du Service d’intervention d’aide et d’assistance de proximité (SIAAP) à Toulon (les policiers en tenue) est en congé maladie, remplacé par son adjoint Didier Andrieux, qui occupe lui-même le poste non remplacé d’un autre commissaire. Selon nos informations, le patron de la police en tenue de Toulon a été écarté par le DDSP de réunions de coordination au profit de son adjoint. Ce qui explique le long congé maladie… « Andrieux est un très bon chef de terrain mais le costume de directeur de service est trop large pour lui. Il est trop impulsif, il a besoin d’être chapeauté », explique l’un de ses collègues. Impuni, Andrieux est au contraire promu et félicité. Henri Castets, directeur départemental de la sécurité publique (DDSP) du Var, un haut fonctionnaire connu de Laurent Nunez, actuel secrétaire d’État, bras droit de Castaner et véritable chef de la police, qui l’a croisé lorsqu’il était en fonction dans le sud de la France, demande et obtient la légion d’honneur pour Andrieux en 2018. Cela avec l’aval et le soutien de la Direction générale de la police nationale (DGPN) qui sélectionne et pousse cette distinction. Ses anciens collègues, à l’image de son ex-adjoint au GIPN de Marseille n’est pas du tout surpris des violences de Toulon qui ont choqué la France. « Ce qui m’étonne c’est que cela ne soit pas arrivé plus tôt. » Force est de constater que puisqu’il n’a pas été stoppé dans ces agissements violents en 2014, avec la bénédiction de la plus haute hiérarchie de la police et celle du procureur de Toulon, on a tout à craindre.
Les violences, prétexte à une escalade liberticide du régime.
Dans aucune démocratie la réponse à l’opposition du peuple ne peut être la répression policière. C’est pourtant la voie choisie par le régime Macron, depuis le début de la mobilisation des gilets jaunes, dans la continuité de la répression du mouvement social des étudiants et des cheminots au premier semestre 2018, ou de la lutte contre les ordonnances loi travail en 2017. Et à cette liste il faut également ajouter la féroce répression à Notre-Dame des Landes, à Bures, ou encore en Guyane. La violence engendre la violence et à l’évidence la stratégie du régime Macron est de réprimer violemment toute contestation sociale pour tenter de faire taire la colère populaire par la force. En terrorisant les manifestants à coup d’amendes, à coup de matraque, de gaz lacrymogènes (armes chimiques interdites par la convention de Genève), de grenades, en déployant des blindés dans les rues, en multipliant les arrestations arbitraires, il s’agit de tenter de les faire rester chez eux. Mais également comme cela ne suffit pas, en criminalisant le mouvement social. D’abord à travers un discours de haine, traitant les manifestants qui dans leur immense majorité sont pacifiques de « foule haineuse » et en les assimilant à l’extrême-droite factieuse – à la fois par l’amalgame mais également en tentant de donner par tous les moyens la première place dans l’opposition au FN/RN, qui est le seul argument électoral de la macronie. Ensuite par une légitimation de la violence qui aura ainsi débouché par un appel d’un ancien ministre de l’éducation, soutien de la Macronie, à faire tirer sur les gilets jaunes. Ces torrents de haine n’étaient cependant que la phase préparatoire d’une offensive généralisée contre l’État de droit. C’est ainsi que le Premier Ministre a annoncé la mise en place d’un régime général d’interdiction de manifester, de fichage des manifestants, avant celui plus général de l’ensemble des opposants. Prenant appui sur une disposition liberticide visant les interdictions administratives de stade des supporter de football qui avait déjà fait polémique lors de son institution, le gouvernement prétend en effet permettre aux préfets, c’est-à-dire en réalité directement au gouvernement puisqu’ils sont ses représentants les plus directs, d’interdire de manifestation de façon discrétionnaire et sans aucun procès n’importe quel citoyen. Par ailleurs, en violation des règles et conventions internationales signées par la France et qui s’imposent donc avec force de loi, le gouvernement prétend obliger à une autorisation systématique préalable par lui- même de chaque manifestation. Un préalable pour interdire toute manifestation de toute forme d’opposition et ne permettre que les manifestations à sa gloire, telle que celle qu’il prétend organiser le 27 janvier. De fait, la nature autoritaire, violente et totalitaire du régime Macron ne peut plus être niée par personne. Au second tour de la présidentielle, le PRCF avait alerté en dénonçant que Macron ne serait pas un « barrage » à l’extrême-droite mais qu’il était un moteur de cette fascisation. Tragiquement, les faits lui donnent raison, en matière de liberté, en matière de politique migratoire, force est d’ailleurs de constater la proximité de l’action du régime Macron avec les thèses de l’extrême-droite. Il aura fallu moins d’un an pour que le régime Macron tente un hommage à Maurras et moins de deux ans pour que Macron tente ainsi de rendre un hommage national à Pétain ! Force est de constater que son principal ennemi n’est pas le FN et les Le Pen, mais que ces coups visent la CGT, la France Insoumise et Mélenchon, et à travers eux de manière systématique et unique l’ensemble de la classe des travailleurs.