Adama Traoré serait-il toujours en vie s’il n’avait pas été arrêté par les forces de gendarmerie ? C’est une réponse à cette question qu’attendent la famille et les proches. C’est à cette question que devrait, clairement et en toute transparence, la justice. Force est de constater que les éléments rendus public de l’enquête de la médecine légale et du procureur de la République ne font jusqu’à présent qu’apporter le trouble au doute.
A l’annonce de la mort d’Adama Traoré lors de son interpellation par la gendarmerie de Beaumont sur Oise, une vague de colère a saisi la jeunesse. Comment ne pas s’indigner que l’on puisse mourir des suites d’une interpellation ? La seule réponse apporté par le pouvoir a été un renforcement des forces de l’ordre à Beaumont sur Oise et de nombreuses arrestation. La famille et les amis d’Adama Traoré a du subir les gaz lacrymogène lancés par la gendarmerie lorsqu’ils ont demandé à voir le corps du jeune homme.
Bavure ou non, ce qui se passe à Beaumont sur Oise est emblématique du traitement réservé aux quartiers populaires. Les associations recensent dans l’indifférence des pouvoirs publics entre 10 et 15 morts chaque année des suites d’une interpellations tandis que les bavures policières ne débouchent que très rarement sur des procédures judiciaires et quand c’est le cas, les condamnations sont très rares. Illustrant pour chacun des enfants des quartiers la maxime bien connu « selon que vous serait puissants ou misérables, Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir »
Comment ne pas ici faire le parallèles avec les violences policières contre les manifestants demandant le retrait de la Loi Travail ? là aussi les enquêtes ne sont pas conclusives et la justice traine. Ou encore avec l’assassinat de Rémi Fraisse tué par une grenade lancée par la gendarmerie ? là aussi la justice traine et les coupables sont en libertés. Ou que ceux ayant pourchassé Zyed et Bouna jusque dans un transformateur où ils mourront électrocuté ont eux aussi été relaxés ? Comment ne pas se souvenir que le CRS filmait en train de violenter un migrant à Calais a été relaxé ?
C’est bien dans ce contexte où le pouvoir utilise police et gendarmerie pour réprimer le peuple, dans une France sous état d’urgence qu’Adama Traoré est
Que cache le flou affiché sur les causes de la mort d’Adama Traoré ?
Pour le moment, ce qui est connu des faits de façon certaine se résume à ceci : le 19 juillet dernier, Adama Traoré est arreté par la gendarmerie. Interpellé vivant et visiblement en bonne santé, c’est mort qu’il ressort de la gendarmerie
Dans une première autopsie, diligentée par le parquet, le médecin légiste a – et c’est exceptionnel – refusé de conclure sur les causes du décés. Le procureur de la république – chef judiciaire des gendarmes – se permettait lui de parler de « quelques égratignures » et « d’une infection généralisée » et de conclure sur des causes médicales de la mort d’Adama Traoré « un sujet manifestement en hyperthermie au moment où il a été examiné par les services de secours ».
La seconde autopsie pratiquée ne mentionne elle ni malaise cardiaque, ni infection généralisée mais évoque une possible asphyxie sans conclure sur ses causes. Le parquet – qui ne présente guère les garanties d’indépendance qu’offrirait une enquête conduite par un juge d’instruction – lui continue d’écarter a priori les violences policières
Le journaliste spécialisé ( et médecin) Jean-Yves Nau émet lui l’hypothèse d’une mort belle et bien causée par l’arrestation, en raison d’une possible « asphyxie positionnelle ».
L’avocat de la famille exige fort logiquement une troisième autopsie, constatant les contradictions entre les éléments communiqués par le pouvoir. Par exemple la seconde autopsie menée mardi 26 juillet à l’institut médico-légal de Paris par un collège de trois experts n’a constaté « aucune infection » contrairement à la première autopsie qui mettait en avant « une grave infection touchant les poumons, le foie et la trachée ». « Le problème, c’est que ce jeune homme de 24 ans est mort d’un syndrome d’asphyxie dont les experts ne peuvent pas déterminer les mécanismes », affirme-t-il
Le 22 juillet dernier pour la justice et la vérité, une marche a rassemblée plus de 5000 citoyens à Beaumont sur Oise. Des marches de solidarité ont eu lieu ailleurs en France (à Bordeaux, à Marseille etc.)
La famille appelle à une nouvelle mobilisation le 30 juillet à 16h à la Gare du Nord à Paris. Et réclame une autopsie conclusive.
Une pétition a été lancée en ligne pour exiger une enquête impartiale et la vérité (cliquer ici) et rassemble déjà plus de 36 000 signatures
Le communiqué de la famille Traoré demandant une nouvelle autopsie
L’interpellation et la mort d’Adama Traoré expliquée en bande dessinée par la dessinatrice Emma
un banlieusard parmi d’autres
Voir le très bon travail d’enquete de Bastamag sur les crimes policiers http://www.bastamag.net/Homicides-accidents-malaises-legitime-defense-50-ans-de-morts-par-la-police
Une liste des victimes tenue par le collectif Urgence notre police assassine http://www.urgence-notre-police-assassine.fr/123663553
30 ans d’impunité http://www.bastamag.net/Bavures-policieres-mortelles
L’émission de Là-bas si j’y suis http://la-bas.org/les-emissions-258/les-emissions/2005-06/novembre-106/clichy-sous-bois-quand-la-police-provoque
Des armes de guerre contre les émeutiers après la mort d’Adama Traoré
Alors que la préfecture se félicite du « maintien de l’ordre » après plusieurs jours de trouble, les jeunes du val d’oise exigeant la vérité sur les causes de la mort d’Adama Traoré, les photos publiés par les médias donne à voir le visage inquiétant d’un pouvoir armant sa police d’arme de guerre pour faire face au peuple.
C’est bel et bien de fusils automatiques – nouvellement arrivés en dotation des forces de l’ordre sous prétexte de lutte anti terroriste – que les gendarmes ont été envoyés dans les rues de Beaumont sur Oise. Comme en témoignent les photos publiées par le journal Le Monde ou du Parisien