C’est une nauséabonde opération de communication à coup de matraques et d’expulsion, expulsion de logements mais aussi du territoire, que le régime Macron entreprend à Mayotte. Une opération qui s’inscrit dans un triple objectif politique nauséabond du régime Macron :
- alimenter la montée des idées xénophobes en courant après l’extrême droite, pour mettre en avant le thème fangeux de l’action contre l’immigration clandestine
- faire diversion pour affirmer la fermeté du régime Macron, confronté à l’opposition totale du peuple de France à sa politique
- mettre l’éteignoir sur la résolution des très sérieux problèmes de sous développement de l’ile de l’archipel des Comores. Ce n’est pas des CRS et des coups de matraques qui vont construire les routes, hopitaux, écoles, la production d’eau et d’électricité et activités de production dont les travailleurs mahorais ont avant tout besoin car c’est là la seule solutions à la très profonde crise sociale de l’ile
D’après les journalistes de la 1ere, l’opération de police, a démarré ce dimanche dans la confusion et la violence :
La situation, selon nos informations, aurait rapidement dégénéré. « C’est la débandade » nous dit une source « c’est le bordel » pour une autre. Des affrontements qui se déroulent dans le cadre de l’opération Wuambushu. Depuis vendredi, la CRS 8 est mobilisée sur Tsoundzou. Des fonctionnaires de police auraient été encerclés. Certains policiers auraient dû faire usage de leur arme à feu pour se dégager. La CRS 8 et le Raid sont intervenus sur place. Depuis samedi, huit CRS, dont six ce dimanche, seraient blessés selon une source policière.
Mais qui peut oublier que les problèmes de Mayotte prennent racine dans l’histoire coloniale et le néocolonialisme entretenu en dépit de la départementalisation dans cette ile de l’archipel des Comores, et que capitalisme et euro austérité ne permettent en rien de régler les problèmes très sérieux de l’ile ?
A leur déclaration d’indépendance, les Comores se sont vu privés de Mayotte. S’il est vrai que le referendum de 1974 s’y était localement prononcé au 2/3 pour le maintien dans la France, les accords du 15 juin 1973 ont explicitement prévu que les résultats de ce referendum du 22 décembre 1974 devaient être considérés sur une base globale et non ile par ile. A la proclamation de l’indépendance des comores, Ali Soilih conduit un gouvernement socialiste, il revendique la restitution de Mayotte. Paris appuie via ses services secrets un coup d’état conduit par Bod Denard, Ali Soilih est exécuté. Le régime installé aux Comores transforme Moroni en plaque tournante du contournement des sanctions visant le régime d’apartheid d’Afrique du Sud. Depuis l’instabilité politique est entretenue aux Comores qui est le 21e pays le plus pauvre du monde. L’imigration des comoriens en France hexagonale et à la Réunion est très importante, avec une population plus importante que dans l’archipelle.
Il est depuis constant que l’ONU et son assemblée générale, depuis la résolution du 12 novembre 1975, relative à l’admission des Comores à l’Organisation des Nations Unies, dans laquelle elle a réaffirmé la nécessité de respecter l’unité et l’intégrité territoriale de l’archipel des Comores, composé des îles d’Anjouan, de la Grande Comore, de Mayotte et de Mohéli, n’a eu de cesse de rappeler les patentes violations de Paris s’agissant de Mayotte, par exemple la résolution 49/18 du 6/12/1994 pour les vingt ans du referendum. Un droit international qui nous oblige particulièrement, nous français. Et en la matière, lorsqu’un Darmanin instrumentalise les problématiques de sous développement de Mayotte dans une fangeuse et dangereuse course à l’échalote avec le RN de Marine Le Pen, il ne faudrait pas oublier que ceux que Darmanin désignent comme illégaux à Mayotte ne violent pas, eux les résolutions de l’ONU. En 1995, le gouvernement Balladur instaure un régime de visa pour les comoriens souhaitant rejoindre Mayotte. Depuis les déséquilibres entre Mayotte et Anjouan, l’intégration de Mayotte en tant que département font que Mayotte concentre une large part de l’immigration clandestine en France, et près de la moitié des reconduites à la frontière.
Visiblement, nous sommes sur un début d’histoire d’amour entre Darmanin et Mayotte. C’est la deuxième fois que celui-ci s’intéresse au département français d’Outre-mer. En 2022, il montrait son envie de créer des centres de redressement pour les jeunes délinquants (10 à 12 ans) mahorais, avec des moyens de répression améliorés pour la police locale.
L’actuel ministre de l’Intérieur, visiblement très attiré par l’idée de devenir premier ministre, quitte à remplacer la très impopulaire Elisabeth Borne, se servira de tout ce qui est à sa portée pour se faire bien voir. Sa dernière carte, la loi sur l’immigration qui doit être votée prochainement à l’Assemblée nationale. Avec celle-ci, il prépare une action coup de poing à Mayotte du 22 avril au 17 juin, encore non confirmée par l’État, qui sera le terrain test des futures procédures d’expulsions dans l’Hexagone : l’opération Wuambushu (ce qui signifie « reprise »). Cette opération, dans la même veine que son coup d’éclat de 2022, a pour objectif sur le papier de lutter contre l’immigration et la criminalité des bandes. Comment ? Tout d’abord par la destruction des habitations illégales construites par les Comoriens (peuple dont sont issus les mahorais). Si on attrape des migrants illégaux, la police doit les ramener illico dans les îles des Comores. Un demi-millier de gendarmes sont attendus pour cette opération. La CRS8, spécialisée dans les violences urbaines, sera envoyée au front contre les gangs mais surtout contre les migrants. Les migrants pour le départ seront entassés dans les centres de rétention trop petits pour accueillir tout ce beau monde.
Cette opération est soutenue par la droite locale, notamment le député LR Mansour Kamardine, qui appelle à se « débarrasser des bandes de barbares ». Rappelons que Mayotte est le département d’Outre-mer qui a voté majoritairement Marine Le Pen au premier tour des présidentielles… Et pourtant, c’est aussi le département de France le plus pauvre avec 77% des habitants qui vivent sous le seuil de pauvreté. L’industrie est inexistante, les hôpitaux rares, les épidémies régulières, les services publics déficients. Ceci pour dire que si on voulait résoudre le problème de Mayotte (je veux dire réellement le résoudre), il faudrait aux politiciens macronistes essayer de sortir de l’unique solution « répression » et passer par un vrai développement économique de l’île. Peut-être que donner du travail aux gens c’est risquer de leur donner une conscience de classe, un phénomène très dangereux pour le régime macroniste qui craint le retour de la classe ouvrière en France même avec l’énorme mobilisation sociale que l’on connaît ces jours ci.
Mis à part l’aspect autoritaire de l’action de Darmanin, plus la cruauté qu’il y a à chasser des familles dont certains des enfants vont à l’école, il faut se rendre compte de sa profonde inutilité et de son aspect publicitaire. Chaque année, il y a ce genre d’actions coup de poing contre les migrants comoriens, et chaque année le flux de migration reste important. Tout ce qui sera détruit d’ici les deux mois sera reconstruit. Au sujet des criminels, même avant l’opération, certains semblent dubitatifs à l’idée de pouvoir mettre un terme à leur activité par l’opération Wuambushu : cela fait des années qu’ils se débrouillent pour partir et échapper à la police après leur forfait. Nous sommes sur une stratégie de droite bien classique, visant à faire semblant de taper du poing sur la table : s’attaquer aux conséquences de la pauvreté par la répression, sans toucher aux causes, puis recommencer lorsque les conséquences recommencent à pointer le bout de leur nez.
Jeunes de Mayotte, jeunes de la métropole, ne nous laissons pas berner par la propagande macroniste. Mayotte a besoin de travail, d’un véritable plan d’industrialisation respectant son écosystème et ses habitants, d’un service public efficace comprenant des hôpitaux accessibles et suffisants, des écoles, des bureaux de postes, des habitats neufs au lieu des bidonvilles. Et autant vous le dire, ce ne sera pas Macron, le destructeur des conquis sociaux des Français qui le fera, pas l’UE qui fait la même chose au niveau continental. Ce qu’il faut c’est un système remettant l’humain au centre ainsi que le travail. Ce système à un nom, galvaudé par des traîtres, mais qui brille toujours : le socialisme
par le site internet des JRCF : http://jrcf.over-blog.org/2023/04/operation-propagande-sous-le-soleil-de-mayotte.html