A l’occasion du congrès de la CES à Paris du 29 septembre au 2 octobre le FSC publie dans une la tribune suivante son point de vue
Pour mémoire rappelons que pour un congrès se disant syndical ce sont François Hollande et le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker par ailleurs ex premier ministre du Luxembourg et à ce titre organisateur en chef de l’évasion fiscale de dizaines de multinationales, qui doivent ouvrir le bal!
Sans oublier leurs rôles dans la véritable colonisation de la Grèce.
Retrouvons le chemin de la lutte des classes – Exigeons la sortie de la Confédération Européenne des Syndicats
C’est à Paris, du 29 septembre au 2 octobre 2015 que va se tenir le 13ème congrès de la Confédération Européenne des syndicats (CES) à laquelle appartiennent toutes les confédérations françaises (CFDT, CFTC, CGT, FO, UNSA).
Les invités et le programme de la première journée résument les fondamentaux de la CES : « séance d’ouverture par le Président François Hollande et Martin Schulz, Président du Parlement européen, Intervention d’Anne Hidalgo, Maire de Paris, Intervention de Jean-Claude Juncker ami bienveillant des multinationales et président de la commission européenne, Table ronde sur le chômage des jeunes avec le Président du Conseil Emploi Nicolas Schmit, Ministre luxembourgeois du Travail et Marianne Thyssen, Commissaire européenne à l’emploi et aux affaires sociales. »
Aucune surprise pour une CES habituée aux lambris dorés des palais européens et autres hôtels de luxe. Car, contrairement à ce que son nom pourrait laisser croire, la CES n’est pas un syndicat européen mais une institution de concertation syndicale, créée en 1973 et financée à 75 % par l’UE, sur la base de la reconnaissance de l’UE, de ses institutions et de ses textes fondamentaux.
Son histoire commence sous les augures du syndicalisme jaune et de la volonté de contrer la Fédération Syndicale Mondiale après 1945 : Confédération Internationale des Syndicats Libres (CISL) chère à la CIA et Confédération Internationale des Syndicats Chrétiens (CISC) proche du Vatican se rapprochent et donnent naissance à la CES en 1973 et dans le contexte de développement de la CEE et de la guerre froide.
Alors qu’elle est reconnue par l’UE comme « seule organisation interprofessionnelle représentative des travailleurs », les statuts de la CES précisent : « La Confédération Européenne des Syndicats a plus particulièrement pour mandat d’agir (…) dans le cadre du processus d’intégration européenne. Elle s’adresse dans son action : à l’Union Européenne dont elle demande l’approfondissement sur le plan social, politique et démocratique en même temps qu’économique et monétaire, (…) aux organisations européennes d’employeurs en vue d’établir par le dialogue et la négociation un système de relations sociales au niveau européen. »
Elle est à ce titre associée à la préparation des sommets, aux activités de l’agenda européen et elle participe à l’élaboration des politiques économiques et sociales au plus haut niveau, en collaboration avec tous les organes de l’UE : Présidence de l’UE, Conseil de l’UE, Commission européenne et Parlement européen.
En clair, la CES travaille pour la construction européenne sur la base du « dialogue social » avec le grand patronat et les institutions officielles. Elle n’est rien d’autre qu’une institution officielle bureaucratisée qui a pour fonction – rémunérée – d’accompagner le programme de concurrence libre et non faussée de l’UE et d’évacuer toute idée de lutte des classes.
En clair encore, toutes les positions et action de la CES n’ont pour but que de favoriser les efforts des monopoles et Etats capitalistes dans leur casse des droits démocratiques et sociaux des travailleurs et peuples européens tout en détournant leurs résistances inévitables.
Voilà pourquoi la CES soutient ou se tait sur chaque mauvais coups de l’UE : soutien au traité de Maastricht et campagne pour le Oui au TCE en 2005, soutien au traité de Lisbonne violant la souveraineté nationale et le Non de classe au TCE, soutien à la casse des secteurs productifs dans de nombreux pays (en France le Charbon, le Textile, la construction mécanique…) et aux délocalisations[1], accord avec la pression sur les salaires[2], soutien à la casse des retraites programmée au niveau européen par les accord de Barcelone de 2002[3], … La crise de 2008 n’a pas tempéré les ardeurs de la Ces qui appelait alors à « sauver le capitalisme de lui-même » tout validant le chantage à la dette[4]. Depuis, elle a soutenu toutes les mesures de l’UE et lors de la crise grecque, elle s’est alignée sur les positions de Juncker et de la « Troïka » pour écraser le peuple sous l’austérité et refuser toute idée de référendum populaire. Comme l’exprime Juncker, « il n’y a pas de démocratie contre les traités européens… ».
Le Congrès de l’indécente CES et les congrès syndicaux à venir (FSU mais surtout CGT) sont l’occasion pour les syndiqués et les travailleurs de faire entendre leur voix en exigeant la sortie de la CES pour leurs organisations.
Quand la CGT a adhéré la CES en1999, c’était paraît-il pour peser et infléchir celle-ci. 15 ans plus tard, quel bilan établir ? La CES s’est-elle rapprochée des fondamentaux de la CGT ou la direction de la CGT s’est-elle fondue dans le syndicalisme rassemblé au sommet avec une CFDT plus jaunissante que jamais, synonyme d’accompagnement du système et cela jusque dans la crise de ce système ?
Alors que les travailleurs sont étranglés par une offensive anti-sociale planifiée au niveau européen et déclinée nationalement, de quel syndicalisme et de quelles organisations avons-nous donc besoin ?
Avons-nous besoin d’une bureaucratie syndicale qui pratique le « dialogue loyal » avec nos exploiteurs et ignore les luttes à la base ? Avons-nous besoin d’une bureaucratie syndicale qui n’ambitionne que de cogérer les mauvais coups en échange de quelques strapontins, subventions et garanties individuelles de salaires et pensions – alors que les mêmes garanties sont retirées de force à la masse des salariés ? Ou bien avons-nous besoin d’une organisation internationale de combat fondée sur les expériences, les principes et les valeurs du mouvement ouvrier ?
Front Syndical de Classe, septembre 2015
[1] En 2006, suite à un sommet avec le MEDEF européen : « La CES fera valoir que les syndicats doivent jouer un rôle plus actif dans l’anticipation et la gestion des restructurations. Il convient de permettre aux travailleurs d’anticiper et de préparer le changement … »
[2] En 2204 : « Il y a une position commune entre la BCE et la CES sur la question des salaires : la hausse des prix du pétrole ne doit pas entraîner une surenchère des revendications salariales »
[3] John Monks, secrétaire général de la CES, expliquait alors : « on peut reculer l’âge de départ à la retraite, et il est capital de faire travailler les seniors ».
[4] « Nous sommes conscients que les gouvernements ont des déficits qu’ils doivent combler, mais nous leur demandons de prendre leur temps pour payer leurs dettes. »