Alors que Macron veut « responsabiliser » les pauvres, General Electric, la mulinationale qui s’est emparée de la branche énergie de Alstom, s’assoit avec le plus grand cynisme sur ses engagements. General Electric annonce sans aucun complexe qu’il ne créera pas les 1 000 emplois auxquels il s’était engagé lors du dépeçage d’Alstom organisé par le secrétaire général adjoint de l’Elysé chargé de l’économie un certain Emmanuel Macron.
Macron ou comment General Electric a fait main basse sur Alstom
Dans un contexte de pression judiciaire des U.S.A sur les dirigeants du géant de l’énergie français, General Electric fait main basse sur la branche énergie d’Alstom et cela contre l’avis du Ministre de l’Industrie de l’époque Arnaud Montebourg. Cela entraînera un jeu de chaises musicales complexe qui verra la constitution du gouvernement Valls et l’arrivée de Macron au ministère de l’Economie de l’Industrie et du Numérique. À ce sujet on apprend dans les colonnes de Valeurs Actuelles que:
les pourparlers entre les deux entreprises avaient débuté en réalité bien avant le mois de février 2014, contrairement à ce qui est affirmé publiquement. Enfin, les échanges ont révélé qu’un rapport d’une étonnante perspicacité avait été commandé par l’Agence des participations de l’État (APE) dès octobre 2012, sur l’hypothèse d’une vente d’Alstom à une entreprise américaine. Un rapport demandé à l’APE par un mystérieux personnage important de l’Élysée… sans en informer le ministre de l’Économie de l’époque, un certain Arnaud Montebourg. Plusieurs sources concordantes attestent qu’il s’agissait à l’époque d’Emmanuel Macron, qui était alors secrétaire général adjoint de l’Élysée chargé de l’économie.
Rappelons ici, et cela interroge que Macron avant d’être nommé Secrétaire Général Adjoint de l’Elysée ait été banquier d’affaires associé à la Banque Rothschild, en charge des fusions-acquisitions: son coup d’éclat d’alors permettre à Nestlé de racheter la filiale lait infantile de l’américain Pfizer au nez et à la barbe de Danone. Il s’occupera aussi de la vente du Monde, de Presstalis, ainsi que de Sofiprotéol (multinationale chère au cœur de la FNSEA et connue sous le nom actuel de Groupe Avril). On s’étonnera (ou pas) que la banque en charge de l’achat d’Alstom énergie par Général Electric soit précisément… la Banque Rothschild.
D’autant que selon le président de la commission d’enquête parlementaire sur le sujet le député (LR) Olivier Marleix cité par le Canard Enchaîné:
« La préoccupation centrale a été de sauvegarder les intérêts des actionnaires (dont Bouygues, à hauteur de 28 %). L’intérêt industriel de l’opération a été examiné en vitesse. L’intérêt stratégique de la France, pas du tout ».
À la manœuvre pour préparer cette vente selon ce même rapport: Emmanuel Macron. En effet on peut y lire:
Au terme de ces six mois d’investigations, il est évident à mes yeux que le ministre de l’Économie en poste au moment où l’annonce de la vente d’Alstom Power a été rendue publique, a été court-circuité par la Présidence de la République. La chronologie de cette vente semble différente et avoir débuté plus tôt.
Nous avons appris lors de l’audition de M. David Azéma, ancien directeur général de l’Agence des participations de l’État (APE), l’existence d’une étude commandée par l’APE au cabinet AT Kearney le 23 octobre 2012 dans le cadre d’une procédure d’urgence, avec mention du secret. La lettre de commande était ainsi rédigée « le groupe Bouygues pourrait vouloir céder sa participation au capital d’Alstom ». Il est alors demandé « d’évaluer les avantages et inconvénients résultants d’un changement d’actionnaire pour l’entreprise, pour l’industrie française et pour l’emploi ».
En clair, la commande passée à AT Kearney n’est pas celle d’une analyse théorique du marché des turbines pour s’interroger sur la stratégie d’Alstom mais repose bien sûr une information précise relative à un changement d’actionnaire de référence. Selon les informations en notre possession, l’auteur de cette commande était le Secrétaire général adjoint de la Présidence de la République.
La chronologie de la vente d’Alstom est plutôt celle-ci :
– En 2012, recherche par Bouygues de solutions de cession de ses actifs dans Alstom ;
– Octobre 2012, la Présidence de la République, informée du projet, demande à l’APE son analyse et ne met pas de veto au projet ;
– Été 2013, contacts exploratoires entre Alstom et GE via M. Poux-Guillaume, Président d’Alstom Grid ;
– Février 2014 : accord de principe entre MM. Kron et Immelt pour travailler à la fusion.
Au-delà des critiques qui pourraient être formulées sur la forme d’un tel dysfonctionnement ; sur le fond, il est regrettable que les autorités de l’État qui ont disposé d’une information suffisamment précise pour commander une étude au coût de 299 000 € sur l’avenir d’Alstom n’aient pas jugé utile de poursuivre leur action pour anticiper l’avenir de cette entreprise, sauf à considérer qu’elles approuvaient dès lors le scénario d’un adossement à GE.
De la même façon, la cession annoncée en septembre 2017 d’Alstom Transport à Siemens – alors qu’il s’agit là-aussi d’une entreprise stratégique par ses activités, du TGV aux systèmes automatiques de circulation ferroviaire – semble relever de la même inversion du processus : elle a été le fruit d’une décision politique au plus haut niveau de l’État, avant que la procédure ne soit instruite par Bercy et que toutes ses conséquences pour nos intérêts fondamentaux ne soient identifiées.
Au passage les banques et cabinets de communication associés à l’opération financière ont touché le jackpot, le seul Alstom ayant dépensé plus d’un quart de milliard de dollars!!! citons toujours le rapport parlementaire:
« Enfin, le montant extravagant des honoraires payés par Alstom et GE dans le cadre de cette fusion amène à se demander où est la frontière entre conseil et influence sur la décision. »
La commission d’enquête a permis de mettre partiellement en lumière les moyens mis en œuvre par les deux entreprises pour accompagner cette fusion.
Côté Alstom, on comptait dix cabinets d’avocats, deux banques conseils (Rothschild & Co, Bank of America Merrill Lynch) et deux agences de communication (DGM et Publicis). Côté General Electric, on comptait trois banques conseils (Lazard, Crédit Suisse, et Bank of America), l’agence de communication Havas et de nombreux cabinets d’avocats.
Le coût de l’opération pour Alstom, s’est élevé à 262 millions d’euros dont une partie serait de la fiscalité et des taxes. Il est difficile d’imaginer que General Electric n’a pas mis autant d’argent sur la table.
Une telle surabondance de moyens permet-elle encore à l’État et aux actionnaires de prendre des décisions éclairées ? Reste-t-il encore quelqu’un sur la place de Paris pour faire valoir des intérêts contraires ? N’est-ce pas une façon de rémunérer au-delà d’une mission et de travaux incontestablement effectués, une forme d’influence sur la décision elle-même ? »
La liquidation d’Alstom, le démantèlement d’une industrie stratégique pour la France
Rappelons aussi les enjeux et ils sont importants .La branche énergie d’Alstom, est un leader dans le domaine des turbines et une industrie stratégique tant sur le plan énergétique que militaire.
Sur le plan civil, au moment de la vente en 2014, les turbines à vapeur Alstom représentaient un cinquième du marché et les turbines nucléaires Arabelle équipaient 30% du parc mondial, tandis qu’Alstom assurait 100% de la maintenance de l’îlot nucléaire des 58 réacteurs civils français.
Sur le plan militaire, la vente d’Alstom énergie à Général Electric a assuré le monopole du géant américain sur les fournitures en turbine de la flotte de marine de guerre française. On le voit, alors que les U.S.A tenaient déjà l’aéronavale française par la barbichette via la fourniture des pièce détachées pour le système Catobar de catapulte du Charles de Gaulle, et la fourniture des bombes guidées par laser, cette décision orchestrée par Macron, ce young leader de la French American foundation, occupant les couloirs de l’Élysée depuis près de 7 ans maintenant a, en plus de l’impact industriel terrible, attenté gravement à l’indépendance militaire de la France.
Qu’à cela ne tienne et en dépit de son importance industrielle et stratégique, et le PRCF a été des voix peu nombreuses à lancer l’alerte à l’époque, Alstom énergie fut vendu à General Electric et cela contre la volonté de Montebourg de le vendre (et oui!) mais à l’allemand Siemens. (Ce dernier se rattrapera en rachetant la branche transport d’Alstom faisant passer le TGV sous drapeau allemand et achevant le démantèlement du géant français de l’énergie et des transports.). La vente – avec la bénédiction du régime Macron, en 2017 de l’ex-branche navale de Alstom, c’est-à-dire STX, chantier de Saint Nazaire, à l’italien Fincantieri, termine la braderie totale de cet outil industriel stratégique.
Pourquoi Montebourg avait refusé de nationaliser Alstom ? c’est rigoureusement interdit par la Comission européenne.
Montebourg chantre du « made in France » avait préféré pour finir un montage baroque analysé selon le rapport de la même commission d’enquête ainsi:
En 2014, Arnaud Montebourg monte dans l’urgence un dispositif pour permettre de conserver un minimum de contrôle sur Alstom : il obtient de Bouygues le prêt de 20 % du capital d’Alstom avec une option d’achat jusqu’à fin 2017, il impose à GE la création de trois joint-ventures sauvant les apparences d’un « mariage entre égaux », il habille le tout d’une promesse de GE de créer 1 000 emplois en France.
Trois ans après, il ne reste rien du meccano demandé et validé par l’État français :
– En octobre 2017, l’État a décidé de ne pas se porter acquéreur des actions Bouygues ;
– Le gouvernement a accepté qu’Alstom vende, à partir de septembre 2018, sa participation dans les trois co-entreprises (joint-ventures) formées avec GE… à sa demande, mettant fin au passage au mythe de l’alliance ;
– GE n’atteindra pas sa promesse de 1 000 créations d’emplois sur le territoire, seuls 358 emplois nets ont été créés fin 2017 ;
– À Grenoble, General Electric a annoncé la suppression de 345 postes sur les 800 que compte l’activité Hydro et la fermeture de l’atelier de mécanique lourde ;
– À Belfort, les sous-traitants de GE constatent que les commandes promises ne sont pas au rendez-vous ;
– Enfin, dès 2019, les ex-Alstom ne seront plus protégés du plan de restructuration massif décidé par GE en Europe (suppression de 4 500 emplois annoncée, soit 18 % de ses effectifs) ;
– Plus généralement, c’est bien le maintien des savoir-faire industriels qui est en question.
La question de la crédibilité des engagements pris est donc posée. Celle de la capacité, et même de la volonté, de l’État à les faire respecter également. Notre droit prévoit la possibilité pour le ministre de l’Économie de prononcer des sanctions allant jusqu’au double du montant de l’investissement réalisé. Ces dispositions n’ont jamais été utilisées.
Le bons sens: la solution défendue par le PRCF, celle de la nationalisation pour réindustrialiser le pays
Pourtant il aurait été normal qu’Alstom, groupe industriel stratégique visant quasiment exclusivement de la commande publique ( Centrales électriques, TGV, TER…), soit nationalisé. De fait, les coûts de développement des industries rachetées successivement par G.E puis Siemens l’ont été via le financement par le citoyen français via les entreprises EDF et SNCF (maintenant privatisées ou en voie de l’être).
Làs, pour faire passer la pilule General Electric s’était engagé à créer 1 000 emplois, on apprend ces derniers jours qu’il n’en sera rien. Montebourg, toujours adepte de la gesticulation appelle à faire jouer la pénalité de 50 000 euros par emploi non crée (soit une pénalité de 53 850 000 euros…) prévu au contrat, il n’est même pas sur que cette tapette sur les doigts aura même lieu, E. Macron étant, on le sait, devenu entre temps Président de la République. La méthode Gattaz n’a pas fini de faire des petits…Il faut dire que cette méthode doit aussi beaucoup à Macron qui en échange de cette promesse a été le principal artisan du CICE.
Désindustrialisation de la France, mise à mal de son indépendance et augmentation du chômage, cette affaire sur fond de guerre économique, d’ingérence étrangère et de pantouflage, illustre de manière cruelle les méfaits du capitalisme financier et de son bras armée qu’est l’Union Européenne.
Si les citoyens français veulent pouvoir développer un véritable politique industrielle indépendante et pourvoyeuse d’emplois dans les domaines de l’énergie et du transport, et véritablement à même de proposer un développement écologiquement viable, il n’y a d’autre choix que de nationaliser ces secteurs stratégiques.
Pour que cela soit possible il faut sortir de l’Union Européenne qui interdit les nationalisation, de l’OTAN qui nous place sous la coupe des USA et de leur « intelligence économique » et enfin du capitalisme qui détruit « en même temps » les emplois et l’environnement.