C’est le magazine américain, peu suspect de sympathie chaviste, Newsweek, qui le démontre, témoignages à l’appui de fonctionnaires haut placés de l’administration Trump : l’opération militaire lancée par les USA contre le Venezuela était organisée de longue date. Elle n’a rien à voir avec un plan de lutte anti-drogue, mais recycle en fait des plans tout prêts de blocus et d’attaques de Cuba et du Venezuela, avancés pour profiter de la crise mondiale provoquée par la pandémie de Coronavirus.
Immédiatement après avoir émis une prime de chasse à l’homme contre Nicolas Maduro – accusé de trafic de drogue selon la vieille technique déjà utilisée par Washington pour envahir et saccager le Panama il y a 30 ans (cliquez pour lire) – Trump a ordonnée le déploiement de dizaines de navires et d’avions de guerre en mer des Caraïbes, une armada renforcée par l’envoi de navire par le Royaume Uni… et là France. là aussi sous le honteux couvert de lutter contre le covid-19.
Dans une mise en scène digne de Colin Powell au Conseil de sécurité de l’ONU accusant l’irak de détenir des armes de destruction mensonge, Trump, accompagné du ministre américain de la Défense, Mark Esper, a annoncé le 2 avril une « opération antidrogue multinationale impliquant des navires de guerre et des avions de combat de la Marine, de l’Armée de l’air et des garde-côtes aux Caraïbes, dans le but de « protéger la population américaine du fléau mortel des drogues illégales » »
Ne craignant pas le ridicule, le chef de guerre américain d’éructer :
« Nous ne devons pas laisser les cartels de la drogue exploiter la pandémie pour menacer des vies américaines », et son ministre Esper de répéter en écho: « Alors que des pays du monde se concentrent sur la manière de faire face à la pandémie du coronavirus, nombre d’organisations criminelles tentent de profiter de la crise. »
Traduction d’extraits de l’enquête de Newsweek :
L’administration Trump s’est servie de l’opération anti-drogue au Venezuela pour détourner l’attention de la crise du coronavirus aux États-Unis, selon des fonctionnaires
« Le plan du président Donald Trump pour réprimer les trafiquants de drogue à proximité du Venezuela, prétendument pour arrêter la propagation du coronavirus était une mission développée des mois auparavant pour faire pression sur le président Nicolás Maduro et n’avait rien à voir avec l’atténuation de la maladie, ont déclaré de hauts fonctionnaires américains Newsweek. »
Le magazine parle clair et net.
« L’annonce de mercredi dernier, ont-ils dit, était au contraire une manœuvre pour détourner les critiques sur la mauvaise gestion de l’épidémie dans le pays par l’administration. «
De fait les deux journalistes expliquent:
Les plans du président pour renforcer les mesures contre le trafic de drogue datent au moins de décembre, des discussions entre les militaires ayant commencé en janvier, selon un haut responsable du Pentagone. Le 1er février, le général Mark Milley, président des chefs de l’état-major interarmées a demandé au Commandement du Sud (SOUTHCOM) de commencer à élaborer l’opération, et l’amiral Craig S. Faller, commandant du SOUTHCOM, a commencé à évaluer la conduite de l’action le 6 février, comme l’ont montré des documents que Newsweek a vus.
Citant même les explications d’un haut responsable du Pentagone:
« Ce n’était pas censé devenir public jusqu’à mai », a dit à Newsweek le haut responsable du Pentagone au courant de l’opération. « Le POTUS [le président des États-Unis] utilise l’opération pour essayer de détourner l’attention. »
Devant le grotesque d’une armée américaine déployée pour soi-disant combattre le trafic de drogue, marginale dans les Caraïbes, alors que 90% des chargements sont envoyés, via le Pacifique et l’Amérique centrale, non depuis le Venezuela, mais depuis la Colombie, dont le régime d’extrême droite est le plus servile vassal de Washington, le gouvernement américain a modifié ses éléments de langage. La propagande affirme désormais que la guerre est lancée pour empêcher la circulation du covid-19. L’infection des portes avions américains et français démontrent que les navires de guerre n’arrêtent pas le virus, mais le propagent !
Le magazine rapporte combien les hauts fonctionnaires américains sont stupéfaits :
Plusieurs hauts fonctionnaires américains qui ont parlé à Newsweek sous réserve d’anonymat parce qu’ils n’étaient pas autorisés à s’exprimer publiquement sur l’effort se sont dit « choqués » par cet amalgame.
Le haut responsable du Pentagone a dit à Newsweek que l’opération antidrogue vénézuélienne « n’avait rien à voir avec le virus ».
Rappelons que les USA sont le premier pays au monde en termes de nombre de contaminés. Très loin devant Cuba et le Venezuela. Les deux pays socialistes sont totalement mobilisés pour protéger la santé de leur population. En dépit du blocus US qui interdit les approvisionnements et l’achat de matériels de santé, une organisation efficace est en place pour tester, isoler et soigner les malades. Conformément aux recommandations de l’OMS. Qui plus est plutôt que d’envoyer des navires de guerres et bombardiers à travers la mer des Caraïbes, les médecins cubains viennent aux secours des Antilles et de l’Amérique Latine. Jusqu’en Guadeloupe.
Lucides, les deux journalistes de Newsweek soulignent d’ailleurs :
« Aucun cas confirmé de COVID-19 n’était rapporté dans toute l’Amérique latine lorsque l’ordre de planification du 1er février a été donné pour la mission anti-drogue, ni le 6 février, lorsque le SOUTHCOM a commencé à l’élaborer. Le premier cas a été enregistré le 26 février, au Brésil. »
De fait, alors que le Brésil du putschiste d’extrême droite Bolsonaro ne fait rien pour combattre la pandémie, c’est contre un Venezuela de Maduro exemplaire que Washington tourne ses canons. L’hebdo américain constate incidemment que si l’envoi de cette armada n’a rien à voir avec la lutte contre l’épidémie, cela à tout à voir avec les tentatives de coup d’état qu’essayent de mener depuis des années, en vain en raison de la résistance du peuple venezuelien, la maison blanche et ses alliés européens :
« Washington a rompu tout lien avec le dirigeant socialiste en janvier de l’an dernier et a depuis lors cherché à le destituer en faveur de Juan Guaidó, le président de l’Assemblée nationale contrôlée par l’opposition, qui malgré un soutien régional a lutté pour maintenir son élan tandis que le président a conservé le soutien de l’armée et de divers acteurs non étatiques, dont certains ont été accusés de faire circuler et de vendre de la drogue.
Plus tôt cette semaine, le département d’État a publié un plan de partage du pouvoir intitulé « Cadre pour une transition démocratique au Venezuela », qui n’incluait pas Maduro comme président, mais permettait à certains de ses principaux partisans de garder leurs positions. De nombreux pays, dont la Russie et la Chine, continuent à soutenir Maduro depuis l’étranger et les Nations unies le considèrent comme le dirigeant du pays. »
Puis de s’interroger avec les spécialistes militaires sur l’inadéquation entre les moyens militaires déployés et le prétendu objectif de l’opération
« Le principe de l’opération est une montée en force contre le trafic de drogue — mais quand avez-vous entendu parler de ce genre de force pour les drogues », a dit le responsable à Newsweek. « L’objectif sous-jacent est de faire pression sur le régime Maduro. »
Qui plus est, alors que la pandémie de covid-19 ravage les Etats-Unis d’Amérique causant des dizaines de milliers de morts, les journalistes américains observent que de plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer à travers l’escalade guerrière contre le Venezuela et Cuba une diversion. Il est probable en effet que Trump trouvent là le moyen de détourner l’attention de la politique criminelle menée par le régime capitaliste contre le peuple américains et de fédérer dans une guerre l’opinion dans une union sacrée derrière les « boys ».
Des critiques se sont interrogés sur le moment de l’annonce et si c’était une utilisation adéquate des ressources fédérales lorsque le pays s’efforce de faire face aux effets catastrophiques du coronavirus sur les vies humaines et l’économie.
Kassandra Frederique, directrice générale de la défense des politiques et des campagnes à la Drug Policy Alliance, a qualifié la taille de la flotte militaire de l’administration Trump d’« effort pour distraire les Américains de sa réponse tardive à la crise du COVID-19 — dont nous savons, à ce stade, qu’elle va probablement coûter des centaines de milliers de vies ».
« Non seulement ces actions sont irresponsables étant donné la crise actuelle de la santé publique dans laquelle nous sommes, mais l’escalade de la guerre internationale contre la drogue répète la même réponse militaire malvenue que les États-Unis ont soutenue mondialement, ce qui a porté préjudice et déstabilisé des pays comme la Colombie, l’Afghanistan et le Mexique, tout en ne réussissant pas à réduire la fourniture et l’usage de drogue », a-t-elle ajouté dans une déclaration envoyée à Newsweek.
Frederique a argumenté que « Trump choisit sans nécessité de doubler la donne dans la guerre internationale cruelle et inhumaine contre la drogue, qui a déjà dévasté d’innombrables communautés dans le pays et à l’étranger », en particulier à un moment où les États-Unis auraient besoin de toutes les ressources qu’ils pourraient obtenir pour lutter contre le coronavirus à sur le plan national, par exemple des équipements de protection individuelle.
L’ancienne vice-secrétaire adjointe à la Défense Evelyn Farkas a aussi fait part de son scepticisme. Elle a déclaré à Newsweek qu’il était « difficile de voir les derniers déploiements armés comme autre chose qu’une tentative de détourner la conversation de la mauvaise gestion mortelle de la pandémie par Trump ».
« Je comprends que nos opérations de sécurité nationale et de sécurité intérieure ne puissent pas s’interrompre en raison de la crise actuelle, mais il est difficile de croire, à considérer globalement les menaces que notre pays affronte en ce moment, que l’intensification de la lutte contre les stupéfiants devrait figurer en tête de liste », a déclaré Farkas, qui a été responsable de la surveillance des opérations en tant que membre du personnel professionnel auprès de la Commission des forces armées du Sénat.
Newsweek rappelle également l’isolement de l’impérialisme américain sur le continent américain, qui ne bénéficie que de l’appui de ses régimes marionettes, installés par la force, de Brasilia à Bogota.
Le mois dernier, Michelle Bachelet, Haut-Commissaire pour les droits de l’homme des Nations unies, a appelé les principaux pays à assouplir les sanctions contre des pays comme le Venezuela, au lieu de mener des campagnes de pression. « En ce moment crucial, à la fois pour des raisons de santé publique mondiale et pour soutenir les droits et les vies de millions de gens dans ces pays, les sanctions sectorielles devraient être assouplies ou suspendues », a-t-elle affirmé dans une déclaration du 24 mars. « Dans un contexte de pandémie mondiale, entraver les efforts médicaux dans un pays accroit le risque pour nous tous. »
traduction DG depuis l’anglais pour www.initiative-communiste.fr