En campant brutalement sur ses positions et en exhibant ses serviteurs jaunes de l’état-major CFDT, Hollande et Valls espèrent décourager les salariés en lutte et faire passer en force la loi Berger en usant du 49-3 bis. On voit que pour Hollande et pour ceux qui s’apprêtent à le cautionner en participant à la mascarade des « primaires », des millions de jeunes et de salariés en lutte pèsent bien moins lourd que le MEDEF et l’UE, dont le chef de file, M. Juncker, a déclaré que la loi El Khomri est le minimum de ce qu’il faut faire ! D’ailleurs, à bien y regarder, la loi El Khomri n’existe pas : son véritable instigateur est la Commission européenne dont la « recommandation » Moscovici de juillet 2015 sommait (en anglais !) le gouvernement français de « dé-segmenter » le marché du travail : en clair, arrêt de mort européen sur les grands acquis sociaux mis en place à la Libération par Maurice Thorez (statut du mineur, statut du fonctionnaire), Marcel Paul (statut d’EDF, nationalisation de l’énergie) et Ambroise Croizat (Code du travail, conventions collectives de branche, Sécurité sociale, retraites par répartition, comités d’entreprise).
L’enjeu est bien une dégradation en profondeur des conditions d’emploi de la masse des salariés du privé par la destruction du cadre national en matière de négociation collective. Si ce contournement légal des conventions de branche passe, celles du statut de la fonction publique, d’EDF, de la SNCF, suivront très vite : c’est une précarisation et un appauvrissement massif du monde du travail qui est recherché par le MEDEF qui veut détruire les garanties nationales des travailleurs pour pouvoir précariser davantage et au final, comprimer encore plus les rémunérations. A noter que parallèlement les attaques contre le bac national se multiplient avec en perspective la destruction des conventions collectives ancrées sur les qualifications nationales délivrées par l’Education nationale et par l’Université (le bac est en France le premier grade universitaire) : garanties qui n’existent pas dans nombre de pays européens…
Encore plus gravement, l’attitude fascisante du pouvoir à l’égard des manifestations syndicales (pression policière inouïe, manipulation d’individus incontrôlés, exploitation éhontée de l’état d’urgence contre les manifestants, répression judiciaire aveugle, interdiction de manifs transformées en promenoirs « sécurisés »…) ouvre un boulevard au FN et aux LR qui rivalisent de surenchères anti-C.G.T. et de menaces contre le mouvement ouvrier et la gauche populaire avec l’aide de la grande presse privée aux mains du capital et du « service public de l’audiovisuel » acharné à calomnier le mouvement social.
Cependant le pouvoir aurait tort de pavoiser, et cela quel que soit le résultat du vote des motions de censure à l’Assemblée, si motions il y a. L’agressivité à laquelle recourt ce pouvoir minoritaire et justement méprisé est un aveu de faiblesse. Elle signifie que le monde du travail, que la jeunesse populaire, que la classe ouvrière (transports, chimie, énergie…) sont en train de rompre avec le paralysant « syndicalisme rassemblé » cher à Thibault et à Chérèque, que le combat mené depuis des années par le PRCF et par des syndicalistes rouges pour le syndicalisme de classe, revient au premier plan, que le consensus néolibéral est rompu avec la jeunesse, que les idées de manifestation de combat, de grève générale inter-pro reconductible, de blocage des profits, ont à nouveau le vent en poupe malgré les efforts des syndicalistes « roses » et « jaunes » pour les ringardiser et enterrer ces idées. Allons au bout de cette démarche combative en rompant définitivement avec la CFDT jaunâtre et avec cette courroie de transmission stipendiée par Bruxelles qu’est la Confédération Européenne des Syndicats. Très importante aussi, la montée en puissance en France même de la Fédération Syndicale Mondiale qui a soutenu notre combat. Si le pouvoir croit que l’usure du combat et le déluge de « jeux », sinon de « pain », qui sert à détourner l’attention des travailleurs durant l’été (après Roland Garros et l’Euro, le Tour de France…), auront raison de la combativité des travailleurs, il se leurre : la rentrée sociale sera sans doute encore plus chaude que cette fin de printemps !
Car la confrontation ne peut manquer de se durcir entre la « construction » euro-atlantique du capital (euro, OTAN, UE, Traité « transatlantique » en gestation) et la classe travailleuse. L’affrontement de classes s’aiguisera au fur et à mesure que le Parti Maastrichtien Unique au pouvoir sous divers masques exécutera les travaux pratiques de l’euro-dissolution de la France (services publics, garanties sociales, production industrielle et agricole, institutions territoriales issues de 1789, loi laïque de 1905 et même langue française sacrifiée au tout-anglais impérial, tout doit disparaître dans un gigantesque plan d’alignement structurel de la France des travailleurs sur le « modèle » anglo-saxon). Or l’euro-dissolution de la nation ne peut aller sans euro-fascisation et d’un bout à l’autre du sous-continent européen, un nouveau maccarthysme fait rage contre les partis communistes (Ukraine, Pologne, Pays baltes…), contre les adversaires de l’UE (Grèce, Pologne…) et contre les syndicalistes de lutte CGT, FSU, SUD… (France). Au cours de ces affrontements de plus en plus durs, la classe ouvrière, la jeunesse populaire et les intellectuels progressistes réapprendront les fondamentaux du combat anticapitaliste, antifasciste et anti-impérialiste qu’ont occultés le révisionnisme et l’ « eurocommunisme » ; ils reconstruiront les outils politiques (parti communiste de combat), syndicaux (syndicalisme de classe), idéologiques (marxisme-léninisme) et stratégiques (Front de Résistance Antifasciste, Patriotique, Populaire et Ecologique : F.R.A.P.P.E. !) indispensables pour passer à la contre-offensive.
Déjà le BREXIT atteste que les couches populaires de chaque pays vomissent la « construction » européenne qui détruit la souveraineté des nations et les protections sociales, excite la concurrence entre les peuples et pousse à la guerre contre la Russie (expansion vers l’Est de l’OTAN et réarmement allemand). Déjà, les sondages montrent que notre peuple est favorable à un référendum sur la sortie française de l’UE. Il est donc dommageable pour les luttes que nombre de directions politiques et syndicales organisent l’omerta sur l’origine européenne des lois « nationales » (Peeters en Belgique, Khomri en France, « Jobs Act » en Italie…) qui précarisent le travail en Europe. Se taire sur l’UE pour complaire à la CES ou au PGE, c’est empêcher les salariés de porter le drapeau de l’indépendance nationale en rassemblant notre peuple (y compris les couches moyennes précarisées par l’UE) contre l’UE du capital. Épargner l’UE, c’est cultiver la confusion entre l’Europe des luttes, que paralysent la CES, et l’UE, qui est la pire ennemie des travailleurs. C’est aussi empêcher les travailleurs de cibler à la fois la régression sociale, la fascisation, les guerres impérialistes et leur source profonde : la mise en place d’un Empire euro-atlantique que veulent encore aggraver Merkel, Obama et Hollande à la faveur du départ anglais.
Dans ces conditions, le PRCF et les JRCF seront actifs sur les manifestations du 5 juillet et ils ne baisseront pas la garde durant l’été : ils proposeront leur journal « IC », leurs tracts, leurs autocollants « Brisons les chaînes de l’Union européenne » et leur appel-pétition pour un référendum permettant au peuple français de sortir de l’UE. Déjà 5500 premières signatures ont été recueillies au porte-à-porte ou sur l’internet.
Face aux slogans mensongers prônant la « réorientation progressiste de l’euro » (PCF-PGE), face à ceux qui rabattent vers le PS aux présidentielles pour sauver leurs places aux législatives, la stratégie des « quatre sorties » (euro, UE, OTAN, capitalisme) portée par le PRCF articule les luttes sociales au combat pour l’indépendance nationale, pour la coopération entre tous les continents, pour le droit des peuples à construire une véritable démocratie centrée sur le monde du travail, une démocratie socialiste.
On ne lâche rien sur le retrait de la loi Berger-El Khomri-UE et en avant pour la France en Rupture avec l’Europe Supranationale du Capital à l’Initiative des Travailleurs (FREXIT ou « FRECSIT » !).