Chaque hiver, on sait qu’on va y avoir droit : l’épidémie de grippe ! Chaque soignant où qu’il soit sait qu’il va faire face à une augmentation du nombre de consultations dans son cabinet ou de fréquentation de son service de soins. Il n’est pas un dispensaire depuis 2000 ans qui n’ait pas eu à observer et à prévoir l’afflux des vieillards souffrants durant la froide saison.
Mais, apparemment, les médias dominants tombent des nues. Et on nous rebat les oreilles de taux de fréquentation “exceptionnellement élevés”, pour lesquels plus de 87 hôpitaux ont dû déclencher des “plans blancs”, un mode d’organisation d’urgence qui vise non pas à offrir la meilleure qualité des soins mais à contrôler les dégâts pour faire le moins mal possible.
En cause d’après ces piliers de comptoir de radio du commerce : les gens ne sont pas assez vaccinés. Ça c’est la plus belle. Si les hôpitaux sont aux abois, c’est parce que les ménagères et les pères de famille étaient trop occupés pour aller demander un vaccin dont la validité scientifique est incontestable mais qui reste facultatif et dont le taux d’efficacité est modeste [1], d’autant plus que pour des raisons d’économies de bout de chandelle la campagne de vaccination n’est proposée qu’aux plus âgés [2] et non adjointe d’une politique plus générale de prévention des épidémies [3]. Bientôt on ira vous reprocher d’être allés fêter Noël.
Plutôt insulter les Français qu’assumer ses crimes
Chaque hôpital sait que l’hiver va lui mettre un coup sur la tête. De ce fait, tous les hôpitaux, tous les services, et de manière générale toutes les structures de soins, sont censés tourner à un régime modéré en temps de croisière pour garder de la marge en cas d’accident, de catastrophe naturelle, de pic épidémique, ou de mauvais hasard.
Mais l’hôpital et notre système de santé en général ont été méthodiquement cassés et le « plan » est tout entier résumé dans les déclarations (pour ne pas dire les ordres) du 13 janvier 2025 du secrétaire général de l’OTAN : “moins d’argent pour la santé, plus pour la défense”.
« En moyenne, les pays européens dépensent le quart de leur revenu national pour les retraites, la santé et les systèmes de sécurité sociale, et nous avons seulement une petite fraction de cet argent pour rendre nos armées plus fortes. Prioriser l’armée nécessite une prise de décision politique forte » Mark Rutte s’exprimant auprès des parlementaires européens le 12 décembre 2024
Le crime en bande organisée a été perpétré par les gouvernements successifs depuis plus de 40 ans sur ordre direct de l’Union européenne (62 sommations de sa part à réduire nos dépenses de santé en 10 ans ! [4]), arme de destruction massive du grand capital européen, vassal du capital US. À l’hôpital comme dans tous les autres services publics, toutes les coupes budgétaires ont eu pour objectif de détruire les acquis des luttes des travailleurs depuis les années 45 pour nourrir les subventions d’État au CAC 40 et pour actuellement augmenter le budget militaire (413 milliards d’euros à débloquer d’ici 2030 en vue de la troisième guerre mondiale contre la Russie et/ou la Chine !). Alors, on s’est habitué à fonctionner en régime de croisière comme si c’était tous les jours une situation d’urgence.
A lire : En 20 ans, le système capitaliste a fermé 30% des lits de nos hôpitaux publics.
La fascisation de la Macronie , qu’on peine de plus en plus à distinguer des Le Pen, et la fascisation de tout l’appareil d’État, ne sont que la conséquence de la guerre contre les salaires, contre nos acquis sociaux, contre notre pays lui-même, que mène la bourgeoisie et qu’elle a l’intention d’accélérer jusqu’à ce que nos services publics soient enfin pleinement privatisés, jusqu’à ce qu’enfin les cliniques privées aient définitivement supplanté les hôpitaux publics, pour le plus grand profit des fonds de pension américains et du capital financier.
Le PLFSS 2025 a planté le dernier clou dans le cercueil des urgences de France
Et le gouvernement a beau verser des larmes de crocodile, il s’est démasqué lui-même par ses mesures lors du PLFSS 2025 : au milieu de quelques menues ristournes aux médecins, le gouvernement a pulvérisé les majorations de soirée et de nuit qui permettaient aux maisons médicales de garde d’attirer des médecins pour faire des consultations nocturnes, assurant une béquille aux urgences pour les consultations de moindre gravité. Cette mesure, prise rapidement avant les fêtes, a obtenu son effet : les maisons médicales sont entrées en grève pour protester contre une baisse jusqu’à 50% du prix de la consultation, et la béquille des services d’urgence s’est mise à plat.
Alors qui a tué l’hôpital public ? Les méchants virus de la grippe ? Les « imprévoyants » qui ne se vaccinent pas ? Ou bien les petits hommes verts venus d’ailleurs ? Quel homme de paille les chiens de garde médiatiques nous trouveront-ils encore pour cacher le système de classe qui brise notre société, nos familles, nos vies ?
Pour échapper à la récession économique, à la catastrophe sanitaire, à l’effondrement climatique, à l’apocalypse nucléaire, il n’y a qu’une solution, qui passe par 4 sorties : de l’euro, de l’UE, de l’OTAN, et du capitalisme. La seule issue est la voie du communisme qui se réalisera par la réindustrialisation de la France sous le contrôle démocratique des travailleurs et, concernant la santé, par la nationalisation de toutes les grandes industries pharmaceutiques, des cliniques privées, laboratoires d’analyse, et par la planification d’un vrai système de santé que nous rebâtirons de nos mains pour donner à nos parents et à nos enfants les soins qu’ils méritent !
À chaque mal du capitalisme, imposons le remède communiste !
Antoine, médecin, pour la Commission Santé du PRCF
Note de la rédaction
[1] D’après les données du réseau de surveillance, l’efficacité des vaccins contre la grippe est de l’ordre de 40 % pour les plus de 65 ans (70% à 80% pour les moins de 17 ans) – [ https://www.eurosurveillance.org/content/10.2807/1560-7917.ES.2024.29.8.2400089 ]
[2] D’après la Haute Autorité de Santé, les enfants représentent 43% des passages aux urgences parmi les consultations pour syndrome grippal (14% pour les moins de 2 ans, 23% pour les 2-5 ans, 15% pour les 6-14 ans). La la HAS estime que cette vaccination chez les enfants de 2 à 17 ans – qui constituent le réservoir de la grippe –permettrait de limiter la diffusion de la maladie au sein de la population et des personnes âgée source
[3] Par la poursuite des campagnes d’éducation à la prévention (hygiènes), par des normes de qualités de l’air des lieux collectifs, en prévention des maladies aérotransmissibles.