Le mouvement ne s’est pas essoufflé au cœur de l’été. Plus de 200 services d’urgences sont désormais en grève, plus de deux tiers du total car la conclusion de cet été, c’est que le régime Macron refuse les millions d’euros manquants pour ré-ouvrir les lits d’hospitalisation nécessaires dans les hôpitaux publics. De l’argent qui pourtant existe comme en témoignent les dizaines de millions d’euros dépensés pour le G7 à Biarritz.
Pourtant, il y a urgence. Des témoignages n’ont cessé de remonter de plusieurs endroits de France sur l’état dramatique des hôpitaux publics. On peut ici citer l’exemple tragique de ce patient de 70 ans qui a passé 6 jours et 12 heures sur un brancard faute de lit d’hospitalisation à Saint Quentin.
En Guadeloupe, les personnels sont obligés de payer de leur poche, ou les patients, les fournitures nécessaires à l’hospitalisation. L’hôpital, endommagé par un incendie, est dans un état lamentable. Faute de crédits, les fournisseurs ne sont plus payés et ne livrent plus le principal hôpital de Guadeloupe.
À Marseille, dans le 3ème plus grand hôpital d’Europe, les soignants décrivent un hôpital qui manque de tout : de bras, de fournitures, et même parfois de médicaments (lire le reportage de l’express et de nos confrères de La Marseillaise). Alors que les audits de sécurité montrent que les normes de sécurité incendie ne sont pas respectées, le gouvernement fait un chantage immonde. Le plan de rénovation de 300 millions d’euros ne serait validé que si l’hôpital supprime au moins un millier de postes et ferme des services et des blocs opératoires.
De façon très concrète, l’euro-austérité, les ordres de privatisation et de libéralisation des systèmes de santé publique données via l’Union Européenne par le grand Capital frappent les patients. Oui, le capitalisme et son Union européenne, ses critères de Maastricht de l’euro, nuisent gravement à la santé.
Le 10 septembre, les collectifs d’urgence en grève se retrouveront pour une assemblée générale à Paris.
» la ministre n’a apporté aucune réponse pour améliorer la question centrale du manque de lits au sein de nos hôpitaux «
Sur le passage d’Agnès Buzyn à l’antenne
Communiqué de presse – 21 aout 2019 –
L’intervention de la ministre de la Santé sur RMC ce matin semble bien légère et décevante à la fin d’un été particulièrement pénible dans les services d’urgences et après plusieurs mois de grève touchant 217 services sur toute la France. Si l’on note une propension à la culpabilisation des patients en évoquant notamment leur « besoin d’immédiateté », aucune annonce concrète n’est avancée pour améliorer leurs conditions d’accueil et de soins.
Selon madame Buzyn « le problème n’est pas de créer des postes, c’est d’avoir des professionnels » en citant l’exemple de l’hôpital de Metz où, selon ses dires, 100 postes seraient à pourvoir. Elle omet de préciser que cet hôpital se trouve à une heure de route du Luxembourg, pays européen où les prétentions salariales des personnels paramédicaux sont largement supérieures. Si le gouvernement estime que nos revendications n’ont « pas de sens », il semble ici en faire la triste illustration. C’est encore et toujours le même constat dénoncé par le personnel en grève depuis 5 mois maintenant : il y a urgence à rendre les services français attractifs en permettant de meilleures conditions d’accueil et de travail !
De plus, la proposition de « centrale d’appel » et de téléconsultation entraîne un changement de paradigme et nécessite donc un temps pour sa mise place, toujours en décalage avec l’urgence dénoncée par les professionnels de terrain. Par ailleurs, cela pose la question de son efficience dans la situation actuelle sans effort particulier pour améliorer l’accès au soin de nos patients. En effet dans un contexte de carences en médecine de ville et de déserts médicaux il nous parait assez insensé de croire que la médecine de ville puisse absorber ces demandes.
Sur les protocoles de coopération, rappelons que ces derniers ont pour objectif de libérer du temps médical tandis que les effectifs soignants ne sont pas réévalués.
Quand Mme Buzyn annonce nous revoir à la rentrée il convient de rectifier les faits : nous n’avons jamais été reçu dans le cadre de négociations ou de discussions constructives.
Enfin, et nos collègues des services d’hospitalisation apprécieront, aucun élément n’a été apporté par la ministre pour améliorer la question centrale du manque de lits au sein de nos hôpitaux.
Cette intervention laisse à penser que les discussions en cours sur le budget hospitalier seront toutes aussi décevantes et nécessiteront la mobilisation de tous.
Le Collectif Inter Urgences.
La carte des services d’urgence en grève :
d’après le recensement du collectif interurgence au 24 août 2019 (source)