Discours de Landini pour le 11 novembre 2010 à BAGNEUX
Mesdames, messieurs, très chers amis.
Depuis de nombreuses années déjà, j’ai eu à maintes fois l’occasion de prononcer ici même, des allocutions pour commémorer la Victoire du 11 novembre 1918.
Mais cette fois-ci souhaitant sortir des chemins battus, je me suis interrogé en me demandant sur quel sujet je pouvais bien intervenir aujourd’hui.
Récemment les médias nous ont informés que des cimetières de soldats originaires de nos anciennes colonies, morts à la guerre de 14/18 avaient été pour la énième fois vandalisés.
Pas plus tard que lundi soir, sur la cinquième chaîne de télé, j’ai eu l’occasion de voir un très beau film qui s’appelle « La dette » et qui retrace l’effroyable massacre des « coloniaux » à la guerre de 14 / 18.
Je me suis alors rendu compte, que depuis plusieurs années, ici comme ailleurs, chaque fois que l’on commémore la Victoire du 11 novembre, il n’est jamais fait état, ou si peu, des combats et des sacrifices consentis par ceux que l’on désignait alors sous l’appellation de « Sénégalais ».
A partir de là j’ai voulu en savoir davantage et je suis allé consulter internet, pour avoir quelques informations complémentaires.
Je ne vous cacherai pas, qu’il a fallu que j’arrive à 85 ans pour découvrir le prix incroyable que ces pauvres gens ont dû payer entre 1914 et 1918, souvent mobilisés contre leur grès, afin de défendre un pays qui n’était pas le leur.
Et pour ceux ou celles qui on pu voir ce film sur la 5, ils ont sans doute été comme moi, scandalisé par l’incroyable mépris manifesté par les dirigeants de notre pays à leur égard.
Pour être bref, voici seulement quelques informations péchés ici ou là sur internet.
De 1914 à 1918, un peu plus de 800 000 indigènes ont été enrôlés (souvent par force) dans l’ensemble des territoires constituant l’Empire colonial Français.
Près de 600 000 ont été directement engagés sur tous les fronts, près de 100 000 d’entre eux sont morts.
Plus de 50 000 ont été recrutés entre 1915 et 1916, parfois sans ménagements et au prix de milliers de morts et de centaines de villages incendiés.
Plus loin il est écrit :
« Noir destin sur le Chemin des Dames »
Au matin du 16 avril 1917, plus de 15 000 tirailleurs sénégalais s’élancent à l’assaut du Chemin des Dames. Paralysés par le froid, ils sont fauchés par les mitrailleuses allemandes qui devaient être détruites au cours des bombardements qui ont précédés l’offensive.
Au total plus de 6 000 tirailleurs sont tombés sur le Chemin des Dames.
Dans la seule journée du 16 avril, plus de 1400 « sénégalais » meurent dans les combats pour la conquête du Mont des Singes, pour la prise des fermes de Moisy et d’Hurtebise ou sur les pentes d’Ailles …
1917 est l’année de l’engagement massif des tirailleurs sénégalais. Les pertes énormes depuis 1914 ont rendu indispensable le recours aux hommes des colonies d’Afrique-Occidentale Française.
Le Général Nivelle, qui a remplacé Joffre en décembre 1916, pour mener l’offensive qu’il présente comme décisive, accepte, dans une note signée de sa main, l’idée de « ne pas ménager le sang noir pour conserver un peu de sang blanc ».
Nivelle à confié la 6ème armée, celle qui doit rentrer dans Laon au soir du 16 avril, au Général Mangin …..
20 bataillons, soit 15 000 hommes, sont rassemblés en première ligne.
C’est un vrai temps d’hiver qu’ils trouvent en arrivant au front de l’Aisne ! Au moins 1 100 d’entre eux ont dû être évacués avant le 16 avril, victimes des intempéries, pour pneumonies ou engelures.
Lors des deux premiers jours de l’offensive, le 16 et le 17 avril, les bataillons de tirailleurs perdent souvent les trois quarts de leurs effectifs.
Soit plus de 11 000 hommes tombés en deux jours seulement de combat.
Le Général Mangin a gagné au Chemin des Dames la réputation de « Boucher » et de « Broyeur de Noir », ce qui a amené Nivelle à lui retirer, le 29 avril, le commandement de la VIème armée.
Ceux que l’on appelait les « tirailleurs sénégalais » étaient en fait originaires de toute l’ancienne Afrique Occidentale Française, c’est-à-dire des Etats actuels suivants : Sénégal, Côte d’Ivoire, Bénin, Burkina-Faso, Niger et Mauritanie, auxquels s’ajoutaient les Tunisiens, les Algériens, les Marocains, Tchadiens et bien d’autres.
La plupart de ces territoires n’étaient soumis à l’autorité coloniale française que depuis moins de 30 ans.
A quelques rares exceptions, ces hommes venus d’Afrique pour défendre la République ne jouissaient pas de droits civiques et ils comprenaient à peine le français ».
Le député et commissaire de la République de l’époque, Blaise Diagne déclare :
Mes frères noirs, en versant le même sang, vous gagnerez les mêmes droits que vos camarades français.
Et voici maintenant quelques expressions utilisées par la suite, à l’égard de ceux qui devaient soit disant gagner les mêmes droits que leurs camarades français : Je continue à lire ce qui est écrit sur internet et que chacun de vous pourra consulter s’il le désire.
« Chair à canon » « Indigènes » « oubliés de la Victoire » « Sans papiers » « Sans pensions ». Toutes ces expressions, toutes ces revendications se mêlent quand il s’agit d’évoquer le tragique destin des soldats d’outre-mer qui ont servi la France.
Autrefois objets de tous les fantasmes, des images dégradantes aux clichés patriotiques, héroïsés de manière presque caricaturale par la presse ou les fabricants de jouets, ils sont aujourd’hui inscrits dans tous les débats de société autour de l’immigration.
Ils sont même source de tensions diplomatiques entre la France et ses anciennes colonies.
Personnellement j’ajouterai, que non seulement les cimetières de ces malheureux sont vandalisés, mais voici que Monsieur Eric Besson, ministre de l’immigration, ce fait une gloire d’expulser par charter, manu militari et sans ménagement, les petits-enfants, neveux ou les arrières petits-neveux de ceux dont le corps repose loin, très loin de leur terre natale.
Je pense également, que traiter avec respect et ne pas attenter à la dignité des enfants de ceux, qui en 14/18 ou bien encore en 39/45 ont combattus pour rendre à la France sa grandeur et sa liberté, est un devoir auquel nos gouvernants, n’ont pas le droit de se soustraire et auquel il est de notre devoir de le leur rappeler.
Léon Landini résistant FTP MOI
président du PRCF