Lancé sur les réseaux sociaux, l’appel à des actions de blocage des routes le 17 novembre en réaction à la flambée des prix des carburants sous l’effet des hausses de taxes du régime Macron, fait chorus. Des centaines de milliers de personnes se sont déjà déclarées participantes sur les réseaux sociaux et les pétitions en ligne font le plein de signataires. Selon un sondage, 78% des français soutiennent l’appel au blocage le 17 novembre
Cet appel lancé par des anonymes ne provient ni de partis politiques, ni de syndicats, même si avec l’opportunisme que l’on sait l’extrême-droite a vite tenté de s’infiltrer pour pourrir la colère populaire. Une colère populaire qui n’a rien à voir avec l’extrême-droite mais au contraire est le résultat des salaires bloqués, de la précarité se heurtant de plein fouet aux hausses des taxes (essence, CSG, etc.) et autres coupes dans les aides sociales (APL etc.) décidées par le régime Macron pour faire payer aux travailleurs, en particulier les plus pauvres, les milliards d’euros de cadeaux faits aux millionnaires (suppression de l’ISF, CICE et cie) et l’austérité imposée par l’Euro et l’Union Européenne. Une colère de classe qui monte contre le mépris de classe du régime Macron-UE-MEDEF contre la France des travailleurs. Alors que faire ? c’est à cette question que Léon Landini, résistant de toujours, résistant FTP-MOI et président du PRCF, apporte des éléments de réponse et des propositions d’actions. Lançant un appel à la résistance pour que la colère populaire se transforme en lutte de classes et de masse.
Manifestation du 17 novembre 2018. Faut-il OUI ou NON y participer ? par Léon Landini
En réponse à cette question, je me permets de faire quelques remarques qui devraient aider nos amis à avoir un avis, s’il faut oui ou non y participer.
Dans une déclaration, Mélenchon vient de dire : « Je féliciterai ceux qui y sont allés, mais je féliciterai également ceux qui n’y sont pas allés ». (En Provence, d’où je suis natif, on appelle cela une valse à deux temps). Après cette déclaration une question doit se poser avec insistance : Faut-il y participer OUI ou NON ?
Clémentine Autain a déclaré : Je n’irai pas à cette manifestation défiler aux côtés de Marine Le Pen !
Mais elle n’est pas seule à utiliser cette position, même Martinez le secrétaire de la CGT n’appelle pas à être présent à cette manifestation et cela me parait pour le moins stupide, mais je vais essayer de m’en expliquer.
Il faut savoir que d’abord on ne manifeste pas ! On défile en voiture et notre rôle, à nous membre du PRCF, sera surtout de distribuer des tracts aux automobilistes.
Par ailleurs, si cette manifestation permettait de bloquer l’ensemble de notre pays (ce qui est possible) elle contraindrait « Monsieur j’assume, ils n’ont qu’à venir me chercher » et bien nous constaterions que lorsqu’on vient le chercher, il n’apprécie pas du tout.
Pour contrer cette manifestation certains des porte-voix de Macron proposent déjà des échappatoires, par exemple verser 20 euros (une vrai sucette !) à celles et ceux qui travaillent à plus de 30 kilomètres du lieu de leur domicile. Il faudra pour cela qu’en plus, ils obtiennent l’accord de leurs employeurs.
« être présents dans les débats et y prendre notre place »
Pour refuser ce scandaleux marchandage il faudra que nous soyons présents dans les débats et comme je l’ai déjà écrit, il faudra que nous y prenions notre place et même toute notre place.
Si avec cette manifestation nous arrivions à faire reculer Macron, ce serait déjà une preuve que la loi peut aussi venir de la rue, lorsque celle-ci se mobilise fortement.
Avec ce premier recul et avec cette victoire, la porte serait entrouverte et cela faciliterait l’aboutissement et la satisfaction pour d’autres revendications et nous pourrions ainsi changer beaucoup de choses, à condition que le PRCF soit présent dans tous les éventuels accords, bien sûr !
« apporter la preuve que la loi peut aussi venir de la rue lorsque celle-ci se mobilise fortement »
Mais je veux revenir sur notre, appel à participer, à cette démonstration de force.
Si ma mémoire est bonne, Mélenchon et d’autres responsables nationaux des Insoumis, avaient bien accepté de participer, lors des funérailles d’une vieille dame juive qui avait été assassinée, à une manifestation dont le défilé se fit derrière les drapeaux du CRIF, et de sa milice fascisante, défilé duquel les militants des Insoumis furent d’ailleurs expulsés manu militari.
Était-il important de vouloir participer à une manifestation, valorisant le CRIF et ne rien apporter par ailleurs, si ce n’est intensifier l’acrimonie contre les musulmans et, aujourd’hui je trouve ridicule de faire des manières et refuser de participer à une très importante manifestation, qui très vraisemblablement va mettre le gouvernement en grande difficulté.
Serait-ce très intelligent de refuser de participer pour apporter des explications, des propositions indispensables pour que nos concitoyens en colère puissent se mobiliser pour faire gagner les droits des travailleurs . N’y a-t-il pas au contraire danger d’abandonner ceux qui vont exprimer le 17 novembre leur colère au risque de laisser en tête de cette manifestation des individus se réclamant de l’extrême-droite, dont le rôle objectif et le bilan est partout et toujours d’avoir défendu et maintenu le régime d’exploitation et d’oppression en place ?
Jamais les antifascistes ne doivent céder un pouce de terrain.
« il est beaucoup plus grave d’accepter d’aller mettre un bulletin de vote dans la même urne que Marine Le Pen et ses acolytes à l’occasion des futures élections européennes »
Toutefois, je comprends que participer à une manifestation que Marine Le Pen veut récupérer est en soit repoussant, mais je trouve, qu’il est beaucoup plus grave d’accepter d’aller mettre un bulletin de vote dans la même urne que Marine Le Pen et ses acolytes à l’occasion des futures élections européennes.
Voter c’est renier le NON que le peuple de notre pays avait infligé au référendum qui avait eu lieu le 29 mai 2005, au cours duquel près de 16 millions d’électeurs avaient répondu négativement à la nouvelle Constitution.
Sachez qu’en votant aux Européennes vous allez contribuer à laisser croire que l’Union Européenne de la grande finance est démocratique, puisqu’il y a des élections libres.
En ce qui me concerne, fidèle à l’idéal qui pendant la Résistance nous a permis à mes camarades et à moi, de supporter l’insupportable et de nous sublimer à notre insu, nous nous battions et nous nous battons encore pour une France Libre, Forte, Démocratique, Indépendante et Souveraine.
Avec mes camarades, cet idéal reste ancré au fond de nous-mêmes et je continue la même bataille.
Léon Landini – Président de l’Amicale des Anciens FTP-MOI du bataillon Carmagnole-Liberté –Médaille de la Résistance – Officier de la Légion d’Honneur- Grand Mutilé de Guerre – Décoré par l’Union Soviétique.
La carte des blocages du 17 novembre
Non le 17 novembre n’est pas initié par l’extrême droite
Pour discréditer l’appel aux blocages du 17 novembre, les propagandistes d’En Marche ont saisi au bon les appels opportunistes de l’extrême droite, FN / RN en tête, à noyauter les actions du 17 pour tenter d’accréditer le fait que ce mouvement serait d’extrême droite.
Un raccourci bien rapide – rappelant combien le seul argument du régime est aujourd’hui comme durant la campagne présidentielle de brandir le FN pour faire peur – qui est pourtant démenti par toutes les enquêtes de nos confrères qui se sont attachés à regarder qui sont les « organisateurs », ou plutôt les initiateurs de cette journée d’action.
- Marianne : Hausse du carburant et mobilisation du 17 novembre : ne leur dites pas qu’ils sont d’extrême droite !
- Libération: Non, l’extrême droite n’est pas à l’origine du mouvement du 17 novembre
- Europe 1 : Carburants : « gilets jaunes », appels au blocage… Qui est derrière la fronde ?
- LCI : De gauche, de droite, patrons, employés, apolitiques, complotistes… : la galaxie hétéroclite derrière la fronde du 17 novembre
- L’humanité : Manifestation. Le détournement des colères, carburant de l’extrême droite