Déclaration de G. Gastaud, secrétaire national du PRCF à propos du 17 NOVEMBRE 2018
Cinglant aux visages les dirigeants syndicaux confédéraux arrimés au « dialogue social » bidon et incapables de porter la colère populaire, le mouvement des « gilets jaunes » s’empare à sa manière de la question du pouvoir d’achat populaire, bousculant l’arrogant Macron, le forçant à manœuvrer en recul et à brandir la menace de répression policière contre les « bloqueurs ».
les travailleurs inorganisés n’enfileraient pas leur gilet jaune si certains dirigeants syndicaux et politiques n’avaient pas remballé depuis longtemps le drapeau rouge
Certes, les dirigeants de la droite et de l’ultra-droite, les Le Pen, Wauquiez et autre Le Pen, s’évertuent à récupérer ce mouvement parti d’en bas pour lui donner une signification purement « antifiscale » (pourtant, le problème n’est pas l’impôt mais sa juste répartition suivi d’une juste utilisation), voire anti-fonctionnaires et antisyndicale. Mais à qui la faute sinon aux confédérations euro-formatées, CGT comprise hélas, qui continuent de bêler après l’introuvable « Europe sociale », qui, derrière la CFDT, cautionnent le mensonge de l’ « Europe sociale », qui ne proposent aucun plan d’action clair pour faire plier le pouvoir ou qui, comme Thibault (devenu entre temps Monsieur zéro grève pendant les J.O. de Paris), osaient déclarer dès 2003, au mépris de toutes traditions du syndicalisme de classe, que « la CGT n’a pas vocation à bloquer le pays »*… ? À qui la faute sinon à la gauche établie, et à une partie des mouvements se réclamant de la gauche populaire, qui continuent de flirter peu ou prou avec le PS et assimilés, qui ne cessent de déclarer que « Macron est légitime », qui confondent écologie et casse industrielle et qui acceptent de fait le surarmement lié à la mise en place d’une « armée européenne » arrimée à l’OTAN. Et qui surtout, refusent de mettre en cause la funeste « construction européenne » qui, combinée à la dette usuraire « due » aux « marchés financiers », vampirise le budget français au détriment des dépenses sociales, des salaires et des services publics ? En résumé, les travailleurs inorganisés n’enfileraient pas leur gilet jaune si certains dirigeants syndicaux et politiques n’avaient pas remballé depuis longtemps le drapeau rouge du combat anticapitaliste et le drapeau tricolore de la France indépendante au profit du drapeau jaune des briseurs de lutte parsemé des roses défraîchies de la social-démocratie !
Le PRCF appelle à l’action
C’est pourquoi le PRCF, dont tous les militants bénévoles n’ont jamais gagné un centime en faisant de la politique,
- soutient les millions de citoyens qui, sans se laisser récupérer par la droite et par l’extrême-droite, ces ennemies de toujours des salariés et des mouvements sociaux, vont réclamer, bien au-delà de la question des carburants, une forte augmentation du pouvoir d’achat des classes populaires et moyennes. Ne nous trompons pas d’ennemi, l’adversaire n’est pas « l’impôt » en général, ni « l’État » (c’est-à-dire les travailleurs des services publics, infirmiers, profs et autres agents publics qui travaillent pour nous tous), l’ennemi du peuple de France, c’est le grand capital, les sociétés pétrolières exploiteuses des pays du Sud et des travailleurs de France, ce sont les marchés financiers et les pouvoir politiques à leur dévotion à Bruxelles et à l’Élysée. Alors, exigeons l’augmentation générale des salaires, la relance des services publics et de la protection sociale (à bas la honteuse réforme des retraites qui va massivement nous appauvrir !), la lourde taxation des profits de TOTAL et sa nationalisation franche sans indemnité pour les gros actionnaires !
- Appelle à participer à ce mouvement tout en apportant, dans les formes appropriées au cas par cas, les propositions franchement communistes, anticapitalistes et anti-UE du PRCF.
- Appelle à refuser par avance les mesures répressives que concoctent Macron, Philippe et Castaner.
- Appelle à réfléchir au rôle vampirique de l’UE, cœur de la mondialisation néolibérale en Europe, qui orchestre le démontage des acquis sociaux du CNR, interdit à l’État français, au nom du sacro-saint euro, d’emprunter à la Banque de France à taux zéro, rabat la dette publique sur les marchés financiers, et a réussi à faire en sorte qu’en quarante années, le capital et les dividendes captent deux tiers de la richesse créée alors que les salariés se contentent du petit tiers restant. Et Macron veut aller plus loin en bloquant les pensions et le traitement des agents publics, en augmentant la CSG au détriment des cotisations Sécu et des pensions, en taxant les APL, en privatisant la SNCF et EDF, en aggravant la sélection sociale à l’université, en sous-finançant le logement social, en détruisant les statuts et le Code du travail, en abaissant l’indemnisation du chômage, bref, en s’attaquant aux couches populaires et moyennes pour gaver toujours plus les plus riches à coups d’avantages fiscaux indécents.
Pour débloquer notre pays écrasé par le Capitalisme et sa construction européenne : grève générale
De manière générale, le PRCF n’oppose pas le mouvement spontané des travailleurs initialement inorganisés, à la nécessité de s’organiser en puissants syndicats de classe, fidèles à la grande tradition de la CGT , et à l’exigence de reforger d’urgence un parti communiste de combat que n’est manifestement plus le terne et invisible PCF-PGE actuel. Le rôle des communistes, tout en retroussant les manches pour engager la reconstruction du parti communiste et aider à celle du syndicalisme de classe, est aussi d’être autant que possible « comme un poisson dans l’eau » dans les mouvements sociaux. D’abord pour les aider à s’organiser et à déjouer la répression policière qui vient, mais aussi pour les aider démocratiquement, sans donner de leçons, à dégager une ligne de masse susceptible d’isoler le pouvoir macronien et de mettre hors d’état de nuire les coucous malfaisants de l’extrême droite qui voudraient bien dévoyer ce mouvement dans un sens réactionnaire et fascisant. Il faut au contraire faire en sorte que ce mouvement aide les travailleurs à se mettre en mouvement DANS LES ENTREPRISES pour poser en grand la question des salaires en affrontant le patronat, notamment le grand patronat, et le gouvernement à son service.
Quant à l’écologie, c’est le pire service à lui rendre que d’en faire un prétexte pour pomper à toute heure les porte-monnaie populaires. La transition écologique passe au contraire par la taxation du fret international de marchandises « made in ailleurs » traversant et polluant sans trêve la France désindustrialisée, par la reconstruction du produire en France et des circuits courts sous l’égide d’un secteur public industriel et bancaire nationalisé, par la renationalisation à 100% d’EDF et d’Engie, par le développement du transport ferroviaire dans un cadre national et public, par la nationalisation des industries fabriquant les matériels utiles aux énergies alternatives, et plus globalement, par le refus du consumérisme absurde alors que tant de besoins de base sont insatisfaits, par l’élévation du niveau général d’éducation de la population et par la défense de l’environnement contre le culte du tout-profit qu’incarnent Macron, la droite et les différentes chapelles de la social-démocratie euro-atlantique convertie au néolibéralisme.
Le 17 novembre et ensuite, pour défendre nos acquis, reconquérir notre pouvoir d’achat, en un mot, pour DÉBLOQUER notre pays malade du turbo-capitalisme et de la pseudo « construction » européenne, c’est à la grève générale interprofessionnelle et au blocage des profits capitalistes qu’il faut œuvrer si nous voulons rouvrir au pays la voie du vrai changement !