La réaction néo-libérale à l’œuvre dans les sociétés capitalistes depuis la fin des années 1970 revêt la forme d’une double peine pour les femmes. Dans la sphère productive d’abord : les travailleuses ont subi de plein fouet la précarisation des statuts et des contrats, en particulier dans les services où elles sont nombreuses à travailler ; la lutte actuelle des travailleuses de l’hôtellerie (Holiday Inn à Clichy, Park Hyatt Vendôme, Hôtel Marriott à Marseille) contre la sous-traitance en est une illustration frappante. Dans la sphère domestique ensuite, puisque les femmes assument 72% des tâches domestiques en moyenne – et ce gratuitement – et doivent reproduire la force de travail des membres de leur foyer dans un contexte de destruction de la Sécurité sociale.
Cette pression accrue sur les femmes, dans leur double journée de travail, les expose aux violences et humiliations de leurs collègues et supérieurs hiérarchiques masculins, mais aussi aux violences conjugales alimentées par une culture sexiste aliénante et dominatrice. Chaque année, 220.000 femmes sont victimes de violences graves de la part de leur conjoint ou ex-conjoint, 84.000 seraient victimes de viols et tentatives de viol. Face à ces actes intolérables, des sanctions sévères sont indispensables, ce qui nécessite, depuis la prise en charge des femmes violentées (pompiers, hôpitaux, lieux d’écoute et d’accueil, gendarmerie, etc.) jusqu’aux décisions de justice, que tous les services concernés soient en mesure de faire correctement leur travail.
Mais les femmes, en particulier issues des classes populaires, sont confrontées à l’hypocrisie de l’UE, de Macron-Philippe et de la secrétaire d’État Schiappa : derrière la propagande annonçant la lutte contre l’inégalité hommes-femmes, le gouvernement, appliquant la feuille de route de Bruxelles avec zèle, démolit le code du travail, les statuts de la fonction publique (où les femmes prédominent et où les salaires sont bloqués), les hôpitaux – en 10 ans, 130 centres pratiquant l’avortement ont fermé leurs portes ! –, la retraite et la Sécurité sociale. Tout ceci paupérise massivement les femmes, et avant tout les travailleuses agricultrices, ouvrières, employées, infirmières, enseignantes, etc., les mettant sous la tutelle économique de leur concubin/époux ; or, plus de 60% des femmes connaissent la précarité, deux fois plus que les hommes. À quoi s’ajoute la destruction programmée de la laïcité, qui est pourtant une arme majeure face à l’obscurantisme de pratiques et d’autorités religieuses comparant l’IVG à des « tueurs à gage » ou à un « homicide ».
Nous sommes très loin d’une égalité de conditions et de dignité entre les femmes et les hommes, et des moyens pécuniaires et humains considérables doivent être déployés de toute urgence ; et nous soutenons tous les travailleurs impliqués dans ces situations de détresse des femmes, lorsqu’ils se battent, par des grèves ou par des manifestations, pour que cessent les diverses pénuries dont ils souffrent. Cette situation ne peut laisser insensibles des communistes et des progressistes qui n’oublient pas la manière dont la communiste Clara Zetkin a associé le combat social au combat féministe, et qui se souviennent du mot de Marx : « le degré d’émancipation des femmes est le plus sûr gradient du développement historique d’une société ». Faut-il rappeler qu’en République démocratique allemande (RDA), 90% des femmes travaillaient et disposaient d’un extraordinaire réseau de crèches, détruites par la réunification et qui permettaient pourtant de concilier vie professionnelle, vie familiale et épanouissement individuel ?
C’est pourquoi, nous communistes et féministes du PRCF et des JRCF, nous joignons à la marche contre toutes les violences sexistes et sexuelles dont les femmes sont les cibles. Nous continuerons de lutter aussi bien contre les bases matérielles sur lesquelles elles s’enracinent (exploitation capitaliste), à commencer par l’UE – véritable prison des femmes et des hommes – et le gouvernement Philippe-Macron qui accroît la soumission des femmes, que contre la culture sexiste qui légitime ces violences symboliques, physiques et sexuelles (domination). Ce combat nécessite la mobilisation des femmes, notamment les travailleuses, ET des hommes, qui ont eux-mêmes tout à gagner à la libération des femmes tant il est vrai qu’un sexe qui en opprime un autre n’est pas un sexe libre. Car comme le disait fort justement Inès Armand, première dirigeante du Département des Femmes dans la Révolution d’Octobre : « Si la libération des femmes est impensable sans le communisme, le communisme est également impensable sans la libération des femmes ».
PRCF