Le 29 mai 2005, 55% des Français – et près de 80% des ouvriers – rejetaient par référendum le « Traité établissant une constitution pour l’Europe » (TCE), marquant l’une des plus grandes victoires de la souveraineté nationale et populaire depuis des décennies en France. Cet événement historique fut vécu comme une véritable apocalypse pour les tenants du capitalisme euro-atlantique, aussi bien politique (de Sarkozy à Hollande, de Fillon à Valls, de Copé à DSK, et tant d’autres), économique (principalement le MEDEF, mais aussi la CFDT de Chérèque) et bien entendu médiatique, tous les éditocrates de l’époque (Serge July, Franz-Olivier Giesbert, Alain Duhamel, David Pujadas, Christine Ockhrent, sans oublier Bernard Guetta devenu depuis eurodéputé macroniste, etc.), désireux d’effacer l’humiliation subie face à un peuple (essentiellement les classes populaires) qualifié de « populiste », « xénophobe », « nationaliste », « raciste », « fasciste », etc. (qualificatifs tout à fait justifiés pour l’extrême droite frontiste et villiériste).
La vengeance étant un plat qui se mange froid, elle fut glacée pour les classes populaires et les opposants au TCE : le 4 février 2008, les parlementaires réunis en Congrès à Versailles (beau symbole de la Restauration contre-révolutionnaire) modifièrent la Constitution afin de permettre, 4 jours plus tard, l’adoption du traité de Lisbonne dit « traité simplifié » qui, de l’aveu même de Valéry Giscard d’Estaing, n’est qu’un copier-coller du TCE puisque « les propositions institutionnelles du traité constitutionnel – les seules qui comptaient pour les conventionnels – se retrouvent intégralement dans le traité de Lisbonne, mais dans un ordre différent, et insérés dans les traités antérieurs »[i]. La modification de la Constitution fut approuvée largement par la droite sarkozyste, qui profita au passage de la large abstention des « socialistes » (quand ils ne votèrent carrément pas en faveur de la révision comme Valls ou Jack Lang) pour faire passer en force ledit traité[ii] et signer la mort de la souveraineté nationale et populaire… trahissant au passage l’article 3 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (DDHC) du 26 août 1789 (et reprise telle quelle dans la constitution de la 5e République), selon lequel « Le principe de toute Souveraineté réside essentiellement dans la Nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d’autorité qui n’en émane expressément »[iii] ; de même, il s’agit d’une violation flagrante de l’article 3 de la constitution de 1958 : « La souveraineté nationale appartient au peuple qui l'exerce par ses représentants et par la voie du référendum. Aucune section du peuple ni aucun individu ne peut s’en attribuer l’exercice. »[iv] Ce fut exactement pourtant ce que firent les prétendus « démocrates » « socialistes », UMP (futurs faussaires « Républicains », à l’image de Christian Jacob) et autres pseudo « centristes » comme François Bayrou, l’homme qui se rallia rapidement à Macron avant tant d’autres (sans oublier l’euro-mutant ayant contribué à la liquidation du PCF, Robert Hue[v]).
Ces rappels historiques ne sauraient être oubliés en ce 15e anniversaire de la victoire du NON au référendum de 2005, et le Pôle de Renaissance communiste en France (PRCF) vous invite pour cela à visionner deux documentaires tournés l’un au lendemain de l’historique victoire de 2005, l’autre à la veille de l’élection présidentielle de 2017.
Le premier reportage, réalisé par l’équipe d’« Envoyé spécial » de France 2 et intitulé « Le jour où la France a dit non »[vi], resitue l’ambiance au soir et au lendemain du 29 mai 2005, montrant le désarroi incommensurable des partisans du « oui », pour tous d’ailleurs des étudiants Erasmus, cadres supérieurs urbains, « socialistes » et autres droitistes réactionnaires, sans compter les inénarrables éditocrates sous le choc. Un documentaire au sein duquel le « journaliste » en question ne peut s’empêcher de verser dans des commentaires hostiles aux partisans du Non (à commencer par Jean-Luc Mélenchon) et de (non-)« analyses » comme celle comparant les tomates polonaises… aux travailleurs polonais pour justifier la « totale liberté de circulation » et implicitement accuser les travailleurs français de xénophobie ; il est également intéressant de voir les réactions de ces « étudiants » prêts à ne pas faire voter « un ouvrier travaillant 35 heures par semaine » (ah, la ritournelle des « 35 heures » n’est jamais bien loin ! Ou comment ignorer que les ouvriers travaillent bien plus que 35 heures par semaine…) car incapable de « comprendre » (heureusement, la « pédagogie » Erasmus fera la différence).
L’autre documentaire, intitulé « 2005 : quand la France a dit non à l’Europe »[vii] et diffusé sur France 3 quelques mois avant l’élection présidentielle, retrace 12 années de viol de la souveraineté nationale et populaire en France au nom de « l’Europe », du rejet du TCE à l’adoption de la loi chômage « El Khomri » (où apparaît même un certain… Emmanuel Macron, alors ministre de l’Economie du gouvernement Valls) en passant par la ratification du « Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance » (TSCG) par les « socialistes » en 2012[viii]. Où l’on voit l’ampleur de l’euro-destruction des conquêtes sociales et démocratiques, au point que l’ancien socialiste Pouria Amirshahir, opposé au TCE en 2005, affirme au sujet de l’acte du 4 février 2008 : « Ce n’est pas simplement un déni de démocratie : c’est une entaille durable dans l’idée même qu’on se fait de la démocratie et de sa possibilité. Finalement, tout cela ne reposerait pas sur les grands principes qu’on nous a enseignés et transmis ? La délibération collective, le respect du peuple, le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple : tout ça en fait, c’est du pipeau ! ».
Eh oui, tout ça en fait c’est du pipeau, et même du Sciences Pipo, qui enseigne telle une secte à ses disciples autant de fables aux futurs dirigeants illuminés dont Macron est actuellement l’un des représentants les plus zélés[ix].Mais tout dépend ce qu’on entend par « démocratie », terme pour lequel on adoptera volontiers la définition de Lénine :
« La marche en avant, à partir de cette démocratie capitaliste – inévitablement étriquée, refoulant sournoisement les pauvres, et par suite foncièrement hypocrite et mensongère – ne mène pas simplement, directement et sans heurts « à une démocratie de plus en plus parfaite », comme le prétendent les professeurs libéraux et les opportunistes petits-bourgeois. Non. La marche en avant, c’est-à-dire vers le communisme, se fait en passant par la dictature du prolétariat ; et elle ne peut se faire autrement, car il n’est point d’autres classes ni d’autres moyens qui puissent briser la résistance des capitalistes exploiteurs.
Or, la dictature du prolétariat, c’est-à-dire l’organisation de l’avant-garde des opprimés en classe dominante pour mater les oppresseurs, ne peut se borner à un simple élargissement de la démocratie. En même temps qu’un élargissement considérable de la démocratie, devenue pour la première fois démocratie pour les pauvres, démocratie pour le peuple et non pour les riches, la dictature du prolétariat apporte une série de restrictions à la liberté pour les oppresseurs, les exploiteurs, les capitalistes. Ceux-là, nous devons les mater afin de libérer l’humanité de l’esclavage salarié ; il faut briser leur résistance par la force : et il est évident que là où il y a répression, il y a violence, il n’y a pas de liberté, il n’y a pas de démocratie. »[x]
Voilà pourquoi, 15 ans après la victoire de la souveraineté nationale et populaire, puis le viol de la volonté de cette dernière par les euro-gouvernements successifs jusqu’à Macron-Philippe, il est fondamental de se rafraîchir la mémoire non pour simplement commémorer cet événement majeur, mais pour proposer une perspective politique capable d’en finir avec Macron, Philippe et leurs sbires ainsi que tous les corrompus des euro-gouvernements successifs, le MEDEF, bien entendu l’UE atlantique et fascisante appliquant les desiderata de Bruxelles, Berlin et Washington, en accélérant l’euro-dissolution de la France et de la République, l’euro-démantèlement des services publics, l’euro-destruction des conquêtes sociales et démocratiques, et l’euro-fascisation menaçant les libertés publiques (en témoignent la violente répression anticommuniste, le révisionnisme historique du Parlement européen qui assimile le communisme au nazisme, et bien entendu l’essor de l’extrême droite fasciste en Europe), sans oublier la fausse « mondialisation heureuse » capitaliste avec ses instruments d’asservissements des peuples souverains (Banque mondiale, FMI et OMC en tête).
Et pour cela, RENDEZ-VOUS LE 29 MAI 2020 A 18H30 sur Internet pour participer au meeting numérique rassemblant les signataires de l’appel du 29 mai 2020[xi], pour une République française sociale, souveraine, démocratique et fraternelle. Pour qu’enfin adviennent les authentiques « nouveaux jours heureux » !
[i] https://www.lemonde.fr/idees/article/2007/10/26/la-boite-a-outils-du-traite-de-lisbonne-par-valery-giscard-d-estaing_971616_3232.html
[ii] [2] Le résultat du scrutin est disponible au lien suivant : http://www.assemblee-nationale.fr/13/scrutins/jo9000.asp
[iii] https://www.conseil-constitutionnel.fr/le-bloc-de-constitutionnalite/declaration-des-droits-de-l-homme-et-du-citoyen-de-1789
[iv] https://www.conseil-constitutionnel.fr/le-bloc-de-constitutionnalite/texte-integral-de-la-constitution-du-4-octobre-1958-en-vigueur
[v] Pour rappel : https://www.initiative-communiste.fr/articles/luttes/hue-macron-floreal-prcf/
[vi] https://www.youtube.com/watch?v=KFXEesj5f18
[vii] https://www.youtube.com/watch?v=FX4aLWxXlpc
[viii] Il est très surprenant que France Télévisions ait accepté de diffuser un documentaire autant euro-critique ; le tir a depuis été corrigé, en témoigne cette émission du 18 avril 2020 diffusée sur France 2 et intitulée… « La grande émission des Européens » : https://www.facebook.com/watch/live/?v=2551274241644534&external_log_id=9614a4bea19493a1044ff73a47be0a03
[ix] Pour rappel : https://www.initiative-communiste.fr/articles/europe-capital/macron-philippe-le-medef-et-lue-les-illumines-capitalistes-au-pouvoir/
[x] Lénine,L’Etat et la révolution, Editions sociales, Paris, et Editions du Progrès, Moscou, 1972, p. 131.
[xi] Appel à signer au lien suivant : https://www.mesopinions.com/petition/politique/republique-francaise-sociale-souveraine-democratique-fraternelle/88587 Des informations seront communiquées sur le site www.initiative-communiste.fr prochainement
Dans l’HD du 2à au 29, l’anticommuniste Sankari récidive avec un article contre la Chine communiste, digne cde valeurs actuelles, LCI, CNEWS, BFM, Le Figaro, etc……pauvre Humanité.