Chers camarades,
Même si depuis plusieurs années nos chemins ont divergé, il nous semble naturel de tendre une main fraternelle à tous ceux qui se réclament du communisme et des idées de progrès.
Nous ne taisons pas les divergences : à force de voir le PCF, qui fut longtemps notre parti, rejeter ses principes fondateurs (dictature du prolétariat, 1976, marxisme-léninisme et internationalisme prolétarien (1979), socialisme, centralisme démocratique, référence à la classe ouvrière et à la socialisation des moyens de production (1994), à la rupture avec l’UE de Maastricht comme préalable à l’entrée dans un gouvernement de gauche (1997), réseau des cellules d’entreprise…), à force de voir la direction du PCF prôner l’introuvable « Europe sociale » et l’impossible « réorientation progressiste de l’euro », à force de voir des ministres issus du PCF participer à des gouvernements maastrichtiens, atlantiques, voire guerriers (Mitterrand, 81, Jospin, 97/2002) qui détruisaient l’indépendance nationale, voguaient vers l’Europe atlantique et la destruction de l’œuvre de Thorez, Croizat, Marcel Paul et des autres ministres franchement communistes de 1945 (en particulier du secteur public et nationalisé et du « produire en France » défendu par G. Marchais), à force de voir censurés et exclus de fait les camarades qui défendaient l’histoire du PCF, la Révolution d’Octobre et le pays de Stalingrad, nous avons décidé de fonder une organisation communiste 100% indépendante du PS et du Parti de la Gauche Européenne, cette machine à détruire le Mouvement communiste international et à rabattre le mouvement ouvrier vers la « construction » européenne du grand capital chère au PS.
Cela ne signifie pas que nous fassions une croix sur nos anciens camarades dont certains croient encore à la possibilité de « remettre le PCF sur les rails du combat de classe » et militent pour un changement profond. Au contraire à l’occasion de ce congrès, nous vous soumettons trois pistes de réflexion et, pourquoi pas, d’action commune :
a) ourquoi ne pas dialoguer vraiment sur la question du marxisme-léninisme ? Quand la direction du PCF a opté pour l’ « eurocommunisme » (1977), a soutenu le liquidateur Gorbatchov, puis a totalement rejeté l’expérience de l’URSS, ses dirigeants prétendaient que cela aiderait à mieux ancrer le Parti dans la réalité nationale. En réalité, la « mutation », et la « métamorphose » social-démocrate du parti n’ont fait que favoriser le glissement à droite du PS, lequel a facilité le glissement à l’extrême droite de la droite… en facilitant involontairement le processus de fascisation actuel. Mais quand un congrès du PCF a-t-il tiré le bilan de la rupture avec les principes léninistes du Congrès de Tours et de l’Internationale communiste ? Quand a-t-il été pris acte que la disparition contre-révolutionnaire de l’URSS, défauts compris, a porté un coup terrible aux progressistes du monde entier ? Est-ce vraiment de « trop » de marxisme-léninisme, de « trop » d’internationalisme prolétarien, que nous avons pâti ? N’est-ce pas plutôt du contraire ?
b) Avant que la « France des travailleurs » chantée par Ferrat n’ait été détruite par la « construction » européenne, ne faut-il pas, comme le PC allemand (DKP), quitter le mortifère PGE, cet appendice de la social-eurocratie? Ne faut-il pas appeler sans plus tarder la France à SORTIR par la PORTE A GAUCHE de l’euro, de l’UE, de l’OTAN et du capitalisme en visant le socialisme pour la France et la coopération entre nations souveraines (au lieu de la « concurrence libre et non faussée »), en revendiquant la nationalisation du CAC-40 et en constituant un Front Antifasciste, Patriotique, Populaire et Ecologique (FR.A.P.P.E. !) ? Sans cela, comment rendre au peuple sa souveraineté et passer à l’offensive contre le grand capital ? Comment ne pas voir que l’abandon au FN de la Nation, du produire en France, de la langue et de la culture françaises livrées au tout-anglais du TAFTA, ouvrent un boulevard aux fascistes, y compris dans le monde ouvrier ? Alors que le PCE, qui initia l’ « eurocommunisme » avec le PCI de Berlinguer, vient d’appeler l’Espagne à quitter l’UE, le PCF restera-t-il le seul en Europe à s’accrocher à l’impossible « réorientation progressiste de l’UE » ?
c) Alors, assez de « socialo-dépendance » et d’ « euro-béatitude » ! Les dirigeants du PCF croient sauver leur députés en s’arrimant au PS (par ex. au moyen des « primaires »). C’est le contraire qui est vrai : vécu par la classe ouvrière comme une force d’appoint du PS, le PCF perd des adhérents et des mairies ; il recule alors même que le capitalisme et l’UE sont rejetés par une majorité de Français qui réclame un référendum sur l’UE et que la lutte des classes fait rage dans le pays ! Alors, camarades, qu’est-ce qui est « ringard » et qu’est-ce qui est « moderne » à l’heure où les manifs ouvrières dénoncent la fausse démocratie bourgeoise et clament « c’est pas au patronat de fair’ la loi / La vraie démocratie / elle est ici ! » ? L’héritage moribond de l’eurocommunisme, l’affiliation au PGE ou le renouveau du marxisme-léninisme ?
Camarades, ne jetez pas ce tract en cédant au sectarisme : il serait paradoxal que des communistes qui dialoguent avec toutes sortes de mouvements réformistes, rejettent des CAMARADES dont certains portent une grande part de la légitimité historique du communisme français et international.
Alors, bonne réflexion, et à bientôt dans l’action pour balayer l’euro-diktat El Khomri et pour sortir de l’euro, de l’UE, de l’OTAN… et du capitalisme !
Le secrétariat national du PRCF : Léon Landini, président du PRCF, anc. officier des FTP-MOI, Grand Mutilé de Guerre, Médaille de la Résistance ; Pierre Pranchère, anc. député et m. du CC du PCF, anc. maquisard FTPF, a. secr. fédéral PCF de Corrèze ; Jean-Pierre Hemmen, fils de Fusillé de la Résistance, anc. soldat du refus de l’OTAN, directeur de la revue théorique Etincelles, Georges Gastaud, philosophe, fils de Résistant, secrétaire national du PRCF, anc. Secr. Du PCF-Lens ; Antoine Manessis, fils de Résistants, responsable international du PRCF ;Vincent Flament, rédacteur en chef du mensuel Initiative communiste ; Annette Mateu-Casado, fille de Résistants communistes espagnols, trésorière nationale du PRCF ; Jany Sanfelieu, fille de combattant républicain espagnol, resp. orga PRCF ; Benoît Foucambert, syndicaliste ; Jo Hernandez, anc. syndicaliste EDF, resp. Luttes du PRCF, anc. Secr. de la fédé PCF du Tarn ; Bernard Parquet, anc. syndicaliste EDF, resp. PRCF-94, Fadi Kassem, prof. d’histoire, resp. RP du PRCF ; Jean Bonnet, resp., anc. Ouvrier du Livre, PRCF-93 ; Annie Lacroix-Riz, historienne ; Jean Bonnet, anc. Syndicaliste du Livre, PRCF-93.