L’un des points majeurs qui ressort de ce débat, c’est que la question du « Frexit » s’impose de plus en plus dans la problématique politique nationale.
Sur les onze candidats, Fillon défend certes la sacro-sainte « construction européenne », mais il n’en fait pas moins profil bas sur ce sujet épineux : il a flairé que la partie de la droite qui reste attachée à la nation se détache de la bien-pensance euro-béate et du tropisme atlantique exacerbé par Hollande. Il est d’ailleurs acrobatique de se dire « gaulliste » tout en dissolvant la France dans l’Europe néolibérale et germano-atlantique ! En outre, ce candidat proche des milieux d’affaires (à tous les sens du mot) avance l’idée d’une monnaie européenne mondiale susceptible de faire pièce au dollar. Ce qui signifie à la fois de nouvelles tensions inter-impérialistes avec les USA et une inféodation encore plus prononcée de la France bourgeoise à l’hégémonie du Deutsche-Mark, dont certains rêvent de faire une monnaie mondiale…
C’est Macron qui s’affiche pour l’heure comme le candidat principal des euro-lâtres, quitte à défendre l’indéfendable circulaire européenne sur les « travailleurs détachés ». Signe des temps et de l’euroscepticisme qui monte partout, le poulain de la Banque Rothschild est cependant amené à tempérer sa « merkelophilie » coutumière et à clamer que lui, l’ultra-atlantiste flamboyant, il n’est pas pour autant un « Européen naïf ». Pauvre Bernard Guetta qui va bientôt rester seul à jouer les cabris de service dans la Matinale de France-Inter !
Enfin, si l’on fait abstraction de B. Hamon, dont nous reparlerons ci-dessous, la palme de l’européisme, ou plutôt, du social-européisme, revient de droit à… Nathalie Arthaud. Derrière son discours intemporel et pseudo-marxiste sur le « camp des travailleurs », la candidate de L.O. est la meilleure avocate de l’UE puisqu’elle présente toute idée de Frexit, y compris de Frexit progressiste et par « la porte à gauche », comme une « diversion » à l’affrontement Capital/Travail. Déjà A. Laguiller avouait ingénument jadis qu’elle se sentait « plus Européenne que Française » ; et pour cause, c’est un des traits du trotskisme impénitent que d’encenser les « Etats-Unis socialistes d’Europe », cette vésanie de Trotski que Lénine pourfendait déjà en observant qu’ « en régime capitaliste, les Etats-Unis d’Europe ne peuvent être que réactionnaires ou utopiques ». Il n’est pourtant pas compliqué de comprendre que la lutte des classes ne se déroule pas dans l’abstrait et que l’affrontement de classes serait plus facile à gagner pour les prolétaires si, à chaque lutte pour les retraites, la Sécu, les salaires, l’emploi industriel en France, ils n’avaient pas à affronter toute la bourgeoisie européenne coalisée par ses traités supranationaux, par sa monnaie unique, par sa BCE et par son arrimage à l’OTAN, complété demain par une « défense européenne » entièrement tournée contre Moscou. Lesquels traités supranationaux non modifiables stipulent en toutes lettres et de manière totalitaire que « l’UE est une économie de marché ouverte sur le monde où la concurrence est libre et non faussée ». Ce qui prohibe par avance, non seulement le socialisme, mais toute avancée vers le progrès social…
En face de ces trois candidats-là, et si l’on passe sur deux candidats sympathiquement marginaux et qui sont eux aussi plus ou moins euro-critiques, on a à des degrés divers des candidats plus ou moins conséquemment eurosceptiques.
Bien que le NPA, issu de la LCR trotskiste, ne lève pas le petit doigt pour mobiliser sérieusement contre l’UE, son candidat P. Poutou se déclare contre les traités supranationaux. Mais comme dans le même temps il déclame contre « le » patriotisme et contre « la » nation, sans distinguer entre le nationalisme fasciste et le patriotisme progressiste (issu des Sans Culottes, des Communards, du Front populaire et des FTP), comme il dit même vomir toute forme de protection douanière et qu’il accepte de fait le libre-échangisme unilatéral de l’UE/OMC, son « euroscepticisme » superficiel est au final des plus fragiles : il s’agit plutôt une manière de se protéger des critiques communistes que d’une volonté arrêtée de mobiliser les travailleurs, comme y appelle le PRCF, pour ces « quatre sorties » qui se conditionnent l’une l’autre : sorties de l’euro, de l’UE, de l’OTAN et du capitalisme.
Nous avons déjà traité mille fois le cas de l’euroscepticisme à géométrie variable de Mme Le Pen. Non seulement elle critique l’UE sur des bases fascisantes et pour pouvoir mettre « la France en ordre » (brrrr !), mais ses propos de mardi ont confirmé qu’elle n’est pas, et qu’elle n’a d’ailleurs jamais été, pour une franche sortie de l’UE. Sa « sortie concertée de l’UE » est une faribole, comme le lui ont fait observer à la fois François Fillon et François Asselineau, puisqu’elle subordonne une sortie française de l’euro et de l’UE à l’accord préalable de Berlin et des vingt-six autres Etats-membres de l’UE et qu’en outre, elle dit vouloir soumettre à référendum le résultat de sa consultation sans dire d’avance ce qu’elle-même appellerait à voter. Bref, comme le lui a fait remarquer un candidat, c’était là exactement la position de David Cameron, si bien que le PRCF avait raison – nous sommes les seuls (sauf erreur) à l’avoir observé en juin dernier– qu’en réalité, Marine Le Pen faisait partie du camp des vaincus du Brexit (D. Cameron espérait ouvertement la victoire du « remain »). Dans ces conditions, comme l’a également observé Fillon (qu’il s’agisse d’un redoutable ennemi de classe ne fait pas de lui un sot !), le FN n’a donc aucun programme économique et social puisqu’en réalité, il ne veut pas sortir de l’euro/UE… alors que toutes ses promesses « sociales » sont conditionnées à cette sortie ! Il faut rappeler aux ouvriers qui croient qu’en votant FN, ils défendraient la souveraineté française et les acquis sociaux… Quant à nous, militants franchement communistes, nous disons depuis des mois que si Marine Le Pen était élue, il lui faudrait probablement, pour obtenir une majorité gouvernementale, donc une majorité parlementaire, abandonner officiellement toute velléité de sortie de l’euro : cet abandon, ou plutôt, ce « report » sine die de la sortie de l’euro, servirait alors de « monnaie d’échange » entre le FN et la partie la plus à droite des LR, du type « droite forte » : ces derniers refuseraient sans doute de jouer avec la sacro-sainte UE (même pour faire semblant !), mais résisteraient-ils longtemps à la tentation d’appliquer avec le FN le programme géant de matraquage du mouvement ouvrier et des quartiers populaires que comporte le mot d’ordre ouvertement fascisant de Mme Le Pen : « la France en ordre » ? En dernière analyse, la « présidente » Le Pen serait donc condamnée (mais l’extrême droite nationaliste a déjà avalé goulument des boas bien plus impressionnants, notamment en 1940…), soit à inaugurer les chrysanthèmes en attendant son heure, soit à tenter un coup de force, soit… à se faire le bras armé de l’euro-dissolution de la France, le dernier recours du capital, dans la Grande Europe Blanche et pseudo-chrétienne à laquelle aspire l’ultra-droite continentale sous le nom de l’ « autre Europe » : fusion finale de la fascisation et de l’euro-dissolution sur la base d’un même dévouement à la seule chose qui compte pour ces gens-là : le sauvetage du capitalisme.
- Dupont-Aignan n’est pas plus tranchant que le FN sur sa rupture avec l’UE. Son euroscepticisme affiché, son attachement – sans doute sincère mais inconséquent – à la patrie française, ne se donnent pas les moyens de leur politique. Lui aussi est un grand « renégociateur d’Europe » (en paroles, car si on ne se donne pas le rapport des forces concret pour négocier, la renégociation est un vœu pieux ; et si on se les donne, l’affrontement qui suivra peut conduire au Frexit). Mais son souverainisme bourgeois, qui lorgne bien plus du côté droit que du côté gauche de l’éventail politique (on attend encore que N. D.-A. dise enfin qu’il ne gouvernera jamais avec quelque lepéniste que ce soit… au lieu de faire des avances à Philippot) le disqualifie, non seulement pour briguer les voix progressistes, mais pour prétendre réellement affranchir la France des diktats de l’UE s’il parvenait à l’Elysée.
- Asselineau a le mérite de proposer clairement le « Frexit » et d’indiquer comment il compte procéder juridiquement. Mais d’une part, bien qu’il s’en défende, sa sortie de l’UE est droitière puisqu’il dit des horreurs sur le temps de travail, qu’il désavoue les luttes ouvrières (voir sa position sur la chemise arrachée du DRH d’Air-France) et qu’il milite pour l’augmentation importante des crédits militaires, comme le réclament à la fois Trump et Obama, et qu’il exclut d’emblée tout lien entre « son » Frexit et rupture anticapitaliste. En apparence sa position est alléchante : « on sort et après on verra». Mais pour « sortir », il faut identifier la nature de classe de la prison européenne, construite dès l’origine par le grand capital pour combattre l’URSS et le socialisme, portée par tout le MEDEF (à fond pour le dépassement de l’ « Etat-nation », lire le manifeste patronal de 2011 intitulé Besoin d’aire) et que seule la classe ouvrière peut, en dirigeant un large front anti-oligarchique, attaquer franchement et briser le carcan euro-atlantique : souvenons-nous qu’en mai 2005, les couches supérieures de la société ont massivement voté Oui à l’euro-constitution alors que les ouvriers ont voté Non à 79 % (les employés ont dit Non à 65%). Bref, impossible d’engager le Frexit, et moins encore de le mener à bien, si d’emblée on n’associe pas la bataille pour l’indépendance nationale à la lutte pour la paix et surtout, à la lutte pour les salaires, pour sauver les 35 h, pour revenir aux remboursements Sécu à 100%, pour le retour à la retraite à 60 ans avec 37 ans ½ de cotisation, pour les nationalisations démocratiques (tout autre chose que des étatisations destinées à socialiser les pertes capitalistes). Bref il est utopique, par-delà tous les discours juridico-technicistes, de parler de Frexit si l’on exclut d’emblée d’affronter la classe capitaliste, dont l’oligarchie financière est l’aile marchante. Comment d’ailleurs quelqu’un qui reste sciemment étranger au mouvement ouvrier et à ses luttes, fût-il un patriote et un gaulliste sincère, pourrait-il mener à bien une bataille d’ampleur nationale et internationale qui implique d’activer l’Europe des luttes et un Front populaire, antifasciste et patriotique tourné contre le grand capital ? Pas de révolution socialiste sans Frexit, objections-nous à N. Arthaud et à P. Poutou, mais pas non plus de Frexit, et moins encore de Frexit progressiste si l’on ne perçoit pas toute la vérité de classe que comportait cette remarque de Lénine (qui n’aimait pas moins son peuple que nous n’aimons le nôtre) : « on ne peut avancer d’un pas si l’on craint d’aller au socialisme ».
Au final, et même si elle ne nous satisfait pas pleinement, nous l’avons déjà dit et redit –, la position de J.-L. Mélenchon reste encore la plus radicale avec sa formule : « l’UE, on la change ou on la quitte ». Il s’agit en effet, pour « armer » la négociation avec Angela Merkel (négociation à laquelle nous PRCF ne croyons pas, rappelons-le : l’UE est structurellement verrouillée !) d’avoir en réserve le plan B de sortie de l’UE. Mais d’emblée, pour mener les réformes de la France insoumise si J.-L. M était élu, il faudrait, comme il le promet, suspendre d’emblée les traités supranationaux, durant le temps de leur « renégociation ». C’est-à-dire que la sortie en droit de l’OTAN, enclenchée sans négociations dès l’élection de J.-L. M., serait complétée par une sortie suspensive de facto de l’UE, faute de laquelle aucune mesure progressiste ne pourrait être prise sans être aussitôt « cassée » par Bruxelles… et Berlin. Finalement cette procédure est plus directe, plus « frontale » au bon sens du mot, plus parlante en un mot pour les masses populaires, que ne le serait la sortie « par l’article 50 » que brandit F. Asselineau à l’instar de Mrs Theresa May. En effet cette sortie par l’article 50,
- soumet les conditions de la sortie française au diktat des pays restant dans l’UE (tant sont lourdes les conditions de sortie « accompagnées » prescrites par les traités européens), et…
- prend deux années, durant lesquelles les réformes progressistes seraient bloquées : les capitaux fuiraient alors le pays, les travailleurs rongeraient leur frein, les électeurs du Frexit rumineraient leur déception pendant que les forces euro-formatées passeraient à la contre-attaque pour imposer l’euro-désintégration terminale. Comment les militants de l’UPR, tout au moins ceux qui se réclament du progressisme, peuvent-ils ne pas voir que le passage par les fourches caudines de l’article 50 du traité de Lisbonne signifie que durant deux ans, la France resterait soumise aux diktats européens ? Un peu comme si un détenu, candidat à la Grande Evasion, indiquait d’avance par quel tunnel, obligeamment fléché par le geôlier en personne, il allait passer à telle date et à telle heure ; histoire sans doute que le gentil geôlier, nommé Angela ou Juncker, dispose tout à loisir des pièges à loup tout le long du parcours avec, si possible, un couperet ou une herse à la sortie !
Cela signifie-t-il que nous soyons ravis de la réponse qu’a faite Jean-Luc Mélenchon à Benoît Hamon sur la question européenne. Disons-le franchement : nous sommes restés sur notre faim malgré le brio oratoire du candidat que nous soutenons. Car soucieux de capter l’électorat PS en débandade, J.-L. M. a voulu jouer les « modérés » entre, d’une part les « Frexiteurs » proclamés, à la François Asselineau, et les « euro-réformateurs » putatifs à la Benoît Hamon. En disant, « pour finir, le peuple votera ». Cela peut certes rassurer certains socialistes dramatiquement aveugles aux réalités de classe qui verrouillent l’UE. Mais cela ne rassure nullement la classe ouvrière qui a déjà « payé pour voir » ce qu’est l’UE depuis le plan Charbon-Acier de Schuman et plus encore depuis le Traité de Maastricht de 92 : au nom de l’UE justement, on a déjà liquidé le charbon et l’acier français, mais aussi le Textile et l’essentiel de la métallurgie, sans parler des services publics et de la Sécu passés à l’essoreuse des « critères de Maastricht » (c’est-à-dire de l’euro, certains « économistes de gôôôche » n’ayant toujours pas compris que l’euro, créé pour élargir la zone mark, est impossible sans les « critères de convergence » et la BCE !). Preuve de ce que nous avançons, c’est Hamon qui a eu le dernier mot face à J.-L. M. sur l’Europe en lui faisant observer qu’en réalité, son offensive à trois temps « suspension des traités / renégociation sous menace de sortie / référendum de sortie », ne peut conduire qu’au Frexit : car évidemment, si pendant plusieurs mois, la France est de fait sortie de l’UE suite à la suspension unilatérale des Traités, l’UE n’existera plus de facto durant cette période, y compris dans une large mesure, pour les autres pays. Dans ces conditions, ne serait-il pas plus clair, et finalement plus « porteur », y compris électoralement – car le PRCF n’a pas vocation à jouer les donneurs de leçons maximalistes – de dire clairement que l’on ouvre largement le débat sur cette question, que l’on veut bien négocier mais qu’en l’état actuel des rapports de forces entre une éventuelle France insoumise et l’Axe transatlantique, l’axe principal est qu’il ne faut pas craindre de sortir du mouroir des peuples qu’est l’UE, qu’il serait d’ailleurs fort compliqué de quitter l’OTAN sans quitter l’U.E. (qui se déclare son « partenaire stratégique ») ? Ce n’est pas si l’on sort de l’U.E. que l’on ne s’en « sortira pas », c’est au contraire si on y reste… que l’on « y restera », au sens le plus funeste de cette expression. Si, sans rompre nécessairement avec la formule « en mouvement » du P.G., « l’Europe de Merkel on la change ou on la quitte », on portait l’accent principal dans la campagne sur la suspension immédiate des Traités et sur le fait que l’on n’a pas peur de claquer la porte de la dictature supranationale, on effaroucherait peut-être certains électeurs bobos issus du PS ou d’Europe-Ecologie, mais on toucherait le cœur de la classe ouvrière, c’est-à-dire aux millions de travailleurs qui, comptent rester chez eux le 23 avril, voire voter M. Le Pen parce qu’ils la croient à tort opposée à l’UE. Bref, il y a là un choix de classe pour J.-L. Mélenchon. Qu’il opte pour la première solution et sans doute, il aura la satisfaction, et nous avec lui, d’avoir distancé le PS et d’avoir préservé un espace politique progressiste indispensable aux résistances futures. Ce n’est pas rien ! Mais qu’il opte pour la second solution, ou du moins qu’il en affiche la possibilité sans aucune frilosité, et il captera l’attention de millions d’électeurs populaires qui hésitent… et qui peuvent encore, hélas, opter pour le pire faute d’une candidature à la fois clairement progressiste et 200% euro-critique. Et J.-L. M., dont il faut saluer la progression dans les sondages, pourra alors envisager vraiment, non seulement de dépasser Fillon, mais d’être au second tour face à Le Pen. Un « trou de souris » électoral certes encore minuscule à ce jour, mais qu’il convient d’agrandir en durcissant le discours contre l’UE et non pas en le « modérant » ; d’autant que pour finir, du point de vue de Hamon, de Macron et des médias, plan A ou plan B, plan A et plan B ou plan B tout seul, « c’est le même prix » en termes de dénigrement politique.
En définitive, cette critique mesurée et constructive est surtout un appel à l’intervention franchement communiste dans le débat présidentiel. Alors que la direction, voire les directions du PCF (dans une série de départements) feignent de soutenir J.-L. Mélenchon et rabattent insidieusement sur B. Hamon (« union, union, union !», indépendamment de tout contenu !) pour sauver la vieille alliance vermoulue PS/PCF aux législatives (c’est-à-dire la lutte des places remplaçant le combat de classe !), quelle force ce serait si, se joignant au PRCF qui diffuse intensivement son matériel programmatique aux usines et aux services publics, tous les militants franchement communistes de France appelaient ensemble, non seulement à soutenir sans mégoter la candidature Mélenchon (pas de soutien sans critique, certes, mais pas de critique sans soutien non plus !), mais à exiger le Frexit progressiste et la nationalisation démocratique des secteurs-clés de l’économie dans la perspective d’une révolution socialiste poussant à leur terme les affrontements de classes à venir ? Bref, ne reprochons pas sans fin à Mélenchon d’être lui-même et à la sympathique, mais composite, France insoumise de n’être pas la révolution prolétarienne en marche : ce serait aussi vain que de reprocher à un carré d’avoir quatre angles droits. Tout d’abord, prenons comme une chance politique, qu’il nous faut jouer crânement en déployant tout notre soutien critique, le fait que Mélenchon fasse un bon score et pourquoi pas, que son possible accès au second tour, désormais plus totalement inconcevable, remette le camp progressiste à l’offensive. Dans ces conditions, les communistes doivent distinguer ce qui dépend de nous immédiatement d’eux de ce qui n’en dépend pas aussi directement : leur unité d’action à la porte des usines sur la base d’un tract-programme commun, contournant totalement la direction euro-formatée du PCF socialo-dépendant. Ensemble, appelons les travailleurs à agir sans attendre l’été, et à se prononcer pour les « quatre sorties » en unissant le drapeau rouge du prolétariat international au drapeau tricolore de l’indépendance nationale.
En un mot, à nous de jouer dès maintenant, sans « compter les points », en réveillant l’intervention franchement communiste unie et en soutenant le syndicalisme de classe et de masse : sans cela, on pourra dire de l’élection française le 8 mai prochain (quelle ironie de l’histoire !), que, comme au football, cette élection « s’est jouée à onze, et qu’à la fin, c’est (encore) l’Allemagne (capitaliste) qui a gagné ».
Un commentaire de Georges Gastaud – 5 avril 2017