80ème anniversaire de la victoire remportée à Stalingrad sur l’Allemagne nazie par l’Armée rouge ouvrière et paysanne.
Meeting du 4 février 2023 à l’initiative du Pôle de Renaissance Communiste en France, Paris, place de la Bataille de Stalingrad – Allocution de Georges Gastaud, membre du secrétariat national du PRCF, fils de Résistant
discours non littéralement prononcé
Chers concitoyennes et concitoyens, chers camarades, chers hôtes étrangers représentant respectivement
- la Communauté russe de France,
- les Espagnols républicains de Paris,
- le Parti communiste d’Italie,
- Pérou libre,
- l’Amicale Ernst Thälmann d’Allemagne,
- le PC de la Suisse italienne,
- le PC d’Indonésie représenté par notre camarade Ibarruri,
- le Parti Communiste des Peuples d’Espagne,
- et enfin le camarade Vladimir Inavovitch Bessonov, député à la Douma, courageux dirigeant du PCFR à Rostov-sur-le-Don,
Chers camarades de l’A.N.C.,
A l’issue de ce meeting organisé par le PRCF, nous proclamons notre détermination à rester dignes, pour le passé, le présent et l’avenir, de l’héroïsme de masse dont firent preuve les combattants de Stalingrad, Moscou, Léningrad, Berlin et Koursk, avec à leur tête les militants bolcheviks, le Komsomol, et, nommément, le général Joukov et le généralissime Staline.
Ce fut aussi le cas, dans les terribles conditions de l’Occupation, des Francs-Tireurs et Partisans Français et des Francs-Tireurs de la Main-d’œuvre Immigrée menant la guérilla sur notre sol sous la direction du PCF clandestin. N’oublions pas non plus les animateurs de la France libre, les aviateurs de Normandie-Niemen, les jeunes filles soviétiques combattant en France du bataillon Rodina dont René Barchi ici présent est l’historien émérite.
Honneur aussi aux Brigades internationales et aux Républicains d’Espagne, aux partisans yougoslaves, italiens et grecs, aux antifascistes allemands combattant sur notre sol comme Norbert Kugler et Gerhardt Leo, à tous ceux qui abattirent le monstre nazi au prix des plus lourds sacrifices.
Honneur enfin aux Résistants français Landini, Pranchère, Marcel Germini et Hermine Pulvermacher qui font honneur au PRCF et sont aujourd’hui des nôtres par l’exemple et la pensée.
Cette détermination ne doit pas seulement rendre justice au passé, même si le refus du négationnisme antisoviétique est une question de dignité pour tout homme de bien. Comme le dit Léon Landini, ancien officier des FTP-MOI décoré par l’URSS pour faits de Résistance, « la mémoire vaut autant pour le devenir que pour le souvenir ».
Pour autant, nous sommes certains qu’en venant à cette commémoration de lutte, vous aviez tous en vue d’abord, comme il est naturel, la fidélité à l’égard du passé où furent prononcées deux phrases historiques dont le rappel cingle au visage tant les renégats du gaullisme que ceux du communisme.
La première phrase fut proférée par Charles de Gaulle lors de sa visite d’Etat à Moscou en 1944. Il y déclara en effet ceci : « les Français savent que la Russie soviétique a joué le rôle principal dans leur libération ». Nous sommes ici aux antipodes du Jupiter élyséen minoritaire qui, du même pas, participe à l’escalade en Ukraine et à la destruction des acquis de 45 en France, retraites en tête. Ce même Macron ne vient-il pas d’« oublier » d’inviter la Russie à célébrer le 80ème anniversaire de la libération d’Auschwitz par l’Armée rouge ?
La deuxième phrase a été prononcée par Maurice Thorez au cours de la première guerre froide qui, dès les années 1950, a failli jeter le monde dans la guerre d’anéantissement par la faute des USA ouvrant l’ère de l’extermination nucléaire par les bombardements d’Hiroshima et Nagasaki. Evoquant la gratitude éternelle que notre pays devait aux ouvriers et paysans russes, Thorez a alors déclaré : « Jamais, non jamais, la France ne fera la guerre à l’Union soviétique ! ».
Que nous sommes loin ici de l’attitude veule, indigne de Jaurès, qu’affichent les parlementaires qui ont voté les crédits de guerre au régime pronazi de Kiev en ratifiant la résolution du 30 novembre 2022 qui prescrit l’envoi d’armes lourdes à Kiev : une résolution scélérate qui tend à faire de la France un Etat co-belligérant au risque d’attirer sur nous tous des frappes hypersoniques imparables ! A défaut d’éprouver la moindre gratitude à l’égard des millions de Soviétiques qui sont tombés face à la Wehrmacht, nos dirigeants français euro- et otano-formatés sont-ils donc incapables de saisir que l’on ne saurait gagner une guerre mondiale contre une grande puissance nucléaire et que la seule chose que les Français pussent obtenir de l’actuel « conflit de haute intensité » en voie d’internationalisation, du Donbass à la Corée en passant par l’Iran, le Kosovo, la Palestine, l’Afrique francophone, les Philippines et l’Amérique latine, est tout simplement le point final mis à l’histoire de France, si ce n’est à celles de l’humanité et de tout ce qui vit et respire sur Terre !
Amis et camarades, vous êtes à coup sûr venus aussi aujourd’hui pour défendre au présent nos causes humanistes les plus chères. En effet, le capitalisme-impérialisme devenu de plus en plus hégémoniste, fascisant et exterministe sous la houlette de Washington, de l’UE-OTAN, pousse désormais cyniquement à ce que, bien avant l’intervention russe en Ukraine, les croisés mondiaux de la russophobie et de l’antisoviétisme à retardement appelaient déjà un « conflit global de haute intensité ».
Le risque d’un tel conflit est bel et bien la « fin de l’histoire »… par éradication de l’humanité ! Mais que pèse un tel risque aux yeux de ceux qui déjà, en 1984, lors de la crise des euromissiles, s’écriaient déjà avec Ronald Reagan « plutôt morts que rouges !» et pour lesquels le risque d’extermination globale importe moins, du point de vue de classe et de caste qui est le leur, que celui de voir l’humanité s’affranchir de Wall Street, du dollar, de l’US Army, de la domination culturelle et linguistique globale de l’Amérique, des GAFAM, des prédations sur l’Afrique et l’Amérique latine des empires néocoloniaux, de l’aspiration générale des peuples à un monde de nations souveraines, libres, égales et fraternelles coopérant en vue d’un développement centré sur l’homme, respectueux de l’environnement et émancipé de la quête suicidaire du tout-profit ?
Evalué du point de vue de « Jupiter », que pèse du reste ce danger de guerre continentale ? Macron sait « en même temps » trouver des centaines de milliards d’ « argent magique » pour alimenter une loi de programmation militaire engraissant les marchands de missiles, et déployer en France même sa guerre de classe contre les travailleurs dont il s’agit de casser les retraites, la sécu, les entreprises nationalisées comme EdF, bref, tout ce qui fut gagné en 1945 quand les ministres communistes Thorez, Croizat, Paul, Casanova, Billoux, Tillon, Wallon, faisant fonds sur le prestige du PCF, alors surnommé le Parti des Fusillés, et sur la CGT de classe de Frachon, excluaient l’extrême droite de la vie nationale, plaçaient le grand patronat collabo sur la défensive et donnait à notre classe ouvrière les plus belles avancées de notre histoire ?
Ne soyons donc pas dupes, amis et camarades : ce que nous vivons présentement, et qui n’est que le résultat différé de la capitulation contre-révolutionnaire, et in fine, antinationale, voire antirusse, de Gorbatchev et d’Eltsine, c’est une tentative de revanche posthume des forces brunes anciennes et nouvelles sur Stalingrad au niveau mondial, et sur le CNR au niveau national. C’est du reste ce qu’annonçait la revue patronale Challenges qui, dès novembre 2007, invitait Sarkozy à miser sur la « construction » européenne pour, je cite, « démanteler le programme du CNR mis en place à une époque où le PCF obtenait 30% des voix et où l’Armée rouge campait à 1500 km de Paris »… Que voyons-nous en effet aujourd’hui avec effarement ?
Arrimée à l’OTAN, l’UE gave d’armes lourdes le régime néo-bandériste de Kiev, les ex-alliés occidentaux de l’URSS encouragent le réarmement outrancier de Berlin et Tokyo et c’est au nom des « valeurs démocratiques occidentales » que toute cette engeance ferme les yeux sur l’oppression de Gaza, s’associent au blocus de Cuba, laisse la police de Memphis lyncher des citoyens noirs, coopte le régime clérical de Varsovie qui interdit le PC polonais ou adoube sans états d’âme la mussolinienne Giorgia Melloni. Du reste, ces Atlantistes au-dessus de tout soupçon accueillent à bras ouverts la sanglante présidente putschiste du Pérou pourvu qu’elle soit anti-cubaine. Quand l’UE pilotée par Berlin et l’OTAN dirigée par Washington s’allient aux pronazis de Kiev qui suppriment le Code du travail en Ukraine, que font-ils d’autre en réalité qu’exploiter le martyre subi depuis neuf ans par le Donbass ouvrier pour préparer le repartage impérialiste de la Russie, de la Chine et des autres BRICS, pour soumettre l’industrie européenne au gaz de schiste américain tout en offrant à Berlin, en guise de compensation, la possibilité de redevenir la première armée d’Europe ?
Bref, soyons-en conscients : de manière encore plus globale que ne put l’être le primo-exterminisme nazi, nous avons affaire à un projet d’asservissement mondial de même nature anthropocidaire que ne l’était le hideux projet hitlérien que l’Armée rouge des ouvriers et des paysans a brisé à Moscou, Stalingrad, Koursk et Berlin ! C’est pourquoi notre fidélité à Stalingrad est une fidélité à l’avenir de la classe ouvrière, du pays, de sa jeunesse et de l’humanité.
- Pour arrêter les fauteurs d’escalade, pour refuser la russophobie, la sinophobie et l’antisoviétisme à retardement, le combat de Stalingrad continue sous d’autres formes !
- Pour stopper l’euro-fascisation et son carburant permanent, l’euro-criminalisation de l’URSS et de la faucille et du marteau par les néofascistes et par les renégats, camarades et amis, « No pasaran ! », le combat de Stalingrad continue !
- Pour refuser l’arasement des conquêtes de 36 et de 45, retraites, conventions collectives et Sécu, nationalisation d’EDF et de la SNCF, statut de la fonction publique, etc., infligeons-leur un Stalingrad des retraites, des services publics, du produire en France et des salaires ! Tous ensemble et en même temps ! « Tout pour le front social, tout pour la victoire ! » (Fsio dlia Fronta, fsio dlia pobiedou !).
- Pour défendre le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, y compris celui des russophones du Donbass, pour empêcher notre pays de se dissoudre dans l’« Etat fédéral européen » voulu par Scholz, pour défendre à la fois la paix mondiale et l’avenir socialiste des peuples, c’est toujours Stalingrad ! Nous n’avons pas le choix : « Europe atlantique ou monde pacifique, il faut choisir ! ».
Conclusion
Plus que jamais, face au « conflit de haute intensité » que fomente l’UE-OTAN, l’issue est à l’union des forces de paix. Pour cela, nous communistes qui n’avons pas renié Lénine, ne rejetons pas les appels des forces non communistes qui refusent l’escalade, y compris quand ils émanent de personnalités aussi éloignées de nous que Pierre de Gaulle, Henri Guaino, Ségolène Royal ou, en Allemagne, Oskar Lafontaine.
Nous savons pourtant que l’alternative de fond à la mort universelle que porte le capitalisme-impérialisme-hégémonisme réside dans un tout autre « conflit de haute intensité » : dans le conflit salutaire qui, partout monte en puissance, des récentes grèves de masse en Inde, aux USA ou en Grande-Bretagne, à notre propre levée de classe et de masse pour les retraites. Cet antagonisme vivifiant oppose plus que jamais le capitalisme « qui porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage » (Jaurès), au prolétariat international entré dans une phase de contre-offensive et, si j’ose dire, de « contre-contre-révolution ». Une course au finish, dont l’enjeu est le maintien de l’humain et du vivant sur Terre, est engagée entre les fauteurs d’anéantissement et le mouvement ouvrier de classe : ce dernier doit bannir toute timidité dans sa dénonciation des liens entre la marche euro-atlantiste à la guerre mondiale et la guerre-éclair antisociale en France, entre l’euro-fascisation et la reconstruction du parti communiste de combat, entre les états-majors euro-suivistes et le syndicalisme de lutte, entre les contre-réformes sous drapeau orange et la reprise de la marche au socialisme, entre la collusion mondiale des forces de mort et la renaissance d’un Mouvement communiste international de combat associé à un mouvement planétaire de résistance anti-impérialiste, antifasciste, anti-hégémoniste et anti-exterministe.
Les fauteurs de mort et de régression universelles ne passeront pas, le combat de Stalingrad continue et continuera jusqu’à la victoire toujours, amis et camarades !