Rentrée 2015 – 25 août 2015 – A propos du « moment actuel ».
Entretien de Georges Gastaud, secrétaire national du PRCF, avec la rédaction d’Initiative communiste.
I.C. – Quel regard le PRCF porte-t-il sur la situation internationale ?
Georges Gastaud : La réalité des faits est que la crise du système capitaliste ne peut que s’aiguiser* et que de nombreux indicateurs montrent que la croissance mondiale – à supposer que ce critère discutable mais largement utilisé se suffise à lui-même – fait plus que s’essouffler. Non seulement la zone euro hésite entre stagnation et récession, non seulement la croissance chinoise – largement dépendante de la mondialisation malgré certains efforts de recentrage national – ralentit, avec une multiplication des conflits sociaux, mais la croissance états-unienne est très suspecte qualitativement et très profondément malsaine, comme l’a récemment montré un ancien responsable de l’économie états-unienne.
Comme on peut s’y attendre, cela ne rend pas le monde plus sûr, plus pacifique et plus écologique… Aggravée par les ingérences d’Obama et de Hollande-Fabius en Syrie, la crise géopolitique du Proche-Orient peut toujours embraser toute la région en exportant des foyers terroristes jusque dans notre pays. L’impérialisme occidental qui a misé sur les talibans en Afghanistan pour contrer l’U.R.S.S. et les forces révolutionnaires locales, qui a ensuite attisé le communautarisme religieux pour contrôler l’Irak, a désormais devant lui une mondialisation tendancielle de forces terroristes. Fondamentalement, la prolifération de ces créatures de Frankenstein qui violent, torturent et exterminent au nom de la religion, est le joli résultat des manigances de l’impérialisme occidental et de ses alliés archi-réactionnaires de la région, Arabie saoudite et Qatar en tête. Alors que notre pays s’était honoré aux yeux du monde arabe en refusant la seconde guerre du Golfe, la politique déstabilisatrice de Hollande, qui fait suite aux aventures libyennes irresponsables de BHL-Sarko, attire comme un aimant les actions terroristes sur le territoire national : et ce n’est pas le flicage généralisé d’internet ou la militarisation à outrance des gares françaises qui vont nous prémunir contre les tueurs fanatisés, comme le montre encore l’affaire récente du « Thalys » ! Entendons-nous bien : le terrorisme est un phénomène odieux et un pouvoir progressiste ferait tout pour l’éradiquer en ciblant ses instigateurs véritables et non l’ensemble de la population et plus encore nos compatriotes de tradition musulmane. Mais cela ne doit pas faire oublier que les interventions néocoloniales de l’impérialisme franco-atlantique de la Syrie au Mali relèvent elles-mêmes du terrorisme d’Etat et que les vrais progressistes français – ce mot exclut le PS, tout entier acquis à l’impérialisme depuis août 1914 ! – doivent combattre bien plus fort cet impérialisme aussi dangereux pour les peuples visés que pour le peuple français qu’elles divisent, désorientent et avilissent aux yeux des peuples du Sud. Même remarque à propos du soutien honteux et hyper-dangereux que l’OTAN et son petit soldat Fabius ont apporté au pouvoir pronazi de Kiev qui joue avec la paix mondiale en provoquant la Russie, seconde puissance nucléaire au monde…
Cependant l’impérialisme n’a pas partie gagnée. Il parvient certes à semer la haine et le chaos partout – il n’est que de voir la liste de pays où il est désormais interdit aux citoyens du « monde libre » de voyager – mais il ne parvient absolument pas à rétablir un semblant d’ordre dans les pays qu’il déstabilise et même si au final ce chaos profite aux prédateurs impérialistes (Somalie, Soudan, Irak, Libye, Syrie, Ouest africain…), le temps est loin où l’Oncle Sam faisait régner au prix du sang la « pax americana » dans ses néo-colonies. La réalité est que les peuples consentent de moins en moins à la domination impérialiste de la nouvelle Triplice USA, Europe atlantique sous domination berlinoise, Japon en voie de remilitarisation.
D’autant que les BRICS, dans lesquels subsiste une forte influence communiste même s’il s’agit de pays intégrés à la mondialisation néolibérale, sont un obstacle grandissant à la domination US. Il ne s’agit pas d’idéaliser ces pays et de masquer les contradictions de classes qui les traversent, notamment en Chine, mais de prendre appui sur leur force montante pour isoler l’ennemi principal qui pour nous, est plus que jamais dans NOS pays terriblement prédateurs (souvenons-nous du précepte du communiste allemand Karl Liebknecht s’écriant en août 14 : « l’ennemi principal est dans ton propre pays »). En outre, répétons-le, il ne faut pas regarder les BRICS comme des réalités homogènes. En tant qu’Etat la Chine est à la fois un maillon important de la mondialisation néolibérale et un obstacle à l’hégémonie US de par sa politique nationale de construction d’un marché intérieur ; mais surtout, les communistes que nous sommes doivent regarder du côté de la classe ouvrière chinoise et de la paysannerie : elles n’ont pas oublié les acquis de la Révolution populaire de 1949 et elles mènent de grandes luttes qui sont d’importance pour le rapport des forces mondial entre le capital et le travail.
Pour nous, militants communistes français, cela signifie que nous devons à la fois combattre plus fort la « Françafrique », plus vivace hélas que jamais, et que nous devons aussi dénoncer la « construction » européenne dont certaines forces politiques euro-dépendantes, qui ne méritent que l’épithète léninienne de « sociaux-impérialistes » (sociaux en paroles, impérialistes en fait !), fardent la nature politique en appelant à construire l’introuvable « Europe sociale »… dans le cadre même de l’U.E.. On n’est ni communiste, ni internationaliste, ni patriote, ni même simplement progressiste aujourd’hui, si l’on continue, après l’affaire grecque et le diktat honteux avalé par Tsipras, à appeler les travailleurs – qui par bonheur se détachent des euro-mensonges ! – à construire l’ « Europe sociale, démocratique et pacifique », ce conte de fées pour enfants trop sages. De plus en plus de travailleurs comprennent que l’UE est un monstre impérialiste, de plus en plus dictatorial, fascisant, militarisé, un vrai nid de frelons où prolifèrent les nazis-fascistes de toute espèce sur fond d’anticommunisme et d’antisoviétisme à retardement. C’est donc à la fois un devoir internationaliste et un devoir patriotique pour les communistes français véritables, pour les syndicalistes lucides et pour tout républicain digne de ce nom (un nom à ne pas abandonner à l’indigne Sarkozy !), que d’appeler la France à sortir du broyeur européen des peuples. Et c’est urgent ; il faut le faire avant que notre pays, ses acquis sociaux, sa production industrielle et agricole, sa recherche, ses services publics, et même sa langue lumineuse broyée entre le tout-anglais transatlantique et la « charte européenne des langues régionales », ne se soient totalement dissouts dans l’acide sulfurique de l’ « Union transatlantique ». Je le redis au nom du PRCF, l’UE atlantique, si on n’en sort pas, on « y restera » ; pour « s’en sortir », même si ce n’est qu’une première étape de la transformation sociale, IL FAUT EN SORTIR et le plus tôt sera le mieux !
Comme vous le voyez, si « un peu d’internationalisme éloigne de la patrie, beaucoup y ramène », comme disait Jaurès, qui tomba sous les balles d’un prétendu « nationaliste » à la veille de la première boucherie mondiale !
I.C.- Comment vois-tu la lutte pour les « quatre sorties » (euro, UE, OTAN, capitalisme) ?
Georges Gastaud : J’ai d’abord le devoir de rappeler un fait : quand le PRCF, héritier de la Coordination communiste puis de la FNARC, fut créé en janvier 2004, nous étions sans doute la seule force (ou l’une des seules forces) communiste et progressiste en France et dans bien des pays européens, à ne pas marcher dans la farce de l’ « Europe sociale », que le gauchisme, ce flanc-garde « rebelle » du conformisme, habillait déjà aux couleurs de l’introuvable « révolution européenne ». Pendant dix ans et plus, les militants du PRCF ont fait, avec les moyens du bord, leur boulot d’avant-garde : ils ont ramé à contre-courant en démontrant qu’il était irresponsable d’abandonner au FN et à Sarko le drapeau tricolore et la Marseillaise, que la révolution socialiste ne passait pas par un peu probable «
soulèvement européen » simultané (alors que l’UE a accru les divisions entre les peuples), qu’il fallait combattre TOUTE constitution européenne et revendiquer le ‘produire en France’ abandonné par le PCF, que l’euro ne nous protégeait pas de la mondialisation mais qu’il était au contraire un arme de destruction massive de l’emploi productif et du secteur public, que la défense des acquis du CNR ciblés par le MEDEF n’avait rien de « ringard », que l’alternative n’était nullement « Europe fédérale des régions » ou « repli national » mais bien reconquête de la souveraineté nationale pour mettre en place de nouveaux traités progressistes à l’image de l’ALBA latino-américaine ; qu’il y avait en un mot convergence stratégique entre la défense de la classe ouvrière, déchiquetée par les délocalisations et les privatisations et la défense de la République une, laïque, indivisible, souveraine et sociale dans la perspective du socialisme pour la France. Pendant ce temps, la direction du PCF, qui coïncide désormais avec celle du Parti de la Gauche Européenne subventionné par Bruxelles, devenait le meilleur rempart de l’euro en France et ne cessait, sous diverses formes, d’enfermer l’alternative populaire dans l’impasse du Front de gauche « euro-constructif », cet édifice chancelant qui a tant de mal à se dissocier électoralement du PS. Si je dis tout cela, ce n’est pas par autosatisfaction, ni pour dénigrer un parti qui fut le mien pendant plus de trente ans et dans lequel se trouvent encore des militants combatifs, c’est d’une part pour rendre hommage à mes camarades du PRCF qui, parfois sous les menaces et les insultes, ont vu clair en continuant le grand combat du PCF de Jacques Duclos contre l’Europe atlantique ; c’est aussi parce que si nous, PRCF, ne le disons pas, nul ne le dira à notre place alors que tant de gens, tout-à-fait estimables certes, font aujourd’hui comme s’ils étaient les premiers à découvrir les vertus d’une opposition radicale à l’UE.
En tout cas, cette lutte pour les quatre sorties, comme nous disons, fait tâche d’huile en France et en Europe tant elle permet de cibler le cœur de cible du capital, cette construction euro-atlantique supranationale ; ce faisant, la lutte pour la sortie de l’UE permet de mettre en accusation le grand capital « français » du CAC-40 qui la soutient mordicus, de rassembler non seulement les communistes véritables, non seulement les syndicalistes de classe qui refusent de se traîner derrière le pseudo-syndicalisme « européen » de la CES et de la CDFT, non seulement les patriotes progressistes qui ne veulent pas renoncer à la France et à ses conquêtes historiques, mais tous les communistes qui, sur notre continent, veulent se dégager de l’étreinte mortelle du PGE – ce contrefort rose vif de l’Internationale social-démocrate – pour rendre au Mouvement communiste international son indépendance de classe et sa force propulsive. Bref, la stratégie de sortie de l’UE atlantique par la voie progressiste, si elle s’accompagne d’un programme de rupture avec la domination du grand capital en France, est déterminante pour remettre notre peuple à l’offensive tout en dégageant la classe ouvrière de l’emprise de la social-démocratie, PS en tête.
Aujourd’hui la trahison de Tsipras, l’homme qui a sciemment accepté de « négocier » avec la Troïka avec un revolver braqué sur la tempe, ouvre les yeux de tous ceux qui ne sont pas résolus à suivre éternellement les états-majors euro-constructifs porteurs de défaites sociales à répétition. Il est honteux que la direction du PCF ait semé tant d’illusion sur Tsipras, qu’elle ait d’abord eu l’idée de soutenir, soi-disant par « solidarité », le diktat que Hollande, le « flic gentil » du couple formé avec Merkel, a imposé aux Grecs. Il est également honteux que la direction du PCF soutienne en France même des contre-réformes structurelles comme la Charte européenne des langues régionales et minoritaires qui vise à désétablir la langue française au profit du tout-anglais (cette langue de moins en moins « minoritaire » dans les entreprises capitalistes) et qui tend à ethniciser et communautariser la Nation*.
Cela n’interdit pas que certains militants, voire certaines organisations de base du PCF, se prononcent désormais contre l’euro et l’UE, bien qu’apparemment, le mouvement soit plus fort au sein du Parti de gauche où une partie de la direction commence à réfléchir à l’idée d’une sortie de l’euro à titre de « plan B »… malheureusement, cela laisse entendre qu’il y aurait un plan A (la prétendue « réorientation progressiste de l’euro ») et que ce plan, entièrement illusoire, serait préférable à une rupture franche… Toutes sortes d’économistes dont certains ont le mérite d’apporter des arguments précieux pour montrer la faisabilité d’une sortie de l’UE par la gauche, promeuvent désormais les deux (euro, UE), voire les trois (OTAN), voire les quatre sorties (capitalisme). Tant mieux ! Mais l’essentiel est maintenant d’aller plus loin : les analyses sont faites, l’alternative se dessine et pour sa part, le PRCF a adopté dès 2011 un programme de transition révolutionnaire reposant sur les quatre sorties, sur la (re) nationalisation démocratique des services et du secteur publics, le tout étant porté sur un large Front antifasciste, patriotique et populaire (FRAPP !) centré sur le mouvement ouvrier. Pour nous, même si nous comprenons parfaitement que certaines forces non communistes n’en soient pas là (si tous pensaient la même chose, nous ne parlerions pas de « front » ou d’alliance !), nous considérons que c’est d’un même mouvement qu’il faut sortir du carcan euro-atlantique, reconquérir la souveraineté nationale, bâtir la véritable souveraineté populaire et relancer la lutte pour le socialisme dans notre pays : en effet, la classe capitaliste française est tellement compromise avec la « construction » européenne et avec le dispositif mortifère de l’euro (cf les appels unanimes répétés des PDG du CAC ou le manifeste du MEDEF appelant aux « Etats-Unis d’Europe » et à l’ « Union transatlantique ») qu’abattre ce projet mortifère, c’est nécessairement déclencher d’intenses affrontements de classes dont la seule issue positive ne peut être que le socialisme : les forces anti-UE qui ne sont pas communistes auront alors à choisir librement entre la défense de la nation assassinée par le grand capital et sa reconstruction sous un autre mode de production, piloté par le monde du travail en mouvement ; sans faire de l’accord général sur le socialisme le préalable à une reconquête populaire et patriotique, nous communistes ne cachons pas qu’en dernière analyse, notre but stratégique demeure la transformation révolutionnaire et socialiste de notre pays, dans l’intérêt de la masse de nos concitoyens.
I.C.- Mais le FN n’est-il pas lui aussi pour la sortie de l’UE ?
Nullement ! Que chacun aille visiter le site du FN, fût-ce en se bouchant le nez. Non seulement il n’y est pas question de sortie de l’UE (et pour cause, en 86 les députés FN ont voté l’Acte unique européen !), non seulement Marine Le Pen ne parle parfois que d’un référendum sur l’UE en éludant sa réponse à la question, mais sur l’euro, la députée européenne du FN propose seulement le leurre politique qu’est la « sortie concertée de l’euro » : ce qui revient à soumettre la sortie française à l’acceptation par l’Allemagne et par les autres pays européens de la dissolution de la zone euro, laquelle n’est autre, comme je l’ai montré dans « Etincelles », qu’une zone crypto-protectionniste du couple conflictuel dollar-deutsche Mark. La « sortie concertée » agitée comme un hochet bleu marine, c’est un peu comme si l’on demandait au mouton détenu par des loups de ne sortir de la louverie qu’après avoir quémandé et obtenu l’accord préalable des 17 carnivores réunis pour un méchoui, plus l’accord du « berger » (= la classe capitaliste française) qui a volontairement livré le mouton ! Encore plus gravement, la patronne du FN – sans parler de son facho de père, parfait dans le rôle de repoussoir pétainiste – pantoufle désormais au parlement supranational européen avec d’étranges amis de son « Europe des nations » : par ex., l’euro-groupe du FN comporte le Vlaams Belang, qui veut dépecer la Belgique, qui persécute les francophones au nord de ce pays (l’usage du français est quasi-proscrit dans certaines villes, les Wallons et les Français s’y font traiter de « rats »)… et annexer si possible la Flandre française, de Lille à Dunkerque, à la future « Flandre indépendante » (indépendante de la Belgique, mais pas de l’UE… ni de Berlin et de l’OTAN !) ! Etrange « patriote française », vraiment que cette pseudo-héritière de Jeanne d’Arc qui fraie avec des groupes étrangers fascisants dont le but est ouvertement de dépecer la France !
C’est pourquoi le PRCF considère comme un préalable absolu à la construction d’un Front antifasciste, patriotique et progressiste, non seulement le rejet clair de l’UE mais le refus total de flirter si peu que ce soit avec le FN. Dans ces conditions, le « gouvernement d’union nationale de Philippot à Chevènement » prôné par Nicolas Dupont-Aignan est un leurre dangereux ; il est également inquiétant que certains mouvements progressistes nient la fascisation politique en France et en Europe ; pourtant, dans tous les ex-pays socialistes annexés par l’UE, les PC sont interdits ou discriminés, les néonazis paradent de Riga à Kiev en passant par Budapest, les extrémistes de droite font des scores fleuves, des lois liberticides sont mises en place en Espagne par le parti postfranquiste (le « PP ») ; en France même le très réactionnaire Manuel Valls et les députés PS ont adopté sans états d’âme une loi liberticide analogue en son principe au « Patriot Act »américain. Ce n’est pas encore le fascisme certes (le mot fascisation que nous employons insiste sur le processus socio-historique plus que sur l’état final), mais Dimitrov et l’Internationale communiste faisaient déjà remarquer en 1935 (7ème congrès de l’IC, fortement influencé par Thorez et par le Front populaire français) que le fascisme n’arrive jamais au pouvoir sans un processus plus ou moins long de glissement de la démocratie bourgeoise vers des formes autoritaires et ultra-policières ; et derrière les vertueuses dénonciations du FN, les dirigeants libéraux et sociaux-démocrates facilitent quotidiennement le processus d’euro-fascisation par leur politique brutalement antisociale et par les mesures antidémocratiques qu’elle entraîne nécessairement pour « faire passer la pilule » en intimidant les citoyens.
Car tous ces gens du pouvoir comprennent bien que de plus en plus « ceux d’en haut ne peuvent plus gouverner comme avant » pendant que « ceux d’en bas ne veulent plus être gouvernés comme avant » : ainsi Lénine définissait-il la crise révolutionnaire qui, parvenue à un certain degré d’incandescence, ne peut se dénouer que par la rupture révolutionnaire ou par le fascisme. Au passage, il faut balayer l’objection de mauvaise foi qui nous est souvent faite quand on nous dit – belle découverte ! – que la sortie de l’UE atlantique « ne suffirait pas » à remettre le pays sur la voie du progrès. Qui a jamais dit une telle absurdité ? Il ne suffit certes pas de s’évader d’une prison pour obtenir la liberté, mais pour être insuffisant, ce premier pas est nécessaire, surtout s’il prépare consciemment d’AUTRES pas. Mais ceux qui lamentablement disent que ce pas « ne suffit pas » en confondant condition nécessaire et condition suffisante, que proposent-ils sinon de repeindre en bleu, ou en rose vif, les barreaux de la prison européenne, qui se transforme peu à peu en mouroir ambulant ? Prenons une autre comparaison : faire partir une fusée en allumant son premier étage ne suffit pas, évidemment, à mettre le satellite dont elle est porteuse en révolution autour de la Terre ; mais quel étrange astronauticien serait celui qui déclarerait que, puisque le décollage du 1er étage est insuffisant pour opérer la mise sur orbite, le mieux est encore de laisser la fusée au sol tout en PRIANT pour que le satellite se mette de lui-même sur orbite… Surtout si ceux qui remplacent le travail effectif par la phrase gauchiste combattent de surcroît les gens sérieux qui transpirent pour faire décoller la fusée !
A ces pseudo-révolutionnaires, je rappelle le mot de Guevara : révolutionnaire n’est pas celui qui attend de voir passer devant sa porte le cadavre de l’impérialisme ! Le devoir des révolutionnaires n’est certes pas de « déclencher des révolutions », qui sont des phénomènes objectifs, mais il est du moins d’en préparer les conditions subjectives en développant une stratégie qui permette aux masses de reprendre l’initiative. Quitte à rectifier le tir si nécessaire quand le processus réel est enclenché et que les masses se sont mises en mouvement en portant forcément toutes sortes d’initiatives : c’est le mouvement même de la vie !
I.C.- Ne faut-il pas alors viser directement l’insurrection prolétarienne et le socialisme ?
Georges Gastaud : Le PRCF ne cultive aucun dogme à ce sujet. Si les conditions générales d’un assaut contre le capitalisme, d’une instauration immédiate de la dictature du prolétariat** au sens marxiste du mot se mettaient en place – comme ce fut brièvement le cas en Europe après Octobre 1917, il ne faudrait évidemment pas tourner autour du pot. Nous ne sommes pas de plats « étapistes » qui veulent remettre le socialisme aux calendes grecques alors que les masses piafferaient d’impatience pour l’instaurer ! Et nous redisons que non il n’y aura pas d’issue pour nous dans une étape interminable entre capitalisme et socialisme éludant la question du pouvoir de classe. J’ai même écrit, il y a quelques années, un essai intitulé « Voie pacifique et voie armée dans la lutte pour le socialisme » où l’accent principal était mis sur la critique des illusions sur une conquête paisible, sans affrontement de classe aigu, du pouvoir politique par le camp des travailleurs. Cela dit on ne rapproche pas d’un iota le socialisme réel en sautant comme un cabri sur sa chaise et en criant socialisme, socialisme ! Après une longue période de domination révisionniste, opportuniste et contre-révolutionnaire, le « moment actuel » commande de prendre des initiatives concrètes pour rendre l’initiative à la classe ouvrière, qui est aujourd’hui en France sur la défensive après tant de délocalisations, de privatisations… et de trahisons politico-syndicales. Et unir la classe, c’est aussi travailler à unir autour d’elle les couches populaires et la majorité des « couches moyennes ». Il faut isoler le capital monopoliste. Il faut proposer des objectifs fédérateurs faisant sens avec notre histoire au lieu de rejeter à la manière gauchiste l’histoire de notre pays : celle-ci est d’ailleurs jalonnée d’innombrables luttes populaires depuis le Moyen Âge et plus encore, depuis 1789. Il faut relever, naturellement avec des visées nouvelles et universalistes, le drapeau tricolore de la Révolution française populaire des Sans Culottes, le drapeau rouge de 1848 et de la Commune, les deux drapeaux rouge et tricolore du Front populaire, des FTP, des FTP-MOI, des admirables ministres communistes de 1945-47, les Croizat, Thorez, Marcel Paul, François Billoux, Charles Tillon, Laurent Casanova. Il faut lier les luttes sociales à des objectifs politiques susceptibles de parler à tout ceux qui ne veulent renoncer ni à l’être, ni à la dignité : rétablir la souveraineté de la France, refuser l’écartèlement de notre pays en 11 euro-länder, lier le combat social à une nouvelle résistance face à l’UE du capital, à l’arrogante domination du capital allemand et de ses chiens couchants du MEDEF et du nouveau « PMU » (le parti maastrichtien unique formé par les sociaux-libéraux et par les sarko-libéraux), coopérer avec tous les pays sur des bases d’égalité en refusant « l’économie de marché ouverte sur le monde où la concurrence est libre et non faussée » (Maastricht) qui est synonyme de déclassement massif des ouvriers, des paysans et des jeunes intellectuels.
Et c’est dans le cours de cette lutte, qui commence aujourd’hui par l’opposition populaire totale à Macron que, pour peu que les communistes s’unissent et en prennent la tête (et cela ne s’impose pas mais se conquiert dans une émulation fraternelle avec d’autres progressistes) la masse du peuple qui, aujourd’hui, désespère et tend à s’aigrir, voire à lorgner sur le FN, sur les communautarismes religieux, sur les régionalismes séparatistes, etc., apprendra de sa propre expérience et constatera, non par mille discours prophétiques mais par la dure épreuve de la pratique, que la survie de la nation et le salut du peuple sont impossibles sans isoler le grand capital, sans l’exproprier, sans sortir du capitalisme, en un mot sans accomplir la révolution socialiste non pas contre la majorité du peuple mais avec lui.
Dans une telle perspective, qui n’a rien de « nationaliste », surgirait – à l’initiative des peuples ! – c’est un affrontement de classe sans précédent entre le capital international et la classe ouvrière de toute l’Europe qui se dessinerait. Il n’y a aucune opposition à partir du moment où l’on voit les choses du point de vue de la classe travailleuse, entre la reconquête de l’indépendance nationale et la reprise de la marche au socialisme-communisme dont les premiers pas mondiaux, rappelons-le, ont été faits en France avec la Conspiration pour l’Egalité de Gracchus Babeuf et du grand Giuseppe Buonarotti.
IC – Concrètement, cela veut dire quoi aujourd’hui ?
Georges Gastaud : D’abord que tous ceux qui aujourd’hui appellent, sur des bases antifascistes claires, sans s’illusionner le moins du monde sur le FN, à sortir de l’UE atlantique sur des bases « CNR »***, se rencontrent et qu’ils s’adressent au peuple français, y compris avec leurs nuances, « tous ensemble et en même temps ». Et d’abord, que s’unissent dans l’action les communistes qui ont fait un grand pas dans ce sens le 30 mai dernier en se réunissant près du Palais-Bourbon pour réclamer la sortie de l’UE à l’initiative des Assises du communisme : ce rassemblement, le principal qui se soit tenu en France à ce niveau quantitatif et qualitatif, est une étape historiquement importante : alors, continuons, approfondissons, camarades, c’est sur la lutte pour les quatre sorties que tous les vrais communistes, membres ou pas du PCF, peuvent se fédérer, aller ensemble aux entreprises et aux manifs pour apporter du neuf, s’émanciper de la direction euro-dépendante du PCF, fédérer fraternellement des non-communistes et des syndicalistes de bonne volonté. Mais cela ne suffit pas. Ce combat doit entrer de plus en plus dans le mouvement social et syndical car les syndicats ne retrouveront pas leur indépendance de classe envers le MEDEF, le PS et l’UE tant qu’ils n’entreront pas en conflit ouvert avec la machine bureaucratique de la CES et du syndicalisme perdant « rassemblé » autour de l’agent orange de l’UE (la direction CFDT). Enfin, ce combat il faut le mener ensemble, entre forces progressistes. Derrière les querelles de clans, c’est cette aspiration à la reconquête de l’indépendance de classe qui inspire la contestation interne dans la CGT, que l’orientation euro-dépendante met en danger de mort. Et pour cela, le PRCF prendra davantage appui qu’il ne l’a fait sur son programme communiste de lutte élaboré par la 3ème conférence nationale de l’organisation.
En réalité, si nous faisions tous le nécessaire pour parler d’une seule voix en prenant une grande initiative nationale commune en surmontant les préjugés hostiles à l’organisation et à la présence affirmée, sans hégémonisme mais sans frilosité, des militants communistes dans le rassemblement antifasciste et anti-UE, il ne serait plus aussi facile aux médias de CENSURER le courant progressiste anti-UE en faisant croire qu’il n’y aurait que deux possibilités pour les citoyens mécontents : le FN, dont la victoire mènerait le pays à la guerre civile sur des bases communautaristes, ou le couple de complices rivaux formé par Hollande et Sarkozy qui mènent la France à l’autodissolution. Il faut briser cette tenaille politique qui paralyse et avilit notre peuple et pour cela, il faut que les communistes et les non-communistes antifascistes et anti-UE s’expriment EN COMMUN et déjà, qu’ils débattent publiquement ensemble. Nous y sommes près avec nos forces modestes mais déterminées et fraternelles.
Mais tout cela n’aurait pas grande portée si les initiatives « pendaient en l’air » sans participation et surtout, l’impulsion de la classe laborieuse. C’est pourquoi dans les entreprises, dans les syndicats, dans les facs, dans les quartiers populaires et les communes rurales, les militants du PRCF, si possible unis à d’autres forces communistes et progressistes, vont appeler encore plus largement avec tracts et affiches aux « quatre sorties » en faisant l’effort de se lier systématiquement à toutes les forces en lutte, paysannes, enseignantes et d’abord, ouvrières puisque tous les chemins de la résistance sociale mènent à combattre l’UE des monopoles capitalistes (« français » et « étrangers ») qui de plus en plus empêche notre peuple de travailler, de produire, de vivre et de, tout bonnement, « respirer » en tant que nation libre, indépendante et tournée vers l’avenir.
En outre, le PRCF combattra à boulets rouges toute tentation de baisser la garde en direction du FN sous prétexte que le danger principal serait l’UE. L’UE et le FN, c’est le même étau serré autour du cou de « Marianne », c’est la mort assurée de la France, que ce soit par euro-dissolution maastrichtienne ou par le déshonneur du racisme d’Etat et de la guerre civile inter-« communautaire ». Un texte important du PRCF est d’ailleurs en préparation sur ce sujet alors que, malheureusement, certains intellectuels anti-UE prêtent une oreille complaisante aux sirènes mortelles de la « dédiabolisation » du FN. On ne construira pas le Front patriotique et populaire sans une forte dimension antifasciste et anticapitaliste comme à l’inverse l’antifascisme, l’antiracisme, l’internationalisme et l’anti-lepénisme sont voués à l’échec si les communistes et la gauche populaire ne portent pas à nouveau très fort le drapeau de l’indépendance nationale !
I.C. – Certaines initiatives sont-elles en préparation ?
Le PRCF n’a pas la science infuse et ses propositions seront soumises au débat et à l’ajustement des autres forces communistes, ouvrières et progressistes. Nous réfléchissons par ex. à la proposition d’un appel-pétition de masse pour exiger l’organisation d’un référendum permettant au peuple de dire non à l’euro et à la participation de la France à l’UE tout en appelant d’avance le peuple à défendre le non par tous les moyens s’il triomphait (nous nous souvenons du viol du 29 mai 2005, non seulement par l’UMPS, mais par la partie « euro-constructive » du camp « nonniste » qui au soir du 29 mai appelait Chirac, par la voie de Mme Buffet, à « renégocier la constitution européenne » au lieu de déclarer illégitimes Chirac/Jospin et d’appeler à défendre leur vote). Nous ferons des propositions qui ne seront pas à prendre ou à laisser pourvu que les discussions ne visent pas à freiner le mouvement ou à atténuer le tranchant des exigences populaires.
Dans les lieux où des communistes membres du PCF s’interrogent sur l’euro, voire appellent à rompre avec l’UE, non seulement nous encourageons le mouvement sans aucun dogmatisme (pour nous ce qui prime ce n’est pas l’appartenance au PCF, même si nous jugeons sa mutation social-démocrate irréversible, ce sont les positions de classe : les barricades n’ont que deux côtés), mais nous prendrons des initiatives pour que ces positions radicalement euro-critiques se traduisent en actions visibles. Sans quoi la colère du peuple contre la casse de la France, et notamment la rage légitime de la classe ouvrière, se portera à faux sur le FN, cette autre manière de diviser, de communautariser et pour finir, de déshonorer la France. Il faut que les militants communistes franchement anti-UE puissent agir ensemble et en même temps, pas question de laisser ceux qui veulent jouer sur tous les tableaux en vue des régionales se dédouaner en « s’interrogeant » à perpète sur l’euro tout en siégeant benoîtement au parlement supranational et en siégeant à côté du PS dans les grandes villes et les collectivités territoriales. Il ne suffit pas d’être « franchement communistes », il faut être, si j’ose dire, « communistement francs » ; comme le disait Jacques Duclos, ce à quoi la classe ouvrière a toujours reconnu le parti communiste, c’est-à-dire SON parti, c’est qu’ils disent toujours ce qu’ils font et qu’ils font toujours ce qu’ils disent. Franchise et fraternité communistes commencent par les mêmes lettres, comme d’ailleurs l’expression « France des travailleurs » si chère à Jean Ferrat !
I.C. – Qu’en est-il de la perspective de renaissance d’un vrai PCF en France ?
C’est la grande affaire du PRCF qui travaille à créer les conditions où, avec d’autres forces provenant soit de l’opposition marxiste dans le PCF, soit de l’extérieur (et pour nous l’organisation d’une organisation indépendante des dirigeants mutants comme l’est le PRCF est de nature stratégique), un vrai parti communiste de France pourra recevoir la triple légitimation des militants franchement communistes de France, de la classe ouvrière militante et du Mouvement communiste international. Auquel cas bien sûr, le PRCF se fondra dans ce parti comme la rivière se fond dans le fleuve.
Pour cela il faut éviter deux illusions symétriques. La première consiste à minimiser la dégénérescence du PCF-PGE, son degré actuel d’asservissement à l’UE et au PGE, l’ancienneté de ses reniements de principes (l’abandon de la conception marxiste de la révolution date de 76 !) en croyant que l’on peut, dans un avenir presque aussi mythique que celui de l’Europe sociale, « remettre le PCF sur les rails de la lutte des classes » ; une chose est de faire front dans le PCF, là où il est encore possible de rassembler des forces localement : le PRCF tend fraternellement la main aux camarades qui mènent cette lutte ; une autre chose est de limiter sa lutte aux frontières de l’organisation PCF/PGE alors que des centaines de milliers de communistes ont été écartés, et pour certains, exclus de ce parti euro-dérivant, pour leurs positions révolutionnaires.
La seconde illusion serait de croire qu’il suffit de s’autoproclamer tel à quelques-uns pour devenir « le » parti communiste, tout en excommuniant les autres forces communistes du pays, et notamment en diabolisant les militants du PCF demeurés fidèles au marxisme. Notre conviction est que le futur parti communiste de France rassemblera ceux qui, à travers les expériences diverses de résistance menées durant la triste période contre-révolutionnaire actuelle, auront su rester fidèles dans l’action à la classe travailleuse, au marxisme-léninisme, à l’internationalisme prolétarien, tout en coupant clairement avec l’UE du grand capital et avec ses courroies de transmission continentales, le PGE et la CES, en osant se démarquer ensemble de la ligne paralysante de la direction du PCF-PGE. C’est à unir ces forces que travaille le PRCF, c’est-à-dire le POLE pour la renaissance communiste en France. Et pour qu’il se rapproche du but, il faut qu’il se renforce et soit présent dans toutes les luttes de terrain ; ce pour quoi j’appelle ici les camarades qui hésitent à prendre leurs responsabilités en rejoignant notre organisation fraternelle et désintéressée. Le temps presse car faute d’un vrai parti communiste, notre pays se délite et le monde du travail n’en peut plus de prendre des coups !
Dans l’immédiat, le PRCF considère que « qui peut le plus peut le moins » et que le minimum est de mettre en place une large convergence communiste d’action (dont les Assises du communisme, qui ne sont pas que cela, sont à nos yeux une forme évolutive) et de susciter le débat théorique et politique sans jamais subordonner l’action commune à la résolution préalable des divergences. Bien entendu, cette convergence d’action doit se tourner en priorité vers les travailleurs, au sein des entreprises quand c’est possible, ainsi bien sûr que dans les quartiers populaires, les facs, etc.. Sur le plan du débat théorique, le PRCF a déjà proposé au comité de liaison des Assises du communisme d’organiser en décembre prochain (95ème anniversaire du congrès de Tours) un débat entre forces franchement communistes sur le thème (quelle que soit la formulation à mettre au point ensemble) : comment faire renaître un vrai parti authentiquement communiste dans notre pays ? Et nos revues « Initiative communiste » et « Etincelles » mènent un travail constant d’éclaircissement politique et idéologique.
Finalement, ce ne sont pas les chefs de file des différents courants communistes existants qui décideront le moment venu en s’autoproclamant où se trouve le véritable parti communiste de France, c’est la classe des travailleurs salariés, dont le parti communiste est en droit l’avant-garde organisée, qui sont légitimes à dire le moment venu, comme leurs prédécesseurs l’ont fait à Tours en 1920, sous des formes qu’on ne peut prévoir dans le détail : voilà NOTRE parti, celui qui nous organise pour la lutte, qui nous parle vrai et qui peut nous mener au succès.
Pour rapprocher ce jour, les travailleurs n’ont que faire des incantations ; il faut mettre en œuvre un travail commun patient et organisé, tourné vers les travailleurs et 100% clair sur la question des « quatre sorties » ; car s’ils ne portent pas dans les luttes une stratégie neuve AIDANT les travailleurs à se dégager de l’emprise du capital, de l’UE, de la social-démocratie et du FN, les communistes ne seront pas « reconnus » par les travailleurs qui ne verront en eux, et à juste titre, que des bavards.
Entretien avec Georges Gastaud secrétaire national du PRCF – Initiative Communiste – 25 aout 2015
*Cet entretien a été réalisé avant la crise boursière dite de Shangaï. Il est stupide, comme l’a fait Guetta sur France-Inter le 27 août, d’accuser le Brésil, la Russie, la Chine – et bien entendu, la Syrie, bête noire de cet éditorialiste grossièrement partial – d’être à l’origine des germes de chaos mondial provoqué par le capitalisme et l’impérialisme ; les crises économiques subies actuellement par certains pays des « BRICS » sont un effet local bien plus qu’une « cause », même s’ils ont aussi bien sûr des racines « locales ».
* En Lorraine, des élus PCF ont promu le projet honteux et illégal (au regard de la loi Toubon de 94) de baptiser le futur aéroport régional « Lorraine Airport » : décidément, « quand les bornes sont franchies, il n’y a plus de limites » (mais peut-être faudrait-il le dire en globish pour se faire entendre de certains ?). Quant aux langues régionales, elles doivent être défendues comme un élément du patrimoine républicain commun et sans que soit créé un prétendu droit à ne pas parler le français dans les services publics et dans l’administration. Il est stupéfiant de devoir dire cela à l’adresse d’un parti qui compta dans ses rangs ces maîtres de la langue, de la littérature et de la chanson françaises que furent Barbusse, Aragon, Eluard, Ferrat…
** Au sens marxiste, la dictature du prolétariat est la démocratie pour l’immense majorité de la population et, précisément pour permettre à cette majorité de décider, la mise hors d’état de nuire des contre-révolutionnaires décidés à saboter la volonté populaire. C’est donc le contraire de la « démocratie » en trompe-l’œil que nous subissons et où, selon les pays, démocrates et républicains, conservateurs et travaillistes, sarkozystes et hollandiens se succèdent ou cohabitent pour faire la politique unique du grand capital.
*** Qu’ils utilisent ou pas la référence lumineuse aux « Jours heureux », ce qui compte c’est le contenu politique : indépendance nationale, progrès social, nationalisations démocratiques, ré-industrialisation du pays, coopération internationale avec bien entendu, dans les conditions d’aujourd’hui, protection de l’environnement contre le tout-profit, réduction de toutes les inégalités sociales et sociétales (de classes, de genres, de religions, de nationalités, etc.).
Pour reprendre la formule célèbre « que chacun retrousse ses manches » parmi les communistes, fi des querelles d’égo, la classe ouvrière souveraine doit et peut se doter de cet outil pour détruire le système capitaliste mondialisé de manière irréversible….
Salutations fraternelles communistes.
Jean-Louis cotty