Mai 2022, anniversaire de la victoire du Front populaire – Secrétariat National du POLE DE RENAISSANCE COMMUNISTE EN France (PRCF) – Adresse aux amis de la NOUVELLE UNION POPULAIRE, SOCIALE ET ECOLOGISTE (NUPSE), notamment à celles et à ceux qui se réclament du communisme et de l’insoumission
Citoyen(-ne)s et camarades,
La réélection de Macron comporte un grave danger…
- pour la paix : le flux d’armes continu sous l’égide de Washington, de l’UE, de Berlin et de l’OTAN vers le champ de bataille ukrainien fournit le carburant explosif d’une escalade comportant le risque d’une conflagration mondiale débouchant sur une guerre nucléaire aux effets pan-destructifs;
- pour la démocratie : il suffit de penser aux « exploits » policiers passés et présents du préfet de Paris Lallement, aux états d’urgence à répétition et à la Loi « Sécurité globale »;
- pour les acquis sociaux et démocratiques : casse finale en vue des retraites par répartition et du RSA, envol des prix et maintien du blocage des salaires, éclatement ou privatisation accélérés de l’Education nationale, de la SNCF, d’EDF, de la Poste…
- pour l’existence même d’une République française souveraine, laïque, une et indivisible avec la marche accélérée vers l’« Etat fédéral européen » assortie de la très délétère « autonomisation » en marche des territoires « périphériques » de l’Hexagone (Corse, Bretagne, Alsace, etc.).
La menace est d’autant plus sérieuse que la présidentielle a porté au second tour une candidate issue de l’extrême droite raciste, antisyndicale, anticommuniste et xénophobe.
Dans ces conditions, nous comprenons la volonté de LFI d’obtenir, en accord avec d’autres forces, un maximum de sièges au parlement. Ce serait un point d’appui pour tenter de bloquer Macron, le MEDEF, l’UE et l’OTAN, pour stopper Le Pen et Zemmour, voire pour ouvrir une crise de légitimité salutaire au sommet de l’Etat et pour faciliter ainsi ce qui constituera le seul véritable « troisième tour » face à Macron: la contre-offensive populaire « tous ensemble et en même temps » dans les entreprises et dans la rue, comme ce fut le cas en 1936 quand la classe ouvrière occupa les usines avec à sa tête les communistes et la CGT de classe.
Toutefois, tant pour forger une force politique de résistance populaire cohérente que, a fortiori, pour former un gouvernement de cohabitation réellement conflictuelle avec l’Elysée dans l’hypothèse d’un accès de J.-L. Mélenchon à Matignon, une absolue clarté programmatique est un minimum vital. Sans elle, la désormais « Nouvelle Union populaire, sociale et écologique (NUPSE) » annoncée ne parviendra pas à mobiliser la classe ouvrière, clé de toute victoire progressiste, ni l’électorat populaire jeune qui boycotte majoritairement les élections parce qu’il n’y voit que tambouille et lutte des places. Sans une absolue clarté politique, non seulement un gouvernement de cohabitation serait paralysé par ses divisions, mais il ne ferait absolument pas le poids face aux détenteurs réels des commandes que sont aujourd’hui :
- l’OTAN, que Macron suit comme un toutou, et qui pousse à une escalade proprement suicidaire avec la Russie ;
- l’Union européenne (UE), qui fixe la feuille de route néolibérale des Etats-membres par l’entremise de la Commission de Bruxelles, qui décide également de leur ligne budgétaire par le truchement de la B.C.E., gestionnaire de la monnaie unique européenne, et qui se comporte en parfait appendice de l’OTAN sur les terrains diplomatique et militaire. Une UE et dont les euro-parlementaires criminalisent honteusement le communisme historique tout en banalisant le nazisme (résolution scélérate du 16 septembre 2019 votée par le Parlement européen);
- l’Elysée, c’est-à-dire Emmanuel Macron, qui « tient » le « domaine réservé » (la diplomatie et l’armée, en un mot le pouvoir réel de choisir la guerre ou la paix !), que Berlin souhaite au surplus transférer de plus en plus au niveau de l’UE atlantiste et de la future « armée européenne » arrimée à l’OTAN.
Avec la mobilisation et l’initiative propres de la classe travailleuse, la clarté politique est le levier minimal sans lequel il sera impossible, ni de gagner le scrutin législatif ni, demain, de tenir un éventuel bras de fer politique avec l’Elysée, et encore moins de rompre avec l’union sacrée euro-atlantiste qui nous met aux portes d’un conflit mondial potentiellement exterminateur pour la France et l’Europe, voire pour le genre humain tout entier.
Vous le savez, car notre organisation a plusieurs fois interpelé publiquement MM. Mélenchon et Roussel, le PRCF porte la proposition d’une Alliance rouge et tricolore reposant sur un grand Front Antifasciste, Patriotique, Populaire, Pacifique et Ecologiste. Centré sur le monde du travail allié aux couches moyennes, ce front devrait sortir la France de l’euro, ce dispositif austéritaire continental, de l’UE, cette prison des peuples dominée par Berlin, de l’OTAN, cette fabrique de conflagration nucléaire Est-Ouest, et du capitalisme, qui ne produit plus désormais que guerres impérialistes pour l’hégémonie mondiale, fascisation politique, casse sociale, nationale et environnementale. Cette alternative rouge et tricolore ferait de la souveraineté populaire et des besoins des travailleurs une priorité absolue que ne saurait diminuer en rien une quelconque forme d’allégeance aux structures de la domination capitaliste – en premier lieu l’UE, l’Euro et l’OTAN –. Une telle alternative constituerait un moteur puissant de crédibilité politique et de mobilisation populaire, apte à susciter une vraie convergence des luttes et à permettre une victoire populaire dépassant toute visée électoraliste à court terme.
Le PRCF continuera donc, en toute indépendance politique par rapport à la « NUPSE » en gestation, de militer pour un Frexit progressiste, pour une nouvelle République sociale, souveraine et démocratique, pour la nationalisation des secteurs-clés de l’économie, pour la relance planifiée du produire en France sur tout le territoire, pour un monde pacifique affranchi de la suicidaire Europe atlantique. Tout cela dans la visée du socialisme-communisme pour notre pays, ce qui implique notamment le pouvoir politique du peuple travailleur et la socialisation des grands moyens de production et d’échange: c’est vital pour neutraliser le grand capital et coplanifier la réindustrialisation française et une transition écologique coordonnée nationalement et internationalement.
Toutefois, compte tenu de l’état de l’opinion et des rapports de forces politiques existants, ce serait déjà un premier pas si la « NUPSE » annoncée se concentrait clairement et au minimum sur les objectifs de rupture suivants qui sont le seuil minimal pour construire une force de résistance et de contre-offensive victorieuse :
- sur le plan social, le minimum est le retour de la retraite à 60 ans pour 37 ans et demi de cotisation avec abolition des décotes et prise en compte des années de formation et de chômage dans le calcul des annuités – sans quoi, le retour à la « retraite à 60 ans » serait un faux-semblant. En outre, un gouvernement populaire digne de ce nom doit abroger l’ensemble des délocalisations, des fusions capitalistes transnationales destructives d’emploi (Renault, PSA…), des privatisations, des lois liberticides et des contre-réformes empilées par Macron, Hollande et Sarkozy au nom de la « construction » européenne : lois Travail I et II, euro-privatisation en marche du rail et de l’énergie, casse du bac national, de l’Université et du lycée à la française par Blanquer et Cie, destruction des indemnités chômage, etc. Une revalorisation globale des salaires et des pensions petits et moyens, ainsi que des APL et des Bourses, avec blocage des prix et remise en place de l’échelle mobile des prix et des salaires est une exigence de justice, voire, pour beaucoup de travailleurs, de simple survie !
Par ailleurs, la renationalisation de l’ensemble du secteur de l’énergie, de l’eau et des transports, sortant totalement ces domaines du grand marché créé par l’UE, est un minimum pour répondre aux enjeux stratégiques, économiques, industriels, agricoles et écologiques.
Enfin, il faut abolir la pratique européenne du « travail détaché » : en règle générale, tout salarié opérant en France doit relever des grilles de salaires, du SMIG, de la Sécu et du Code du travail français !
Enfin, il faut abolir toutes les possibilités de soustraire à l’impôt les activités menées en France en vertu du moins-disant fiscal institué par l’UE. - sur le plan de la reconstruction républicaine de la France, il faut refuser l’« Etat fédéral européen » programmé par le chancelier allemand Olaf Scholz, qui signifierait la mort de la France en tant qu’Etat indépendant, et réaffirmer l’absolu primat des lois et de la Constitution françaises sur les Traités et les « directives » de Bruxelles ; en effet, notre Déclaration des droits de l’homme et du citoyen dispose que « le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la Nation ».
Il faut aussi faire respecter le français comme « langue de la République » (art. II de la Constitution) en refusant le tout-anglais qui s’empare sans le moindre débat des institutions européennes, des grandes entreprises, voire de l’enseignement et de l’Université.
Il faut également appliquer strictement la loi de 1905 séparant l’Etat des Eglises et garantir l’indivisibilité de la République en s’opposant aux euro-séparatistes qui, sous le nom d’« autonomie », veulent détacher de la France la Corse, la Bretagne, l’Alsace ou la prétendue « Catalogne-Nord » : les travailleurs n’ont que faire d’un tel morcellement féodal, ils aspirent au contraire au « tous ensemble » indispensable au changement social. Il faut réprimer les menées factieuses des éléments fascisants de la police et de l’Armée, punir les éborgneurs de Gilets jaunes, stopper les persécutions anti-immigrés, mettre fin au racisme d’Etat consistant à privilégier les émigrés « européens » aux dépens des « migrants » venus de l’Est et du Sud de la Méditerranée pour fuir la misère et les guerres impérialistes. - sur le plan international et militaire, face au danger énorme et imminent d’une guerre continentale menaçant la survie même de la population française, une force progressiste se réclamant de Jaurès doit engager le retrait total et immédiat de l’Alliance atlantique ; la force de frappe française ne doit couvrir que le territoire national; il faudra aussi dialoguer avec toutes les parties pour favoriser la désescalade et la négociation. Assez d’armes françaises susceptibles de parvenir aux nazis du bataillon Azov, et qui prélèvent sur le budget national les milliards d’euros manquant cruellement à nos hôpitaux, à nos écoles, aux agents des services publics et aux programmes de coopération pacifique ! Les populations de toute l’Ukraine, y compris celles du Donbass harcelées et massacrées dans l’indifférence totale de l’Occident depuis plus de huit ans en violation des Accords de Minsk, doivent enfin vivre en paix : l’Ukraine doit devenir militairement neutre et servir de passerelle Est-Ouest au bénéfice de tous. Il faut aussi mettre fin aux ingérences néocoloniales de l’impérialisme français en Afrique, en Libye et en Syrie, engager une politique nouvelle d’amitié, dans un esprit d’égalité et de fraternité, avec les pays de l’aire africaine francophone, dialoguer avec les mouvements de libération nationale, soutenir les droits du peuple palestinien et faire échec au blocus de Cuba par les Etats-Unis.
Voilà les aspects programmatiques minimaux en-deçà desquels le monde du travail ne pourra pas se mobiliser et gagner comme il l’avait fait naguère à l’appel du Front populaire (1936), puis à l’appel du CNR (1943-1947).
Par ailleurs, concernant les futurs candidats investis par l’UP, il doit être clair que de vrais militants de la paix ne sauraient voter pour des dirigeants d’EELV ou pour des députés du PS qui se font une religion de la « construction » européenne, de la soumission atlantique de la France et du régionalisme exacerbé (« pacte girondin »). Certains d’entre eux sont des ennemis historiques d’Electricité de France, et presque tous ces individus appellent à déverser toujours plus d’armes sur l’Ukraine sans souci de rajouter au malheur humain, au désastre environnemental et au danger de conflagration nucléaire généralisée ! De vrais communistes, de vrais insoumis (avec la dimension pacifiste et anti-impérialiste que comporte ce mot!), de vrais socialistes héritiers de Jaurès, de vrais écologistes, de vrais républicains anti-impérialistes, ne soutiendront jamais des atlantistes objectivement ennemis de l’environnement, du service public de l’Energie, de la paix mondiale et de la République une et indivisible, même s’ils se déguisent en « gens de gauche ».
Le PRCF jugera sur pièces l’accord final conclu sous le nom de « NUPSE » sans oublier la mise en garde de L’Internationale:
« Il n’est pas de sauveur suprême / Ni Dieu, ni César, ni tribun ! / Producteurs, sauvons-nous nous-mêmes, / Décrétons le salut commun / Soufflons nous-mêmes notre forge / Battons le fer tant qu’il est chaud ! ».
Le PRCF conseille ainsi à ses sections départementales et locales de rencontrer les candidats désignés par l’UP quand ils seront issus du PCF ou de LFI. Il leur sera demandé de se prononcer sur les exigences listées ci-dessus qui sont aussi des conditions du succès électoral. Sur la base des discussions (ou des refus de discuter…) qui auront eu lieu, notre organisation prendra les décisions nécessaires avec un seul souci en vue : la croissance du mouvement populaire, car c’est surtout de ce côté-là qu’est la clé du tournant social, républicain et pacifique urgent.
Par ailleurs, le PRCF n’étant en rien engagé par l’accord électoral dit « NUPSE », les sections départementales du Pôle auront aussi toute liberté pour rencontrer si elles le jugent utile d’éventuels candidats du PCF ne se réclamant pas de l’accord « NUPSE » pour peu qu’ils soient ouverts au dialogue et qu’ils aient prioritairement au cœur l’indépendance nationale, la défense résolue du produire en France, du progrès social et des services publics. Et avant tout, la sauvegarde de la paix mondiale gravement menacée par le comportement irresponsable de l’UE-OTAN.
Pour le secrétariat national, Fadi Kassem, secrétaire national, Georges Gastaud, secrétaire national adjoint