Décembre 2015 : 95ème anniversaire du Congrès de Tours et 20ème anniversaire des grandes grèves de décembre 1995.
C’est dans la dernière semaine de décembre 1920 que, à l’appel de Lénine et de Clara Zetkin, mais aussi de Cachin et de Vaillant-Couturier, la majorité des délégués de la SFIO décida d’affilier ce parti à l’Internationale communiste. Ils entendaient ainsi rompre avec les pratiques et avec les théories délétères qui avaient conduit la SFIO à rallier l’ « union sacrée » impérialiste de la Première guerre mondiale en trahissant le mot d’ordre « prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! ». Les délégués communistes de 1920 entendaient aussi faire du marxisme, non pas une référence décorative pour fin de congrès, mais un vrai « guide pour l’action ». Ils voulaient promouvoir, non en paroles mais en fait, le rôle dirigeant de la classe ouvrière dans la lutte pour la révolution socialiste et pour la dictature du prolétariat. Et pour que la classe ouvrière devînt la maîtresse effective du nouveau parti, ils faisaient le choix du centralisme démocratique par lequel l’ego des dirigeants politiques et des élus serait désormais fermement soumis à la discipline, aux mandats et aux décisions arrêtés collectivement. Anti-impérialiste et anticolonialiste, la majorité du Congrès de Tours souhaitait aussi marquer sa solidarité avec la Russie soviétique et, plus généralement, avec tous les peuples en lutte pour la paix, le progrès social, l’indépendance nationale et le socialisme. Notons que la fondation du PCF ne résultat en rien d’une auto-proclamation de quelques « personnalités » s’intitulant dérisoirement « parti communiste » : en particulier, la fondation du PC–SFIC eût été impossible sans les mutineries de la Mer noire et l’engagement héroïque à cette occasion de Jeanne Labourbe, Tillon et Marty, sans le travail politique préparatoire de Rosmer, sans l’activité du Comité pour l’adhésion à la Troisième Internationale, sans le travail politique de Cachin, Sémard et Vaillant-Couturier, sans la grande grève des cheminots de 1920 qui permit aux forces syndicales rouges (dont la figure emblématique fut Lucien Midol) de se démarquer des dirigeants opportunistes et défaitistes de la CGT alors dirigée par Léon Jouhaux.
HONNEUR AUX FONDATEURS DU PCF …
Pendant des décennies, le Parti Communiste / Section Française de l’Internationale Communiste – le futur PCF – allait se trouver – non sans erreurs parfois, mais seuls n’en font jamais ceux qui n’agissent pas ! – toujours du bon côté de la barricade : du côté des prolétaires en lutte contre le capital, des peuples colonisés affrontant l’impérialisme, des démocrates résistant au fascisme, des patriotes véritables défendant la souveraineté des peuples désireux de coopérer à égalité.
En France, le PCF, dont les luttes favorisèrent la renaissance du syndicalisme de classe (incarné, d’abord par la CGTU, puis par la CGT réunifiée sous l’impulsion de Frachon et de Monmousseau), fut l’initiateur et l’âme du Front populaire antifasciste qui épargna à notre pays la honte du fascisme, même si une partie des forces soutenant initialement le Front populaire fit par la suite le choix honteux de la non-intervention en Espagne, de la « pause » sociale en France, du soutien à l’infâme accord de Munich, puis du « choix de la défaite » et de la collaboration avec les nazis. Unissant le drapeau rouge frappé des « outils » au drapeau tricolore de la Nation, associant l’Internationale à la Marseillaise, inscrivant la classe ouvrière au cœur de la Résistance patriotique à l’Occupant nazi et aux traîtres vichystes, refusant après-guerre la soumission de la France à la « petite Europe » atlantique de Monnet/Schuman, dont l’objectif était de préparer la revanche contre l’Europe socialiste alliée à l’URSS de Stalingrad, dénonçant la menace d’extermination nucléaire portée par l’impérialisme états-unien (soutien du PCF à l’appel de Stockholm, « Colombe » de Picasso, etc.), promouvant le rayonnement mondial de la culture française progressiste (Politzer, Langevin, Wallon, Picasso, Léger, Jean Vilar, Aragon, Triolet, Eluard, Barbusse et tant d’autres), fer de lance des luttes anticoloniales avec Henri Alleg et Henri Martin, le PCF fut également le fer de lance de la Résistance armée sur le sol national, la force dirigeante de l’insurrection parisienne de 1944, l’inspirateur du Front National pour la liberté et l’indépendance de la France, l’un des piliers du Conseil National de la Résistance et de son programme Les Jours heureux que ses ministres franchement communistes de 1945/47 (Thorez, Croizat, Marcel Paul, Tillon, Casanova, Billoux) appliquèrent avec initiative et détermination : nous leur devons entre autres la Sécurité sociale, la nationalisation des Banques, de Renault, de l’aéronautique et de l’énergie, les conventions collectives et les retraites par répartition, le code du travail, les comités d’entreprise, les statuts nationaux des fonctionnaires et des mineurs, le renouveau de l’Education nationale stimulé par le plan Langevin-Wallon, la justice des mineurs, la relance à grande échelle de la Recherche publique (Joliot-Curie), bref, tout ce que le MEDEF et les partisans actuels de la « construction » européenne et du « Grand Marché Transatlantique » s’emploient à détruire aujourd’hui en sabotant les conditions d’existence du plus grand nombre.
Tant que, pour l’essentiel, le PCF s’en est tenu à cette ligne de classe héritière du Congrès de Tours, il a su incarner l’espoir de millions d’hommes, et d’abord, celui de millions d’ouvriers et de paysans vivant dans notre pays. Devenu la première force politique du pays à la Libération sur la base des sacrifices consentis par les Francs-Tireurs et Partisans de France et par les F.T.P. de la Main-d’œuvre Immigrée, sur la base aussi de la gratitude que les hommes libres du monde entier portaient alors à l’Armée rouge (« force principale » dans la victoire remportée sur Hitler, comme le reconnaissait C. De Gaulle en 1966), le PCF sut mettre le peuple à l’offensive durant des décennies dans tous les combats progressistes pour le progrès social, la paix, l’indépendance nationale, la démocratie et le socialisme. A contrario, c’est quand ses dirigeants commencèrent à capituler devant les campagnes anticommunistes, antimarxistes et antisoviétiques, quand ils s’adaptèrent aux pseudo-rentes de situation électorales de la société capitaliste, quand l’élection devint pour eux un but en soi et non un outil militant parmi d’autres, quand ils s’inféodèrent de plus en plus à la social-eurocratie atlantique (participations sans principes du PCF aux gouvernements euro-atlantiques de Mitterrand puis de Jospin), quand ils renièrent l’un après l’autre les fondamentaux du communisme marxiste*, quand ils prirent leurs distances avec le monde ouvrier en liquidant l’organisation communiste à l’entreprise, quand ils coupèrent les liens d’étroite camaraderie des militants communistes avec le syndicalisme de classe, quand ils crurent se renforcer en France en reniant toute solidarité avec le socialisme existant, quand enfin, ils rallièrent, sous couvert de « rénovation » et de « mutation », le suicidaire « eurocommunisme » puis carrément, le mensonge social-maastrichtien de l’ « Europe sociale » et de la « réorientation progressiste de l’euro », quand ils se subordonnèrent à cette courroie de transmission de l’UE qu’est le Parti de la Gauche Européenne, que les dirigeants « mutants » ou « pré-mutants » du PCF facilitèrent la tâche des forces anticommunistes et favorisèrent le glissement réactionnaire qui, depuis plusieurs décennies, a vu le PCF déraper vers la social-démocratie, le PS adopter (sans avoir besoin de se faire violence…) l’idéologie néolibérale, la droite classique filer vers l’extrême droite, avec, pour résultat final, l’ancrage de plus en plus fort du FN dans les couches populaires plus désorientées et divisées que jamais.
Honneur donc au Congrès de Tours et aux fondateurs du PCF dont les militants franchement communistes doivent plus que jamais défendre l’héritage révolutionnaire à l’heure où la direction du PCF-PGE rallie l’union sacrée et cautionne la mascarade d’une « surveillance démocratique » de l’état d’urgence prolongé – pour commencer – de trois mois… en attendant qu’intervienne une modification de la Constitution qui donnerait des moyens dictatoriaux accrus à tout président… ou présidente de la République présent ou à venir…
CONTINUER ET ACTUALISER LE COMBAT DE TOURS
C’est pourquoi le PRCF, qui prolonge au présent l’engagement de la première Coordination communiste du PCF, de la Coordination des Militants Communistes du PCF, de la Fédération Nationale des Associations pour la Renaissance Communiste et du Collectif National Unitaire des Communistes présidé par G. Hage, se bat pour réactiver dans les conditions d’aujourd’hui le grand héritage ouvrier, marxiste-léniniste, internationaliste, antifasciste et patriotique du grand PCF qu’a dénaturé et détruit la « mutation » (même si de vrais communistes opposés à la « mutation » et à l’U.E., continuent d’être adhérents de ce parti). Parrainé par des combattants prestigieux de la Résistance et du mouvement ouvrier, le PRCF s’organise indépendamment du PCF muté pour permettre aux communistes de porter une politique totalement émancipée de l’UE et de la social-démocratie. Le PRCF privilégie de plus en plus l’appel aux luttes de terrain. Il promeut l’unité d’action des communistes, membres ou pas du PCF, qui veulent continuer le combat de classe, tenir le cap de la révolution socialiste, refuser les guerres impérialistes, les « unions sacrées » fascisantes et les états d’urgence largement tournés contre les libertés et contre le mouvement ouvrier. Le PRCF fait également son possible pour faire vivre la solidarité de classe internationale en dialoguant avec près de cent organisations communistes et progressistes de quatre continents, en appelant les travailleurs à (se) défendre (avec) Cuba socialiste, en combattant la criminalisation du communisme historique, ce facteur de réhabilitation du nazi-fascisme de Kiev à Paris et de Vilnius à Madrid. En France, le PRCF propose la ligne rassembleuse des « deux drapeaux », rouge et tricolore, des quatre sorties (de l’euro, de l’UE, de l’OTAN et du capitalisme), du Front Antifasciste, Patriotique et Populaire qui peut seul permettre à notre peuple de briser la tenaille politique formée par les forces maastrichtiennes (PS et UMP) et par l’ U.M.’ Pen en gestation. Sans détacher une seconde l’action pour un nouveau CNR de la lutte révolutionnaire pour le socialisme (car à notre époque la reconquête conséquente de la démocratie, du progrès social et de l’indépendance nationale implique plus que jamais le rôle dirigeant de la classe travailleuse et le renversement du grand capital), le PRCF dénonce la fascisation galopante de l’Europe et de la France ; celle-ci est portée non seulement par le FN, mais par les diktats du MEDEF et de l’euro-dictature en passe de se muer en « Union transatlantique », sans oublier le rôle de plus en plus autoritaire et liberticide de l’équipe Hollande-Valls, aiguillonnée par les surenchères permanentes de l’U.M.P. Fidèle à l’esprit humaniste de l’appel de Stockholm, le PRCF dénonce par ailleurs la dimension exterministe du capitalisme contemporain, qu’il s’agisse des guerres impérialistes et de la course aux armes de pan-destruction, de l’irresponsabilité des Etats capitalistes envers l’environnement saccagé par la course au profit maximal, de la marchandisation sans limite des personnes et des activités humaines, de la destruction de toute diversité culturelle et linguistique au profit du « modèle anglo-saxon » et du tout-anglais transatlantique, des énormes inégalités sociales et culturelles qui mènent l’humanité au chaos. Plus que jamais, l’humanité devra choisir entre le socialisme et la barbarie, entre la casse des nations libres et la révolution sociale, comme l’indique la devise cubaine « la patrie ou la mort, le socialisme ou mourir ! ».
RETROUVER L’ESPRIT DE DÉCEMBRE 1995, POUR RECONSTRUIRE LE TOUS ENSEMBLE CONTRE TOUTES LES CONTRE-REFORMES !
Par ailleurs, décembre 1995 fut aussi, selon l’appréciation qu’en donna alors la Coordination communiste du PCF, le « premier affrontement de classes entre les travailleurs et l’Europe de Maastricht », une Europe supranationale du capital à laquelle 49% des Français – et déjà une majorité d’ouvriers et d’employés – avaient dit non en septembre 1992, principalement à l’initiative du PCF de G. Marchais et de la CGT d’H. Krazucki. Pendant près d’un mois, au cri mille fois repris de « tous ensemble » et sous l’impulsion de la classe ouvrière du rail, le pays fut quasi-bloqué et ses gouvernants furent amenés à reculer sur certains de leurs objectifs de casse, adoptés par Juppé sur demande instante d’H. Kohl, le nouveau maître de l’Allemagne « réunifiée » devenu le vrai patron de l’UE maastrichtienne. En décembre 95, le mouvement ouvrier français était redevenu une référence pour l’Europe des luttes et des travailleurs allemands inscrivaient sur leurs banderoles revendicatives « apprenons le français ». Une relance politique du PCF était donc encore possible, malgré l’ébranlement politique qu’avait provoqué l’implosion contre-révolutionnaire du camp socialiste ; encore eût-il fallu que le PCF s’en tînt à sa ligne initialement 100% euro-critique et patriotique, à la défense sur des bases de classe du « produire en France » (et non du « produire français »), tout en se liant étroitement sur cette base au mouvement ouvrier et syndical à l’offensive. C’était hélas sans compter avec le glissement continu, hérité de l’ « eurocommunisme » délétère des années 70, vers les théories réformistes fumeuses de la « réorientation progressiste de l’UE » (Wurtz), ni avec le travail de sape des tendances droitières, révisionnistes et antisoviétiques des « refondateurs » (Fiterman), des « rénovateurs » (Juquin), des « mutants » (Hue, Gayssot…) et des autres « métamorphoseurs » du PCF (Buffet, Laurent…) qui « travaillaient » en permanence la direction du Parti sans recevoir la riposte nécessaire. En choisissant d’abandonner le drapeau de l’indépendance nationale, en ralliant la « Gauche européenne » social-démocrate, en défendant l’utopie d’une transformation sociale sans rupture révolutionnaire, en exigeant une « autre constitution européenne » au lieu de refuser TOUTE constitution européenne, en abandonnant les mots d’ordres de nationalisation démocratique et de produire en France, non seulement le PCF n’a pas élargi sa base électorale mais il s’est coupé de la classe ouvrière et il a abandonné le terrain de la radicalité populaire aux menteurs professionnels du FN lepéniste, qui feint de vouloir rompre avec l’UE (dont l’extrême droite est un pilier continental !), de défendre « l’ouvrier » et de protéger la « nation », confondue avec le pire nationalisme raciste et anti-musulman.
Dans le même temps hélas, la direction confédérale de la CGT a purgé ses statuts de toute référence au syndicalisme de classe et de masse ; elle a rompu avec la Fédération Syndicale Mondiale pour rejoindre la C.E.S., cette courroie de transmission de Bruxelles ; elle a « reconnu » le bien-fondé de la « construction » européenne ; elle a promu le mythe du « service public européen » au lieu de défendre les nationalisations ; elle a déclaré que « la CGT n’avait pas vocation à bloquer le pays » (B. Thibault, 2003, en pleine bataille des retraites) ; elle a prôné un « syndicalisme rassemblé » avec la CFDT dans le même temps que ce syndicat s’alignait sur le patronat ; ce faisant, malgré le courage de nombre de syndicats de base de la CGT et de syndicalistes FSU, malgré l’élan de la jeunesse contre le CPE en 2006, la direction confédérale a laissé de fait les mains libres à la CFDT et à ses dirigeants euro-fédéralistes pour dominer le paysage syndical avec l’aide des gouvernants maastrichtiens successifs. Bien entendu cela n’a pas suffi et cela ne suffira, ni à « tuer » l’antagonisme capital-travail, qui structure toujours en profondeur la société, ni à enterrer le syndicalisme de classe et de masse que continuent de pratiquer nombre de syndicalistes qui veulent faire gagner le camp du travail au lieu de négocier sans fin des « plans sociaux », des baisses de salaires et des contre-réformes.
UNIR LA RENAISSANCE COMMUNISTE, FEDERER LES RÉSISTANCES POPULAIRES
C’est pourquoi le PRCF appelle à travailler à une nouvelle jonction des trois mouvements indispensables pour contrer l’euro-dissolution et la fascisation en marche de la France et pour refuser le « choc » mortel des ingérences impérialistes et du terrorisme intégriste financé par les alliés turc, saoudien et qatari de Hollande :
- le mouvement pour la renaissance du vrai parti communiste, qui appelle les communistes, membres ou pas du PCF, à organiser l’intervention unie indépendamment des dirigeants du PCF-PGE ; et cette marche à l’unité d’action des communistes appelle un PRCF plus fort, mieux organisé, mieux à même d’intervenir sur un plus grand nombre de terrains ;
- le rebond du mouvement populaire tel que viennent de l’engager, au grand dam des médias bourgeois et de leurs « valeurs » hypocrites, les ouvriers d’Air-France en légitime défense contre les agressions à répétition du patronat.
- Un grand mouvement internationaliste et anti-impérialiste pour la paix et pour la souveraineté des peuples, qui combatte à la fois les ingérences impérialistes et les créatures monstrueuses, intégristes « islamistes » et néonazis, qui terrorisent les peuples avec le soutien mal dissimulé des officines impérialistes et réactionnaires ;
Union, action avec les militants franchement communistes pour la résistance et la reconquête populaire !
Non pour lui-même, mais parce que c’est une nécessité urgente et objective, le PRCF appelle les communistes à continuer le combat de classe engagé au Congrès de Tours ! Union, action pour reconstruire un grand syndicalisme rouge dans notre pays ! Face aux lois d’exception et aux mesures liberticides tournées contre le mouvement ouvrier, reconstruisons les conditions du « tous ensemble » de décembre 95 contre les contre-réformes de Valls-Gattaz-UE ! Unité des drapeaux rouge et tricolore pour sortir la France de l’euro, de l’UE, de l’OTAN et du capitalisme et pour barrer la route au FN et à ses satellites de la « droite dure » ! UNITÉ DE LA RENAISSANCE COMMUNISTE ET DE LA RÉSISTANCE POPULAIRE pour stopper la crise mortelle de notre pays et rouvrir à notre pays la voie du progrès social, de la souveraineté nationale et populaire et du socialisme !