ENTRETIEN D’INITIATIVE COMMUNISTE avec FADI KASSEM et GEORGES GASTAUD, SECRETAIRES du P.R.C.F. – 3 avril 2022
Initiative Communiste – Plus d’un mois après l’offensive générale de l’armée russe en Ukraine, quelle appréciation porter sur l’évolution de la situation géopolitique ?
GEORGES GASTAUD – Le communiqué publié par le PRCF dès le 27 février qualifiait l’offensive générale de l’armée russe d' »inconsidérée et disproportionnée »; cette déclaration n’en indiquait pas moins que la responsabilité politique principale de ce premier affrontement armé opposant, par champ de bataille ukrainien interposé, le bloc euro-atlantique aux BRICS (le cartel que composent le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud), cet ensemble informel dont Moscou et Pékin forment, objectivement et respectivement, les avant-gardes militaire et industrielle, incombe fondamentalement à l’UE et à l’OTAN. En effet, depuis 1991, année du démantèlement antidémocratique de l’URSS et du phagocytage de la RDA par la RFA, l’UE et l’OTAN stratégiquement unies n’ont cessé de s’étendre gloutonnement vers l’Est, et cela quel que soit le leader russe en place, Gorbatchev, Eltsine ou Poutine. Le but stratégique de l’UE-OTAN est en effet d’encercler la Russie, mais aussi la Chine, au plus près de leurs frontières européennes, asiatiques et indopacifiques respectives. Du reste, reprenant une vieille idée du président US Woodrow Wilson, des sénateurs US ne cachent même plus leur volonté de morceler le « trop grand » territoire russe dans leurs interventions devant le Congrès! Quant aux encouragements occidentaux à peine voilés à l’adresse de Hongkong, de Macao, de Taiwan, du Tibet et des Ouïghours, ils font songer à la « Belle Epoque » où les impérialistes occidentaux se répartissaient les « concessions » en Chine, ou forçaient le tsar à céder l’Alaska aux USA.
L’autre objectif de la pression exercée en continu par le Pentagone bien avant le 27 février était de forcer l’UE, et notamment son « hégémon » régional allemand, à courber la tête devant l’hégémon mondial américain. Quitte à provoquer pour cela une crise industrielle majeure chez le concurrent germanique brutalement sevré de gaz russe, forcé de renoncer au gazoduc Nord Stream et contraint de s’approvisionner au prix fort en gaz de schistes étatsuniens (bien joué pour la planète, Mmes et MM. les « écolos » allemands devenus l’avant-garde martiale du nouveau gouvernement !).
Il s’agit aussi pour Washington, en encerclant méthodiquement les BRICS, en tentant de les diviser (sans succès!) et en accablant Pékin et Moscou de « sanctions », de neutraliser les fortes réserves sociopolitiques communistes et prolétariennes que comportent les BRICS, ces grands pays émergents où des PC de premier plan, notamment en Chine, Russie, Afrique du sud et Inde (pays dans lequel, en ce moment-même, les communistes indiens impulsent la grève de centaines de millions de personnes sans que nos médias en disent mot!) pourraient à tout moment réorienter les résistances à l’hégémonisme US dans un sens 100% anti-impérialiste, voire anticapitaliste et socialiste : car les manigances impérialistes et hégémonistes sont toujours au final une continuation par d’autres moyens du combat de classe que mène le grand capital contre la révolution ouvrière et paysanne. Quand le cessez-le-feu interviendra en Ukraine et que les négociations russo-ukrainiennes finales seront achevées, et cela arrivera assez vite si l’ « Empire du Bien » occidental cesse d’attiser les flammes sur le dos du peuple ukrainien, il sera temps de voir, de manière matérialiste, donc sans dogmatisme, si l’offensive globale de l’armée russe n’était pas, comme le PRCF l’a conjecturé, « disproportionnée », voire par certains aspects, contre-productive en précipitant ayant au final le durcissement du bloc euro-atlantiste sous condominium anglo-saxon et germano-américain. Ou si, à l’inverse, l’Etat bourgeois russe aura réussi par son intervention à contenir la ruée vers l’Est de l’UE-OTAN tout en réalisant ses objectifs proclamés de dénazification, de neutralisation militaire de l’Ukraine et de protection des Républiques populaires du Donbass.
En attendant, la note est terrible pour les populations ukrainiennes, à commencer par les ouvriers du Donbass, pilonnés depuis 2014 par les nazis ukrainiens d’Azov et méprisés par les médias occidentaux. L’addition sera lourde en outre pour les travailleurs de Russie, dont les sanctions vont plomber le niveau de vie, mais aussi pour les travailleurs ouest-européens qui vont subir un surcroît de chômage et d’appauvrissement. Plus structurellement, le bilan sera lourd pour la France en tant qu’Etat-nation : en effet, profitant de la crise ukrainienne, Scholz accélère la marche à l’ « Etat fédéral européen », se souciant comme d’une guigne du Non français de 2005 à la constitution européenne, donc aux « Etats-Unis d’Europe ». Natürlich, Macron emboîte le pas du puissant suzerain d’Outre-Rhin avec son projet d’armée européenne arrimée à l’OTAN et de « souveraineté européenne »… par avance inféodée à Washington. Dans la foulée, la RFA qui ne veut pas perdre sur tous les tableaux, en profite pour doubler son budget militaire et les « Grünen » trouvent des accents revanchards antirusses qui ne sont pas sans rappeler la « belle époque » antisoviétique du plan Barbarossa. Déjà dans les années Schröder, le Vert Joschka Fischer expliquait froidement que la « construction européenne » permettrait à Berlin d’ « atteindre par des moyens politiques les objectifs qu’elles n’avait pu atteindre au moyen des conflits précédents »…
Bref, la victime collatérale de l’affrontement OTAN/BRICS qui se joue en Ukraine pourrait bien être ce qui subsiste de la souveraineté de la France et de la République une, laïque et indivisible héritée de notre révolution jacobine. On ne voit pas assez à gauche que la marche à l’Europe fédérale et l’euro-dislocation de la République indivisible marchent du même pas. On pense au projet d’autonomie corse qui, sans même avoir été débattu par quinconque, est de nature à enclencher une désastreuse réaction en chaîne en Bretagne, Alsace, « Catalogne-Nord, et dans d’autres périphéries de l’Hexagone, tout cela avec l’appui de Macron et avec le soutien inconsidéré d’un Mélenchon qui a enterré son robespierrisme assumé de 2017… Or, tout cela fait système et il faut toute l’incompétence de nos médias, additionnée de l’amateurisme paresseux de la gauche établie, pour ne pas voir qu’il y a continuité politique entre la marche vers l’Est de l’Europe atlantique, la mise en place sous suzeraineté berlinoise de l’ « Empire européen » (le dernier livre de B. Le Maire est explicite à cet égard), et l’euro-dislocation déjà amorcée de notre pays sous le nom codé du « Pacte girondin » macroniste. D’autant que tout cela est cadré par le récent Traité franco-allemand d’Aix-la-Chapelle dont Mme Yvonne Bollmann a montré, dans I.C., toute la dangerosité pour l’avenir proche de notre pays. Rappelons par ex. que la grande bourgeoisie de Strasbourg a réussi, malgré l’avis contraire des Alsaciens consultés par référendum, à liquider les deux départements alsaciens, que la « Collectivité européenne d’Alsace » aspire publiquement à se détacher du Grand Est et que, par ailleurs, la Moselle est officiellement devenue, dans le silence assourdissant des médias, un « euro-département ». Rappelons enfin que, sitôt connus les récents évènements de Corse, les forces radicales bretonnes ont réclamé, sous menace explicite de déclencher contre l’ « Etat » une escalade de violences « à la corse », deux référendums: l’un pour rattacher la Loire-Atlantique à la région Bretagne (tant pis pour le Val de Loire?), et l’autre pour exiger l’autonomie, « voire l’indépendance » de la Bretagne… Et pourquoi pas le rétablissement du ci-devant Duché de Bretagne?
Bref, nous n’exagérons nullement quand nous disons que la « construction » impériale euro-atlantique, que vient d’accélérer la récente séquence militaire, coïncide avec un processus de désintégration de la République une et laïque qui serait une catastrophe pour le mouvement ouvrier français. Celui-ci aspire au contraire, toutes les manifs populaires le clament depuis décembre1995, au « tous ensemble et en même temps » indispensable pour vaincre l’adversaire de classe.
Pour revenir plus directement à l’Ukraine, il faut noter qu’en France même, outre les courants bellicistes classiques qui disposent de la quasi-totalité des médias pour forger l’union sacrée euro-atlantiste, il existe un courant objectivement exterministe dans les milieux dits intellectuels, y compris hélas à l’Université. En toute irresponsabilité, ces milieux bouffis de bonne conscience poussent à l’intervention ouverte de l’OTAN contre la Russie (par ex. en exigeant de l’OTAN des « couloirs d’exclusion aérienne » sur l’Ukraine: ce qui aboutirait mécaniquement à la guerre mondiale nucléaire! – Plus que jamais, les vrais amis de la paix doivent donc construire un large « Front de la raison » qu’évoquait déjà Youri Andropov à la fin des années 1980; plus que jamais, les militants conscients de la solidarité internationale véritable doivent se porter aux avant-postes d’un combat pour la paix de de moins en moins séparable de la lutte pour le socialisme. Plus que jamais il nous faut dire, après Fidel Castro, « le socialisme ou la mort » puisque, de plus en plus, le capitalisme-impérialisme-hégémonisme joue avec le risque insensé de l’extermination universelle.
La situation actuelle démasque par ailleurs ceux qui, à gauche, prétendent sortir de l’OTAN tout en restant dans l’UE: qui ne voit désormais que l’UE et l’OTAN, c’est la même chose et que l’idée, ressassée aux jeunes de la primaire à l’Université que « l’Europe, c’est la paix », n’est qu’un grossier mensonge impérialiste.
En tout cas, la manière dont la fausse gauche et la pseudo-extrême gauche euro-compatibles ont « mordu » au narratif guerrier occidental le prouve, ceux qui continueraient désormais à flirter avec le mensonge social-impérialiste de l’ « Europe sociale, démocratique, écologique et pacifique » risquent fort de finir du mauvais côté dans la bataille qui opposera de plus en plus les fauteurs de troisième guerre mondiale et les forces de résistance à ce possible suicide organisé du genre humain. La première des choses si on veut l’empêcher, c’est de se souvenir du mot de l’héroïque député socialiste Karl Liebknecht en 1914: « l’ennemi principal est dans ton propre pays! ». Du reste, un tel précepte ne s’imposerait pas moins dans l’hypothèse où la responsabilité principale du conflit actuel incomberait à la Russie bourgeoise : car le rôle des militants courageux de chaque bloc n’est certainement pas d’exciter les passions à l’encontre du camp d’en face en aidant ainsi objectivement les impérialistes de « notre » propre bloc (c’est ce que firent lâchement les sociaux-démocrates de chaque pays en 1914), mais de combattre courageusement « leurs » impérialistes d’ICI, comme surent le faire alors Jean Jaurès en France, Lénine en Russie et le trio Liebknecht-Zetkin-Luxemburg en Allemagne.
Initiative Communiste – A une semaine du premier tour de la présidentielle, quel regard portes-tu sur l’évolution des rapports des forces électorales?
FADI KASSEM – Il est impossible de le prévoir vraiment à partir des sondages étant donné que tout dépendra au final de la tactique électorale qu’emploieront les classes populaires: soit miser au dernier moment sur Le Pen (de manière suicidaire pour le peuple et pour la démocratie), dont la dynamique populaire est hélas réelle, ou sur Mélenchon, qui peut siphonner in extremis ses concurrents de gauche en appelant au vote utile; soit privilégier le boycott indiscutablement politique de l’élection que serait une abstention ouvrière massive délégitimant le futur élu et préparant ce que le PRCF appelle la « grande explication » annoncée par l’épisode, historiquement non refermé, des Gilets jaunes. Tout en appelant à combattre jusqu’au bout la bande des quatre réacs Macron-Pécresse-Le Pen-Zemmour, à leur faire perdre jusqu’au bout un maximum de voix en milieu populaire, et tout en comprenant parfaitement que des travailleurs et que des communistes souhaitant écarter l’extrême droite dès le premier tour puissent voter, à titre personnel, pour J.-L. Mélenchon (ou pour F. Roussel), le PRCF ne peut honnêtement parrainer aucune candidature officielle à cette élection plus biaisée que jamais, à l’occasion de laquelle aucun candidat ne met, ne serait-ce qu’en débat, la question stratégique du Frexit progressiste. En effet, sans parler de François Asselineau, qui défend un Frexit socialement flou et qui n’a pas pu obtenir les parrainages nécessaires, Roussel exclut toute sortie de l’UE et Mélenchon a piteusement résilié sa formule de 2017 « l’UE, on la change ou on la quitte ». Qui plus est, ni Roussel ni Mélenchon n’ont eu, ne serait-ce que la courtoisie républicaine de rencontrer le PRCF, qui leur a plusieurs fois proposé la discussion non sans rappeler que, sans clarté sur l’UE, les millions d’ouvriers et d’employés qui ont voté non à la constitution européenne sur des bases progressistes, ne se retrouveront pas dans une offre électorale intégralement européiste. Cela dit, les militants et les électeurs de base de la FI et du PCF sont nos frères de lutte et, quel que soit le candidat vainqueur, c’est tous ensemble qu’il nous faudra ensuite « nous expliquer » le plus vite possible avec le pouvoir des monopoles et de l’UE. Sans gober le faux patriotisme de l’extrême droite xénophobe, mais sans suivre passivement une gauche établie incapable de contester de front l’UE, l’OTAN, l’euro et le grand capital. Donc en construisant dès maintenant dans toutes nos luttes le « tous ensemble et en même temps » des travailleurs qui sera nécessaire pour augmenter les salaires, sauver l’Education nationale, les statuts publics, EDF, la SNCF, les revenus minimaux et les retraites par répartition que Macron, Pécresse et Cie ont pour mission de dynamiter afin de remplir la feuille de route austéritaire de l’UE et de la haute finance.
Initiative Communiste – Alors que la majorité des travailleurs ont des soucis énormes de pouvoir d’achat, que dire des perspectives sociales dans notre pays?
Georges Gastaud – Le syndicalisme français est entré dans une crise explosive et les militants de classe vont devoir mener très vite et offensivement des combats décisifs. Quand on voit la FSU et la CGT confédérale exiger des sanctions contre le peuple russe, contourner prudemment les mots « UE » et « OTAN » dans leurs « analyses » de la crise russo-ukrainienne, quand on voit que, en plein effondrement du pouvoir d’achat des salaires et des pensions, la « journée d’action » du 17 mars a laissé indifférente la masse des travailleurs, quand on voit les dissensions répétées à la tête de la CGT et l’incapacité de sa direction à se dissocier catégoriquement de la CFDT jaunâtre et de ses mentors européens du syndicalisme d’accompagnement, et surtout, quand on constate que les directions syndicales sont incapables de voir ce que signifierait l’Etat fédéral européen en terme de mise à mort du « produire en France », des services publics d’Etat et des acquis de la Libération, voire en termes de fermeture de l’espace indispensable au syndicalisme de classe à la française, l’existence même d’un Etat-nation français formellement indépendant, on se dit que le moment est venu pour les syndicats, fédérations, UD, UL, qui se réclament de la FSM ou du combat de classe de discuter au grand jour, de se fédérer dans l’action et de se doter des outils indispensables à leur contre-offensive. Dire cela ne signifie pas s’ingérer dans les affaires des syndicats. Ce serait le cas si l’auteur de ces phrases était extérieur au mouvement syndical : or en cette année 2022, s’il m’est permis pour une fois de parler de moi, je viens de régler ma 50ème carte syndicale (j’ai adhéré au SNES en 1972, alors que j’étais SE, et j’avais auparavant adhéré à l’UNEF-Renouveau alors que j’avais 17 ans). En réalité, les militants franchement communistes, qu’ils soient au PRCF, ailleurs ou non cartés, sont d’abord des salariés, des travailleurs privés d’emploi, des retraités, des syndiqués actifs ou des étudiants qui galèrent durement pour payer leurs études : ils subissent eux aussi les défaites syndicales à répétition auxquelles nous conduit l’euro-réformisme atone des états-majors euro-formatés. A ce titre, ils ont le droit et le devoir de dire haut et fort leur avis sur le changement radical de cap nécessaire si nous voulons cesser de perdre, et c’est encore plus vrai à une époque où la grande bourgeoisie veut nous infliger à tous une défaite irréversible en nous prenant en tenaille entre l’extrême droite xénophobe, l’union sacrée atlantiste et le « saut fédéral européen ». En tout cas, si les syndicalistes de classe veulent construire à temps le tous ensemble et en même temps de la classe travailleuse et de la jeunesse populaire, il leur faut prêcher d’exemple et prouver à temps, par de grandes initiatives publiques dont le 31 mars a été un galop d’essai réussi, qu’ils sont capables de construire le tous ensemble des militants syndicaux fidèles au drapeau rouge du mouvement ouvrier international de lutte ! Rien de tel que l’exemple et la pratique pour convaincre cette classe hautement rationnelle et matérialiste qu’est la classe ouvrière ! Le dire n’est pas « taper sur les syndicats » mais tout au contraire tout faire pour les sauver et empêcher qu’ils ne deviennent « résiduels » au XXIème siècle, comme cela peut devenir le cas si l’institutionnalisation actuelle des organisations se poursuit ainsi que le montre récemment l’historien Stéphane Sirot dans sa brochure récente Le syndicalisme en France, XIXè-XXIè siècle – Essai d’interprétation.
Initiative Communiste – Quelles nouvelles de l’activité du PRCF?
Fadi Kassem – Dans la dernière période, le PRCF a eu une intense activité théorique et pratique. Théoriquement, aucune organisation de taille comparable n’a, dernièrement, sorti des matériels de premier plan : numéro spécial d’Etincelles sur le matérialisme dialectique, Anthologie communiste de la poésie, Manifeste franchement communiste sur l’écologie, Manifeste pour le féminisme prolétarien, étude sur le Frexit progressiste, vidéo sur les questions géopolitiques, numéro d’Etincelles sur la République, etc. ; aucune n’a mis en place un cycle de formation destiné à la jeunesse et touchant toutes les questions. Aucune n’a refondu à la fois son site internet et la maquette de son journal mensuel, Initiative communiste, qui doit devenir notre premier outil militant avec notre revue théorique Etincelles. Nous avons en outre multiplié, non sans échos, les interventions sur différents médias alternatifs, si possible en lien avec des personnalités diverses.
Sur le plan international, nous travaillons à élargir nos contacts, déjà assez larges, du Québec au sous-continent indien en passant par les USA et par l’Allemagne.
Nos militants collent la seule affiche du pays (à ma connaissance) appelant à la désescalade en Ukraine et accusant l’OTAN tout en diffusant un tract liant les questions du pouvoir d’achat à la défense de la paix. Notre appel aux intellectuels pour une désescalade en Ukraine a eu un bon impact bien au-delà de nos rangs. Au tout début de la guerre en Ukraine, nous avons été les seuls à susciter un rassemblement de rue pluriel et passablement courageux, non pas pour applaudir passivement Poutine, car nos amis en Russie, en Pologne et en Ukraine sont les partis communistes, mais pour faire face à l’union sacrée belliciste et pour contrer les appels irresponsables à une escalade potentiellement terrifiante pour la paix mondiale.
Nous sommes actifs, sur des bases de classe, dans la résistance linguistique et culturelle au tout-anglais et à l’américanisation galopante de notre culture et nous avons répondu présent de ce point de vue à l’invitation de l’association COURRIEL à dénoncer l’aliénation linguistique à l’occasion du 400ème anniversaire de Molière.
Nous sommes quasiment les seuls à gauche à montrer le danger des séparatismes euro-régionalistes qui fracturent l’Hexagone, menacent les conquêtes ouvrières (statuts, services publics, diplômes nationaux, conventions collectives…) et avec lequel flirtent la gauche établie, les Verts et l’ « extrême gauche » euro-trotskiste. Constater cette relative solitude n’est évidemment pas une satisfaction et encore moins une autosatisfaction, tout au contraire, un appel pressant à tous ceux qui veulent défendre la nation sur des bases 100% antifascistes et républicaines.
Dans la dernière période, la majeure partie de nos nouveaux adhérents est composée de jeunes de 18 à 25 ans, ce qui signale la magnifique activité militante de notre commission JRCF.
Mais, c’est évident, le PRCF n’est pas encore assez fort pour jouer pleinement le rôle d’avant-garde politique qu’est hélas devenu incapable de jouer un PCF dont le chef de file orne sa boutonnière de jaune et bleu à défaut de défendre l’emblème ouvrier et paysan (interdit dans la plupart des pays d’Europe de l’Est, en tout « pluralisme antitotalitaire »!) et de prendre courageusement la tête de l’indispensable et proprement vitale lutte anti-UE et anti-OTAN. La seule manière de résoudre la contradiction entre l’énorme besoin de parti d’avant-garde dans ce pays et le manque objectif d’une force franchement communiste nationalement organisée est, d’une part, d’activer l’unité combative des communistes, et un climat plus positif semble se dessiner de ce côté-là. Mais surtout, il faut absolument largement élargir le lectorat d’IC et adhérer au PRCF qui, sans se prendre pour plus qu’il n’est, a un rôle incontournable à jouer dans la marche vers l’urgente reconstitution du parti communiste de combat. En effet, ce n’est pas seulement pour l’avenir du communisme que cette reconstruction est nécessaire; elle l’est surtout, à moyen, voire à court terme, pour doter notre classe ouvrière de l’outil indispensable pour sauver l’indépendance de la nation, les conquêtes sociales, le pouvoir d’achat populaire et la paix mondiale si lourdement menacée.