En cette rentrée sociale www.initiative-communiste.fr s’est entretenu avec Georges Gastaud, porte-parole du PRCF le 18 septembre 2018. un entretien analysant sur le plan national, des luttes, comme sur le plan international les perspectives sociopolitiques de la rentrée 2018.
Initiative Communiste – Sur le plan international, quelles sont d’après toi les tâches des militants franchement communistes et progressistes ?
Georges Gastaud – Même si je tire de ce constat de tout autres conclusions que les siennes, le nouveau chef d’Etat-major de l’armée française a hélas eu raison de déclarer que le « degré de conflictualité » ne cesse de s’élever dans le monde. Washington intensifie la guerre commerciale contre la Chine populaire que Trump désigne comme son « adversaire stratégique ». La pression de l’OTAN, en pleine course aux armements, s’aggrave dangereusement, non seulement contre la Syrie – en passe de rétablir son unité territoriale ! – , non seulement contre les Palestiniens traités avec un mépris de fer, non seulement contre le peuple iranien, mais contre la Russie. Quoi qu’on pense de Poutine (et le PRCF soutient totalement la résistance populaire à la casse du régime de retraite légué par l’URSS), il suffit de regarder 20 secondes la carte des bases militaires dans le monde pour voir qui agresse l’autre, de Washington ou de Moscou : c’est l’US Army flanquée de l’OTAN qui cerne le territoire russe des Etats baltes à l’Asie centrale et non pas l’armée russe qui campe au Canada, au Mexique ou à Cuba. De ce point de vue, J.-L. Mélenchon a eu raison de clamer, dans son discours de Marseille, qu’il faut combattre toute idée de guerre contre le peuple russe (auquel nous devons notre liberté puisque c’est à Stalingrad qu’a été brisée l’ « invincible Wehrmacht » en 1943). C’est pourquoi le PRCF a écrit aux forces progressistes pour leur proposer d’ « accueillir dignement » le super-faucon Trump le 11 novembre 2018. Et pour exiger, par la même occasion, que la France sorte de l’OTAN, cette machine à mondialiser les guerres étatsuniennes. En ce centenaire de 1918, la commémoration du 11 Novembre devrait servir à combattre les guerres impérialistes et non à en préparer de nouvelles, Monsieur Macron !
Pensons aussi à la détermination de Trump et de son bras armé latino-américain, l’OEA, visant à stranguler le Venezuela et le Nicaragua pour détruire l’ALBA et fondre ensuite sur Cuba et sur la Bolivie d’Evo Morales. Sans cesser de rappeler que seul le pouvoir des prolétaires et des paysans pourra balayer la réaction au Venezuela et ailleurs, le devoir des communistes et des progressistes est de démentir les média-mensonges capitalistes contre le Venezuela bolivarien et à se souvenir que l’impérialisme – y compris l’impérialisme « français » qui continue de sévir en Afrique tout en détruisant notre nation – est l’ennemi principal des peuples, de la paix mondiale et même de l’environnement, donc du vivant dans son ensemble.
C’est pourquoi le PRCF et les JRCF sont fiers d’avoir réuni quatorze partis progressistes et communistes au Meeting Jeunesse tenu sur le stand du Pôle. C’est pour les communistes français une tâche d’honneur et surtout, d’autodéfense antifasciste, que de faire massivement signer la pétition internationale dont le PRCF est co-initiateur, avec le CISC et les Amis d’E. Gierek, contre la tentative du pouvoir polonais fascisant d’interdire le PCP (KPP) et d’incarcérer ses jeunes dirigeants. Si nous ripostons ensemble en France et à l’international, si nous faisons le lien entre l’euro-criminalisation du communisme et la montée des forces fascisantes dans toute l’UE – non seulement nous aiderons efficacement nos camarades polonais, mais nous aiderons nous-mêmes à démasquer la monstrueuse dictature euro-atlantique qui « plante » ce décor fascisant sous l’égide de l’impérialisme allemand et de son mentor-rival étatsunien. Bref, l’internationalisme communiste ne relève pas seulement du « devoir de solidarité », il est une arme de contre-offensive dans nos pays eux-mêmes. En résumé, il s’agit moins de « défendre les communistes polonais » que de nous défendre nous-mêmes en les défendant et en dénonçant les crimes de l’ANTIcommunisme !
Initiative Communiste – Comment caractériser la situation sociale en l’an II de la Macronie ?
Georges Gastaud – Sans encore avoir pu stopper l’offensive euro-thatchérienne du pouvoir, les magnifiques luttes dures des cheminots et des étudiants, dont le relais a été pris cet été par les postiers et par les énergéticiens, ont porté un rude coup au super-arrogant Macron. Coup sur coup, l’affaire Benalla – qui a révélé l’existence de barbouzes au cœur de l’Elysée ! -, puis la démission de Hulot (cet oligarque caractérisé vient enfin de « découvrir » que l’écologie est incompatible avec l’Europe néolibérale !) ont accéléré l’usure incroyablement rapide de ce pouvoir dont la base sociale est des plus étriquées (24 % des voix pour MAcron au premier tour de la présidentielle, 56 % d’abstentions au second tour des législatives). A juste titre, ce pouvoir oligarchique qui casse la France, la République, les communes de France, le produire en France et les acquis sociaux (et qui projette même de déclasser le français en organisant l’enseignement en anglais dès l’école primaire !), est d’ores et déjà vomi par les classes populaires. Et le plus dur est devant nous puisque E. Philippe veut maintenant araser les retraites par répartition, privatiser les barrages hydroélectriques, réduire fortement le pouvoir d’achat des pensionnés, fliquer les privés d’emploi, supprimer des milliers d’emplois dans les collèges et lycées, briser le statut de la fonction publique, aggraver encore et encore le malaise des services publics, notamment à l’Hôpital… En réalité, Macron poursuit un seul objectif, pour lequel il a reçu un « contrat de chantier » de l’UE, du MEDEF et de la droite française qui le soutient à tous coups contre les grèves : cet objectif est d’exécuter à marche forcée la feuille de route de l’UE qui consiste à « abaisser le coût du travail » et de tous les revenus afférents (protection sociale, indemnités chômages, crédits du logement social…) tout en majorant les profits et le budget de l’OTAN. Si l’on ajoute à cela les propos carrément antifrançais (ah ces Français « jaloux », « fainéants », « réfractaires au changement »…) du Marie-Antoinette masculin qui préside la « République », on voit qu’une situation socialement explosive peut rapidement se dessiner dans notre pays. Mais pour que le mécontentement populaire débouche sur un changement progressiste, faut-il encore que les syndicalistes dénoncent la « construction européenne » qui orchestre les mauvais coups ; et que, de leur côté, les militants progressistes tournent enfin franchement le dos aux endormeurs patentés qui déclarent à tout propos, pour émousser les luttes, que « Macron est légitime ». Comme si un chef d’Etat pouvait avoir quelque légitimité que ce soit pour dépiauter son pays et pour opprimer les travailleurs et leurs familles, qui forment 80% de la population française ! Sans cette dénonciation de l’UE et de tous ceux qui la servent, pas de contre-offensive « tous ensemble en même temps » du monde du travail mais au contraire, la dissolution irréversible de notre pays dans l’acide de la « construction » euro-atlantique, la poursuite de la marche vers les guerres impérialistes, la fascisation des institutions, avec pour seul exutoire politique le rebond évitable du « rassemblement national » lepéniste. Et tout cela est urgent, car à quoi bon aurait-il servi d’avoir reconstitué nos outils politiques et syndicaux de lutte si, entretemps, la France de 1789 et du CNR a achevé de se dissoudre dans les eaux glaciales, fascisantes et bellicistes du « saut fédéral européen » en préparation ?
Initiative Communiste – Comment vois-tu la situation de la France et de l’UE à la veille des européennes ?
Georges Gastaud – En réalité les oligarques redoutent avant tout qu’à l’occasion des européennes, les classes populaires de France et d’ailleurs ne se détournent encore un peu plus de la « construction européenne » en s’abstenant massivement. En un mot, les privilégiés et tous leurs idiots utiles de la fausse gauche craignent comme le feu que le monde du travail ne « fasse sécession » comme le faisait jadis la plèbe romaine quand elle voulait paralyser la Rome patricienne !
Car l’euro-oligarchie ne peut se passer d’un semblant de consentement populaire et pour cela, elle a avant tout besoin que les travailleurs « mordent à l’hameçon » de ces drôles d’élections sans enjeu de pouvoir (que le futur parlement soit « bleu-rose-rouge pâle » comme aujourd’hui ou « bleu-brun-rose » comme demain peut-être, la politique de Bruxelles ne variera pas d’un iota : austérité salariale à perpétuité, démontage des derniers services publics, délocalisations et privatisations à tout-va, reculs sociaux sans fin, « travail détaché » dynamitant le droit du travail et asséchant les pays de l’Est, arrimage criminel au projet de guerre antirusse de l’OTAN, politique cynique à l’égard des migrants, tolérance envers les gouvernements fascisants, voire pro-nazis (Kiev, Vienne, Etats baltes…) ET persécutions anticommunistes, interdiction de la grève en Grèce, tout cela sera même aggravé après l’ « élection » puisque Merkel et Macron ont déjà programmé leur volonté de passer coûte que coûte au « fédéralisme européen » et au « saut fédéral européen » (= budget et gouvernement de la zone euro, défense européenne adossée à l’OTAN, démantèlement des Etats-nations au profit de l’euro-régionalisme réactionnaire, passage continental rapide au tout-anglais alors même que plus un seul pays de l’UE n’a déposé à Bruxelles l’anglais comme langue nationale officielle). C’est pourquoi la politique du PRCF est juste, logique, conséquente, en un mot, prolétarienne quand elle appelle à boycotter sans complexe cette élection en trompe-l’œil. Si la construction européenne est, comme le texte contraignant des traités y oblige, structurellement archi-patronale, atlantiste et despotique, alors il est absurde de légitimer cette construction supranationale en cautionnant le « parlement » européen dont la seule fonction est de donner, au prix de prébendes éhontées attribuées à des euro-députés-fantômes (lecteur, connais-tu seulement le nom de ton eurodéputé ? Et sais-tu combien il touche ?) un semblant de légitimité démocratique à la mise en place de l’Empire euro-atlantique du grand capital.
Au contraire la ligne juste, de classe et de masse, celle qui est déjà de fait majoritaire chez les ouvriers, chez les employés, chez les 18-25 ans et chez les petits paysans de France et d’ailleurs, est celle du boycott citoyen actif et militant des européennes. Un score-fleuve de l’abstention affaiblirait politiquement les deux listes annoncées en tête, LREM et RN, elle plomberait encore un peu plus le discours mensonger sur « l’Europe sociale » et tous ceux qui le tiennent en sachant très bien que l’UE a été conçue de A à Z pour forclore le socialisme en Europe ; par contrecoup, une euro-sécession de classe massive « armerait » la bataille du Frexit progressiste, internationaliste et antifasciste et tournerait notre classe ouvrière vers vers le combat de classe national et international. Bien entendu le rôle des militants franchement communistes que nous sommes est de donner un contenu conscient, une cohérence politique progressiste à ce boycott de classe et de masse, qui bien que parfaitement juste, reste encore largement instinctif, hélas, du fait que les partis établis censés défendre le monde ouvrier défendent avant tout les coquettes subventions qu’ils reçoivent de l’UE… Dans cet esprit offensif, disons clairement quel contenu de classe nous voulons donner au Frexit : un contenu de nationalisations démocratiques, de reconstitution planifiée du produire en France (industriel, mais aussi agricole et halieutique), de coopérations d’Etat à Etat entre tous les pays de tous les continents, de mise hors d’état de nuire des fascistes, racistes et autres fanatiques religieux ; un contenu de transition écologique et de désarmement équilibré, de décolonisation effective des pays de l’Est et du Sud, de démocratisation profonde des institutions en mettant au centre de l’affrontement de classes à venir la perspective politique du socialisme et du communisme.
Et surtout, résistons à l’idée fausse, lancée par Macron, et malheureusement fort peu combattue par la gauche établie ou en quête d’établissement, que le futur scrutin obligera à choisir entre les pseudo- « progressistes » maastrichtiens à la Macron/Merkel et les « nationalistes » euro-compatibles à la Orban/Salviani/Le Pen. Or, ces prétendus antagonistes sont en réalité des frères ennemis. En réalité, c’est le démontage euro-atlantique des nations, c’est l’euro-criminalisation permanente du communisme et du syndicalisme de masse qui secrète en permanence la montée des « nationalistes de droite », cet exutoire pseudo-populaire à l’euro-casse sociale et nationale. Et inversement, les euro-nationalistes à la Salviani, Le Pen/Wauquiez, Orban, Kaczynski, etc. sont les flancs-gardes de la construction européenne qui ne remettent nullement en question la Sainte-Trinité euro-UE-OTAN, leur seul but étant de taper encore plus fort sur les communistes, sur les syndicats, sur les étrangers, les pensionnés, les fonctionnaires, les chômeurs, les petits paysans, etc. Il s’agit moins du reste de chasser tous les immigrés, car le patronat – qui veut un max de concurrence (de préférence « libre et archi-faussée » !) sur le marché du travail – ne le tolèrerait pas ! – mais pour les écraser socialement, pour les opposer aux travailleurs autochtones, pour contourner la protection sociale, en un mot pour continuer de fasciser l’Etat et de diviser le prolétariat.
Face à ce broyeur politique que Macron et Le Pen s’emploient tous deux à conforter, le boycott militant des européennes n’est pas une fin en soi : c’est une arme puissante de conscientisation populaire pour rouvrir aux idées de rupture révolutionnaire, pour tirer les masses populaires des griffes de la bourgeoisie « nationaliste » (Wauquiez et surtout, Le Pen) et de la social-démocratie maastrichtienne (ou trotskiste, la différence ne porte que sur la couleur rose ou rougeâtre de l’emballage !). L’objectif pour nous est qu’émerge au plus tôt une France Franchement Insoumise (FFI !) à l’UE du capital, dans laquelle les classes populaires, aidées par la renaissance d’un vrai PC de combat et par la relance du syndicalisme rouge, joueraient le rôle principal ; alors que l’euro-constructivisme petit-bourgeois et que le national-lepénisme confinent tous deux les ouvriers dans un rôle de suiveurs passifs des pires régressions peinturlurées, tantôt de bleu étoilé, tantôt de tricolore. Oui l’avenir est à une nouvelle alliance, sous l’égide de notre classe sociale, celle des travailleurs salariés, du drapeau tricolore de l’indépendance nationale et du drapeau rouge ouvrier et paysan. Et il faut se battre sur deux fronts si l’on veut rompre la tenaille marino-macroniste et rouvrir à notre pays la seule voie de salut public qui puisse fédérer le peuple, tenir en respect les oligarques et recevoir le soutien massif des autres travailleurs européens : la voie de l’indépendance nationale, de la coopération internationale et, in fine, de la révolution socialiste-communiste !
Initiative Communiste – Comment apprécies-tu l’évolution récente de la situation dans la gauche politique française ?
Georges Gastaud – Lors des présidentielles 2017, le PRCF a eu la sagesse d’apporter à J.-L. M. un soutien critique mais constructif ; car l’enjeu objectivement posé par cette élection, en l’absence de toute offre politique claire du PCF (très à droite de JLM sur la plupart des sujets, c’est un comble !) était de préserver en France un espace politique progressiste indispensable aux luttes sociales alors que l’élection se présentait a priori comme un choix catastrophique entre Fillon, Macron et Le Pen. Nous sommes fiers d’avoir montré à cette occasion notre maturité politique et notre absence totale d’esprit boutiquier. Cela n’empêche pas que nous sommes inquiets de l’évolution récente de la France insoumise. Nombre d’observateurs ont d’ailleurs souligné que, à l’approche des européennes, J.-L. M. et sa garde rapprochée édulcoraient leur critique radicale de l’UE, qu’ils ne parlaient plus guère de désobéissance à l’UE, qu’ils mettaient la pédale douce sur le « plan B » (« l’UE, on la change ou on la quitte »), qu’ils désavouaient même publiquement une figure de proue de leur aile franchement euro-critique tandis qu’ils se rapprochaient de la prétendue aile gauche du PS, des Hamon, Morel, etc., sans parler des EELV. Déjà, lors de la « marée humaine » du 26 mai, la question européenne avait été éliminée de l’appel à manifester de manière à réintroduire dans le tour de table Hamon et les Verts. Dérive dommageable pour le peuple et pour la F.I. elle-même ; car si les forces progressistes veulent vaincre et gouverner, et plus encore si elles ne veulent pas subir très vite ensuite le sort de certains gouvernements latino-américains déstabilisés par l’oligarchie, il leur faut moins courtiser la petite-bourgeoisie indécrottablement euro-béate, que « remettre le monde du travail au centre de la vie nationale », comme y invitait déjà le programme du CNR. Ce qui, de nos jours, implique la plus grande clarté sur la question européenne (rappelons aux amnésiques que la classe ouvrière sait quand il faut voter et quand il faut s’abstenir : en mai 2005, elle est massivement allée aux urnes et près de 75% des ouvriers a glissé dans l’urne un bulletin NON !).
En ce qui concerne le PCF, sa direction est si discréditée que d’aucuns espèrent que P. Laurent sera évincé au congrès extraordinaire qui vient. Mais si l’on excepte le texte alternatif défendu par la section de Paris du 15ème, qui comporte certains éléments d’analyse justes*, les principaux textes en compétition ne sont malheureusement pas de nature à clarifier le débat alors que, dans ce genre de circonstances, la clarté idéologique est la meilleure arme des révolutionnaires. Le plus pénible dans cette préparation du congrès du PCF, c’est qu’au lieu d’aller ensemble à l’entrée des usines et des services publics, comme le propose le PRCF, au lieu d’y porter tous ensemble la ligne révolutionnaire des quatre sorties (euro, UE, OTAN, capitalisme), au lieu de défendre ensemble devant les OUVRIERS la perspective prolétarienne du socialisme-communisme, toutes les tendances internes du PCF refusent la main tendue des communistes organisés hors du PCF et s’enferment stérilement dans un tête-à-tête avec les tendances euro-mutantes « laurentines » ou « anti-laurentines » qui ont dénaturé le grand parti du Front populaire et de la Résistance. Or c’est en allant ensemble aux usines sur une ligne franchement communiste et radicalement euro-critique, c’est en privilégiant la classe et en unissant le combat social à la défense de l’indépendance nationale (comme savaient encore le faire Jacques Duclos ou le Georges Marchais d’avant la « mutation »…), que nous pourrions dynamiser la renaissance communiste, isoler non seulement la direction du PCF, mais les autres tendances droitières qui « tiennent » le groupe parlementaire et la section économique du PCF, et qui n’ont même pas le courage de rompre avec le Parti de la Gauche Européenne, cette caisse de résonnance de la social-eurocratie qui n’a pas un mot pour défendre le PC polonais persécuté ! Combien cette attitude de classe, préférant unir les communistes attachés à Lénine et à les tourner vers les travailleurs, serait plus efficace que l’attitude consistant à diaboliser Mélenchon comme s’il était l’ennemi principal du peuple (alors que le PCF officiel flirte avec bien pire que lui** !) ! Combien serait-il plus mobilisateur pour les communistes et pour les travailleurs que d’œuvrer, en toute indépendance par rapport à J.-L. M., à l’émergence d’une France Franchement Insoumise à l’UE : une FFI qui, tendant la main à tous les communistes, à tous les syndicalistes, à tous les patriotes progressistes, « insoumis » inclus, dans laquelle ce ne serait plus comme aujourd’hui la bourgeoisie bohème parisienne qui donnerait le la, mais le monde du travail dans toute sa diversité sociopolitique.
Car c’est toujours du côté de la classe elle-même qu’il faut se tourner quand le marasme politique s’épaissit. Or de ce point de vue, il y a bien des éléments d’espoir. Pendant longtemps, affrontant tout les appareils euro-mutés, le PRCF sur le plan politique et le FSC sur le plan syndical, étaient bien seuls à dénoncer les dérives européistes de la Confédé CGT, à stigmatiser la C.E.S. comme une courroie de transmission de l’U.E., à appeler les syndicats de classe à rallier la Fédération Syndicale Mondiale. Or désormais, à l’issue de mouvements de lutte durs mais perdants de 2016/2018, où la C.E.S. a torpillé les luttes et où l’incapacité des confédés à fédérer le tous ensemble était flagrante, de nombreux syndicats CGT s’expriment ensemble contre l’orientation euro-réformiste, se distancient publiquement de la C.E.S. et se rapprochent officiellement de la FSM. De même, nombre de syndicalistes rouges ne supportent plus le discours hypocrite par lequel les dirigeants confédéraux feignent d’opposer le champ politique au champ syndical alors qu’eux-mêmes ont presque tous appelé à voter Macron au second tour de la présidentielle en présentant ce personnage grossièrement despotique et liberticide comme un rempart au fascisme. Parce qu’ils sont tous des syndicalistes, parce qu’ils sont eux-mêmes des salariés et des retraités qui subissent durement les échecs syndicaux à répétition, les militants du PRCF ne sont pas neutres dans ce débat qui monte au sein du mouvement syndical. Et là encore, la question européenne est stratégique ; car tant que nos syndicats n’auront pas compris que la cohérence rouge/tricolore issue du CNR et des ministres communistes de 45 est globalement menacée par la contre-cohérence néolibérale et antinationale de l’UE, le socle politique et revendicatif indispensable pour fédérer offensivement les luttes fera gravement défaut. La perspective politique d’une sortie par la gauche du bloc euro-atlantique, l’idée d’un Front antifasciste, patriotique, populaire et écologiste (FR.A.P.P.E.), l’orientation assumée vers le socialisme-communisme, tout cela est indispensable à la classe travailleuse si elle veut reprendre l’initiative sociopolitique, aujourd’hui détenue par le grand patronat. Et comment y parvenir si, mimant les stériles « journées saute-mouton » perdantes des confédérations syndicales, des marxistes membres du PCF se contentent ad vitam aeternam de sauter sans fin d’un congrès à l’autre sans même que les forces marxisantes internes au PCF ne s’unissent entre elles, certains camarades se réclamant de Lénine préférant même s’allier à de francs théoriciens de la mutation ?
Alors que nous fêterons en 2020 le 100ème anniversaire du congrès fondateur du PCF, n’est-il pas temps de se poser pour du bon la question de la reconstruction du parti communiste de combat, dans les luttes d’abord, dans l’organisation commune ensuite, en unissant tous les communistes du dedans et du dehors dans l’action, en cessant de mégoter sur l’incontournable Frexit progressiste et en les séparant dans la vie des dirigeants mutants qui ont détruit le PCF alors que tant de militants et d’élus dévoués continuent imperturbablement d’abattre un gros boulot de terrain ? On ne peut aller nulle part, disait Lénine, si l’on craint d’aller au socialisme : mais on ne peut avancer d’un pouce si l’on se refuse a priori de méditer ce que fut, dans son essence le congrès de Tours de 1920 : la séparation des révolutionnaires d’avec les dirigeants et élus réformistes de la SFIO et, du même pas, la convergence politique et syndicaliste des militants marxistes de l’ex-SFIO, des militants communistes organisés à l’extérieur du parti socialiste d’alors et des éléments les plus radicaux du mouvement syndical de masse.
Initiative Communiste – Quelles sont les tâches immédiates des militants du PRCF ?
Georges Gastaud –
Après le grand succès de notre stand à la fête de l’Huma, le PRCF est à l’offensive avec son journal, Initiative communiste, son site d’actualité, ses dynamiques JRCF, la présence dans ses rangs de nombreux auteurs marxistes-léninistes, ses liens croissants avec le mouvement syndical. Un 4-pages destiné aux entreprises est en préparation. La pétition pour la défense des communistes polonais menacés par le pouvoir fascisant de Varsovie se couvre de signatures. Par ailleurs, encouragé par le succès du débat pluraliste organisé par nos camarades du Vaucluse sur la thématique européenne, le PRCF va organiser un Tour de France du Frexit progressiste sur le thème « le Frexit progressiste, d’accord ou pas, débattons-en sans tabou ». C’est indispensable pour faire tomber les préjugés et pour aider le mouvement populaire à reprendre l’offensive. Syndicalistes, insoumis, communistes de toutes obédiences, si vous voulez débattre fraternellement du Frexit progressiste, vous serez les bien venus.
Dans l’immédiat, le PRCF appelle à agir le 11 novembre pour défendre la paix contre Trump, l’OTAN et Macron, qui comptent détourner le sens du 11 novembre 2018 pour relancer la course aux armements ! Pour la paix, le progrès social, l’indépendance nationale, l’internationalisme prolétarien et communiste, en avant camarades !