C’est par une tribune publiée par l’hebdomadaire Marianne que Georges Gastaud et Fadi Kassem co-secrétaires nationaux du PRCF appellent à rallumer les lumières de la laïcité.
div class= »fb-post » data-href= »https://www.facebook.com/Marianne.magazine/posts/10164528907900445″ data-show-text= »true » data-width= » »>Tribune – "Exigeons l'autocritique des Sarkozy, Hollande et autre Macron, qui portent une lourde responsabilité dans l’affaiblissement de la laïcité par leurs politiques pyromanes."
Publiée par Marianne sur Lundi 7 décembre 2020
« Nous, PRCF, appelons à rallumer les lumières de la laïcité »
Georges Gastaud et Fadi Kassem, secrétaires nationaux du Pôle de renaissance communiste en France (PRCF), analysent la montée de l’obscurantisme, dont témoignent les derniers attentats. Pour eux, seul un nouveau projet émancipateur et communiste peut lutter contre.
Il est donc possible en France, en 2020, de décapiter en pleine rue un professeur « coupable » d’avoir expliqué et défendu, avec sa pédagogie propre et sur la base de documents officiels, la liberté d’expression. Comme il est possible en France, en 2020, d’égorger et de décapiter des prêtres dans une église à Nice ou dans une église de Normandie. L’heure n’est pas à ici à redire l’émotion et l’indignation. Comme eût dit Baruch Spinoza, cible par excellence de l’intolérance religieuse à son époque et premier penseur européen à avoir conçu une république laïque, « il ne faut pas rire, ni pleurer, ni haïr, mais comprendre ».
Défendons la laïcité
D’abord, comprendre que… comprendre ne signifie ni excuser ni relativiser (n’en déplaise à Valls). Le monstrueux islamisme fanatique et ses financeurs étrangers (notamment les pétromonarchies « amies de la France » qui ciblent notre pays depuis des décennies, sans oublier le régime de l’intégriste turc Erdogan, ce fleuron de l’OTAN) doivent être traqués et éradiqués à l’égal de tous les fanatismes contre lesquels s’est construite et reconstruite la France, de l’Édit de Nantes de 1598 au combat laïque qui conduisit en 1905 à séparer l’État de toute Église. Pas besoin de nouvelles lois liberticides, M. Macron, pour, sur-le-champ, faire implacablement respecter partout, de Strasbourg à Dijon et de l’école primaire à l’Université, le principe selon lequel « la République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte » : prenons tout simplement les lourdes et exemplaires sanctions qui s’imposent contre ceux qui, après explications s’il le faut, continueraient à s’asseoir sur ce principe constitutionnel et à menacer de mort les « mécréants » sur certains réseaux anti-sociaux criminels. « Exigeons l’autocritique des Sarkozy, Hollande et autre Macron, qui portent une lourde responsabilité dans l’affaiblissement de la laïcité par leurs politiques pyromanes »
Mais en même temps, et précisément pour que ce principe laïque soit pleinement audible de tous et que les défenseurs sincères de la laïcité ne puissent être amalgamés aux pseudo-laïques racistes qui, sous couvert de laïcité, pratiquent le « deux poids, deux mesures » en ciblant exclusivement les musulmans (derrière la guerre contre l’islamisme et la critique légitime de l’islam, comme de toute autre religion), exigeons plus fort que soit mis fin au subventionnement d’État des cultes catholique, protestant et juif en Alsace-Moselle, ainsi qu’à Mayotte en lieu et place du décret Mandel de 1939.
Exigeons l’autocritique des Sarkozy, Hollande et autre Macron, qui portent une lourde responsabilité dans l’affaiblissement de la laïcité par leurs politiques pyromanes en allant régulièrement au Vatican recevoir du Pape les insignes de « chanoine du Latran ». Exigeons l’autocritique de Macron qui, discourant ès qualités devant le Synode des évêques, leur a promis de « réparer le lien abîmé entre l’État et l’Église » (c’est-à-dire le combat laïque et anticlérical stricto sensu qui mena à la loi de 1905 !). Serait également hautement opportune l’autocritique des militants politiques qui ont frayé voire explicitement soutenu des individus ou des associations qui véhiculent l’idéologie islamiste, confondant ainsi allègrement le combat légitime contre les discriminations et les violences dont sont victimes des citoyens français et des étrangers de confession musulmane, avec la caution inacceptable et antirépublicaine d’islamistes purs et durs – une certaine forme de haine antipatriotique ayant bien préparé le terrain sur ce sujet.
Exigeons également que l’État et ses médias cessent d’alimenter l’amalgame entre antisémitisme et soutien laïque désintéressé au peuple palestinien brutalement colonisé (Netanyahou emploie lui-même le mot de « colonies » pour parler de l’occupation illégale de terres arabes). Quand, soutenu sur ce point par les communistes français, Chirac et de Villepin critiquaient l’annexionnisme israélien, condamnaient l’invasion atlantiste de l’Irak, défendaient le multilatéralisme onusien et ne passaient pas leur temps à déstabiliser la Libye ou à encourager de faux « combattants de la liberté » en Afghanistan et en Syrie ; quand la politique étrangère française n’était pas encore dictée par l’OTAN mais s’inscrivait peu ou prou dans une tradition d’indépendance et de souveraineté nationales ; quand la diplomatie de notre pays n’était pas caractérisée par l’obsession antisoviétique, sinophobe, cubanophobe et russophobe des gouvernants atlantico-maastrichtiens successifs, la France était respectée au Proche-Orient et pour l’essentiel, notre sol échappait aux attentats. C’est bien moins le cas depuis que n’importe quel enragé est accueilli à bras ouverts chez nous pourvu qu’il laisse entendre qu’il combat la Chine populaire, qu’il hait la Révolution cubaine ou qu’il voue aux gémonies la Russie postsoviétique… Rappelons que le premier attentat ayant frappé la France dans les années 2010 fut celui perpétré par Mohamed Merah en mars 2012, quelques mois après l’invasion illégale et désastreuse de la Libye par Sarkozy – l’homme qui estimait que l’Arabie saoudite pratique un « islam modéré » et qui, aux mépris de la loi française, déclarait à Riyad honorer « Dieu transcendant présent dans le cœur de chaque homme » ! Cet attentat de Merah eut déjà lieu dans une école…
Cela n’excuse en rien et n’excusera jamais les égorgeurs fanatiques, mais ce type de comportement anti-laïque n’en fait pas moins des complices objectifs de ceux qui, chez nous, ont mené une campagne fanatique pour la sécession de la Tchétchénie, pour la déstabilisation irresponsable de la Libye et pour la transformation de la Syrie en « nouvelle frontière » de l’islamisme fanatique travesti en « rébellion démocratique ».
« De l’anticommunisme aux « nouveaux philosophes »
Cependant, le fond des choses n’est pas là : en effet, les ténèbres regagnent du terrain en France depuis le milieu des années 1970. Ce pays capitaliste, mais encore partiellement progressiste qu’était la France issue de 1789, du Front populaire, du CNR et de mai 1968, ne cesse de régresser sur tous les plans : démocratique, social, industriel, culturel même (la langue française cède tous les jours du terrain chez nous face à la pression du business-Globish). Si, chez nous, le « bloc contre bloc » entre national-racisme porté par le prétendu « Rassemblement national » et ses satellites, l’islamisme et l’euro-mondialisme néolibéral macronien est en train de disloquer une nation multiséculaire, c’est avant tout pour de graves raisons de classe et de caste. Craignant plus que tout son propre peuple frondeur (lequel avait encore donné sa mesure en mai 1968 en menant la plus grande grève ouvrière de l’histoire mondiale), notre grande bourgeoisie a tout fait depuis des décennies, sous le nom de « construction » européenne, pour détruire le « produire en France », c’est-à-dire les conditions d’existence de la classe ouvrière et de la petite paysannerie qui, toutes deux, votaient rouge et refusaient de plier l’échine. Les « bons Français » de l’oligarchie n’ont pas hésité non plus, traités européens néolibéraux, délocalisations, fusions capitalistes continentales et euro-privatisations à l’appui, pour se subordonner économiquement à l’Allemagne capitaliste où le P.C. d’Allemagne (KPD) était interdit depuis les années 1950 et où la social-démocratie encadrait la classe ouvrière via les syndicats de collaboration de classes. « Tout cela aux dépens du travailleur immigré honnête, musulman ou pas, fuyant la misère de l’ordre néocolonial maintenu en Afrique et au Proche-Orient »
« Notre » oligarchie a tout fait aussi, avec le relais permanent de Giscard, puis de Mitterrand et d’une bonne partie de l’extrême gauche soviétophobe et anticommuniste, pour frapper sans relâche, discréditer, et finalement désorienter, ses ennemis principaux qu’étaient le PCF issu de la Résistance et la CGT de combat de Georges Séguy et d’Henri Krasucki. Les grands médias d’État ont tout fait aussi, particulièrement sous Mitterrand, pour applaudir comme de grandes « novations » les délestages idéologiques que l’état-major dérivant du PCF a fini par consentir, sous le nom de « mutation », pour fuir la lutte des idées et s’arrimer à la bouée de plomb du PS pro-Maastricht. « Nouveaux philosophes » et « nouveaux historiens à l’appui », les médias de la pensée unique (dite, par antiphrase, « antitotalitaire »…) ont tout fait aussi pour présenter comme un « empire du mal » cette Russie soviétique dont de Gaulle confessait pourtant loyalement en 1944, lors de sa visite d’État à Moscou, qu’elle avait « joué le rôle principal dans notre libération ».
Dans tout l’Occident « libéral » des années quatre-vingt à nos jours, le slogan fanatique « lieber tot, als rot » (plutôt morts que rouges !) que déployait la réaction allemande lors de la crise des euromissiles (1983), a donné le ton : dès lors, tout slavophile patriarcal, tout nostalgique du Tibet féodal, tout anticastriste poseur de bombes, tout taliban coupeur de mains féminines aux ongles trop rouges, est subitement devenu un « combattant de la liberté » (avec le soutien des « défenseurs de la liberté » comme Bernard Henri-Lévy, qui s’était enturbanné aux côtés des moudjahidines dans les années 1980 pour combattre l’Union soviétique !) ayant table ouverte et droit d’asile chez nous: quelle honte pour le pays des Lumières, de la Révolution française et de la Commune de Paris ! Tout cela aux dépens du travailleur immigré honnête, musulman ou pas, fuyant la misère de l’ordre néocolonial maintenu en Afrique et au Proche-Orient.
Acharnement contre l’école et contre ses personnels
Enfin, comment ne pas souligner la responsabilité des gouvernements maastrichtiens successifs qui démantèlent de manière continue une Éducation de moins en moins « nationale » ! Car l’attentat abject contre un professeur d’histoire-géographie-enseignement moral et civique (l’objet de l’offensive islamiste était un cours d’EMC) s’inscrit dans un contexte de dégradation, de dévalorisation et de destruction permanente de l’instruction en France, dont sont victimes au quotidien les enseignants du primaire et du secondaire – et qu’illustra dramatiquement le suicide de la directrice d’école de Pantin, Christine Renon, en septembre 2019. En effet,
* quand on pourchasse et réprime les professeurs qui s’opposent à la contre-« réforme » Blanquer créant un « baccalauréat européen » (signifiant, de facto, la mort d’un baccalauréat national certes très perfectible mais qui constituait un diplôme national) et à l’ensemble des contre-« réformes » des précédents euro-gouvernements ;
* quand on stigmatise en permanence les professeurs qualifiés d’ »absentéistes », de « fainéants » à qui on ne va pas demander de « cueillir des fraises » (dixit Sibeth N’Diaye), etc. ;
* quand des chefs d’établissement ne sanctionnent pas les comportements provocateurs quotidiens inacceptables de la part d’élèves et cèdent aux injonctions de parents d’élèves hostiles aux enseignants ;
* quand on gèle le point d’indice des fonctionnaires depuis 2010 et qu’on instaure un jour de carence non compensé financièrement lorsqu’un enseignant est malade (moralité : autant aller en classe, ne pas faire cours et contaminer les élèves pour être payé !) ; quand on valorise des pseudos « compétences » et « projets » et qu’on impose aux enseignants de compléter un nombre infini de cases (ce qui constitue une part croissante du travail jamais pris en compte par les contempteurs des « profs fainéants ») au détriment de la raison d’être du métier, à savoir l’instruction et la transmission de connaissances au service d’une réflexion critique et émancipatrice par rapport à toutes les formes d’asservissement (capitalisme inclus) ;
* quand on déstructure la langue française que maîtrisent de moins en moins d’enfants et d’adultes (l’illettrisme progresse grandement, y compris parmi les couches supérieures de notre pays) ;
* quand on agit pour satisfaire les desiderata de l’UE et du MEDEF qui poussent à fabriquer « des crétins digitaux », « employables » et « compétents », happés par le « capitalisme de la séduction » et le consumérisme hédoniste, et non des citoyens critiques et éclairés ;
alors oui, on crée les conditions pour permettre à un projet politique totalitaire, l’islamisme, de se répandre progressivement au sein des « cerveaux »enfumés d’enfants et d’adultes.
Le communisme contre tous les fascismes
Ajoutons que dans certains manuels scolaires, l’amalgame dit « antitotalitaire » entre le Troisième Reich exterminateur et l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques, son principal vainqueur militaire, est devenu « la » vérité, avec un risque idéologique énorme : celui de criminaliser les Révolutions, à la fois la révolution rouge d’Octobre 1917 et la révolution « bleue » (pardon : « jacobine », autre gros mot !) de 1793, associée à Robespierre et aux Sans-Culottes. Et surtout, avec le risque assumé de banaliser et de réhabiliter objectivement les fascismes (scandaleusement égalés aux communistes), voire de présenter les Lumières (particulièrement Rousseau) comme la source profonde du « totalitarisme ».
Désorientation générale dont l’aboutissement présent est que les habitants déboussolés de notre pays de plus en plus implosif n’ont plus guère que le choix, faute d’un digne parti communiste mariant le drapeau rouge au drapeau tricolore, associant la laïcité à l’antiracisme et joignant la fierté nationale légitime à l’internationalisme fraternel, qu’entre une « construction » macro-européenne synonyme de casse sociale, nationale, culturelle et industrielle sans mesure, et les frères ennemis de l’islamisme radical et du pseudo-patriotisme lepéniste. Étrange « choix » que celui qui nous est proposé entre l’euro-dissolution néolibérale de la France dans l’acide de l’UE atlantique (Macron) et une nouvelle Saint Barthélémy programmée ! « Le PRCF invite aussi les militants ouvriers et enseignants à relancer le syndicalisme de classe »
C’est pourquoi le Pôle de Renaissance Communiste en France (PRCF), qui cultive ici et maintenant le grand héritage du PCF rouge et tricolore de 1936 et 1945, appelle les communistes à reconstruire à temps un parti communiste digne de ce nom. Le PRCF invite aussi les militants ouvriers et enseignants à relancer le syndicalisme de classe ; le PRCF propose aussi à tous les patriotes antifascistes d’édifier une large Convergence Nationale des Résistances militant pour un Frexit progressiste; c’est indispensable pour nationaliser les secteurs clés de notre économie, promouvoir une nouvelle République une et indivisible, sociale et laïque, indépendante et démocratique, fraternelle et pacifique, pour coopérer avec tous les peuples et avec tous les continents du monde. Et bien entendu, pour promouvoir de nouvelles lumières, des Lumières communes et plurielles à la fois, car portées par 70 millions de citoyens luttant pour l’émancipation sociale.