Réflexions du secrétariat national du PRCF à l’adresse des militants communistes de France – 9 juin 2016
Le PCF totalement isolé sur la scène européenne poursuit sa dérive et sa liquidation social démocrate au coté du PS
Même si le score réalisé par l’opposition de gauche – principalement par nos camarades de Faire vivre et développer le PCF – sur la « base commune »– est fort honorable (lire ici l’analyse des résultats), le congrès du PCF-PGE marque un nouveau glissement social-démocrate, voire social-libéral par certains aspects. En particulier, l’attitude totalement fermée sur l’UE de P. Laurent, président du Parti de la Gauche Européenne, son insistance à soutenir en sous-main aux présidentielles le PS et la « gauche » établie à travers tel ou tel « frondeur » (Montebourg ?), voire à travers l’inconsistant N. Hulot ( !!!), ne manqueront pas d’attiser jusqu’à l’explosion la crise pluri-décennale d’un PCF-PGE de plus en plus décommunisé (de la « mutation » à la « métamorphose »…), dont la direction est à l’arrière-garde du combat de classe en cours, un parti dont l’orientation euro-réformiste, socialo-dépendante et « boboïsante » paralyse le mouvement populaire avec son acceptation de principe de l’état d’urgence ou sa proposition social-maastrichtienne d’une impossible et mensongère « réorientation progressiste de l’euro et de la construction européenne ».
Qui plus est le PCF-PGE est de plus en plus isolé en Europe : le PC allemand (DKP) vient de quitter le PGE, le PC portugais milite pour une « gauche patriotique et populaire » en rupture d’UE et le PC d’Espagne, pourtant initiateur avec le PC italien de Berlinguer du suicidaire « eurocommunisme » (de plus en plus d’ « euro » et de moins en moins de… communisme !) vient lui aussi d’appeler l’Espagne à sortir du broyeur européen.
Contre la dictature de l’UE du Capital, front populaire tous ensemble
Non seulement les effectifs du PCF-PGE dégringolent de congrès en congrès (alors que le regain de combativité populaire devrait se traduire en avancées spectaculaires pour un vrai PCF et pour sa presse), non seulement les ultimes bastions du PCF sont partout menacés par la poussée connexe de l’abstention ouvrière et du vote populaire en faveur du FN (résultat dangereux mais hélas prévisible du reniement par le PCF-PGE des positions de classe, de l’ancrage en entreprise, du marxisme-léninisme et de la critique radicale de l’UE), mais la direction du PCF-PGE, très largement dépendante du PS et de l’UE pour son financement, fait tout pour rabattre les communistes vers les « primaires de la gauche » à l’américaine avec l’illusion qu’à l’arrivée, ce marchepied présidentiel pour PS en faillite, permettrait le sauvetage du groupe parlementaire du PCF aux législatives. On ne pouvait davantage diviser le PCF ni mépriser davantage le mouvement ouvrier de classe en plein bras de fer avec Valls-MEDEF sur l’euro-diktat travesti en « Loi El Khomri »…
Alors que le manque d’un vrai PC de combat, avant-garde de la classe ouvrière (force dirigeante du sursaut populaire actuel) se fait cruellement sentir, alors que le PC-PGE englué dans le mot d’ordre social-maastrichtien d’« Europe sociale » ne fait rien pour développer les convergences entre les travailleurs salariés et les autres composantes populaires (paysans, artisans chercheurs…) victimes de l’UE du capital et de son Parti Maastrichtien Unique (LR, PS, Europe-Ecologie, UDI) -, alors que de plus en plus apparaissent comme interdépendants l’engagement pour la renaissance du PARTI COMMUNISTE, la résistance populaire à l’euro-désintégration (économique, sociale, linguistique et culturelle, territoriale, institutionnelle…) de la nation et l’action pour un Front Antifasciste, Patriotique, Populaire et Ecologique (FR.APPE !), alors que plus que jamais il faut unir le drapeau tricolore au drapeau rouge frappé des outils pour briser la tenaille fascisante du PMU et du Rassemblement Bleu Marine, il est urgent que les militants franchement communistes attrapent se posent ouvertement la question : sans reporter à toujours plus tard l’impossible « remise sur les rails du communisme » de l’appareil euro- et socialo-dépendant du PCF-PGE, comment est-il possible de travailler effectivement à la renaissance du véritable PC de France dont les travailleurs ont besoin pour stopper l’euro-casse de la France, sortir de l’UE atlantique par la voie progressiste, briser l’extrême droite et l’ultra-droite thatchérienne des LR (la Loi des Riches !), promouvoir CONTRE l’U.E., l’Europe des luttes populaires, travailler à la reconstruction indispensable du Mouvement communiste international et du Front Anti-Impérialiste Mondial, rassembler le peuple autour de la classe ouvrière en mouvement, isoler le capital monopoliste et le CAC-40, engager dans les faits et non dans les mots l’offensive progressiste qui remettra à l’ordre du jour la question du pouvoir à qui travaille et de la révolution socialiste-communiste pour notre pays ?
Construire une alternative populaire et antifasciste vers la révolution communiste pour notre pays
Pour y parvenir, deux illusions symétriques sont à proscrire.
- Tout d’abord, il faut en finir avec la coûteuse illusion d’une reconquête de l’intérieur, au fil des congrès si ce n’est ad vitam aeternam, de l’appareil failli du PCF-PGE financièrement et institutionnellement ligoté à l’UE et au PS. Ceux qui, ignorant les leçons cuisantes des congrès successifs, continuent de prôner la « remise sur rails du PCF-PGE » alors même qu’ils sont évincés et humiliés par la direction. Cette illusion de plus en plus insoutenable paralyse et divise les militants franchement communistes en privilégiant la seule lutte interne – largement pipée et piégée !– , elle torpille l’unité d’action des communistes de l’intérieur et des communistes organisés à l’extérieur du PCF ; pour finir, elle protège la direction du PCF-PGE, trop heureuse d’affronter ses opposants marxistes en champ clos, à l’écart des luttes populaires et de la pression des milliers de communistes qui rejettent les usurpateurs de « Fabien » et qui ne reviendront à aucun prix dans le cadre étouffant des luttes d’appareil. Aux camarades qui luttent dans le Parti, nous disons plus que jamais, agissons de concert, aidons-nous mutuellement à gagner et à conserver des positions là où nous militons, mais que nul ne se leurre sur la finalité du combat : il s’agit bien de SEPARER organisationnellement, le jour venu, les révolutionnaires des euro-réformistes et non de reprendre tel quel, dans son ensemble, un appareil de plus en plus discrédité et intégré aux rouages du pouvoir.
- Il faut aussi en finir avec l’illusion symétrique qui consiste à croire qu’un groupe communiste « pur sucre » ou se croyant tel s’autoproclame magiquement « le » parti communiste en se moquant de l’avis des autres communistes, de la classe ouvrière et de l’ENSEMBLE du Mouvement communiste international resté fidèle au marxisme-léninisme. La pitoyable implosion en cours du prétendu « Parti Révolutionnaire Communiste » – qui, à une lettre près, celle qui désigne la France, n’a pas eu honte de tenter de pirater le sigle du PRCF – montre ce qui arrive quand un groupe de doctrinaires indifférent à l’union de combat des communistes et à tout engagement pratique contre l’UE décide, parce que cela flatte l’orgueil de quelques-uns, de « créer un parti révolutionnaire » hors sol. Mais un parti communiste digne de ce nom, c’est-à-dire une avant-garde marxiste-léniniste solidement organisée dans la classe ouvrière, ne se décrète pas en chambre. Il se construit en portant patiemment une politique permettant d’unir les communistes dans l’action, de fédérer les syndicalistes de classe, d’unir les patriotes antifascistes et les internationalistes, et il travaille à réunir les conditions réelles pour que les ouvriers les plus combatifs, les communistes les plus conscients et le Mouvement communiste international puissent objectivement déclarer un jour, preuves en mains : « là est vraiment l’avenir pour le PC de France renaissant ».
oui il y a urgence à ce que les communistes se rassemblent
L’un des acquis du congrès d’Aubervilliers, où la direction a été mise sous la double pression de ses opposants internes et de ses opposants du dehors, c’est que le fossé se creuse dans le PCF-PGE entre ceux qui veulent sortir de l’UE atlantique par la voie révolutionnaire et ceux qui prône l’introuvable « réorientation progressiste de la construction européenne », ce mythe social-impérialiste qui méconnaît la nature de classe de l’UE. Etant donné la crise grandissante de l’UE et son rejet déjà quasi-majoritaire dans notre peuple et dans la majorité des peuples d’Europe, la fracture européenne déchirera de plus en plus le PCF-PGE, jusqu’à provoquer son explosion. Pour rester fidèle à l’UE qui le subventionne, le PCF-PGE sera tôt ou tard forcé de larguer ses dernières références – purement formelles il est vrai – au communisme. Cette échéance se rapproche à grand pas et chaque militant marxiste du PCF-PGE et des combatives JC doit dès aujourd’hui se demander ce qu’il fera personnellement quand la référence communiste sera larguée au profit d’un insignifiant « parti du bien commun », comme ont déjà été larguées au fil des décennies les références à la dictature du prolétariat (1976), au marxisme-léninisme et à l’internationalisme prolétarien (79), au centralisme démocratique, à la classe ouvrière, à Octobre 17, au socialisme et à la socialisation des moyens de production (93), au refus catégorique de l’UE de Maastricht (1996), à l’emblème ouvrier et paysan (2013)… Alors, camarades, « laissons les morts enterrer leurs morts » et préparons ensemble, par l’action commune et le débat, les travaux politiques et militants de la renaissance communiste qui URGE. Proclamons clairement que c’est dans les retrouvailles franchement communistes le moment venu – et l’intérêt des luttes est de tout faire pour rapprocher ce mouvement ! – que les communistes adhérents au PCF et ceux qui se sont organisés indépendamment de lui se réorganiseront tout en se séparant, à l’intérieur comme à l’extérieur du PCF, des éléments incurablement euro-réformistes et trotskisants. Cette clarification décisive qui, dans des formes encore imprévisibles, renouvellera le geste politique du congrès de Tours (du même mouvement unir les révolutionnaires, s’unir aux luttes ouvrières et divorcer des réformistes, c’est cela dans son principe « fonder un parti communiste »… ) donnera un second souffle à notre classe ouvrière et à notre jeunesse populaire dont tout montre qu’elles gardent au cœur les Sans Culottes, les Communards, le Front populaire, la Résistance antifasciste, Mai 68 et les luttes trahies de 2003, de 2010 et du 29 mai 2005.
Oui agir tous ensemble pour que les continuateurs communistes prennent la tête du FRECSIT progressiste
Pour cela il faut agir ensemble. Puisque la Fédération PCF du Pas-de-Calais se prononce désormais pour sortir de la France de l’UE, de l’euro, de l’OTAN et, bien entendu, du capitalisme, pourquoi ne pas lancer à partir du Nord de la France une grande manifestation populaire pour les quatre sorties, pour l’indépendance nationale, la coopération internationale, le progrès social, le « produire en France » industriel et agricole, l’augmentation des salaires et pensions, la réduction des inégalités sociales, contre Valls-MEDEF, la droite ultra et le FN, contre la fascisation, l’état d’urgence à perpétuité, le quadrillage médiatique et l’Etat policier, pour la paix, la coopération internationale avec tous les continents, contre toute forme d’ingérence et de guerre néocoloniale* ? Cela aiderait grandement le mouvement populaire, qui ne peut passer à l’offensive sans dénonciation frontale de l’UE, cela mettrait les communistes à la tête du mouvement pour un F.R.E.C.S.I.T. progressiste (France en Rupture avec l’Europe Supranationale Capitaliste à l’Initiative des Travailleurs), cela précipiterait la décantation des camps révolutionnaire et euro-réformiste dans le PC-PGE et à l’extérieur, cela aiderait les syndicats à rompre enfin avec la paralysante Confédération Européenne des Syndicats (pro-Maastricht). Rien n’interdirait en outre de tendre la main aux travailleurs anglais, belges, allemands tout en appelant les Goodyear d’Amiens et la Région parisienne à la rescousse. Déjà le 30 mai 2015, sur proposition du PRCF, les Assises du communisme s’étaient courageusement retrouvées devant le Palais-Bourbon pour célébrer le 10ème anniversaire du Non à l’euro-constitution tout en appelant la France à sortir de l’UE par la gauche et dans la direction du socialisme*.
Union, action des communistes
Camarades, grâce au travail inlassable de clarification idéologique que nous menons les uns et les autres – et chacun conviendra que, sans revendiquer de monopole, le PRCF a été largement pionnier depuis sa fondation en 2004 sur la stratégie innovante des quatre sorties – grâce surtout au mouvement ouvrier vaillamment à l’offensive en ce printemps 2016, nous pouvons entrevoir le « bout du tunnel » pour la renaissance du vrai parti communiste détruit par des décennies de révisionnisme, d’eurocommunisme, de soutien à la pérestroïka contre-révolutionnaire et de « mutation ». Débattons et surtout, agissons ensemble. Ne craignons plus d’unir, comme l’a toujours fait le grand PCF de Duclos, de Frachon et de Thorez (qu’attaquent sans relâche « Le Point », Kessler et Gattaz !), dans les luttes le drapeau de la Nation indépendante et celui de la fraternité prolétarienne internationale. Sur tous les plans, cessons d’accompagner, fût-ce à reculons, si nous ne voulons pas « y rester », et avec nous la nation et la classe ouvrière, si nous voulons enfin « nous en sortir », il faut SORTIR au grand air, sortir des appareils euro-dépendants, sortir la France du mouroir euro-atlantique, sortir le PMU et le FN, le chemin de l’indépendance nationale et celui de l’indépendance de classe des vrais communistes ne faisant qu’un avec la voie révolutionnaire retrouvée du socialisme pour notre pays et du communisme pour tous les hommes.
Léon Landini, Pierre Pranchère, Jean-Pierre Hemmen, Georges Gastaud, Annette Mateu-Casado, Jany Sanfelieu, Benoit Foucambert, Vincent Flament, Jo Hernandez, Antoine Manessis, Fadi Kassem, Gilliatt de Staërck, Bernard Parquet, auxquels se joignent Annie Lacroix-Riz et Aymeric Monville.
*A toutes fins utiles, signalons que mars 2017 coïncidera avec le 60ème anniversaire d’une date funeste que les communistes doivent « fêter » dignement, la signature du Traité de Rome.