Le PCF n’ira pas au gouvernement.
Cette décision peut apparaître comme un positionnement plus à gauche du PCF. Qu’en est-il en fait ?
La direction du PCF a confirmé qu’elle n’ira pas au gouvernement Ayrault lors de sa Conférence Nationale. Mais elle a également confirmé sa stratégie du Front de Gauche. Quel sens peut-on donner à ces événements ? Il semble que les résultats franchement mauvais du FG, la volonté hégémonique du PS, nettement affirmée par l’offensive victorieuse des candidats du PS contre des députés sortants du PCF, oblige ce dernier à tenter de créer un rapport de forces qui lui permette de survivre et de redevenir un partenaire reconnu du PS. Mais le PS a une stratégie, menée de concert avec la droite, depuis des années, pour aller vers le bipartisme, même flanqué d’ailes droite et gauche pour ratisser plus large.
Donc faire semblant d’accuser le système électoral, effectivement antidémocratique et injuste, n’explique pas la déculottée du FG et du PCF. C’est le même système électoral, antidémocratique et injuste, qui donnait des résultats très différents de ceux du 17 juin et moins catastrophiques pour le PCF. C’est bien l’effacement de l’étiquette « communiste », de la faucille et du marteau, la stratégie du FG qui expliquent (en partie) cette rude défaite. Or refuser d’appréhender les causes en ne s’en prenant qu’aux effets n’a jamais permis de régler un problème. Quand les électeurs ont le choix entre deux réformismes européistes, là encore ils choisissent l’original(PS) plutôt que la copie(FG) ; pour ceux qui votent car beaucoup se sont réfugiés dans l’abstention, puisqu’il n’y a pas de partis porteurs des revendications et du vécu populaires ; d’autres enfin, ont cédé aux sirènes démagogiques de l’extrême-droite qui tenait mensongèrement un discours anti-euro(mensongèrement car le FN veut une « sortie négociée de l’euro avec l’Allemagne »(sic !)….mais ce qu’entendent ces électeurs ce sont les discours anti UE de Madame Le Pen et sa clique.
Ne pas aller au gouvernement, tout en s’engageant à ne jamais voter de motion de censure contre lui et sans se prononcer clairement pour l’opposition populaire, c’est un équilibrisme inaudible pour les classes populaires et on sait où finissent ceux qui ont « le cul entre deux chaises » : par terre. Maintenir en même temps la stratégie du FG c’est-à-dire l’effacement dans un magma opportuniste (en fait)-gauchiste (parfois en paroles) du PCF certes muté mais qui continuait à faire résonner le mot communiste, c’est le plus court moyen de liquider un terme encore empreint de traces « de la matrice bolchevik » tant honnie par la direction du PCF
Ajoutons que dans les conditions actuelles, la vraie participation à une majorité parlementaire se décide au niveau supranational européen puisque c’est à Bruxelles et à Strasbourg que sont « cadrés » les transferts de souveraineté (qui vident la « France » de sa substance au profit des États-Unis d’Europe revendiqués par le MEDEF) et les politiques d’austérité visant à « sauver l’euro » en strangulant les peuples. Or à ce niveau, le Parti de la Gauche Européenne dont fait partie le PCF muté (Pierre Laurent est l’actuel président du PGE !) est totalement « mouillé » puisqu’il refuse d’appeler à sortir de l’euro et de l’UE dont le maintien implique les « transferts de souveraineté » et la politique d’austérité. Plus que jamais, se dire dans l’opposition et continuer à raconter avec Jean-Luc Mélenchon que « l’euro est notre monnaie » et que « l’Europe est à nous », c’est à terme accepter de disparaître dans le PS et de gonfler les voiles du FN en lui abandonnant le drapeau de l’indépendance nationale. CQFD !
En conclusion cette non-participation au gouvernement n’est qu’un soubresaut d’un appareil déliquescent pour tenter de survivre à l’approche de nouvelles échéances électorales, les Municipales, qui pourraient être fatales à sa survie.
Plus que jamais la seule politique crédible pour les vrais communistes est de se rassembler en Convergence d’Action Communiste indépendante de la direction du PCF-PGE et de construire un nouveau Conseil National de la Résistance ouvert à tous ceux qui veulent reconstituer les acquis de la Libération et, pour ce faire, sortir de l’Union européenne des financiers et des flibustiers.
AM 26 JUIN 2012