Citoyennes et citoyens, chers amis, chers camarades,
En l’espace de deux semaines se sont tenus les congrès de la CGT et du P« C »F-PGE, dont les choix opérés étaient attendus par les travailleurs et les forces désireuses d’en finir avec l’ordre capitaliste-impérialiste sous la domination de l’Axe UE-OTAN.
Congrès de la CGT : Martinez désavoué, des questions non réglées
S’agissant du congrès de la CGT, certains points positifs sont à souligner. En premier lieu, la défaite cuisante de Philippe Martinez et de celle qui était pressentie pour lui succéder, Marie Buisson, comme en témoigne le rejet du bilan catastrophique de la mandature Martinez en ouverture du congrès. Ainsi était d’emblée sanctionnée une direction sortante ayant prôné le « syndicalisme d’accompagnement » placé à la remorque de la CFDT et de Laurent Berger, qui préside également la jaune Confédération européenne des syndicats (CES). Une sanction d’autant plus logique que Philippe Martinez était allé jusqu’à signer un texte commun avec la CFDT et le MEDEF en mars 2020 – au moment où la pandémie de Covid poussait la Macronie à confiner le pays – « entendant affirmer le rôle essentiel du dialogue social », avant de signer un texte approuvant le « plan Macron-Merkel » de fin mai 2020 – texte que la CGT Energie de Paris avait vivement condamné. De la même manière, la ligne « Plus jamais ça ! », marquant la dérive croissante vers les enjeux sociétaux au détriment de la ligne de classe, a été désavouée tandis qu’Olivier Mateu, secrétaire de l’UD CGT des Bouches-du-Rhône, et Emmanuel Lépine, secrétaire de la Fédération nationale des Industries chimiques (FNIC), ont pu présenter leurs candidatures à la tête de la CGT. Enfin, l’entrée notamment de Sébastien Menesplier, secrétaire de la Fédération nationale des Mines et Energies (FNME), dans l’équipe dirigeante est une nouvelle intéressante.
Reste qu’au moment où le combat contre les retraites bat son plein et nécessite, comme le réclament de plus en plus de travailleurs et de syndicalistes de combat à la base de la CGT – à l’image de Samuel Meegens, secrétaire de l’UD CGT du Nord –, ainsi que de plus en plus de jeunes œuvrant à la reconnaissance du Syndicat des Etudiants, Lycéens et Apprentis (SELA), un certain nombre de questions majeures reste en suspens. A commencer par l’appartenance à la courroie de transmission de l’UE du Capital qu’est la CES, au détriment d’une adhésion à la Fédération syndicale mondiale à laquelle adhèrent de plus en plus d’Unions locales (à l’image de celle de Tourcoing) ou de Fédérations comme celle des cheminots de Versailles. Une FSM que, pourtant, la direction sortante a cherché à discréditer au cours du congrès. De la même manière se pose, plus que jamais, la question de la perspective politique accompagnant le combat syndical, ce qu’Henri Krasucki résumait en appelant à « marcher sur la jambe politique et sur la jambe syndicale ». Or, cette question est d’autant plus d’actualité que si le mouvement social de vaste ampleur contre la destruction des retraites, sous l’impulsion des secteurs les plus combatifs des travailleurs (électriciens-gaziers, raffineurs, cheminots, dockers, verriers, éboueurs, etc.), a clairement discrédité la Macronie, il se heurte à la détermination de cette dernière qui applique la feuille de route fixée et validée par le MEDEF et la Troïka – Banque centrale européenne, Commission européenne et FMI – de manière loyale et zélée. Faut-il rappeler que le gouvernement Castex avait fait valider la feuille de route euro-austéritaire de la Macronie par le FMI dès le printemps 2021, avant qu’Elisabeth Borne fasse approuver son plan de destruction des retraites par la Commission européenne à l’été 2022 – le plan ayant été jugé conforme aux « recommandations » de l’UE du Capital ? De ce point de vue, les débats sont loin d’être achevés au sein de la CGT et les prochaines attaques programmées contre le droit du Travail, les immigrés, l’assurance-chômage ou l’ensemble des services publics reposeront fatalement la question de la « double besogne », que la charte d’Amiens de 1906 évoque déjà en appelant à mener le combat « pour la disparition du salariat et du patronat ». Les absences d’Olivier Mateu et Emmanuel Lépine dans la nouvelle direction confédérale montrent d’ailleurs que la direction sortante a cherché à contrecarrer au maximum un changement de ligne affirmé.
39e congrès du P« C »F-PGE : la fuite en avant dans l’euro-mutation…
Si le congrès du CGT a permis d’obtenir des avancées toutefois incomplètes sur des questions de fond fondamentales, le congrès du P« C »F-PGE, lui, a confirmé la fuite en avant désormais irréversible vers l’euro-mutation aux relents réactionnaires. Dans ce qui s’apparentait à ce qu’Emmanuel Maurel, secrétaire de la Gauche républicaine et sociale (GRS) invité pour l’occasion, considère être une « communiste pride » (en globish, bien entendu), le congrès a approuvé à 83% le texte d’orientation porté par Fabien Roussel et dont la teneur centrale, derrière un « identitarisme communiste » qui a surtout débouché sur un déni et un dénigrement du passé communiste au cours de la première mandature Roussel, repose sur un anti-mélenchonisme primaire. Cela ne signifie nullement, contrairement à ce que pourraient affirmer des esprits simplistes et fort peu dialectiques, qu’il faille soutenir Jean-Luc Mélenchon dans l’absolu. Au contraire, le PRCF ne cesse de critiquer la dérive euro- et OTAN-compatible prônée par l’état-major de la « France insoumise » depuis les élections européennes de juin 2019, ce qui se traduit désormais par l’alliance électoraliste NUPES avec des partis faussement de « gauche » (Parti « socialiste » et EELV) – alliance que le P« C »F-PGE a accepté d’intégrer. Cette alliance, résultat de la théorie du « big bang de la gauche radicale » préconisée par Clémentine Autain au lendemain des européennes de 2019, regroupe donc des forces qui, depuis les mandatures Mitterrand, ont toujours capitulé devant les desiderata de l’UE du Capital, du gouvernement Mauroy à la mandature de Hollande en passant par la « gauche plurielle » qui déjà, entre 1997 et 2002, associait le PS, EELV, le PCF et d’autres forces ayant alors battu le record de privatisations et soutenu les bombardements états-unien à Belgrade malgré le refus de l’ONU. De ce de point de vue, il est tout à fait recevable de s’opposer à la ligne politique de la NUPES, au sein de laquelle les dissensions ne manquent pas.
Mais croire qu’un « nouveau Front populaire » émergera avec Fabien Roussel, tout comme que le P« C »F-PGE assurera une vraie renaissance communiste, relève de la gageure si ce n’est de l’imposture. Car ce 39e congrès au cours duquel n’apparaissent, pour la première fois de l’histoire du PCF, aucun texte alternatif de gauche dans le parti, a surtout tourné autour des passes d’armes entre Fabien Roussel, désireux que le « PCF is back » (toujours en globish), et l’état-major de la « « France insoumise. Et Stéphane Peu, signataire du texte alternatif à appelant à soutenir la NUPES sans nuance (donc à porter toujours plus le P« C »F-PGE vers la logique euro- et OTAN-compatible), de constater qu’« on n’est pas dans une salle de congrès mais dans une salle de spectacle, on est là pour applaudir et écouter. […] Le risque est de transformer le PCF en fan-club organisé autour d’une personne et tourné vers une élection, la présidentielle ». C’est en réalité déjà chose faite, Fabien Roussel ne cessant d’être acclamé pour permettre au P« C »F-PGE de continuer à… exister, et en particulier face à la « France insoumise ». Car depuis qu’il a été désigné secrétaire national du P « C »-PGE, Fabien Roussel est devenu un spécialiste des déclarations et jeux de mots chocs satisfaisant les titres de presse, personnalisant à outrance le combat politique (le « je » remplace toujours plus le « nous ») et amplifiant, sur le fond, la ligne euro-mutante tout en allant toujours plus loin dans des positions tendant vers la Réaction.
… et le sacre d’un bilan catastrophique pour le communisme
Car s’il y a bien une chose qui n’aura guère était abordée au cours de ce congrès, c’est bien la ligne politique globale, en particulier vis-à-vis de l’UE du Capital, de l’OTAN et du capitalisme mondialisé. Pire : l’immense majorité des délégués présents a validé toutes les déclarations et décisions, de l’hommage rendu à Soljenitsyne dès la première sortie publique de Roussel à celle de l’appel à une alliance avec Bernard Cazeneuve, le ministre de l’Intérieur du gouvernement Valls responsable de la mort de Rémi Fraisse et qui réprima sauvagement les manifestations contre la destruction du Code du travail au printemps 2016 – ainsi qu’avec Carole Delga, la présidente euro-girondoniste et anti-insoumise primaire de la région Occitanie. Tout comme ces délégués ne semblent pas émus des compliments adressés par Fabien Roussel à Gérald Darmanin qui « sait entendre la colère » et « est comme moi » ; Darmanin, qui matraque les mouvements sociaux, les immigrés et les forces progressistes tout en flirtant allègrement avec l’extrême droite lepéno-zemmouriste. La conclusion électoraliste s’impose : mieux vaut voter pour une députée prétendument « socialiste » en Ariège, comme la Macronie qui appelle à un soi-disant « barrage républicain » contre « l’extrême gauche » (y compris avec le RN) et affaiblir ainsi l’incohérente et euro-compatible NUPES pour espérer reconstituer… une « gauche plus rien » avec les dinosaures « socialistes » Cazeneuve et Delga.
Conclusion somme toute logique au regard du bilan catastrophique de Fabien Roussel à la tête du P« C »F-PGE entre 2018 et 2023. Ce constat s’appuie sur des faits objectifs, et non sur des anathèmes ou sur des accusations sans preuve :
- Déclarations reniant le passé communiste : hommage au liquidateur Gorbatchev et à l’anti-communiste Soljenitsyne ; mépris affiché pour les kolkhozes et le centralisme démocratique ; refus de considérer Staline comme un « camarade » (ainsi que Xi Jinping et Kim Jung-un) tout en affirmant que, vu certaines de ses déclarations, « Biden pourrait prendre sa carte au PCF » ;
- Positions tendant vers la Réaction : soutien à la manifestation factieuse des policiers organisée devant l’Assemblée nationale en mai 2021 par Alliance en présence du fasciste Zemmour pour « accuser la Justice ») ; feu vert aux préfets pour expulser les sans-papiers non régularisés ; « débat » avec Valérie Pécresse à la Fête de l’Huma 2021 ; louanges aux « grandes fortunes très intelligentes, qui ont créé, inventé » ; pitoyable mise en opposition de la « gauche du travail » et de la « gauche de la paresse » ; regret de l’annulation de la visite de Charles III en plein conflit des retraites.
- Ancrage définitif de la France dans l’ordre capitaliste UE-OTAN : soutien sans faille au régime pronazi de Kiev martyrisant le Donbass ouvrier depuis 2014 ; appel à un « débat parlementaire » pour savoir s’il faut faire la guerre contre la Russie (!) ; vote des députés P« C »F en faveur de l’infâme résolution du 30 novembre 2022 (avec « Renaissance », les « LR », le « PS » et « EELV ») pour l’envoi d’armes à l’Ukraine (et l’élargissement de l’OTAN à la Suède et à la Finlande et de l’UE à l’Ukraine), etc.
- Politique légaliste et euro-« social-démocrate » : NUPES ; appel à un « débat pacifié » dans le cadre de la Ve République avec la Macronie en plein affrontement de classes sur les retraites ; maintien du P« C »F au sein du Parti de la Gauche européenne (PGE) rallié à l’euro et la construction européenne et invisible dans les luttes. Le PGE, qui accueille encore Syriza malgré ses trahisons et capitulations néolibérales en Grèce sans que cela émeuve le P« C »F, a d’ailleurs eu les honneurs du congrès du P« C »F avec la présence de son président Walter Baier, ovationné après avoir déclaré que « les mouvements sociaux sont un tremplin pour une Europe sociale, écologique et féministe » (en somme, pas mieux que Mitterrand, Jospin ou Hollande !).
L’urgence du débouché politique pour les travailleurs en lutte : vrai Parti communiste et Alternative Rouge et Tricolore !
C’est pourquoi, face à l’euro-décrépitude du P« C »F-PGE qui vit pour survivre et non porter une réelle alternative patriotique et populaire dans le pays et face à l’urgence de proposer un débouché politique pour les travailleurs combattant les politiques des euro-gouvernements commanditées par le MEDEF, Bruxelles, Francfort, Berlin et Washington depuis plus de 40 ans (mars 1983 marquait d’ailleurs le 40e anniversaire du funeste « tournant de la rigueur » adopté par le gouvernement Mauroy, avec l’aval des ministres PCF de l’époque) alors que l’extrême droite lepéno-zemmourienne ne cesse d’être banalisé par les forces du Capital, nous, militants du Pôle de Renaissance communiste en France (PRCF), appelons à mener l’indispensable travail politique pour une rupture radicale avec l’ordre capitaliste sous la domination de l’Axe UE-OTAN. C’est d’autant plus vital que le capitalisme-impérialisme c’est, aujourd’hui :
- La marche à l’apocalypse nucléaire sous l’impulsion de l’Axe UE-OTAN du Donbass à la Péninsule coréenne en passant par Taiwan ;
- L’euro-fascisation sur fond de criminalisation continentale du marxisme-léninisme et de l’emblème ouvrier et paysan – ce qu’illustre la récente adoption par l’Assemblée nationale de la résolution affirmant que la famine des années 1930 en Ukraine serait un génocide perpétré par l’URSS de Staline ;
- L’euro-casse des services publics, des conquêtes sociales (jusqu’à la contre-« réforme » des retraites), des libertés démocratiques, du produire en France, de la République une et indivisible, de la souveraineté populaire, de l’indépendance nationale et même de la langue française sacrifiée au tout-anglais, dans la visée de l’« État fédéral européen » ;
- Le saccage croissant de la Terre au nom du tout-profit.
- En bref, le renvoi des travailleurs à l’esclavage, la fin de l’existence nationale de la France, la menace de mort universelle permanente pour l’humanité, voire pour le vivant.
Cette Alternative existe : elle se nomme Alternative Rouge et Tricolore et associe le drapeau tricolore de la Révolution française ET le drapeau rouge de l’Internationale prolétarienne, 1789-1793 et 1917, Robespierre et Lénine. Elle propose le Frexit progressiste, c’est-à-dire la sortie de l’euro, ce dispositif austéritaire continental, de l’UE, cette prison des peuples pilotée par Berlin et Washington, de l’OTAN, cette organisation dangereuse pour la paix mondiale qui pousse à la « guerre de haute intensité » nucléaire contre la Russie et la Chine, et du capitalisme exterministe qui détruit les deux sources de richesse que sont la Terre et les travailleurs et qui, comme l’affirmait Jaurès « porte la guerre comme la nuée porte l’orage ». Elle nécessite pour cela de reconstruire un VRAI parti communiste, fidèle aux enseignements de Marx, Engels et Lénine et qui constituera l’outil politique indispensable aux travailleurs qui luttent au quotidien, parallèlement à un syndicalisme de masse et de combat de classe que les bases les plus combatives de la CGT ont porté lors du congrès de Clermont.
Cette perspective, le PRCF la porte et continuera de la développer en tendant la main aux forces franchement communistes et insoumises, aux syndicalistes de combat, aux gilets jaunes, aux patriotes et républicains antifascistes, aux forces pacifiques éprises de paix, aux forces refusant l’obscurantisme fascisant et identitariste. En somme, une perspective ayant pour ambition de reconquérir la souveraineté populaire et l’indépendance nationale afin d’en finir avec l’ordre capitaliste-impérialiste sous la domination de l’Axe UE-OTAN. C’est SEULEMENT à ce prix qu’il sera possible de construire les « nouveaux Jours heureux » (nom du programme du PRCF depuis 2004 !) dont les travailleurs de France ont urgemment besoin.