Par Georges Gastaud, porte-parole du PRCF – 16. 10 . 2017
Concernant la forme de son entretien télévisé, Macron a envoyé un premier message… en écartant tous les journalistes du service public : avec les chaînes privées TF1 et LCI, on était dans l’entre-soi oligarchique parfait. Et noter ce détail ne signifie pas se leurrer une seconde sur l’ « esprit critique » d’une majorité des journalistes politiques de France-Télévision et de Radio-France…
Sur son vocabulaire politique, c’est un « persiste et signe » cinglant, bien dans le genre du personnage : car voyez-vous, Macron n’insulte pas les Français, il se contente de les traiter, selon les cas – et si possible en leur absence ou depuis l’étranger – de « fainéants », d’ « extrêmes », de « cyniques », d’ « irréformables », de gens « de rien », de « fouteurs de bordel », d’ « analphabètes alcooliques », et on en oublie… C’est ce qu’il appelle un « langage de vérité » qu’il a d’autant plus de « courage » à tenir que c’est lui qui est du bon côté des matraques de CRS ! Et puisqu’il est question de langue, faut-il s’étonner que les « journalistes » de TF1 (« The Voice », « The Voice Kids », « The Wall », etc.) n’aient pas posé une seule question sur la politique linguistique de ce président anglomane qui a supprimé le secrétariat d’Etat à la Francophonie et qui ne sait pas faire un discours sans le truffer d’anglicismes incompréhensibles : comble du mépris à la fois pour notre langue et pour « toutes celles et ceux » qui la parlent sur les cinq continents !
Hier Macron a encore élargi la « fracture verbale » en stigmatisant la « jalousie française envers ceux qui réussissent », cette « passion triste » propre à ce vieux pays moisi. Vieille antienne des réactionnaires de toute époque, et pour lesquels, stupidement,
- a) les riches sont « ceux qui réussissent » (combien d’héritiers et de rentiers parmi eux ? Et combien d’ouvriers, d’agriculteurs, d’artisans, d’ingénieurs, de professeurs, de chercheurs brillants dans leurs spécialités respectives, qui gagnent des clopinettes ?),
- b) les riches sont les « premiers de cordée » (c’est l’inverse qui est vrai : de tout temps, les privilégiés ont été PORTÉS comme des pachas par toute la société !), et
- c) la lutte des classes est l’affaire d’affreux ratés « jaloux », et non l’effet d’une exploitation féroce et de l’aspiration hautement légitime de chacun à l’égale dignité de tous les humains : Thiers et Guizot, ô modernité macronienne, ne disaient déjà rien d’autre !
Sur sa politique, le Thatcher élyséen est fier de foncer sans retenue sur la ligne de classe – et de casse généralisée ! – que lui ont fixée le MEDEF et l’Union européenne : baisse des APL, scandaleuse fiscalité de classe, ordonnances cassant le code du travail que vont bientôt compléter, si le mouvement social n’oppose rien d’autre que les sempiternelles « journées saute-moutons » chères aux états-majors syndicaux, la démolition de ce qui subsiste du système de retraite, des statuts, du bac national et des dispositifs d’indemnisation du chômage, de manière à donner toujours plus à ceux qui ont tout en retirant le pain de la bouche à ceux qui n’ont pas grand-chose. Même sur ses promesses social-libérales, le recul de Macron est patent : les salariés qui démissionnent ne toucheront le chômage tous les « cinq ou sept ans » que s’ils ont « un projet ». Qui validera ce dernier ? Le MEDEF ?
Annonce carrément fascisante : les étrangers « en situation irrégulière » (expression floue qui amalgame toutes sortes de situations) seront expulsés au moindre « délit ». Ah bon ! Il n’y a donc plus de juge en France et c’est le chef de l’État qui, indépendamment de tout jugement, déciderait EN VRAC (le principe de toute justice est qu’on juge des personnes !) qui peut ou pas vivre au « pays des droits de l’homme » : même Sarko n’était pas allé aussi loin. Bravo, soit dit en passant, à la gauche bobo qui a voté Macron pour « faire barrage à la fascisation »…
Piteusement, les « journalistes » présents n’auront pas trouvé le moyen d’interrompre le premier de la classe récitant ses fiches pour l’interroger sur sa politique européenne contraire à la souveraineté de la France et totalement alignée sur Berlin. Ni sur Trump, dont Macron a fait l’éloge sans la moindre prise de distance à l’encontre de la politique anti-écologique et grossièrement belliciste (Corée, Proche-Orient, Venezuela, etc.) de l’intouchable chef de file du « monde libre »… Vassal un jour, vassal toujours !
Macron aura-t-il ainsi pu ralentir l’effondrement spectaculaire de sa cote de popularité cinq mois seulement après son intronisation ? Non à en croire un sondage réalisé hier : 29% des sondés se disaient « convaincus », contre « 69% de « non convaincus ».
Face à cet arrogant Thatcher asservi à Gattaz, à Juncker et à Trump, à quand une manifestation nationale de combat à Paris, et pourquoi pas sur les Champs Elysées (comme l’a proposé Mélenchon) pour que ce président sourd au peuple entende enfin sa voix ? Une telle manif est indispensable si l’on veut vraiment construire la grève inter-pro reconductible avec blocage du profit capitaliste jusqu’au retrait des contre-réformes…
La cohérence Macron, c’est de casser à la fois le social, le produire en France (Alstom, STX, GM&S), les libertés (insertion de l’état d’urgence dans le droit ordinaire) et la souveraineté nationale. NOTRE cohérence de communistes, de patriotes progressistes et de syndicalistes, c’est au contraire de développer le « tous ensemble en même temps » sans crainte de proposer une République sociale, souveraine et fraternelle rompant avec l’UE/OTAN pour marcher vers le socialisme.
MACRON, Le « PETIT TELEGRAPHISTE » ET FIER DE L’ETRE, de FRAU MERKEL – Par Floréal, PRCF.
Il y avait déjà eu Louis XVI, trahissant son pays en guerre pour tenter de rejoindre les armées autrichiennes.
Il y avait eu Adolphe Thiers, le bien prénommé, implorant Bismarck, en pleine occupation prussienne, de libérer l’armée de Bazaine encerclée à Sedan, et promettant au chancelier allemand que les soldats libérés « ne seraient utilisés que contre Paris » (c’est-à-dire contre la Commune).
Il y a eu la grande bourgeoisie française des années 30 déclarant préférer « Hitler au Front populaire », puis pratiquant une collaboration éhontée avec le Reich pendant que « dans sa masse, la classe ouvrière restait fidèle à la France profanée » (dixit François Mauriac).
Comment ne pas faire le rapprochement avec les propos, répugnants de servilité, par lesquels Herr Macron vomit une fois de plus sur son pays à partir de l’étranger (il y stigmatise « la jalousie française »), et où il annonce carrément qu’il soumet ses discours à un chef d’État étranger avant de les prononcer en France.
Les travailleurs français étaient déjà traités par Macron de « fainéants », de « cyniques », d’« extrêmes », de gens « irréformables », de personnes « de rien », d’« analphabètes » (cela visait les habitants du bassin minier du Pas-de-Calais), de « fouteurs de bordel », etc. Les voilà maintenant traités de « jaloux », car bien entendu, la lutte pour l’égalité sociale est affaire de ressentiment à l’égard de brillants sujets qui réussissent, puisqu’ils ont de l’argent (la plupart du temps, hérité de papa et de grand-papa !).
Lamentable comportement indigne du chef d’un État indépendant.
Et dire que (presque) toute la bourgeoisie « française », la même qui, comme Macron, ne sait plus dire trois phrases sans les pourrir d’anglicismes, soutient ces propos humiliants et avilissants…
Les faux révolutionnaires qui abondent dans ce pays vont-ils encore mégoter sur l’expression « Europe allemande », qu’employait déjà Georges Marchais dans les années 70, et qui ne fait que DÉCRIRE SOBREMENT une réalité ?
Oui, il revient à la classe ouvrière de France, y compris aux travailleurs immigrés qui CONSTRUISENT notre pays alors que sa bourgeoisie capitaliste le DETRUIT, de rendre à notre pays sa dignité en sortant, par la voie progressiste et révolutionnaire, de cette dictatoriale Europe allemande. Et par la même occasion, de sortir du capitalisme qui humilie et détruit notre pays.
Dans l’unité de combat, faut-il le dire, avec les travailleurs allemands.
L’inimaginable interview d’un président de la République française à un magazine allemand par le Yeti Blog
Incroyable ! Cette dernière interview accordée par le président français Macron au magazine allemand Der Spiegel vous laisse sur le cul.
Extraits (je vous les mets en gros et en couleurs tant ce qu’ils contiennent est énorme et ahurissant) :
« Je me suis étroitement coordonné avec la chancelière et je lui ai parlé à la fin de la campagne et même le soir des élections [législatives allemandes du 24 septembre, ndlr]. Elle a même reçu une copie de mon discours avant que je le prononce. »
Puis, au journaliste allemand qui lui demande s’il a tenu compte des remarques de la chancelière allemande :
« J’ai pris en compte certaines choses […] Mais nous sommes d’accord sur l’essentiel : la chancelière partage les objectifs et les orientations que j’ai énoncés dans mon discours, et c’est important pour moi. […] Il était important pour moi d’éviter de déclencher des discussions en Allemagne qui auraient forcé la chancelière à se distancier de mon discours. »
Enfin, plus loin dans la même interview, pour enfoncer le clou de la servilité la plus crasse, et dans un média étranger qui plus est :
« Je ne cèderai pas au triste réflexe de la jalousie française. Parce que cette jalousie paralyse le pays. »
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