Pôle position, par Georges Gastaud et Fadi Kassem, secrétaires nationaux du PRCF
Depuis des années, le Pôle de Renaissance communiste en France (PRCF) ne cesse d’alerter sur la fascisation croissante frappant la France, l’Europe et le reste du monde – au point que même Benoît Hamon, dans un rare élan de lucidité politique, avait déclaré au lendemain de la victoire du fascisant Bolsonaro au Brésil : « L’ombre du fascisme s’étend partout dans le monde ». Et à commencer par la France où, sous couvert de « liberté d’expression » (« Libre parole » proclamait déjà le père de l’antisémitisme en France, Edouard Drumont), de « laïcité », d’« universalisme » et de défense des « Lumières » et de la « République », les forces de droite et d’extrême droite réactionnaire et fascisante se décomplexent de plus en plus dans leur expression politique. Dernier épisode en date : la « fiction » proposée par le torchon fascisant Valeurs actuelles, représentant la députée insoumise Danièle Obono en esclave qui « expérimente la responsabilité des Africains dans les horreurs de l’esclavage » ; ou comment pratiquer un ultra-révisionnisme « historique » en rendant les « Africains » (de fait, des chefs de guerre et d’empires avides) responsables de la traite transatlantique…
Cet épisode n’est malheureusement que l’une des nombreuses manifestations de cette fascisation décomplexée se drapant des oripeaux humanistes et révolutionnaires que les contre-révolutionnaires de tout poil ont toujours combattu – Lumières, bien commun, universalisme, etc., autant d’éléments malheureusement abandonnés par une partie de la « gauche » militant davantage pour le « droit à la différence » (théorisé par les néo-païens comme Alain de Benoist, ce « concept » a été accaparé par le prétendu « Rassemblement national » et se rapproche furieusement du « droit à la différenciation » macroniste…). Car les violences, injures et insultes à l’encontre des forces communistes, syndicales et progressistes se multiplient, dans une indifférence quasi généralisée, à commencer par celle des soi-disant contempteurs des « violences » et de l’« insécurité » : entendez-vous ces derniers condamner les ignobles tags fascistes ayant recouvert la permanence du PCF du Tarn ? Les entendez-vous dénoncer la formation de milices d’extrême droite à Lyon, nouvelle capitale du fascisme identitaire, patrouiller dans les rues et opérer des tabassages de rue ? Les entendez-vous s’émouvoir de la multiplication des procès à l’encontre des syndicalistes de combat, qui osent affronter un patronat tout autant décomplexé (rappelons que le patron du MEDEF, Geoffroy Roux de Bézieux, avait invité Marion Maréchal-Le Pen aux Universités d’été du MEDEF de 2019… avant de rétropédaler) et combattre les actionnaires rapaces accélérant la désindustrialisation et la soumission des travailleurs de France aux intérêts du capitalisme euro-atlantique ? Les entendez-vous s’émouvoir de la fascisation galopante touchant l’Europe de Berlin à Kiev, de Madrid à Stockholm, de Rome à Varsovie ?
Cette fascisation est d’autant plus galopante qu’elle est clairement cautionnée par la macronie, honteusement présentée comme un « barrage antifasciste » le 7 mai 2017 par nombre de personnes de « gauche » qui ne savent plus comment stopper la bête immonde qui s’avance. Cette macronie qui protège toutes les violences perpétrées par des « forces de l’ordre » envers des avocats, des pompiers, des syndicalistes de combat, des retraités, des étudiants et des lycéens, des gilets jaunes, des forces progressistes, etc. Cette macronie qui fait des appels du pied au RN afin de préparer un faux « duel » et vrai duo pour 2022, en jouant sur le clivage artificiellement fabriqué entre (réels) supranationalistes et mensongers « souverainistes » ou « patriotes » – quand on sait que le RN ne veut sortir ni de l’euro, ni de l’UE, ni du capitalisme, et propose par le biais de sa tête d’affiche que la Russie intègre l’OTAN ! Que l’on n’oublie pas le long entretien accordé par le Tartuffe Macron à… Valeurs actuelles, pour parler principalement d’immigration et d’identité… Que l’on n’oublie pas non plus le ralliement de membres de la liste LREM à celle de Louis Aliot pour le second tour des municipales à Perpignan en juin dernier. Dernier épisode en date : le 23 août 2020, la préfète de Corrèze a interdit la cérémonie commémorative en hommage aux victimes du nazisme et du pétainisme au lieu-dit Auchères de la commune de Rosiers d’Égletons… deux jours après que le mémorial a été vandalisé par des forces fascistes ; pourtant, sa majesté Jupiter n’a eu aucun mal à accorder une dérogation au Vendéen de Villiers pour organiser un spectacle de plusieurs milliers de personnes au Puy-du-Fou…
L’air fétide est puissamment entretenu par les éditocrates et les « journalistes » passant leur temps à évoquer les questions d’« identités », d’« insécurité », d’« immigration », sans jamais relier aux questions sociales, économiques, géopolitiques, etc., et sans jamais évoquer toutes les formes d’identités séparatistes (quid de Sens commun ? des séparatistes régionalistes ? du sécessionnisme de l’oligarchie capitaliste vivant dans son océan de richesses soustraites à la nation par le biais de la fallacieuse « optimisation fiscale » ?) et de violences – à commencer par « la violence des riches ». Le plus saugrenu étant que les Eric Zemmour, Eugénie Bastié, Charlotte d’Ornellas, Pascal Praud, William-Gilles Goldnadel, etc., ainsi que celles et ceux collant de plus en plus à leurs basques, disposent d’un temps d’antenne infiniment supérieur aux forces qu’ils combattent sans relâche… tout en indiquant être victimes de « censure ». Pourtant, si la censure existe, elle frappe avant tout les militants révolutionnaires de combat, à commencer par les militants du PRCF ; pendant ce temps, C-News songe à transformer Maréchal-Le Pen en chroniqueuse commentant « l’actualité » …
Cette peste brune à la croissance exponentielle profite en outre des turpitudes d’une partie de la « gauche », à commencer par le faux « Parti socialiste » et ses amis d’Europe « Écologie »-les Verts, absolument pas gênés d’approuver la honteuse résolution adoptée par le Parlement européen le 19 septembre 2019 assimilant le communisme au nazisme, l’UE étant également un vecteur majeur de la fascisation du continent. Elle se nourrit également des positions inacceptables des adeptes des « camps décoloniaux » ou des réunions excluant les « mâles blancs », du déboulonnage des statues de Colbert sans aucune approche historique critique plutôt que de s’indigner de la « débolchevisation » des noms de rues et de places par les maires réactionnaires et fascisants (à l’image du pécressiste Laurent Jeanne décidé à débaptiser la place Lénine à Champigny-sur-Marne) et de réclamer des statues pour des combattant(e)s révolutionnaires français et étrangers, ou encore de la profanation du monument aux morts et de la chapelle au sommet du col de l’Échelle érigés en hommage au bataillon résistant Berthier recouvert de messages « ACAB » et « Fuck France » (en globish, tant qu’on y est…). Les identitarismes de quelque nature qu’ils soient (religieux, ethniques, de genre, régionalistes… et de classe), portés par la droite racialiste et fascisante mais aussi une partie d’une « gauche » promouvant toujours plus les divisions communautaristes, non seulement détruisent la République une et indivisible, sociale et laïque, souveraine et démocratique, fraternelle et pacifique, mais de plus déroulent un véritable tapis brun à une extrême droite toujours plus décomplexée.
En ce sens, la responsabilité incombe de lutter contre les principales menaces en mesure de parvenir au pouvoir, à savoir de nouveau la macronie fascisante et le faux « Rassemblement national », ce dernier pouvant de surcroît compter sur les projets confusionnistes de rassemblement des « souverainistes/patriotes des deux rives », à l’image de l’antijacobin et anticommuniste maladif Michel Onfray qui, toute honte bue, n’hésite pas à baptiser sa revue « Front populaire » – crachant ainsi au visage à l’essence profonde du Front populaire de 1936, patriotique ET internationaliste, souverain ET antifasciste, républicain ET anticapitaliste. Et ce, sans sourciller le moins du monde devant les attaques abjectes dont sont objectivement victimes nombre de concitoyens et de travailleurs étrangers du fait de leur religion (surtout « les musulmans », comme si ceux-ci formaient une entité unique !) ou de leur couleur de peau – bien au contraire : Michel Onfray n’a-t-il pas affirmé au sujet d’Éric Zemmour que ce dernier est « un interlocuteur avec lequel ce qui faisait le génie français, je pense aux débats dans les salons littéraires d’avant 1789, est encore possible » ? On appréciera le niveau des (anti-)« Lumières » de salon…
Le combat contre toutes les formes de racismes, de discriminations et d’intolérances ne saurait s’accommoder de la moindre compromission avec tous les fauteurs de troubles identitaires. Mais il ne saurait encore moins être question de laisser se développer, par un silence assourdissant et coupable, la fascisation ultra-galopante touchant la France et minant toujours davantage le mouvement populaire et les combattants de classe.
Le PRCF agira plus que jamais contre ces forces semant la haine et le chaos, dans un sens franchement antifasciste, patriotique, populaire et anticapitaliste.