Le camarade Pierre-Alain Millet, responsable du réseau FVRPCF, a tenu récemment à répondre aux questions franches et fraternelles posées par le PRCF au sujet du texte « Manifeste pour le XXIe siècle » proposé pour le 38° congrès du PCF. Nous nous réjouissons de cette reprise de dialogue.
Il a tenu à résumer lui-même sa pensée :
« Autrement dit, nous pouvons résumer notre divergence autour d’une alternative. Chaissaigne ou Mélenchon ? Nous choisissons Chassaigne sans hésitation. » PAM
En précisant les enjeux, électoraux notamment :
« Au fond, on touche là une question centrale dans notre divergence avec le PRCF. Celui-ci considère que la question du parti communiste n’a plus rien à voir avec la question du PCF et que plus on le dénoncera, mieux on pourra reconstruire… Dans ce cas, que Mélenchon fasse tout pour affaiblir le PCF est tactiquement acceptable. On verra ce que dira le PRCF quand la FI s’attaquera en 2020 aux villes communistes, y compris (et peut-être même surtout…) celles dont les communistes ont refusé le PCF mutant… »
Nous ne voyons pas les choses ainsi.
Les bulletins de vote des présidentielles et des législatives 2017
En 2017, l’appel du PRCF à utiliser le bulletin de vote Mélenchon à l’élection présidentielle s’est accompagné constamment de critiques constructives et n’a jamais signifié un blanc-seing pour les élections à venir.
En l’absence de candidat franchement communiste mais aussi de candidat communiste « tout court », les communistes avec le PRCF ont pris leurs responsabilités devant l’euro-déferlante néo-libérale et fascisante qui menaçait et menace toujours notre pays.
En menant avec le PRCF une campagne autonome avec un programme communiste, sans ambiguïté certes sur le bulletin de vote à utiliser parmi les onze présents, mais en portant de façon systématique l’objectif de la renaissance communiste et la reconstitution d’un parti communiste sur des bases marxistes-léninistes.
Aux législatives 2017, le PRCF a soutenu, partout où c’était possible, les candidats PCF qui avaient accepté le dialogue et n’avaient pas mis sous le boisseau la question européenne et la souveraineté nationale. En atteste, entre autres exemples, le soutien du PRCF à Michelle Picard.
Le PRCF a fait aussi son devoir en temps voulu en invitant fraternellement le PG à soutenir partout les sortants PCF ainsi que les sortants PCF battus en 2012 par la vague rose. Il déplore certes que ce geste politique n’ait pas été fait, fût-ce unilatéralement, même si la direction du PCF porte une bonne part de responsabilité, par son confusionnisme politique (notamment par rapport au PS), dans la division qui s’est manifestée. M. Chassaigne a joué un rôle notoire dans ce processus.
En effet, fin 2016, pour porter une conception toute défensive de l’« identité » communiste, M. Chassaigne avait suggéré qu’il fallait sans doute ignorer le vote majoritaire des adhérents du PCF pour rallier Arnaud Montebourg si celui-ci parvenait à gagner la primaire, puis au lendemain de la désignation de Benoit Hamon par la primaire PS en février 2017, M. Chassaigne avait appelé à un retrait de Mélenchon pour se rallier à la candidature PS Hamon.
Et pour les luttes, on repassera : les cheminots se souviennent encore des propos du député Chassaigne, en juin 2014, où il disait, sur un ton rassurant : “Je pense qu’ils n’attendent qu’une chose les cheminots, c’est de pouvoir lever la main en disant on reprend le travail”, avant de valider la réforme ferroviaire transcrivant les directives européennes de libéralisation par son abstention.
Chassaigne ou Mélenchon ? l’alternative n’est pas là pour les communistes
Chassaigne ou Mélenchon ? L’alternative n’est pas là pour les communistes mais bien entre la reconstruction d’un vrai parti communiste fort et autonome ou celui de son effacement social-démocrate. Il n’est donc pas question ici de choisir entre Chassaigne ou Mélenchon ou celui d’avoir le droit ou non de critiquer et dénoncer les actions du PCF, mais bien de faire le vrai choix concret de la reconstruction et de l’organisation des communistes, avec la renaissance d’un parti communiste pour permettre à l’ensemble des travailleurs de retrouver la possibilité d’une action gagnante. Un choix qui peut s’exprimer immédiatement dans des actions communes au-delà des divergences stratégiques.
Car nous sommes certains que c’est par le rassemblement et l’organisation de tous les communistes, qu’ils soient dans ou hors du PCF, dans les luttes que nous défendrons au mieux sur le terrain électoral toutes les positions franchement communistes comme Vénissieux. C’est pourquoi, n’insultant ni le passé ni l’avenir, le PRCF ne cesse de renouveler, fraternellement, aux camarades du réseau Faire vivre et renforcer le PCF comme à tous les communistes, une proposition d’action unitaire en direction des travailleurs. Alors qu’à la rentrée Macron se prépare à casser la fonction publique et les statuts des fonctionnaires avec Action Publique 2022, alors qu’il va s’attaquer à nouveau aux retraites, à l’assurance chômage et à la Sécu pour complaire aux ordres de l’UE-MEDEF, l’urgence commande, au-delà des choix de congrès des uns et des autres, de se rassembler et d’agir ensemble.
Aymeric Monville (pour la commission unitaire du PRCF)