10 ans.
10 ans dans la lutte et la tempête.
Tellement pris par nos tâches militantes que, comme un amant trop occupé, nous avons failli oublier d’apporter un bouquet de fleurs à la belle.
Pourtant cet anniversaire, ces 10 ans de combat, nous pouvons en être fiers.
A peine fondée en 2004 notre petite mais vaillante organisation a été confrontée à la grande bataille du référendum de 2005 sur la pseudo constitution européenne où le premier, le PRCF, un temps accompagné par feue la Convergence communiste, proclamait son « Non à toute constitution européenne ! ». Les murs de nos villes se sont couverts de nos affiches, nous savions que de ce fait nous étions en train de jouer notre rôle d’avant-garde, c’est-à-dire de « marcher contre le courant » (Lénine). Nous savions aussi qu’avec les autres forces qui se sont engagées dans l’action, nous contribuions à sauver l’honneur du communisme de France car les chefs du PCF-PGE avaient abandonné, pour un plat de lentilles gouvernementales, à la fois la ligne de classe, notre histoire et leur dignité : le soir même du 29 mai, M.-G. Buffet appelait en effet Chirac à « renégocier la constitution européenne », c’est-à-dire à désamorcer l’impressionnante victoire populaire !!! La victoire du « Non » reste cependant un acquis, une victoire politique du peuple dont les européistes ont bien du mal à guérir, toute bafouée qu’elle fut par l’UMP et par le PS engagés ensemble dans cette forfaiture suprême : nier la souveraineté du peuple et de ce fait, se délégitimer radicalement aux yeux des vrais républicains.
C’est ce positionnement qui a amené le PRCF à boycotter les élections européennes dés 2009. Voilà ce que répondait Georges Gastaud, notre Secrétaire national, à une interpellation d’un camarade interrogatif sur cette tactique :
« Ta critique des positions abstentionnistes concernant les européennes me semble fausse.
En résumé tu amalgames le refus de cautionner cette élection supranationale au vieux slogan gauchiste “élections piège à cons”.
Mais
a) souviens-toi que le PCF était contre l’élection européenne au suffrage universel avant 1976 parce qu’elle viserait nécessairement, -et ce fut effectivement le cas-, à donner une façade démocratique à la construction d’un Etat supranational. Le PCF s’est rallié à cette élection au moment même où il prenait son virage catastrophique, précurseur de la “mutation”, vers “l’eurocommunisme”: au même moment il engageait sa rupture avec le marxisme-léninisme, notamment avec la conception marxiste de l’Etat. Et depuis, d’élection en élection, le PCF n’a bien entendu rien “infléchi du dedans” en Europe; en revanche l’Europe l’a, lui, infléchi du dedans jusqu’à lui faire répudier, avec le marxisme-léninisme et la lutte pour le socialisme, l’attachement traditionnel des communistes à l’indépendance nationale.
b) on ne peut pas faire comme si le VIOL du 29 mai n’avait pas eu lieu avec la parfaite complicité du parlement européen qui a validé le traité de Lisbonne. Voter comme si de rien n’était en juin, c’est accepter de valider ce viol.
c) il y a une différence majeure entre les élections nationales (y compris, jusqu’à un certain point, les régionales tant que nous n’avons pas des régions transfrontalières pour lesquelles je n’irai certainement pas voter) et l’élection européenne: c’est la validation du cadre supranational. Si tu votes, tu valides le cadre dans lequel tu votes. L’élection présidentielle est encore, jusqu’à preuve du contraire, nationale. Cela dit, la question de son boycott peut elle aussi se poser dans certaines conditions, souviens-toi du “bonnet blanc blanc bonnet” de Duclos.
d) en outre, notre peuple comme la majorité des autres peuples d’Europe a mieux compris les choses que ses politiciens: à chaque élection européenne il vote un peu moins encore que la fois précédente. L’enjeu, pour ceux qui comme nous veulent SORTIR la France de l’UE pour provoquer un affrontement de classes continental à l’initiative des peuples, est de transformer cette méfiance spontanée en REJET POLITIQUE CONSCIENT, en ACTE MILITANT et citoyen en le liant aux luttes sociales qui montent dans le pays. Cette politisation est possible. »
Cinq ans après et à la veille d’engager une nouvelle bataille pour le boycott des « européennes » comment ne pas être frappé par la lucidité de cette analyse, qui découlait en droite ligne du positionnement radicalement eurocritique du PCF à l’époque où Duclos, Thorez, etc. combattaient la « petite Europe atlantique » et où, de manière moins conséquente mais non moins ardente, Marchais et Krazucki prônaient le Non catégorique au Traité de Maastricht ?
Lorsque E. Todd, qui est loin d’être un communiste, déclare sur France2, face à Philippot du FN et des caciques hystériques de l’ UMPS, que le boycott des élections européennes est la seule solution, comment ne pas constater les progrès de nos positions parmi les progressistes qui s’interrogent honnêtement devant cette « assurance contre le socialisme »(Alain Madelin) qu’est l’U.E. ? Lorsque Frédéric Lordon avance des idées proches des nôtres dans un débat sur Médiapart , lorsque Aurélien Bernier défend avec talent des positions quasi-identiques aux nôtres quant à l’analyse de l’U.E. ou l’importance du Front patriotique antifasciste dans l’émission de Daniel Mermet sur France Inter « Là-bas si j’y suis », comment ne pas être frappé par l’évolution idéologique qui est ainsi révélée y compris chez l’animateur de l’émission, longtemps opposé à toute idée de patriotisme populaire ?
Oui camarades du P.R.C.F., oui ami du P.R.C.F. et vous aussi futurs amis et camarades, comment ne pas répéter, sans esprit de chapelle, ce que disait notre illustre camarade Henri Alleg : « si le PRCF n’existait pas il faudrait l’inventer » ?
Qui a pu durant ces dix ans mener les batailles contre la criminalisation de communisme avec le Comité Honecker initié par les fondateurs du PRCF et devenu plus tard le Comité internationaliste pour la solidarité de classe ? Qui est allé à Bruxelles manifester avec nos camarades venus de tous pays contre le projet Lindblad visant à amalgamer communisme et fascisme ? Le PRCF l’a fait, avec ses moyens modestes, mais sans jamais fléchir devant ce chemin d’honneur qu’est la défense, POUR L’AVENIR SOCIALISTE, des conquêtes socialistes passées et de la grande Révolution d’Octobre.
Comme il a organisé le 8 mai 2005 à Paris un grand meeting avec des héros de la Résistance , nos camarades Léon Landini, Pierre Pranchère, Arsène Tchakarian, Simone Nicollo-Vachon, avec notre Président d’honneur Georges Hage, alors Député et doyen de l’Assemblée nationale, avec Jean-Pierre Hemmen, fils de résistant fusillé par les nazis ou Henri Alleg, héros de la lutte anticolonialiste.
Qui a répondu aux appels de partis frères, à l’internationalisme prolétarien ? Le PRCF : en faisant signer des milliers de nos compatriotes pour protester contre la menace de dissolution et la violente répression de la Jeunesse Communiste Tchèque en 2006 . Avec sa pétition contre la menace d’interdit professionnel qui visait notre camarde Zbigniew Wiktor, Président du Parti Communiste de Pologne en 2012. En octobre 2011 le PRCF et les JRCF mobilisaient plusieurs dizaines de camarades pour manifester aux côtés du KKE et de la KNE au Père Lachaise en hommage à la Commune de Paris. En proposant l’idée, puis en organisant dans l’union la plus large, la plus importante manifestation de solidarité avec Cuba socialiste jamais organisée en France en décembre 2005 à Saint-Denis. Enfin en réunissant en mai 2013 une Conférence internationale à Paris avec la participation d’une quinzaine de PC d’Europe, d’Afrique, du Proche-Orient, d’Amérique .
En 2006 le PRCF, par la voix de Georges Hage, lance un appel à l’unité d’action des communistes dispersés, cet appel en suit d’autres et d’autres suivront car le PRCF est le combattant inlassable de l’unité des communistes. Mais qui dira que la réunion en 2013 des « Assises du communisme » et la place que le PRCF y a prise ne sont pas liées à ce combat acharné pour l’unité des communistes hors ou dans le PCF, organisés ou pas, rejetant tout sectarisme, esprit de boutique, rancunes rassies, tout en affirmant avec force notre identité communiste ? Et dire cela n’est en rien retirer le mérite des camarades qui ont eu l’idée de ces Assises, car de notre point de vue « tout ce qui est communiste est nôtre », et tout ce qui est nôtre est le bien commun de tous les communistes.
Dix ans de lutte aussi pour l’union des progressistes, des républicains, des patriotes. Avec toujours une boussole : le rôle central de la classe ouvrière et un antifascisme militant. Un Front populaire du XXIe siècle dans le droit fil du VIIe Congrès de l’Internationale communiste dirigée alors, en 1935, par Dimitrov. Application de la ligne léniniste de Front unique, adapté à son époque, son contexte historique et ses rapports de forces, visant à isoler l’ennemi principal et unir tous ceux qui peuvent l’être suivant la formule « Qui n’est pas contre nous est avec nous » . La stratégie du PRCF ouvre la seule perspective anti-FN, anti-UMP et anti-PS pour notre peuple, la seule perspective unificatrice, progressiste et patriotique tels que furent le FP puis CNR en leurs temps. D’où notre combat permanent pour montrer l’unité dialectique du patriotisme populaire et de l’internationalisme prolétarien, pour dénoncer l’euromondialisme capitaliste et son complément, le national-communautarisme raciste, pour associer – comme le firent les combattants du Front populaire et de la Résistance FTP – le drapeau rouge frappé des « outils » au drapeau tricolore de la Révolution française, la Marseillaise à l’Internationale en appelant, de manière pionnière en France et en Europe, aux « quatre sorties » : de l’euro, de l’UE, de l’OTAN et du capitalisme.
Dix ans et comment oublier les meetings, les réunions, les stands du PRCF à la Fête de l’Huma, batailles toujours recommencées, toujours difficiles, ardues, rudes et le travail militant obscur, laborieux et dur qui chaque fois réalise l’impossible. Certains rejettent avec hauteur notre part d’héritage bolchevik. Nous, nous en sommes fiers sans crainte d’ouvrir un débat marxiste, constructif, fraternel sur notre grand héritage, ainsi que sut le faire Lénine à propos de l’immortelle Commune de Paris. C’est ce bolchevisme aussi qui a forgé le mouvement communiste international tout en le liant en profondeur aux peuples. Et c’est le PRCF qui a, contre le sectarisme des uns et la censure organisée des autres, a organisé avec d’autres, en 2013 en plein Paris une manifestation magnifique présidée par Pierre Pranchère pour commémorer les 70 ans de la bataille de Stalingrad, victoire de l’URSS et de l’Armée Rouge ouvrière et paysanne contre le nazisme. Près de 600 participants réunis devant les drapeaux rouges et une participation la plus large possible, de l’Ambassade de Russie au KKE, des gaullistes de gauche à l’Ambassade de Cuba. Et cela malgré des tentatives de sabotage vaines et dérisoires.
Et c’est encore, dans la dernière période, le combat pour concrétiser le Front de résistance antifasciste, populaire et patriotique (FRAPP !) en faisant vivre au présent les principes du CNR et de son magnifique programme, d’une frappante actualité, Les Jours heureux, avec en particulier l’admirable contribution de notre camarade Léon Landini, figure de proue du film de Gilles Perret, qui ne cesse de répéter partout, devant des foules de jeunes et de syndicalistes venus débattre du film : la défense des idées du CNR est indissociable de la lutte pour sortir au plus vite notre pays de la monstrueuse Union euro-atlantique des Sarkozy, Hollande, Merkel et autres Gattaz.
Dix ans, pas de temps pour la nostalgie, juste pour le souvenir, la mémoire et la fierté de continuer l’avenir. La mémoire des combats qu’il faut avoir pour mettre les avancées en perspectives et se dire que le travail fut fructueux. La mémoire pour améliorer sans cesse notre travail et comprendre combien il faut renforcer notre organisation car elle un outil à un moment historique du combat multiséculaire de l’émancipation ouvrière et humaine. Fierté d’avoir combattu avec ces copains qui ne sont plus là, mais qui nous ont honorés en nous permettant d’être leurs camarades: Désiré Marle, prêtre-ouvrier, métallo cégétiste et communiste récemment décédé, Henriette Dubois, Arsène Tchakarian, Jean Rostand, feu Eugène Kerbaul, Jeanne Colette, et d’autres héros de la Résistance que nous ne pouvons tous nommer, sans parler de Roger Silvain, figure de proue du syndicalisme de classe et de la grève ouvrière de mai 68.
Car notre PRCF a d’emblée soutenu de toutes ses forces les démarches difficiles des syndicalistes de classe qui, contre les états-majors euro- et hollando-formatés, font vivre la résistance de classe dans notre pays pour que renaisse la grande CGT de classe qui apporta tant d’acquis à la classe laborieuse.
Alors oui, Chers Camarades, joyeux et bel anniversaire à Initiative communiste, le mensuel franchement communiste de notre organisation, à Etincelles, notre revue théorique trimestrielle et surtout, à notre PRCF : qu’il croisse, se renforce, non pour lui-même, car le jour venu il se fondra tout naturellement dans le grand parti communiste reconstruit par les travailleurs de France avec tous les vrais militants de classe, y compris ceux qui ont fait présentement le choix de rester au PCF, mais pour servir sa classe, son peuple et sa patrie : et celle-ci a bien besoin d’une force franchement communiste et léniniste qui porte une ligne de rupture progressiste avec l’UE dans la perspective du socialisme pour la France, une ligne d’affrontement, non seulement avec l’UM’Pen réactionnaire en gestation, mais avec le Parti Maastrichtien Unique dont Hollande-MEDEF essaie de prendre la tête avec son programme de démolition de la nation, de la République une et indivisible, de substitution de l’anglais colonial à la langue française (loi Fioraso) et de destruction des acquis de la Libération. En le saluant, lui, vous saluerez ceux qui le font vivre et qui font entendre la voix de notre Jaurès à nos ennemis de classe, aux « bons Français » de la classe dominante qui assassinent la France, aux imposteurs, aux opportunistes et à leurs petits rabatteurs sectaires :
« Oui, nous avons, nous aussi, le culte du passé. Ce n’est pas en vain que tous les foyers des générations humaines ont flambé, ont rayonné ; mais c’est nous, parce que nous marchons, parce que nous luttons pour un idéal nouveau, c’est nous qui sommes les vrais héritiers du foyer des aïeux ; nous en avons pris la flamme, vous n’en avez gardé que la cendre. »
Vive le dixième anniversaire du PRCF !
AM 14 Janvier 2014