La nomination de la commission Bronner constitue une nouvelle étape vers la fascisation et la surveillance généralisée de tous les opposants à l’ordre capitaliste euro-atlantique promu par Macron et ses laquais ainsi que ses satellites LR-PS-EELV, avec le Pôle de Renaissance communiste en France (PRCF) de plus en plus dans le viseur. Ainsi, notre camarade Aymeric Monville, responsable du secteur international du PRCF et directeur des éditions Delga, est-il épinglé dans un rapport de l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire (IRSEM) après qu’il a été reçu en juillet dernier par l’ambassadeur de Chine à Paris ; car désormais, la sinophobie et l’anticommunisme s’entremêlant pour les suzerains de l’impérialisme états-unien, émettre un avis divergent et critique vis-à-vis des attaques grossières contre la Chine populaire est perçu comme une « désinformation ».
Sobrement intitulé « Les Lumières à l’ère numérique », le projet de Macron annonce clairement la couleur pour, soi-disant, « lutter contre les diffuseurs de haine et la désinformation », en affirmant vouloir « définir un consensus scientifique » au sujet de l’information sur Internet, « notre représentation du monde et de nous-même » (sic), « notre exposition à des biais cognitifs qui peuvent enfermer », mais aussi « développer une analyse historique et géopolitique de l’exposition de la France aux menaces internationales ». Mais à quoi servent donc, dès lors, toutes les recherches, tous les travaux des historiens dans la diversité de leurs opinions ? Que sont donc ces « biais cognitifs » auxquels se réfère la commission ? Faut-il y voir la mise en application de la volonté de Jean-Michel Blanquer de repérer les « frondes contre les mesures gouvernementales » et les cas de « radicalisation politique et sociale » contre lesquels se proposait de lutter Blanquer lors du confinement de mai 2020 (la fiche publiée sur le site de l’Éducation nationale fut retirée quelques heures après sa publication, et les formules cités « curieusement » effacées…) ? Faut-il y voir l’extension des mesures du décret 2020-151 qui autorise « la collecte et le traitement des données à caractère personnel de la nature de celles mentionnées au I de l’article 6 de la loi du 6 janvier 1978 susvisée relatives à la prétendue origine raciale ou ethnique, aux opinions politiques, philosophiques ou religieuses, à l’appartenance syndicale, à la santé ou à la vie sexuelle ou l’orientation sexuelle », « en cas de nécessité absolue » pour le moment ? Gageons que les marxistes-léninistes, déjà bien surveillés par l’appareil d’Etat bourgeois, constitueront des cibles de choix de toutes ces mesures réactionnaires.
Le plus amusant est d’observer la composition de cette commission qui, comme toujours, sera présentée comme « neutre » par les médias aux ordres. Au demeurant, ces derniers ont déjà trouvé un os à ronger en la personne de Guy Vallancien, urologue accusé d’avoir nié les effets du Mediator entre 2007 et 2009 et surtout d’avoir laissé des charniers de corps destinés à la science mais finalement abandonnés et, pour certains d’entre eux, transformés en objet de trafic. Si ce cas – qui doit d’ailleurs être traité par la justice comme il se doit – est intensément développé par les médias aux ordres, ces derniers se montrent beaucoup moins diserts pour évoquer les autres composantes de la commission. Fort dommage quand on connaît le pedigree d’un certain nombre d’entre eux : c’est particulièrement le cas de Jean Garrigues, sobrement présenté comme « historien spécialiste d’histoire politique de la France contemporaine ». Comme l’avait déjà signalé un article publié sur Initiative communiste au sujet dudit Jean Garrigues, qui fut le président du Groupe d’histoire parlementaire et politique et chargé de la « Présentation générale » de la journée d’études intitulée « 1870-2020 : 150 ans de République » (avec pour invité d’honneur… sa Majesté Emmanuel Macron) :
« Il a signé la tribune « Des universitaires et chercheurs [qui] appellent à soutenir Emmanuel Macron » dès le premier tour de la présidentielle, et pratique la propagande à grande échelle sur Twitter : tantôt condamnant « la CGT [qui] organise une grève qui n’a d’autre but que faire parler d’elle. C’est pitoyable ! », « Alors que l’État et tous les Français se mobilisent contre le Covid-19 » (30 août) ; tantôt soulagé « d’entendre les propos à la fois pragmatiques et humanistes d’Éric Dupond-Moretti » sur la justice (1er septembre) ; tantôt regrettant qu’« aussitôt annoncé, le Ségur de la Santé, un plan sans précédent, suscite récriminations et polémiques syndicales » (22 juillet) ; tantôt fustigeant « le commentaire hallucinant et mensonger de Mélenchon sur le combat d’Emmanuel Macron au Sommet européen. Décidément, il est irrécupérable ! », alors qu’« Emmanuel Macron et Angela Merkel se battent au Sommet européen contre les égoïsmes nationaux, et c’est un combat historique pour ceux qui croient en l’Europe » (20 juillet), avant de se réjouir qu’« il est incontestable qu’Emmanuel Macron et Angela Merkel ont remporté une belle victoire pour l’Europe lors du Sommet européen… Et maintenant, on attend les critiques de Mélenchon et des autres, dont c’est la raison d’être ! » (21 juillet). Le niveau d’obséquiosité, de flagornerie et de déférence absolue envers la macronie de la part de cet « historien » atteint des sommets. »
D’autres membres de ladite commission sont également des spécialistes de la déférence envers le pouvoir. C’est le cas de Rudy Reichstadt, « fondateur et directeur de Conspiracy Watch » qui s’est fait une spécialité de qualifier de complotiste tout ce qui ne correspond pas à l’ordre capitaliste euro-atlantique ; en usant, bien entendu, de l’éternel procédé rhétorique visant à assimiler communisme et nazisme et à qualifier de « rouge-brun » des historiens comme Annie Lacroix-Riz. C’est également le cas de la nouvelle coqueluche de la Macronie, Rachel Kahn, qui a reçu la médaille de la Légion d’honneur le 14 juillet 2019. Notons en outre que Sciences Po Paris, déjà à l’origine de la pitoyable pseudo « journée d’études » « 1870-2020 : 150 ans de République » et au cœur du soi-disant « grand débat » avec les gilets jaunes (dont la présidence était assurée notamment par Pascal Perrineau, ancien directeur du Centre de la vie politique française – Cevipof – de Sciences Po), est encore bien représenté : outre Jean Garrigues, président du Comité d’histoire parlementaire et politique (et donc au cœur de la flagornerie politique), participent à cette commission Anne Muxel, « sociologue et politologue » (au CNRS… et au Cevipof), Annette Wieviorka, « historienne spécialiste de l’histoire de la Shoah et de l’histoire des Juifs au XXesiècle » (à Sciences Po, naturellement), ou encore Roland Cayrol, « politologue » qui est également chercheur associé au Cevipof et spécialiste en sondages sur commande pour les puissants – ces dernières années, la Macronie en tête.
On se demande d’ailleurs si cette commission se penchera sur la désinformation permanente de Macron et ses laquais, à l’image d’un Blanquer affirmant tranquillement (et sans sources, naturellement) à l’occasion de la rentrée 2021 : « On sait bien, si on regarde les choses en face, qu’il y a des achats d’écrans plats plus importants au mois de septembre qu’à d’autres moments » ; ou bien entendu d’un Macron relayant les propos indignes de son ministre de l’Éducation de moins en moins « nationale » ou qui déclarait lors d’un « échange » (ou plutôt, monologue professoral et condescendant) avec des enseignants au sujet des retraites de ces derniers : « On est entre 1.000 et 1.200, en moyenne, je pense que je ne suis pas loin de la réalité. »… « Murmures dans la salle, JP Delevoye fait passer en urgence une note avec les chiffres du Ministère (2600 euros en moyenne ; en réalité, aujourd’hui la retraite moyenne des enseignants, selon Le Bilan social, une publication du ministère, s’établit à 2380 € par mois). » Ou plutôt, on ne se demande pas : on sait déjà que cette nouvelle arme autoritaire et réactionnaire visera, une nouvelle fois, à combattre tous les opposants politiques jugés « radicaux » (le PRCF inclus, bien entendu) et accélérera la fascisation. Mais de cela, nous n’en saurons rien : les « (Dés)Informés » de France Info, les « Fact Cheking » (ignoble globish) du Monde ou de Libération, les « spécialistes » de la chasse à la désinformation adoubés par le pouvoir en place comme Aude Favre ou Rose-Marie Farinella – toutes deux membres, elles aussi, de la commission Bronner –, veilleront au grain pour assurer que la parole de la commission à la dévotion de la Macronie devienne, plus que jamais, LA prétendue « vérité » pour les citoyens et les travailleurs de France.