Conférence nationale de financement des retraites : refuser le piège gouvernemental et impulser la contre-offensive générale du monde du travail
Par Georges Gastaud, secrétaire national du PRCF, et Jo Hernandez, responsable national du secteur Luttes du PRCF – 25 janvier 2020
La CCN de la CGT vient de se prononcer majoritairement pour que la confédération participe le 30 janvier 2020 à la première séance de la « conférence de financement des retraites » mise en place par le Premier ministre sur demande de son cher Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT et président de la Confédération Européenne des Syndicats.
On peut regretter la décision de la CCN tout en comprenant que des syndicalistes responsables se soient dit que la CGT ne peut pas appliquer la politique de la chaise vide en un lieu où peuvent se décider des mesures gravement attentatoires au monde du travail, à défaut d’apporter du positif à qui que ce soit d’autre que le grand patronat.
Toutefois, il faut surtout mettre en avant une réalité objective : cette conférence est avant tout un subterfuge proposé par le briseur de grève patenté Laurent Berger pour diviser le mouvement social, relâcher la pression des grèves et des blocages sur le gouvernement, porter au centre de l’attention médiatique, non l’affrontement de classes nécessaire pour obtenir le retrait de la retraite à points, mais un « dialogue social » bidon tel que l’affectionnent la CFDT et la C.E.S., c’est-à-dire une « concertation » creuse visant à accompagner et à saupoudrer « socialement » la casse des pensions programmée par les Accords européens de Barcelone (2002) et brutalement accélérées par les « recommandations à la France » édictées par Bruxelles en avril 2018. En effet, le Premier Ministre a indiqué dans sa récente lettre de cadrage adressée aux syndicats le 11 janvier 2020 que la conférence de financement ne devrait pas toucher à « l’âge d’équilibre » (donc au report progressif de l’âge de départ sans décote), qu’elle ne pourrait pas proposer la hausse des cotisations dites patronales et que le financement des retraites françaises ne devrait pas dépasser 14% du PIB (alors qu’on sait que le nombre des pensionnés va mécaniquement augmenter plus vite que le PIB, y compris si celui-ci augmente relativement vite). Bref, le jaune Berger et le premier ministre aux ordres de Bruxelles se réunissent seulement pour savoir comment gérer, voire « autogérer » le recul indéfini de l’âge de départ en retraite des jeunes générations, assorti de la baisse de leurs pensions, du chômage lourd des « seniors », de l’abondement des fonds de pension et d’un maintien massif des jeunes dans le chômage et le précarité de manière à peser lourdement sur les salaires de tous.
Dans ces conditions, il semble que la position de classe juste soit, à la séance inaugurale de la conférence, que les syndicats véritables, à savoir ceux qui luttent et non pas ceux qui bradent la grève d’autrui à l’instar de la CFDT et de l’UNSA, déclarent ensemble qu’ils ne resteront à la conférence que si elle fait d’emblée sauter tous les préalables : cotisations patronales, âge d’équilibre et plafonnement du ratio « dépenses des retraites/PIB ». Car des syndicalistes véritables n’ont d’autre boussole que les BESOINS des travailleurs, et non les prétendues « contraintes » fixées unilatéralement par le MEDEF, toujours avide de majorer ses profits, et par Bruxelles, obsédée par les sacro-saints 3% de déficit indispensables au maintien de la monnaie unique. Sans ce minimum préalable, la conférence n’aura rien d’une négociation et tout, comme trop souvent, d’une chambre d’enregistrement. Son rôle sera uniquement de compromettre la CGT, d’éteindre l’incendie social, d’offrir une devanture « sociale » à ce pouvoir d’éborgneurs et de valoriser les chefs JAUNES de la CFDT et de l’UNSA.
Si, comme il est quasi-certain, le gouvernement refuse d’ouvrir le cercle des questions traitées et que la seule problématique précontrainte porte sur les modalités d’exécution réservées aux futurs retraités, il faut selon nous se retirer de cette mascarade honteuse, diffuser un tract de masse sur ce sujet aux entreprises, dire la vérité aux travailleurs sur la CFDT et appeer les salariés et les jeunes encore sur la réserve à entrer dans l’action générale.
Quant au PRCF et aux syndicalistes qui composent sa commission Luttes, ils proposent en tout état de cause non seulement de continuer les actions fortes à l’encontre de ce pouvoir brutal et discrédité, mais de mettre en débat dans les AG l’idée d’une manifestation nationale unitaire de combat à Paris à l’appel des syndicats de lutte, des gilets jaunes et des organisations politiques progressistes, au besoin en campant sur place jusqu’à satisfaction. Non pour conclure le mouvement, mais pour le relancer de manière unitaire en appelant toute la classe travailleuse au « tous ensemble en même temps », non seulement sur les retraites, mais sur l’ensemble des contentieux sociaux : salaires, emploi industriel, code du travail, services publics (école, santé, justice, équipement, EDF, SNCF, etc.), protection sociale.
Macron-MEDEF et l’UE cassent nos acquis et notre pays, bloquons leurs profits !
Une fois de plus la direction de la CGT choisit de participer à une réunion bidon , refuser la politique de la chaise vide est un faux prétexte car qu’ a obtenu la CGT en occupant sa chaise lors des réunions précédentes sur les retraites , l ANI , la loi travail etc …? Sa participation va être exploitée par le pouvoir qui va se vanter de négocier avec les syndicats , la CGT qui prétend être encore un syndicat de classe doit cesser de participer à de telles mascarade et consacrer toute son énergie à l organisation des luttes