21 novembre 2020, DÉCÈS DE DANIEL CORDIER : Hommage au dernier compagnon de la libération, mais aussi refus indigné du négationnisme anticommuniste régnant honteusement en matière de mémoire résistante ! À QUAND l’HOMMAGE NATIONAL QU’ILS MERITENT AUX RÉSISTANTS COMMUNISTES DANS LEUR ENSEMBLE ?
Déclaration de Georges Gastaud, philosophe, fils de Résistant gaulliste, co-secrétaire national du PÔLE DE RENAISSANCE COMMUNISTE EN FRANCE (PRCF), de Fadi Kassem, agrégé d’histoire,co- secrétaire national du PRCF, d’Annie Lacroix-Riz, historienne, petite-fille de déporté juif, professeur émérite à Paris VII, de Gilliatt de Staërck, responsable national des Jeunes pour la Renaissance Communiste en France et de Vincent Flament, secrétaire général du Comité Internationaliste pour la Solidarité de Classe.
Avec l’appui de Gilda Landini-Guibert, agrégée d’histoire, de Marie-Claude Berge, certifiée d’histoire,
- et l’accord de Léon Landini, président de l’Amicale des anciens du Bataillon FTP-MOI Carmagnole-Liberté, ancien officier des FTP-MOI, Grand Mutilé de Guerre, Médaille de la Résistance, Officier de la Légion d’honneur, président du PRCF,
- de Pierre Pranchère, ancien maquisard corrézien des Francs-Tireurs et Partisans Français, Combattant volontaire de la Résistance, ancien député de la Nation, ancien député européen, ancien membre du Comité central du PCF, actuel vice-président du PRCF,
- de Jean-Pierre Hemmen, fils de Jean Hemmen (militant du Komintern, organisateur des Brigades Internationales d’Espagne, Fusillé de la Résistance au Mont Valérien), réprimé pour avoir refusé de servir sous les ordres du général Speidel, ancien général de la Wehrmacht promu commandant en chef de l’OTAN
Le 21 novembre 2020
Ex-secrétaire de Jean Moulin et Compagnon de la Libération, M. Daniel Cordier vient de mourir. Il témoignait dans le film de Gilles Perret intitulé Les Jours heureux dont notre camarade Léon Landini est le témoin principal et où l’on aperçoit aussi Pierre Pranchère et son épouse Marcelle lors d’un débat passionné qui les opposait tous deux à Stéphane Hessel, l’auteur de Indignez-vous!, au sujet de la nature foncièrement irréformable de l’Union européenne.
Léon Landini, ancien officier des Francs-Tireurs et Partisans de la Main-d’Oeuvre Immigrée (FTP-MOI), et Pierre Pranchère, ancien maquisard corrézien des Francs-Tireurs et Partisans Français, qui tous deux sont entrés en Résistance bien avant l’âge de vingt ans, deviennent ainsi, à notre connaissance, les plus anciens Résistants toujours vivants, bien vivants et combatifs de notre pays : Léon Landini, au titre de la guérilla urbaine des FTP-MOI, ces bataillons directement formés et dirigés par le Parti communiste français clandestin. Quant à Pierre Pranchère – dont la sœur Élise, comme lui résistante FTPF des Maquis de Corrèze, vient hélas de mourir –, en tant que combattant volontaire de la Résistance, ancien membre des Francs Tireurs et Partisans Français (dirigés par le Front national de lutte pour l’indépendance et la liberté de la France, que le PCF clandestin fonda en mai 1941, organisme pluraliste précurseur du CNR. L’autre particularité de ces deux camarades, âgés mais toujours vaillants, engagés dans les combats du présent et forts de leur mémoire vive de la Résistance, est qu’ils sont tous deux membres de la présidence et de la direction nationale du Pôle de Renaissance Communiste en France, ainsi que Jean-Pierre Hemmen, fils de Fusillé de la Résistance Jean Hemmen, et lui-même réprimé dans les années 1950 pour avoir refusé de porter l’uniforme sous le commandement ultime de l’ex-officier nazi de la Wehrmacht Hans Speidel, bourreau de la France et de la Russie, devenu commandant en chef des forces de l’OTAN.
REFUSER L’EURO-RÉSOLUTION NÉGATIONNISTE et ANTICOMMUNISTE !
Scandalisés, ces témoins vifs de la mémoire résistante de notre pays n’en assistent pas moins de leur vivant à la tentative odieuse de nier l’apport, central pourtant, de la Résistance communiste en France et de l’Union soviétique au niveau mondial dans la mise en déroute des armées du Reich. On voit ainsi le Parlement européen voter en septembre 2019 une motion scélérate avec le concours de tous les députés français, de Bardella à Glucksmann en passant par Jadot, les LR et les macronistes (exceptés, et c’est tout à leur honneur, les députés Insoumis): cette euro-résolution de la honte amalgame le Troisième Reich exterminateur à son principal vainqueur militaire, l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques, dont le Général de Gaulle disait lui-même en 1944, lors d’une visite d’Etat à Staline que « la Russie soviétique a joué le rôle principal dans la libération des Français« . Cette même résolution scélérate du Parlement européen avalise l’interdiction des partis communistes dans plusieurs pays socialistes annexés à l’UE-OTAN. Elle appelle explicitement à proscrire sur tout le territoire de l’UE les « symboles du communisme totalitaire », visant on ne peut plus clairement le drapeau rouge libérateur orné de l’emblème ouvrier et paysan (le marteau et la faucille) qui flotta sur le Reichstag vaincu au printemps 1945. La lutte antifasciste des communistes, première force en France et dans toute l’Europe de la Résistance antifasciste armée, des Brigades antifranquistes d’Espagne à la Libération de Paris par les FFI commandés par les communistes Henri Rol-Tanguy et André Tollet, est ainsi odieusement amalgamée, sous le couvert d’un « antitotalitarisme » attentatoire au pluralisme et à la liberté d’expression des communistes, à leur pire ennemi, le nazi-fascisme, ce bras armé exterminateur et génocidaire de l’impérialisme capitaliste et de ses innombrables collabos occidentaux. C’est intolérable, non seulement parce que cela criminalise les héros de la Résistance intérieure, très souvent et majoritairement communistes, comme en témoignent encore les stèles dressées à Châteaubriant, aux Glières, au Mont Valérien, à la Citadelle d’Arras, etc., mais parce qu’en mettant sur un même pied les nazis et leurs plus francs ennemis, les communistes, l’euro-résolution scélérate de septembre 2019 banalise le nazi-fascisme – dont les nostalgiques de l’extrême droite relèvent la tête partout en Europe – tout en diabolisant l’idéal révolutionnaire et universaliste des communistes, tout à la fois patriotes ardents et indomptables internationalistes. L’idéologie « antitotalitaire » actuelle se révèle ainsi pour ce qu’elle est, un masque de la fascisation du sous-continent européen de plus en plus tenté par la répression anticommuniste et par les atteintes à toutes les libertés démocratiques comme on le voit en France même avec la répression démesurée des gilets jaunes ou avec les lois liberticides que ne cessent d’empiler les gouvernements maastrichtiens successifs.
REFUSER LE NÉGATIONNISME ANTICOMMUNISTE HEXAGONAL…
Pire encore, dans notre pays, des forces du déshonneur comme le pseudo-philosophe Michel Onfray, osent traiter d’antisémite le PCF en le mettant sur le même plan que les nazis, alors que c’est très majoritairement grâce au PCF et à ses bataillons FTP-MOI, dont le plus connu, celui dit de l’Affiche rouge chanté par Aragon, Ferrat et Ferré et dirigé par Epstein et Manouchian, que les juifs de France ont pu prendre les armes, participer au premier rang à la libération de leur patrie française, et infliger de très lourdes pertes à l’Armée des tortionnaires antisémites nazis. On entend aussi le groupuscule royaliste « Action française » oser réclamer la dissolution du PCF, traité de parti des « collaborateurs » (sic) alors que cette officine créée par Charles Maurras fut officiellement interdite par la République début 1936 en tant que ligue factieuse et que Maurras, emprisonné en d’octobre 1936 à juillet 1937 pour ses appels au meurtre contre « le juif Blum », fut frappé d’indignité nationale au terme de son procès de janvier 1945 pour son engagement total du côté des traîtres vichystes et de l’Occupant; lequel occupant, à Lyon, où il résidait, l’avait gratifié, contre les résistants, d’un permis de port d’armes depuis l’occupation de la zone Sud de novembre 1942.
Tout cela dans un climat profondément malsain où des individus tels que Cohn-Bendit demandent, dans les colonnes du « Monde« , la mise en place d’une « fédération franco-allemande », que prépare d’ailleurs le Traité d’Aix-La-Chapelle, et qui, dans les rapports de forces actuels, aboutirait au phagocytage pur et simple de notre pays, à la mort de la nation française, à l’effacement à jamais de notre culture et de notre langue : or c’est sur de toutes autres bases que devrait être fondée une amitié franco-allemande reposant sur la mémoire antifasciste, sur l’arrêt de la politique ouest-allemande d’humiliation et d’effacement des traces de la RDA antifasciste, sur des rapports d’égalité et de coopération entre tous les États de l’Europe débarrassés de la funeste « économie de marché ouverte sur le monde où la concurrence est libre et non faussée » dont se réclame le Traité de Maastricht et qui n’est que le masque de la loi du plus fort et du plus riche.
APPEL AU PEUPLE FRANÇAIS ET AUX HISTORIENS DIGNES DE CE NOM
Nous ne pouvons, dans ces conditions, en aucun cas compter, pour rendre l’hommage qu’elle mérite à la Résistance communiste, sur les autorités françaises, qui participent de ce négationnisme anticommuniste permanent : pour exemple, aucun héros communiste de la Résistance, aucun ministre communiste de la Libération ayant fondé la Sécurité sociale, le statut des mineurs et de la fonction publique, ayant créé EDF ou nationalisé Renault, ayant fondé les retraites par répartition, les comités d’entreprise et le CEA, etc., les Thorez, Croizat, Marcel Paul, Joliot-Curie, etc., aucun intellectuel communiste mort pour la France comme Georges Politzer, Jacques Solomon, Jacques Decour, Danielle Casanova, aucun mineur communiste ou cégétiste ayant mené la Grande Grève patriotique de mai-juin 1942, aucun survivant communiste des camps de concentration, telle Marie-Claude Vaillant-Couturier, ne sont jamais entrés au Panthéon.
Nous nous adressons donc directement au peuple français, aux historiens dignes de ce nom, à tous les militants progressistes, à tous les médias véritablement libres pour qu’ils dénoncent le négationnisme anticommuniste et que justice soit enfin rendue à ceux, morts ou vivants qui, des Brigades d’Espagne à la Libération de Paris et aux combats de Rhin et Danube (Colonel Fabien par ex.) en passant par l’Appel du 17 juin 1940 (Appel à la résistance de Charles Tillon), l’Appel du 10 juillet 1940 de Maurice Thorez et Jacques Duclos, par la participation des étudiants communistes à la manifestation interdite du 11 novembre 1940, par les coups de feu de Fabien et de Debarge sur des occupants allemands, par la Grève des mineurs du Nord-Pas-de-Calais, aux multiples maquis FTP et aux bataillons FTP-MOI, par la libération de la Corse, puis du Limousin par les FTPF, puis à la préparation minutieuse de l’insurrection parisienne. Sans parler des innombrables combats menés après guerre par les communistes pour la liberté des peuples, le progrès social, les libertés démocratiques, l’indépendance nationale et la paix.
EN REFUSANT LE NÉGATIONNISME ANTICOMMUNISTE, DÉFENDONS LA MÉMOIRE DE LA RÉSISTANCE ANTIFASCISTE TOUT ENTIÈRE, L’INDÉPENDANCE DE NOTRE PAYS ET LES LIBERTÉS DÉMOCRATIQUES DE TOUS!
À l’occasion du décès de Daniel Cordier, nous lançons un avertissement solennel au peuple français : réappropriez-vous par vous-même votre mémoire le plus souvent niée, mutilée ou déformée par des historiens bien-pensants, seuls dotés de l’accès à un large public, et des grands médias totalement acquis à la cause du capitalisme et de l’anticommunisme. Il n’y va pas seulement de la vérité et de la justice due aux héros communistes de notre émancipation, il y va en définitive de l’indépendance de notre pays, de la solidité des acquis sociaux, de la défense des libertés démocratiques pour TOUS.