Déclaration de Macron : comment feindre de lâcher sur l’immédiat pour mieux araser le structurel.
Le PRCF appelle à amplifier et à fédérer les luttes sociales sans se laisser enfumer.
« Les réformes sont la retombée des luttes révolutionnaires ». Lénine
Il faut chaleureusement féliciter les citoyens en gilets jaunes qui ont réussi à rabattre l’incroyable caquet d’un président encore plus antisocial, patronal, euro-aligné et oligarchique que ne fut l’arrogant Sarkozy : que Macron feigne au moins d’apprendre l’humilité pour tenter d’éteindre les braises d’insurrection populaire, qu’il fasse certaines concessions non négligeables (certaines en forme de cadeaux empoisonné…) pour les travailleurs concernés, sur le SMIC et sur la CSG, montre que la lutte paie quand elle est menée avec détermination, qu’elle ne plie pas devant les intimidations et la répression, qu’elle renvoie la violence à l’Etat bourgeois qui l’organise au quotidien, qu’elle balaye le pseudo-« dialogue social » bidon et le formatage européen dans lequel les confédérations syndicales, bafouant leurs militants et syndicats locaux et d’entreprise combatifs, achèvent hélas de se discréditer. Y compris hélas, la confédération CGT dont les zigzags et le suivisme à l’égard de la CFDT pro-patronale mettent cette centrale aux portes d’une crise sans précédent alors même que de nombreuses structures militantes de la CGT réclament une offensive sociale générale dans l’esprit du syndicalisme de classe.
1) Sur les aspects immédiats, plusieurs remarques :
L’augmentation annoncée du SMIC ne coûtera pas un sou au patronat : c’est donc l’Etat, c’est-à-dire au final les contribuables et les services publics déjà largement désossés qui vont payer ; déjà la suppression des cotisations Sécu sur certains salaires était un cadeau empoisonné car à terme, cela signifie de nouveaux déremboursements de soins et une crise accrue pour l’hôpital public. Idem pour le défraiement de la CSG pour les retraités petits et moyens si, parallèlement à ce retour à la case départ en termes d’impôt indirect, l’ISF n’est pas reconstitué ainsi qu’un impôt sur le revenu progressif frappant bien plus fortement les plus riches.
Les promesses de lutte contre la fraude fiscale risquent fort, comme à l’ordinaire, d’être un pur effet d’annonce.
Concernant la défiscalisation des heures supplémentaires, il ne s’agit pas là d’une mesure d’avenir car elle tend à user les salariés actifs sans créer les emplois nécessaires, notamment dans les services publics.
La prime de fin d’année des entreprises, elle, est laissée au bon cœur de chaque patron alors que la « loi Travail » a affaibli partout la représentation syndicale encore apte à réclamer ce qui est dû aux travailleurs.
Bref, aucune des mesures Macron n’est un ACQUIS SOCIAL sur lequel les personnes puissent construire l’avenir. Il ne s’agit que de miettes visant à « passer le cap » pour stopper une crise potentiellement révolutionnaire !
Toutefois, on peut considérer que les gilets jaunes, ET AVANT EUX LES COURAGEUX COMBATTANTS SYNDICAUX qui ont défendu le Code du travail, le lycée public, l’Université à la française ou encore le caractère public de la SNCF, ont placé le pouvoir sur la défensive. C’est même l’Europe qui est bousculée puisque les mesures annoncées, si insuffisantes soient-elles, ne peuvent que se heurter à la police de l’euro, c’est-à-dire aux maudits critères de Maastricht et à l’UE supranationale dont la « construction » désosse notre pays depuis des décennies. Il faut donc approfondir l’offensive à l’heure où les lycéens et étudiants entrent courageusement dans la danse, contrairement aux lamentables dirigeants CGT et FO des routiers qui ont de nouveau bradé le « tous ensemble » en échange de quelques miettes corporatives.
PLUS QUE JAMAIS, POUR DES ACQUIS SOCIAUX DURABLES, ENGAGEONS, DANS LES ENTREPRISES AUSSI, PAS SEULEMENT SUR LES RONDS POINTS, LA LUTTE POUR L’AUGMENTATION DES SALAIRES ET PENSIONS, EN PRENANT SUR LES PROFITS CAPITALISTES
Plus que jamais pour des acquis sociaux durables engageons dans les entreprises aussi, pas seulement sur les ronds points, la lutte pour l’augmentation des salaires et pensions, en prenant sur les profits capitalistes que Macron a totalement ignorés.
2) Quant aux mesures structurelles annoncées par Macron, elles manifestent la volonté de Macron d’exploiter le mouvement des Gilets jaunes pour précipiter la marche à l’euro-désintégration de la France.
C’est :
- L’annonce que les gravissimes contre-réformes « en marche » sur les retraites, sur les statuts de la fonction publique, sur les services publics, sur l’indemnisation du chômage vont être accélérées.
- La manière même de discuter les réformes à venir « dans les territoires » est hyper-dangereuse car elle vise à contourner et à destituer l’Etat central et à procéder territoires par territoires en divisant le mouvement et surtout, en cassant l’unité sociale et territoriale de notre pays. Cela au moment où les maires et les municipalités sont totalement contournées par la mise en place des métropoles et des Grandes Régions à l’allemande.
- Et bien entendu, jamais l’essentiel n’est touché : l’exploitation capitaliste qui n’a cessé de s’aggraver depuis quarante ans d’intégration européenne atlantique et qui fait que, désormais, les 2/3 de la richesse produite vont au capital et non pas au travail.
C’est pourquoi le PRCF et les JRCF appellent tous ceux qui veulent un vrai changement dans le pays, gilets rouges ou gilets jaunes, travailleurs, étudiants, petits et moyens entrepreneurs, à poursuivre l’action, à s’auto-organiser démocratiquement et à se coordonner en bas, à mettre en débat à fond la question européenne, à écarter du mouvement tous ceux qui épargnent le capital, le grand patronat et l’UE, mais qui accablent de mépris nos concitoyens frappés par le chômage (traités d’ « assistés »), qui sèment la haine et le racisme, qui dénigrent sans cesse les travailleurs des services publics (traités de paresseux alors qu’ils tiennent à bout de bras les services), en particulier les odieux dirigeants des LR qui ne cesse d’appeler à la « baisse de la dépense publique », ce qui veut dire parachever la casse de l’hôpital public, de l’Education nationale, de l’EDF, de la SNCF et des autres services publics.
Plus que jamais, tous ensemble et en même temps contre le MEDEF, l’UE et son petit commis Macron, afin que renaisse la République sociale et souveraine centrée sur le monde du travail !
11 décembre 2018