Georges Gastaud, secrétaire national, José Minard, secrétaire adjoint de la commission luttes – 12 juin 2019
Sans surprise, le premier ministre a confirmé que, sur tous les points essentiels, Macron et son gouvernement de droite décomplexée, appuyés par le parti de combat de la classe capitaliste qu’est LREM, vont amplifier leur guerre de classe contre la souveraineté française et contre les conquêtes sociales.
Sur le plan institutionnel, c’est l’accélération de la soi-disant « décentralisation », c’est-à-dire le démantèlement de la République une et indivisible, héritage jacobin de la révolution française, et le morcellement du territoire national. Cette politique odieuse, dite de « pacte girondin », doit être prise très au sérieux ; il suffit de voir que la Moselle vient de se déclarer « euro-département » et que les deux départements alsaciens viennent de fusionner pour former une communauté unique tournée vers l’ Axe rhénan et cherchant à s’émanciper, avec ce dernier, des « contraintes frontalières » françaises tant en termes de services, de salaires, de prix des biens, des institutions etc. À l’arrière-plan de tout cela, le Traité d’Aix-la-Chapelle marque une étape décisive vers la dissolution de la France dans l’Europe allemande sous l’égide d’une oligarchie « française » de plus en plus antinationale.
La réforme constitutionnelle toujours en vue pour Macron et Phillippe, et rappelée par ce dernier dans son discours, vise également sur ce sujet à ouvrir la voie à la sécession progressive de la Corse du territoire de la République, sous prétexte de particularités géographiques et culturelles que messieurs Simeoni et Talamoni semblent ne pas réussir à concevoir au sein de la République une et indivisible, au contraire de la majorité des citoyens français dits « provinciaux » qui vivent eux aussi, n’en déplaise à ces séparatistes, dans des régions aux particularités toutes aussi fortes et prononcées !Sur le plan social, c’est l’accélération de la casse des allocations chômage et la rupture annoncée avec tous les principes de solidarité avec les travailleurs privés d’emploi. Il s’agit, non seulement de « saquer » les chômeurs et de diminuer encore et encore les contributions du grand patronat aux caisses de l’assurance chômage, mais également de peser sur les salaires en forçant les chômeurs à accepter n’importe quel emploi hors qualification et loin du domicile. Donc, mécaniquement, à augmenter la concurrence entre travailleurs en pesant sur les rémunérations de tous et en majorant les profits capitalistes.
Concernant les retraites, le pouvoir feint difficilement de maintenir l’âge de départ à la retraite à 62 ans, ce qui était déjà un grave recul social, mais, prétextant que beaucoup de travailleurs (jugés comme des « reponsables » et pas comme des « crèves-la-dale ») partent en retraite bien au-delà des 62 ans, ne cache plus sa volonté de créer les conditions (décotes) pour que les travailleurs ne puissent pas partir (réellement) avant 64 ans, sauf avec une pension minable. Si l’on conjugue les deux contre-réformes, retraites et assurance chômage, on voit que ce gouvernement soi-disant « de droite et de gauche » condamne sciemment des millions de seniors à la misère puisque nombre d’entre eux seront licenciés bien avant 64 ans ! Après quoi, avec les dames patronnesses de la prétendue droite « sociale », voire « chrétienne », on viendra palabrer sur la nécessité d’augmenter les « petites retraites »… Monstres d’hypocrisie !
En matière d’écologie, face aux grands dangers qu’engendre le capitalisme (aussi « fou » soit-il) en terme d’exterminisme écologique, nous serons heureux de constater dès 2020 que « tous les produits en plastiques jetables seront bannis de l’administration », pendant que nos routes seront elles de plus en plus saturées par le trafic polluant des poids-lourds de marchandises et de voyageurs grâce à la destruction du monopole de service public ferroviaire (fret et voyageurs). Rien n’est prévu non plus pour relocaliser au maximum la production alimentaire, ni pour réindustrialiser le pays et le rééquiper en usines propres, ni pour freiner le commerce mondial et les profits à tout prix qui jettent des dizaines de porte-conteneurs gigantesques ultra-polluants sur nos océans. La fin des gobelets en plastiques et la trottinette, voilà les quelques miettes écologiques que sont capables de nous offrir les tenants du grand capital, tant une véritable politique écologique ne peut se mener que contre eux et contre leurs intérêts (les vrais « verts » sont « rouges » !), c’est-à-dire avec comme perspective le socialisme pour notre pays.
La « baisse des impôts » annoncée cumule des annonces déjà faites et quelques réductions marginales qui sont avant tout le résultat de l’action résolue des Gilets jaunes que bien des Français qui profiteront des résultats de leur lutte auraient bien fait de ne pas vilipender durant le dur mouvement de l’automne, de l’hiver et du printemps. Les impôts baisseront de 27 MILLARDS sur le quinquennat soit une baisse de 350 euros en moyenne par foyer pour la 1ère tranche. Cela va permettre au gouvernement de continuer et justifier la casse des services publics et surtout des 120 000 suppressions de postes; il n’y a pas besoin de sortir de l’ENA, pour comprendre que les cadeaux annoncés vont être financés par le pognon de dingue qui adoucit la vie de ceux qui ne « sont RIEN »..
Bien entendu, rien n’est fait pour répondre aux travailleurs en lutte, que ce soit les hospitaliers, qui vivent la casse des urgences et de l’hôpital public, les cheminots, qui défendent le service public du rail contre l’euro-privatisation Macron, les enseignants, qui refusent la contre-réforme Blanquer du lycée et la casse du bac, les fonctionnaires, qu’indigne la casse du statut de la fonction publique et la précarisation massive des services publics, mais aussi les travailleurs d’Alsthom, dont l’entreprise performante est à la fois bradée au capital allemand et au capital nord-américain, les travailleurs de Renault, dont l’emploi serait gravement compromis par la fusion intercontinentale avec Chrysler, sans parler des Gilets jaunes qui sont à des années-lumière de la satisfaction de leurs justes revendications fiscales, sociales et démocratiques.
L’heure est donc à la convergence des luttes entre syndicalistes de classe, Gilets jaunes, citoyens épris de progrès social, de démocratie, d’écologie et de souveraineté populaire. En se tournant prioritairement vers les entreprises dans chaque département, ainsi que l’a décidé leur récente conférence nationale, les militants du PRCF mettront en accusation Macron-MEDEF, l’UE – cette machine à continentaliser la casse sociale et démocratique – et le capitalisme, ce système obsolète qui n’apporte plus que régressions sociales, destruction des nations souveraines et recul général de la démocratie.