Le PRCF a lu avec intérêt la « mise au point » publiée sur son blogue par le camarade Hervé Poly (secrétaire de la Fédération PCF du 62, candidat FDG à Hénin-Beaumont) dans le but de mettre fin aux « polémiques » artificiellement suscitées (nullement par le fait du M’PEP et du PRCF, lesquels n’ont attaqué personne et ont au contraire dû subir des agressions d’une virulence incroyable !) à l’encontre de la candidature commune de Michèle Dessenne (M’PEP) et de Jean-François Maison (PRCF-62).
Il est en effet absurde et odieux d’accuser le M’PEP et le PRCF de favoriser le FN alors qu’ils se présentent explicitement contre la candidate d’extrême droite et en l’attaquant sur son terrain principal : la question de la souveraineté nationale. Tout en prenant acte positivement de la déclaration d’H. Poly (qui constate que la candidature Dessenne-Maison n’est en rien susceptible de faire élire MLP, qui dénie à quiconque le « droit » de parler en son nom et qui rappelle le droit imprescriptible de toute formation politique de se présenter aux élections), le PRCF publie ici sa propre analyse de la situation politico-électorale (une déclaration antérieure à la déclaration du camarade Poly) tout en faisant justice de certaines attaques insultantes portées contre le PRCF de manière violente et répétée.
Espérons que toutes les énergies seront désormais consacrées, non à des polémiques destructives entre militants antifascistes, mais au débat avec la population sur la meilleure manière de s’affranchir à la fois de Sarko-MEDEF, de la dictature européenne et de la xénophobie du FN.
L’intolérance, l’esprit d’hégémonie et de monopole politique sont les ennemis d’une dynamique antifasciste, anti-UE et anticapitaliste ! Oui au dialogue démocratique entre les forces antifascistes !
Au niveau national, la dynamique créée autour de la candidature Mélenchon peut devenir un élément durable et fécond de mobilisation populaire si et seulement si :
1°) elle va au bout de sa logique, ce qui pour l’instant n’est pas, ou pas encore le cas. Il est certes positif que J.-L. Mélenchon reparle de classe ouvrière, de patriotisme républicain, de république laïque, voire de révolution, toutes notions que la direction « euroconstructive » du PCF avait hélas enterrées depuis vingt ans au nom de sa « mutation », alors que les militants du PRCF continuaient à contre-courant d’associer dans les luttes le drapeau tricolore au drapeau rouge frappé de la faucille et du marteau. Pourtant, l’appel de J.-L. Mélenchon à la « république sociale » risque de rester un vœu pieux si MM. Mélenchon et Laurent continuent d’affirmer contre toute évidence que « l’euro est à nous » (sic !), que l’introuvable « Europe sociale »1 est à portée de main et qu’il est possible de « mettre la BCE au service de l’emploi ». Servir le peuple, combattre la fascisation rampante de la France et de l’Europe, cela implique au contraire de choisir clairement entre le peuple français, qui aspire à l’indépendance nationale, à la paix et au progrès social, et la très agressive et dictatoriale « construction européenne » pilotée par Berlin et par les « marchés financiers », Le refus de cette Europe comme l’a démontré le résultat du référendum du 25 mai 2005 où le NON a obtenu 2 642 238 voix de plus de que le OUI.
Lever les équivoques, cela signifie aussi répondre démocratiquement au PRCF qui attend toujours la réponse du Front de gauche à cette question incontournable à l’heure où un méga-plan d’ « euro’stérité » attend notre pays pour l’été : « que ferez-vous si Merkel et Barroso disent « Nein ! » à votre « réorientation progressiste de l’Europe ? » (un « ja » ! relevant selon nous du conte de fées !) : sortirez-vous alors de l’UE pour créer de nouveaux traités progressistes internationaux analogues à l’ALBA latino-américain ? Ou bien plierez-vous devant l’UE et ses courroies de transmission que sont la Confédération Européenne des Syndicats et le Parti de la Gauche Européenne, qui défendent tous deux l’euro à cor et à cris2 ? Quels que soient les sentiments des uns et des autres, il paraît bien difficile de s’affirmer comme un ennemi conséquent de l’U.E. de Maastricht si, en même temps, on ne conteste pas radicalement l’euro : rappelons en effet que la construction d’une « monnaie unique européenne » était au centre du Traité de Maastricht que refusèrent à 100% G. Marchais et H. Krazucki lors du référendum de 1992.
Car si la France ne sort pas à temps, et sur des bases progressistes, du ruineux euro et de l’illégitime « construction européenne », elle cessera très vite d’exister en tant que nation : c’est d’ailleurs cette mise à mort rapide de la Nation que réclame ouvertement le MEDEF dans son récent « manifeste » intitulé « besoin d’airE ». Mme Parisot y appelle cyniquement à liquider la nation pour mieux ratiboiser le produire en France, les services publics, la protection sociale et jusqu’à la langue française sacrifiée au tout-anglais patronal sur l’autel des « Etats-Unis d’Europe ». Déjà, et quel que soit le futur président français, la Bourse de Francfort a « amicalement » lancé la spéculation sur la « dette » française » (sic) ; un plan d’ « eurostérité » à la grecque attend notre pays s’il ne sort pas à temps et par lui-même de l’euro, cette arme de destruction massive des acquis sociaux, des libertés démocratiques et des souverainetés populaires. Accepter en son principe la monnaie unique, « sanctuariser » l’euro, prétendre à l’unisson du PS et de l’UMP qu’il serait « dangereux » de sortir de l’euro (sic !), c’est ouvrir une brèche à l’extrême droite dans la classe ouvrière et c’est désarmer par avance les organisations syndicales face aux grands affrontements de classes qui nous attendent après le 7 mai : c’est en effet au nom du « salut de l’euro » que le futur président est d’avance sommé de démanteler tout ce qui reste de la Révolution française et du CNR : république une et indivisible remplacée par les « euro-régions », protection sociale, services publics, code du travail, statuts, SMIG national, conventions collectives nationale, etc. ! Plus que jamais selon nous, les chemins de l’indépendance nationale, de l’antifascisme et du socialisme pour la France passent par la rupture unilatérale de la France avec l’UE et avec son maudit euro qui sème la ruine et la dictature sur tout notre sous-continent !
2°) pour que la dynamique électorale ne retombe pas dès le mois de juin, avec la possible entrée de membres du PCF dans un éventuel gouvernement « hollandais »3 d’euro-austérité, pour que l’insurrection citoyenne annoncée par J.-L. Mélenchon soit autre chose qu’un slogan éphémère, pour que la sympathique dynamique actuelle arme vraiment notre peuple face à l’énorme euro-agression en préparation, il faut avoir le courage de combattre à temps la confusion politique et la délégation de pouvoir qui se profilent à nouveau derrière certaines équivoques actuelles:
Refusons la confusion politico-syndicale: cessons, sous prétexte de « front de gauche », de faire silence sur le risque sérieux d’auto-marginalisation du communisme à laquelle la campagne actuelle sert trop souvent de prétexte ; ne laissons pas s’installer une illusoire réconciliation, au nom du vote Mélenchon, entre, d’une part, certains syndicalistes de classe valeureux, qui tentèrent courageusement de bloquer l’économie capitaliste en 2010 (bataille des retraites), et d’autre part certains états-majors syndicaux manœuvriers qui envoyèrent alors ce mouvement dans le mur pour complaire à la Confédération Européenne des Syndicats. Faisons vivre un pôle de résistance et de renaissance franchement communiste, un puissant front syndicaliste de lutte, PRESERVONS soigneusement L’INDEPENDANCE DU MOUVEMENT OUVRIER REVOLUTIONNAIRE DANS CE PAYS !
Refusons de nous en remettre à un « sauveur suprême ». La question n’est pas de savoir s’il faut ou pas « faire confiance » à J.-L. Mélenchon, ni a fortiori à Hollande, même si nous partageons la légitime aspiration des masses à sortir le fascisant président sortant. Elle est de savoir ce qui se fait pour créer des Comité Populaires pour la Résistance et l’Alternative préparant les luttes de l’automne 2012, désobéissant « en bas » aux directives européennes et discutant avec la population d’une nouvelle constitution rendant sa souveraineté au peuple français. Sans de tels comités INDEPENDANTS du futur pouvoir, et non ligotés à une future austérité « hollandaise » par la courroie de transmission bruxelloise du PGE, de la C.E.S. et des tractations législatives de second tour, l’expérience de la gauche plus rien recommencera et il y aura un boulevard en France pour une ultra-droite « UM’Pen » associant le FN aux éléments les plus ultra-réactionnaires de l’UMP ! Ne pas avertir le peuple sous prétexte d’engouement électoral serait mentir par omission. Le rôle des communistes est au contraire de rappeler ces justes paroles de l’Internationale : « Il n’y a pas de sauveur suprême / Ni Dieu, ni César ni tribun ! / Producteurs, sauvons-nous nous-mêmes / Décrétons le salut commun ! ».
Il est donc dommageable que, loin d’ancrer la dynamique électorale dans les luttes pour mettre en place ce nouveau « Front populaire » que J.-L. Mélenchon dit espérer, certains « syndicalistes » d’état-major jettent bas l’indépendance syndicale quitte à piétiner le droit élémentaire de chacun à se présenter aux élections. Au lieu d’impulser l’action revendicative des milliers de travailleurs qui ne peuvent même plus payer le carburant pour aller au boulot, il est triste que certains états-majors syndicaux préfèrent attaquer la gauche anti-UE, défendre l’euro et protéger le monopole électoral des « partis traditionnels » (ainsi parlent-ils eux-mêmes !); il est évidemment moins facile de pointer les responsabilités historiques des grands « partis traditionnels » dans la montée du FN que d’accuser les militants progressistes anti-euro, dont plus d’un est résistant ou fils de résistant, de faire le jeu de l’extrême droite !
En réalité, pour battre durablement les fascistes et l’ultra-droite, pour stopper la mise à mort de la « France des travailleurs » au nom de l’Europe supranationale, il est vital que des militants communistes alliés à des patriotes progressistes s’adressent au peuple pour l’appeler à une rupture radicale avec l’UE. Face à M. Le Pen, qui ne veut pas sortir de l’euro (elle dit vouloir une « sortie concertée de l’euro » avec Merkel ; autant demander au pyromane d’éteindre le feu !), l’avenir proche va montrer que la seule issue durable pour sortir la droite, sortir l’extrême droite et pour sortir du capitalisme est de sortir de l’UE pour construire de nouveaux traités internationaux non limités à l’Europe. Comme l’écrivait Lénine dès 1915, « en régime capitaliste, le mot d’ordre des Etats-Unis d’Europe est forcément utopique ou réactionnaire ». Rappeler cette vérité, réfuter le mot d’ordre illusoire d’ « Europe sociale », c’est donc bien servir les intérêts d’avenir du mouvement populaire, même si cela n’est pas immédiatement compris de tous les militants ouvriers sincères.
3°) Dans ces conditions le PRCF-62 et le PRCF-59, appuyés par le PRCF national et par sa présidence, Léon Landini, Pierre Pranchère et Jean-Pierre Hemmen, et son secrétaire national Georges Gastaud déclarent :
qu’ils ne se laisseront pas intimider ; à l’heure où, « pour sauver l’euro », la France ouvrière risque de vivre ses heures les plus sombres depuis les années trente, le PRCF ne cèdera à aucune sommation ; il défendra le droit imprescriptible de tout citoyen de se présenter aux élections sans consentir aucun monopole à qui que ce soit ; il continuera de militer sur les bases patriotiques, antifascistes et internationalistes du C.N.R. ;
Pour autant le PRCF ne se trompera pas d’ennemi. Il continuera de tendre la main (et il acceptera les mains tendues) à tous les communistes, à tous les militants du Front de gauche, à tous les syndicalistes de lutte, en réservant ses coups à Sarko-MEDEF, à l’UE et à leurs chiens de garde de l’extrême droite ; et surtout, le PRCF appellera le peuple à s’organiser « en bas » en toute indépendance par rapport au PS maastrichtien, au Parti de la Gauche Européenne et à la Confédération européenne des syndicats.
Le PRCF est prêt au dialogue le plus fraternel et le plus ouvert possible avec tous ceux qui, sans partager toutes ses analyses, rejettent les excommunications et acceptent sereinement l’arbitrage souverain du peuple et de la classe ouvrière.
Léon LANDINI : adhésion au PCF en 1942, ancien officier des Francs-Tireurs et Partisans de la Main-d’œuvre Immigrée, grand Mutilé de guerre, officier de la Légion d’honneur, Médaille de la Résistance, Décoré par l’Union soviétique ;
Pierre PRANCHÈRE : adhésion au PCF en mai 1943, à l’âge de 15 ans, résistant à l’Armée Secrète puis aux Francs-Tireurs et Partisans Français, secrétaire fédéral à la Jeunesse communiste en 1946, secrétaire fédéral du PCF de 53 à 73 et membre du Comité Central de 64 à 91, participe à l’école léniniste à Moscou en 65-66, député PCF à l’Assemblée Nationale: 56-58, 73-78, député européen: 79-89.
Jean-Pierre HEMMEN : fils de Résistant communiste Kominternien fusillé par les nazis au Mont Valérien, lui-même réprimé pour avoir refusé de servir sous les ordres d’un général de l’OTAN ancien officier de la Wehrmacht, Commandant dans les Brigades Internationales en Espagne
Georges GASTAUD : fils de Résistant décoré par la France, par les Etats-Unis et par la République populaire de Pologne; syndicaliste depuis 32 ans dans le bassin minier de Lens, auteur du livre « Patriotisme et internationalisme ».