déclaration du secrétariat national du PRCF – 14 mai 2020
Juste colère !
Pendant deux mois, la France a vécu un cauchemar: malgré le dévouement des soignants, malgré les risques sanitaires pris par les « derniers de cordée », ouvriers d’usine, paysans, employés de commerce, enseignants, etc., qui se sont portés en première ligne, des milliers de concitoyens malades sont morts ou ont durement suffoqué chez eux. Parfois, ils n’ont même pas pu être soignés, hospitalisés, voire enterrés dans des conditions normales ! Lourd retard de Macron à prendre au sérieux la pandémie et à tenir compte de l’expérience médicale chinoise, stocks de masques gérés « à flux tendus » par les ineptes ministres successifs « de la Santé », suppression de lits d’hôpital, dont des lits de réanimation, par dizaines de milliers, de services hospitaliers par les Bachelot, Touraine, Bertrand et autre Buzyn appliquant les critères d’austérité de Maastricht, incapacité de notre industrie-croupion – cassée par le MEDEF et ses délocalisations ! – à produire en masse des masques et des tests de dépistage, mainmise sur la médecine française d’une bureaucratie médicale d’État dont chacun soupçonne les conflits d’intérêt avec les trusts pharmaceutiques, rien n’aura été épargné à notre pays. Militants franchement communistes, dans une situation où, vu le manque de tout (tests et personnels soignants, médicaments et lits d’hôpital) aucune alternative n’était possible, nous avons d’emblée appelé à la discipline sanitaire et à l’esprit de responsabilité ; mais nous avons refusé la mensongère « union sacrée » derrière un gouvernement criminel dont la première réunion soi-disant consacrée au COVID 19 aura surtout débouché sur la décision… de brandir le 49/3 pour imposer au Parlement la contre-réforme des retraites! Et que penser de cette Murielle Pénicaud, l’ex-DRH impitoyable de Danone, qui a profité de la crise pour donner pleins pouvoirs aux patrons sur les congés payés, ou du brutal et inconscient ministre Blanquer qui, jusqu’au 13 mars au matin voulait maintenir ouvertes toutes les écoles de France ? Pendant ce temps, la jaunâtre CFDT et ses suiveurs publiaient de suaves communiqués communs avec le MEDEF !
Plus fondamentalement, qui ne voit que, loin de rapprocher les peuples,l’euro-mondialisation capitaliste a détruit notre système de santé, globalisé le virus à vitesse V… et abouti – paradoxalement, mais au fond, logiquement – au confinement généralisé ! Quant à l’UE, loin de protéger les populations, son premier souci a été de « sauver le marché unique », de donner des milliards aux banquiers et de laisser froidement tomber la France et l’Italie sinistrées (au point que certaines villes italiennes tombent désormais le drapeau de la « laide Europe » et applaudissent les médecins cubains et chinois qui sont accourus courageusement pour prêter main-forte aux soignants transalpins débordés) !Décidément, ce système capitaliste dominé par de pesants barbares comme Trump ou Boris Johnson (qui envisageait froidement des centaines de milliers de décès dans son pays avant d’être lui-même contaminé !) mène l’humanité à la mort. L’avenir appartient à un monde neuf, un monde en marche vers le socialisme et le communisme ; dans un tel monde, loin de la maléfique « économie de marché ouverte sur le monde où la concurrence est libre et non faussée » (ainsi que se définit elle-même l’UE), des États souverains, égaux et solidaires dirigés par les travailleurs coopéreront pour supprimer les inégalités de classes, gérer rationnellement notre rapport à l’environnement, coorganiser la recherche scientifique, socialiser les moyens de production et les mettre au service, non pas du profit d’une étroite minorité et d’un consumérisme absurde, mais au service de tous les peuples et de tous les individus.
Usurpations
Face à cette faillite, les forces capitalistes et leurs supplétifs de la droite, de l’extrême droite et de la fausse gauche, feignent toutes de proposer une « alternative ». Alors que dans les années 2000, seuls les militants franchement communistes du PRCF évoquaient à juste raison la nécessité d’un « nouveau CNR » plaçant le monde du travail au cœur de la nation pour construire de nouveaux « jours heureux », on voit aujourd’hui les usurpations du CNR ou du Front populaire surgir de toutes parts. On voit ainsi l’anticommuniste et anti-jacobin fieffé Onfray usurper le nom du Front populaire, dont l’aile marchante fut la CGT rouge de Benoît Frachon et le PCF marxiste-léniniste de Maurice Thorez et de Jacques Duclos ; on voit même Macron, qui poursuit la destruction méthodique (engagée par ses prédécesseurs et voulue par l’obligation faite par l’U.E. de réduire les prétendus “déficits publics” ) l’œuvre des ministres communistes de 1945/1947 (retraites solidaires, Sécu, nationalisation d’EDF et de Renault, statuts, etc.) se référer avec un rare culot aux « Jours heureux », le programme du CNR publié le 15 mars 1944.
En réalité, à travers cette mascarade politique,
- le régime Macron exploite le désarroi créé par la pandémie pour accélérer cette casse géante de la France qui a pour nom « construction » européenne, avec son cortège de délocalisations et de fusions industrielles destructives, de privatisations, de casse de l’hôpital et de l’Éducation nationale, de blocage des salaires, mais aussi d' »euro-régions » et « euro-départements » dépeçant la République française une et indivisible (derniers-nés, la « collectivité européenne d’Alsace » et « l’euro-département » de Moselle !), d’éviction pure et simple de la langue française au profit du tout-globish, de rabotage des statuts et du CDI, de substitution de la « souveraineté européenne » (dominée par Berlin) et de la « défense européenne » (arrimée à l’OTAN) aux principes de souveraineté nationale et de défense nationale inscrits dans la Constitution !
- quant aux faux patriotes du RN, ils ont définitivement fait allégeance à l’UE et à l’euro, ce clone du Deutsche Mark porteur d’austérité continentale à perpétuité. En réalité, le RN tremble devant le MEDEF et mène la France au déshonneur et à la guerre civile en divisant notre peuple sur des bases ethnico-religieuses qui peuvent devenir explosives. S’il parvenait au pouvoir, il ne ferait rien d’autre qu’appliquer les directives européennes, comme le fait déjà l’extrême droite en Italie, en Hongrie ou en Pologne – avec en prime, l’aggravation de la répression anti-syndicale, des persécutions anticommunistes. Stoppons cette Europe fascisante qui ose mettre sur le même plan le Troisième Reich exterminateur et la « Russie soviétique », dont De Gaulle disait loyalement en 1944 qu’ « elle a joué le rôle principal dans notre libération » !
- Enfin, on voit émerger chaque jour, tant est fort le besoin de changement, des ersatz de CNR qui ne sont en réalité que des leurres politiques dangereux. Ainsi, certains « souverainistes » incapables de rompre clairement avec l’UE tentent de mettre en place un brouet infâme qui irait, dit-on, de Chevènement à Dupont-Aignan (pressenti pour être le Premier Ministre de Le Pen) en passant par Philippot tout en cultivant l’anticommunisme (spécialité d’un Michel Onfray) et en évitant de poser la question d’une rupture de la France avec la domination capitaliste. Ce genre de rassemblement des « patriotes des deux rives » est une trahison du véritable CNR de 1943, qui tenait soigneusement à l’écart le grand patronat collabo et l’extrême droite raciste et vichyste. C’est par la gauche, par la voie progressiste, antifasciste, anti-impérialiste qu’il faut sortir de l’UE, de l’euro et de l’OTAN en mettant la classe travailleuse, y compris celle d’origine immigrée, à la tête de la reconstruction d’une France libre, égalitaire et fraternelle. Dehors l’extrême droite et les flirts indécents avec elle !
Par ailleurs, on voit aussi des dirigeants politiques et syndicaux européistes qui, autour des directions du PS, d’EELV, de Génération.s ou du PCF-PGE, voire d’une certaine extrême gauche médiatique, relancer l’absurde slogan d’une « Europe sociale » dans le cadre de cette UE. Comme si celle-ci n’était pas entièrement conçue pour combattre la souveraineté des peuples, les acquis sociaux et le droit de chaque pays à construire le socialisme ! Comme l’a rappelé dernièrement Léon Landini, président du PRCF et ancien officier des FTP-MOI, « CNR et Union européenne sont antinomiques« .
En outre, il est insupportable de voir que, alors que depuis 2010 l’UE a édicté 63 « recommandations » enjoignant la France de diminuer ses dépenses de santé (avec le résultat qu’on voit !), des tracts syndicaux confédéraux mentent par omission en « oubliant » systématiquement de critiquer l’UE. Non seulement ce mensonge par omission sur la nocivité de l’UE conduit les luttes de défaite en défaite, non seulement cette ligne euro-complaisante ne permet pas de rassembler majoritairement la nation autour de la classe ouvrière (80% des ouvriers ont voté Non en 2005 !), mais elle réduit le syndicalisme au rôle de rabatteur d’une énième et insipide union des euro-gauches dont on a déjà vu les résultats avec Jospin et Hollande. Ceux qui appellent à lutter en évitant de désigner complètement l’adversaire de classe, Macron-MEDEF mais aussi l’UE, cet état-major continental de la classe capitaliste, ne servent à rien d’autre qu’à ménager la Confédération européenne des syndicats, son président, le jaune Laurent Berger, et la direction du PS failli… Pour, le moment venu, en guise d' »alternative », appeler à nouveau à voter Macron au second tour en 2022 au nom du barrage antifasciste ? Comme si le régime éborgneur de Macron-Castaner ne participait pas lui aussi de la banalisation du RN par sa xénophobie, sa haine des Gilets jaunes et ses lois liberticides !
Pour une Convergence Nationale des Résistances
Face à ces contrefaçons de « CNR » réac-compatible, de « gauche » euro-complaisante, de « Front populaire »… anticommuniste, les militants franchement communistes du PRCF appellent chaque communiste, chaque travailleur, chaque citoyen conscient à réfléchir et à agir pour :
- combattre le scandaleux amalgame « communisme = fascisme » qui n’a d’autre but, en banalisant les nazis et en criminalisant les révolutionnaires, que d’occulter l’urgence d’un socialisme-communisme de nouvelle génération mettant fin au système capitaliste, de plus en plus fascisant, prédateur et exterminateur ;
- aider le PRCF à reconstruire un parti communiste de combat pour permettre à nouveau à la classe travailleuse de redevenir le sujet principal du changement de société ;
- aider les syndicalistes de classe, qui se regroupent de plus en plus autour de la Fédération syndicale mondiale et ne veulent plus entendre parler de la CFDT et de la CES de Laurent Berger, à construire, avec les Gilets jaunes, le « tous ensemble en même temps » nécessaire pour stopper la casse sociale, chasser Macron, appeler à une République sociale, démocratique et souveraine en marche vers le socialisme ;
- s’emparer du 29 mai prochain, 15ème anniversaire du Non français à la « constitution européenne » pour faire émerger l’idée d’un large Front antifasciste, patriotique, populaire et écologiste, d’une large Convergence nationale des résistances. C’est indispensable pour sortir la France, avant qu’elle achève de se dissoudre dans l’acide sulfurique de la « construction » euro-atlantique, de l’euro, de l’UE, de l’OTAN et du capitalisme.
- mener offensivement la lutte idéologique pour le socialisme et le communisme, seule alternative rationnelle à l’euro-mondialisation virale qui sape l’avenir de l’humanité.