« La démocratie est définie, avant les sondages, par la loi. Et si la loi dit que les parrainages doivent être de 500 pour chaque candidat sur la ligne de départ, c’est la loi qui doit s’imposer. Et la loi, c’est la démocratie. » Nous savions qu’Anne Hidalgo représentait le néant absolu en termes politiques et idéologiques ; nous avons aussi la confirmation qu’elle brille par son inculture totale et sa bêtise crasse. Interrogée dimanche sur Europe 1 au sujet des difficultés de Jean-Luc Mélenchon, Éric Zemmour et Marine Le Pen à obtenir 500 parrainages – et ne parlons même pas des candidats invisibilisés et censurés par les médias aux ordres, à commencer par la campagne pour l’Alternative Rouge et Tricolore portée par le Pôle de Renaissance communiste en France (PRCF) et son secrétaire national, Fadi Kassem – la candidate godillot et prétendue « socialiste » n’a pu dissimuler son mépris absolu envers des concurrents qui, au-delà de leurs idées nauséabondes (Zemmour et Le Pen) ou de leur projet en nette régression par rapport 2017 (Mélenchon), sont en mesure de mobiliser un électorat bien supérieur au crépusculaire Parti « socialiste ». Pour cacher sa misère politique et intellectuelle, à l’instar des macronistes osant se présenter en défenseurs de la « République » qu’ils démantèlent chaque jour toujours plus, Hidalgo – qui a pu tester sa « popularité » le 13 janvier 2021 en étant huée au sein du cortège des enseignants – ne peut trouver rien de mieux que de sortir l’ultime (et unique) argument pour justifier sa piteuse existence : « la démocratie ».
Car il est bien connu que la France est une « grande démocratie ». Après tout, si les euro-dirigeants de France le clament haut et fort, c’est que c’est le cas. Pourtant, ancien porte-parole de la campagne des socialistes hostiles au Traité établissant une constitution pour l’Europe (TECE) en mai 2005, Pouria Amirshahi fut abasourdi par le choix de l’« UMPS » et de leurs satellites (le Modem de François Bayrou, laquais du despote Macron, en tête) de laisser passer le traité de Lisbonne par voie parlementaire le 4 février 2008. Même Giscard d’Estaing le concéda : « Le texte des articles du traité constitutionnel est donc à peu près inchangé, mais il se trouve dispersé en amendements aux traités antérieurs, eux-mêmes réaménagés. On est évidemment loin de la simplification. Il suffit de consulter les tables des matières des trois traités pour le mesurer ! Quel est l’intérêt de cette subtile manœuvre ? D’abord et avant tout d’échapper à la contrainte du recours au référendum, grâce à la dispersion des articles, et au renoncement au vocabulaire constitutionnel. » Dépité, l’ancien « socialiste » se répandit dans le documentaire « 2005 : quand les Français ont dit non à l’Europe » : « Ce n’est pas simplement un déni de démocratie : c’est une entaille durable dans l’idée même qu’on se fait de la démocratie et de sa possibilité. Finalement, tout cela ne reposerait pas sur les grands principes qu’on nous a enseignés et transmis ? La délibération collective, le respect du peuple, le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple : tout ça en fait, c’est du pipeau ! » À cette époque, Anne Hidalgo, déjà adjointe de Bertrand Delanoë à la mairie de Paris – en somme, une bureaucrate professionnelle –, ne s’offusque pas du coup d’État mettant fin au semblant de « démocratie » en France.
Semblant, c’est bien le mot. Car la mascarade « démocratique » à l’approche du premier tour de l’élection présidentielle ne fait que révéler l’état de décomposition de la Cinquième « République », en réalité une monarchie déguisée au sein de laquelle le pouvoir se concentre entre les mains du despote suprême, ne régnant plus que par le biais du Conseil de Défense et transformant les députés et sénateurs en laquais. Et lorsque les députés de l’opposition parviennent à s’exprimer comme lors du « débat » sur l’infâme et antidémocratique passe vaccinal, les macronistes crient au « blocage », à l’« irresponsabilité » – en attendant qu’ils déchoient les récalcitrants de leur citoyenneté ? Une mascarade savamment entretenue par des médias aux ordres et le Conseil supérieur de l’Audiovisuel (CSA), qui répondit à un courrier de protestation solennelle de la part du PRCF fin juillet 2021 en précisant que les éditeurs de services de radio et de télévision « veillent à assurer aux partis et groupements politiques qui expriment les grandes orientations de la vie politique nationale un temps d’intervention équitable au regard des éléments de leur représentativité, notamment les résultats des consultations électorales, le nombre et les catégories d’élus qui s’y rattachent, l’importance des groupes au Parlement et les indications de sondages d’opinion, et de leur contribution à l’animation du débat politique national ». Des critères visiblement ignorés pour le fascisant Zemmour, dont on se demande où se trouvent les « résultats des consultations électorales » ou « l’importance des groupes au Parlement » mais qui, contrairement au PRCF, bénéficie d’une tribune et d’une exposition quotidiennes dans les médias aux ordres – bien aidé de surcroît par les turpitudes d’un Jean-Luc Mélenchon qui, embarqué dans une « Union populaire » aux accents bobo-altermondialistes, ne trouve rien de mieux que de participer à des émissions crétinisantes mettant en valeur le nostalgique de Pétain.
Pendant ce temps, l’abstention atteint des scores records à chaque scrutin depuis les élections législatives de juin 2017 qui, déjà, ont conféré une « majorité » minoritaire à la Macronie puisque 57% des électeurs avaient boudé les urnes. Cela n’empêche pas la Macronie de verrouiller au maximum le dispositif électoral, à travers les pressions sans cesse exercées sur des élu(e)s désormais sommés de décliner leur identité pour parrainer un candidat. Ou comment renforcer les intimidations et les menaces sur les élus et les mettre encore plus à la botte des partis de droite et de « gauche » discrédités par les scrutins successifs. Et cela continuera tant que les sujets majeurs pour l’avenir des travailleurs et des citoyens de France – souveraineté populaire, indépendance nationale, contrôle démocratique sur les secteurs-clés économiques, paix mondiale, sortie de l’UE… – ne seront pas sérieusement abordés, au profit de la « politique-spectacle » et des débats nauséabonds sur l’islam ou l’immigration.
Autant de sujets que le PRCF, censuré par les médias aux ordres et un système institutionnel verrouillé par l’oligarchie euro-atlantique, abordent dans le cadre de la campagne pour l’Alternative Rouge et Tricolore et continuera d’aborder une fois la tartufferie électorale achevée.