Puisque c’est moi qui vais ouvrir cette conférence, je souhaite tout d’abord rendre hommage à tous nos camarades du Pôle qui sont décédés depuis notre dernière conférence Nationale en 2011.
Il s’agit de :
- Georges Hage, notre Président d’Honneur.
- Henri Alleg.
- Jacques Coignard.
- René Roussel.
- Désiré Marle.
- Nicole Lorléac’h.
- Marie Ribbens.
- Albert Laurent.
- Jean Saint-Martin.
- André Fanton
- Augustin Almodovar.
- Roger Burnaud.
- Marcel Beziau.
- Mary Larson.
- Simonne Landini.
- Christian André.
- Michel Mannker.
- René Nebut.
- Emile Maillard.
Tous étaient des camarades méritants, dévoués, lucides. Continuer leur combat jusqu’à la renaissance d’un vrai parti communiste, c’est j’en suis certain la meilleure façon de les honorer.
Si chacun d’entre eux m’étaient chers, Je pense plus particulièrement à Désiré Marle, ce prêtre-ouvrier rouge du Pas-de-Calais, qui mena de grandes grèves au titre de la CGT-métallos et qui, avec Madeleine Dupont, Henri Alleg, Vincent Flament et Georges Gastaud, fonda le Comité Honecker de Solidarité Internationaliste, puis la première Coordination communiste à une époque où soufflaient en tempête les vents de la contre-révolution.
Je pense également à mes chers amis Geo Hage et à Henri Alleg, ce sont eux qui me convainquirent, moi l’ancien FTP-MOI, en désaccord et ensuite écarté par la direction du Parti Communiste, de m’engager à leurs côtés dans une nouvelle résistance. Une résistance, contre la liquidation du parti communiste, une résistance, contre la fascisation et à l’euro-dissolution de notre patrie.
La perte de tous ces camarades se fait durement ressentir dans nos cœurs tant ils étaient porteurs de fidélité, d’humour et de combativité. Aussi afin de leur rendre un dernier hommage je vous invite à faire une minute de silence en leur honneur.
Anniversaire du programme du Conseil National de la Résistance
Chers amis, très chers camarades,
Avant tout autre chose, permettez-moi d’initier cette quatrième Conférence en vous rappelant, que malgré le silence assourdissant de nos médias, demain nous serons le 15 mars.
Il est possible que pour certains d’entre vous cette date ne signifie pas grand-chose, pourtant pour nous les Résistants, cette date signifiait la concrétisation de tous les sacrifices et de tous les combats que nous avions consentis pendant les 4 sombres années de l’occupation de notre pays.
En effet, c’est le 15 mars 1944 que fut signé le programme du Conseil National de la Résistance. Un programme qui n’a pas été écrit avec de l’encre, NON ! mais avec le sang de mes camarades. C’est ce programme qui concrétisait tous nos espoirs, toutes nos espérances et qui nous donnait cette conviction qu’après nous les gens pourraient vivre heureux.
Sachez que ce n’est pas sans émotion que j’évoque ce passé, car 50 % de mes compagnons sont tombés au combat et 52 des miens sont morts dans les culs de basse fosse de la police, de la milice ou de la Gestapo. Pourtant, malgré les souffrances qu’ils ont endurées pas un seul n’a parlé.
Pour supporter l’insupportable il fallait que nous ayons la conviction absolue que nous n’allions pas mourir pour rien, que les survivants sauraient porter haut le drapeau de la Liberté et que nos descendants pourraient, en toute tranquillité, vraiment connaitre et jouir des « Jours Heureux » que nous leur avions légués.
Je ne puis évoquer les arrestations et les tortures que nous avons subies sans parler de ma camarade Jeanine Zontag 19 ans. Blessée, elle a été arrêtée, emmenée à la Gestapo, où les coups ont commencé. Comme elle ne parlait pas, les « Boches » lui ont incisé les seins avec un rasoir, comme elle ne parlait toujours pas, ils lui ont ébouillanté les jambes. Rien ni fit, elle fut alors emmenée à Saint-Genis-Laval, où elle fut abattue à la mitraillette et son corps brulé.
C’est nous qui sommes les héritiers de ces héros et c’est dans l’union que nous vaincrons.
Pour conclure cet épisode, je voudrais rappeler une phrase de Jean Moulin : « Rechercher tout ce qui nous unis et écarter tout ce qui nous divise ».
Chers camarades,
Mon rôle c’est maintenant, au nom de la direction sortante, de situer politiquement notre conférence nationale.
Je voudrais d’abord remercier, en votre nom, la direction politique du PRCF et l’équipe technique de cette conférence dont la préparation nous aura demandé des milliers d’heures de travail.
Si quelques difficultés se produisaient pendant notre Conférence, n’oublions pas que la direction du Pôle est exclusivement composée de militants de terrain dont aucun n’a fait carrière dans la politique et qui, tous, font également tourner leur ARC départementale, leur syndicat ou leur section locale.
Sur le plan proprement politique, que sommes-nous en droit d’espérer de notre conférence nationale ?
Alors que le monde vit une situation périlleuse – il n’y a qu’à voir la liste croissante des pays où il est déconseillé de s’y rendre, les guerres, les « sanctions » et les guerres civiles manipulées par l’impérialisme, se multiplient de l’Ukraine à l’Afrique en passant par le Proche-Orient, alors que Hollande a aggravé la politique d’alignement atlantique de Sarkozy et de l’odieux BHL.
Nous voyons l’impérialisme américain s’orienter vers une confrontation globale avec la Russie et les BRICS, l’heure n’est pas dans notre PRCF à l’introspection et aux états d’âme. L’heure est plutôt à l’action, pour la reconstitution du Mouvement communiste international, pour le renforcement dans l’action de l’Initiative internationale anti-Union-Européenne et pour la recomposition du Front anti-impérialiste mondial.
Les résistances populaires montantes sont d’ailleurs propres à nous encourager.
En Ukraine, les forces ouvrières, communistes et antifascistes du Donbass ont infligé une défaite aux néonazis de Kiev alliés à l’OTAN.
A Cuba, l’Empire yanqui manœuvre en recul même si le but d’Obama reste de détruire le socialisme cubain en tentant de le déstabiliser du dedans : mais le PC de Cuba ne lève pas la garde, pas plus que les autres pays de l’ALBA.
Le coup d’Etat fomenté par la CIA a été déjoué au Venezuela et, Morales a été triomphalement réélu en Bolivie.
Contrairement aux snobs politiques qui accablent de leçons révolutionnaires les peuples latino-américains en lutte, nous soutenons la politique du P.C. du Venezuela qui, sans brider son identité de classe, s’investit pleinement dans le processus patriotique bolivarien.
En Grèce, nous soutenons le KKE et le syndicat « PAMé ». Comme nous, ils luttent pour les « quatre sorties » en pointant les contorsions de Syriza qui prétend absurdement stopper l’austérité tout en restant dans l’UE.
En nous souvenant du slogan du communiste allemand Karl Liebknecht selon lequel « l’ennemi principal est dans ton propre pays », nous demandons raison à Hollande que cesse sa politique d’usurier à l’encontre des peuples grec, portugais, espagnol, italien.
Ce faisant nous restons fidèles au peuple de France qui n’a que faire des dividendes criminels des banquiers « français ». Car ce dont notre peuple a vitalement besoin, ce n’est pas d’opprimer d’autres peuples en Europe, en Syrie ou en Afrique, mais de recouvrer sa souveraineté nationale en sortant de l’U.E. et de l’OTAN.
Toutes ces raisons font que, notre Conférence Nationale doit résolument tourner notre organisation vers la lutte antifasciste et anti-impérialiste, vers la défense de la souveraineté de tous les peuples, vers la protection de la paix mondiale menacée.
Et c’est déjà dans cet esprit que la direction du PRCF souhaite que notre conférence mesure toute l’importance des actions unitaires prévues les 9 et 30 mai prochain par les Assises du communisme. Pionnière non seulement en France mais en Europe, cette manifestation peut ouvrir le bal des actions communistes et progressistes tournées contre l’UE, l’euro et l’OTAN.
Notre tâche principale, dès la fin de cette conférence, sera de travailler d’arrache-pied, en nous tournant vers les communistes, les syndicalistes et les travailleurs au succès des journées du 9 et du 30 mai. Leur succès donnerait le branle à l’alternative patriotique et populaire qui fait aujourd’hui défaut au peuple français. Sous les drapeaux rouges et tricolores, prouvons qu’il est possible d’affronter à la fois l’UMPS maastrichtienne et l’UM ‘Pen fascisante tout en dénonçant la dictature euro-atlantique bénie par le MEDEF !
Des difficultés existent à ce sujet car certains font tout pour dénigrer cette manif du 30 mai. Il reviendra aux militants du PRCF de renverser les obstacles et de « tirer » à cette manif leurs collègues de travail, leurs parents et leurs amis. Bref, commençons à « ancrer en bas » cette manifestation anti-UE et comprenons tous à temps ce qu’elle peut donner si nous la travaillons efficacement tous ensemble et en même temps !
Sur le plan national, la situation est là aussi crépusculaire. La politique de Hollande et de Valls-MEDEF est si réactionnaire, qu’elle a ouvert un boulevard aux ultraréactionnaires du FN et de l’UMP qui, de plus en plus souvent, convergent pour vomir les chômeurs, les syndicats, les fonctionnaires, les étrangers, les acquis sociaux et parachever la mise en place d’un Etat policier déjà préparé par Valls et Cazeneuve.
Lourde est à cet égard la responsabilité du Front de gauche dont les dirigeants continuent de proposer l’invendable « Europe sociale » en abandonnant le drapeau de la nation aux usurpateurs bleu-marine.
Grave est la responsabilité des dirigeants confédéraux de la CGT qui, reniant le syndicalisme de classe et de masse, ont abandonné le terrain à la CES maastrichtienne et à la CFDT, ces courroies de transmission du patronat et de Bruxelles. Mais là encore, les résistances s’approfondissent. Préparée par le Front syndical de classe, la fronde des bases rouges de la CGT a contraint la direction confédérale euro-formatée à faire des concessions.
Le 9 avril prochain, la CGT, FO, SUD et la FSU feront grève ensemble contre l’austérité et pas un militant PRCF ne devra manquer ce jour-là dans les cortèges, pas plus qu’aux manifs du 1er mai, pour diffuser notre quatre-pages appelant à la manifestation du 30 mai contre l’UE.
Chers Amis, décidément, que de chemin parcouru depuis la fondation du PRCF en 2004 :
Alors que nous étions seuls, non seulement en France mais en Europe, à prôner les quatre sorties (de l’euro, de l’UE, de l’OTAN et du capitalisme), alors que nous portions seuls la référence au CNR, notre stratégie d’euro-rupture révolutionnaire ne cesse de faire des petits en France et en Europe.
En France, les formations se réclamant des Assises du communisme rejettent ensemble le slogan mensonger de l’Europe sociale. Toutes se battent pour les quatre sorties et se réfèrent, comme nous, au Front Antifasciste, Patriotique et Populaire (FRAPP). Des gaullistes de gauche, des progressistes, appellent eux aussi à sortir de l’UE par des mesures progressistes incluant de vastes nationalisations démocratiques. Malgré les calomnies de certains sectaires autoproclamés « parti communiste » dont le seul exploit depuis vingt ans aura été de diviser et de paralyser les vrais communistes !
Les militants de la classe ouvrière comprennent de mieux en mieux que dans les conditions présentes, la sortie de l’UE par la voie progressiste, la constitution autour des communistes, des syndicalistes de classe et des progressistes d’un large rassemblement contre l’UE du capital, peut seule permettre de frapper au cœur la stratégie du capital.
C’est d’autant plus vrai que le but affirmé du MEDEF est d’en finir avec la Nation, de marginaliser le français au profit du globish, d’en finir avec la loi laïque de 1905 et avec l’organisation républicaine issue de la Révolution française, de liquider les acquis de 45, pour leur substituer l’Europe cléricale des régions et le ruineux Pacte transatlantique.
Dans ces conditions, répétons-le sans cesse pour que même les sourds finissent par l’entendre, il existe une étroite complémentarité en 2015 entre l’aspiration rassembleuse à un nouveau CNR et la lutte révolutionnaire pour le socialisme et pour le pouvoir des travailleurs.
Sortir la France de l’UE par la voie progressiste, ce serait en effet déclencher d’intenses affrontements de classes à l’initiative du camp populaire. Ce serait créer les conditions, non pas au moyen de dérisoires incantations pseudo-marxistes, mais dans la pratique, de la révolution socialiste pour notre pays. Cette révolution demeure, faut-il le dire, notre unique but stratégique car, seul le socialisme pourra pleinement garantir au peuple français la souveraineté nationale, la coopération internationale et la marche continue vers le progrès social.
Le succès n’est pas garanti d’avance et si les vrais communistes ne déploient pas sans états d’âme leur unité de combat, s’ils préfèrent les débats byzantins aux luttes de terrain, alors oui, le processus de fascisation et de décomposition nationale deviendra irréversible.
En particulier, l’heure n’est pas à nous diviser sur des questions historiques, si importantes soient-elles.
Pour nous comme pour Marx, l’identité communiste coïncide avec le combat de classe pour la société sans classes.
Si l’ennemi dénigre tant le communisme passé, cette expérience historique que nous avons toujours assumée haut et fort (voir notre commémoration des héros de Stalingrad et de leurs dirigeants politico-militaires), ce n’est pas pour flétrir le passé ; du passé, les idéologues antisoviétiques n’en ont cure : leur vrai but est de forclore le futur socialiste de la France pour éviter que notre peuple, tenant compte à la fois des lois de la révolution recensées par le marxisme-léninisme et des traditions propres de notre pays, se mette en état d’accomplir les promesses de la Commune de Paris, du Congrès de Tours, du Front populaire et des Jours heureux, ce grand texte humaniste.
Au nom de la direction du PRCF, je nous souhaite une conférence nationale rassembleuse, tournée vers le renforcement du PRCF, vers la classe ouvrière et les jeunes, vers le 30 mai 2015, vers le syndicalisme de classe, vers le Front antifasciste, populaire et patriotique, vers le socialisme et le communisme.
Nous les vétérans de la Résistance, verrons-nous de nos yeux le Temps des cerises annoncé par Jean-Baptiste Clément ? Ce n’est pas ce qui compte le plus. Ce qui vaut à nos yeux, c’est que notre organisation, dont le rôle s’affirme dans le mouvement communiste et progressiste français et international, continue de faire de nombreuses adhésions, que les abonnements à IC se multiplient, que les JRCF deviennent une force de dialogue et de conquête, que nos commissions luttes, santé, école, international, etc., tournent à plein, en un mot que notre PRCF contribue décisivement à remettre à l’offensive les communistes et le monde du travail.
Je vous fais confiance, camarades, pour que dans l’unité, notre conférence travaille à ce qui fut l’espérance de toute notre vie et que nous soyons dignes de tous mes camarades tombés en chemin, convaincus qu’ils allaient nous laisser un monde où il ferait bon vivre.
Je vous remercie.
Léon LANDINI