Le premier tour des élections municipales qui s’est déroulé ce dimanche 15 mars 2020 a accouché, comme attendu, d’un taux d’abstention record à 53,5%, pour une élection souvent considérée comme l’une des plus appréciées des Français. Quels que soient les résultats survenus dans les différentes communes, il apparaît incontestable que ce scrutin ne s’est pas déroulé dans des conditions sanitaires sures, ce que révèlent de nombreux témoignages d’électeurs en colère à la sortie des urnes comme à Marseille ou… au Touquet, la ville de résidence de l’autocrate Macron. Et rien ne dit que le deuxième tour – si celui-ci a lieu… – ne débouchera pas sur un plus grand taux d’abstention.
Il est singulièrement paradoxal, pour ne pas dire indécent, de la part de Macron et du gouvernement Philippe d’expliquer qu’il faut réduire au maximum les déplacements, pratiquer la « différenciation sociale » tout en enjoignant d’aller voter. Et ce après avoir annoncé – probablement avec retard, spécialité de ce gouvernement depuis le début de la diffusion de la crise… – que le vote, érigé en « devoir civique » par des éditocrates et des pseudo-journalistes qui passent leur temps à discréditer l’engagement citoyen quotidien des syndicalistes, des citoyens et des partis opposés à la macronie, soit élevé à la même importance que le fait de faire des courses pour constituer des stocks en cas de nécessité ! Cette situation est d’autant plus kafkaïenne que de nombreuses voix, y compris au sein même de la majorité godillot des LREM, ont réclamé le report d’un scrutin qui, de toute évidence, aurait dû être reporté quand on sait que le confinement est proclamé en Italie, en Espagne, etc., que les Italiens et les Britanniques ont reporté des élections et que désormais, selon les aveux mêmes de la majorité macroniste qui, depuis des semaines, refusait les mesures fortes s’imposant – leur priorité n’étant pas nos vies mais leurs profits –, le pire est à venir…
Il est d’autant plus cocasse d’entendre le gouvernement faire l’apologie de la démocratie alors que Macron, Philippe et tous leurs laquais – le Sinistre de l’Intérieur Castaner en tête – n’ont cessé de matraquer, mutiler, voire tuer, les gilets jaunes, syndicalistes, lycéen(ne)s et étudiant(e)s, enseignant(e)s, travailleurs précaires, personnels hospitaliers, pompiers, avocats, retraité(e)s, etc., araser progressivement les libertés publiques au point de prendre la décision de ficher les citoyens selon leurs opinions politiques, détruire les conquêtes sociales comme les retraites par répartition ou le Code du travail qui sont constitutifs de la démocratie sociale, appliquer une brutale politique de destruction des services publics – à commencer par les hôpitaux saturés et devant faire face à une vague de personnes contaminées –, faire volontairement dégénérer nombre de manifestations et rassemblements en usant des violences policières, chercher à confiner le droit de grève constitutionnellement reconnu et arraché de longue lutte, etc.
Pour Macron et ses laquais, la « démocratie » se résume à glisser un bulletin de vote pour leur conférer une pseudo-« légitimité », comme cela fut le cas lors du second tour de l’élection présidentielle en mai 2017 ou lors des élections européennes de mai 2019, uniquement pour faire passer leurs politiques détruisant les services publics, et ce à tout prix. Et qu’importe que nombre de médecins aient appelé, à la suite de la déclaration urgente du Premier ministre samedi soir ordonnant de fermer les cafés, commerces, restaurants, cinémas, etc., à reporter le premier tour des élections municipales. Et qu’importe que Macron ait annoncé que la santé était la priorité nationale – de toute évidence, après la mascarade électorale de ce soir…
Quant aux résultats à proprement parler, outre la prime traditionnelle aux sortants – qui ont certainement profité de la volonté des électeurs d’éviter un second tour de plus en plus hypothétique –, ils confirment d’une part la fascisation croissante du fait des résultats toujours très préoccupants du prétendu « Rassemblement national », d’autre part le discrédit de plus en plus fort de la majorité godillot LREM, à commencer par un Premier ministre en grande difficulté au Havre, où le candidat PCF réalise un bon score. Le PRCF adresse également ses félicitations et salue le courage de ses militants engagés dans des listes et qui ont dû mener campagne dans des conditions terriblement acrobatiques et difficiles pour faire entendre leur voix.
Si la vie démocratique ne doit pas être suspendue, elle ne saurait être sacrifiée sur l’autel de la santé hypocritement érigée en « priorité nationale » par un gouvernement dont l’esprit d’« union sacrée » s’arrête aux intérêts électoralistes : difficile en effet de ne pas imaginer ce gouvernement, qui sort le 49-3 pour faire passer en force sans débat son projet de contre-réforme des retraites, ne pas avoir surjoué la carte de la « garantie des services publics » et de la « défense de la nation » afin de remobiliser son électorat pour un scrutin dont les estimations laissaient prévoir une grande claque – fortement méritée.
Aux citoyen(ne)s français de décider de se rendre aux urnes le 22 mars prochain – si ces élections ont lieu –, mais en tirant les leçons des couacs de ce premier tour des élections municipales et en ayant conscience de la progression inexorable et dangereuse de la pandémie du coronavirus. Le PRCF invite plus que jamais à la grande prudence et à privilégier la santé avant toute chose, y compris avant la prétendue « vie démocratique » que les inconséquents et irresponsables Macron, Philippe et leurs valets serviles détruisent allègrement depuis leur arrivée au pouvoir.
Aux électeurs qui se rendraient dans les urnes, le PRCF renouvelle son appel à battre Macron et Le Pen, mais aussi les prétendus « Républicains » et la droite fascisante, sans porter la moindre caution au Parti dit « socialiste » ni aux faux écolos qui assimilent le communisme au nazisme et contribuent, par leur européisme béat, à la fascisation croissante et à la destruction des conquêtes sociales et démocratiques qu’ils prétendent défendre.