Un entretien réalisé le 13 janvier 2021
En ce début 2021 marqué par la poursuite du tsunami de licenciements et d’attaques antisociales contre le monde du travail, doublée d’une offensive générale contre les libertés par le régime Macron, ainsi qu’au plan international par la transition trouble entre Trump et Biden, tandis que la situation sanitaire n’est toujours pas rétablie et que la crise systémique du capitalisme fait rage, Georges Gastaud, co-secrétaire national du PRCF a accepté de répondre aux questions d’Initiative Communiste. L’occasion de faire le point sur les propositions et les actions lancées par les communistes pour 2021, afin d’ouvrir une perspective politique et de relancer à l’offensive les travailleurs.
Initiative Communiste – Quelles leçons tirer de la très chaotique “transition” présidentielle aux États-Unis ?
Georges Gastaud – Que la première puissance impérialiste mondiale en soit à offrir au monde médusé le spectacle d’une guerre civile larvée, cela donne la mesure de la crise générale du système capitaliste-impérialiste, laquelle frappe désormais de plein fouet les superstructures de la domination capitaliste états-unienne. Durant plus d’un siècle, le “bipartisme” démocrates/républicains a servi commodément de façade “pluraliste” à la ploutocratie américaine: en réalité, il ne s’est jamais agi que d’un parti unique capitaliste bicéphale, les élections, faites à coups de milliards, sanctionnant au final le rapport de forces financier entre les clientèles démocrate et républicaine du PUB, le parti unique bourgeois. Mais les politiques néolibérales d’exportation massives des capitaux vers l’Asie, donc de dévastation de la classe ouvrière (les fameux “cols bleus” de Détroit, par ex.) et des couches moyennes américaines, a déplacé l’antagonisme social vers son expression bourgeoise déformée, l’opposition de plus en plus violente, entre “démocrates”, plutôt enclins à une politique de domination mondiale dite “transatlantique” ou “mondialiste” (donc prenant la forme d’un “internationalisme” de façade), et les “républicains” férus de protectionnisme et de mainmise renforcée des “gringos” sur l’hémisphère austral (ce que les politistes appellent le “continentalisme”).
Bien entendu, les dirigeants capitalistes européens, principalement allemands, préfèrent la première ligne, celle qui conduit à ce que le MEDEF appelle l’ “Union transatlantique”: c’est-à-dire à l’intégration supranationale (”l’Europe fédérale”) dominée par Berlin, à un libre échange débridé avec l’Amérique, tout cela sous la domination de l’OTAN et sous le primat renforcé du tout-globish. Cela mène vers l’armée européenne et vers une confrontation accrue avec la Russie. Rien de bon, donc, à attendre pour la paix mondiale et pour une coopération vraiment libre et égalitaire entre les peuples. Mais l’autre camp réactionnaire, celui que personnifie Trump, est grossièrement raciste (”suprémaciste”), clérical (la Bible et la prière partout!), misogyne, anti-syndical, voire carrément fasciste à l’intérieur (goût de plus en plus prononcé pour les milices armées jusqu’aux dents et pour l’invasion des bâtiments institutionnels), lourdement unilatéraliste (mépris pour les accords internationaux, pour l’ONU, pour l’OMS, etc.) et grossièrement belliciste à l’extérieur contre Cuba, le Venezuela et la gauche latino-américaine en général. En définitive, la “serre” droite et la serre “gauche” de l’Aigle états-uniennes pétrissent ensemble le peuple palestinien. “Répucrates” et “Démoblicains” martyrisent ensemble le monde arabo-musulman avec la complicité d’Israël et des monarchies “musulmanes” arabes, ils fraient partout avec les mouvements euro-fascistes, pseudo “évangélistes” et islamo-intégristes, ils criminalisent les partis communistes et toute forme d’opposition démocratique (cf l’acharnement contre Assange ou contre Mumia Abu-Jamal). Globalement, la tendance du capitalisme-impérialisme global, non pas à la “mondialisation heureuse”, comme l’annonçait niaisement Alain Minc, mais à la fascisation: cette fascisation que le PRCF et ses précurseurs ont décryptée et annoncée depuis des années sous la risée de toute une ribambelle de “marxistes” frappés de cécité, est tristement confirmée.
Dans le même temps, une série de résistances populaires se dressent contre l’étau fascisant, tendanciellement exterministe, qui poigne le monde et l’humanité. Aux États-Unis même, le mouvement “Les vies noires comptent” marque des points avec le soutien de la jeunesse progressiste blanche. Celle-ci s’est à nouveau largement reconnue dans le sénateur “socialiste” Bernie Sanders lors des primaires états-uniennes : il ne s’agit certes que d’un social-démocrate à l’américaine, mais le fait qu’un individu osant se dire “socialiste” échoue de peu, et pour la seconde fois, à l’investiture du parti démocrate est significatif du discrédit que le mot “capitalisme” encourt désormais même aux USA, sanctuaire planétaire de l’idéologie néolibérale et thatchéro-reaganienne.
Dans le même temps, l’Amérique latine, récemment encore en rétraction démocratique, relève la tête. Malgré un blocus inhumainement renforcé contre Cuba (alors que La Havane a généreusement apporté son appui médical à tout pays qui le lui demandait), le gouvernement du camarade Diaz-Canel s’attaque de front à l’emprise du dollar sur son économie. Bien que pris en étau entre Trump et l’oligarchie locale, Maduro est toujours là à Caracas. En Bolivie, Morales est revenu triomphalement suite au succès électoral éclatant du Mouvement d’action socialiste. Au Brésil, le fasciste Bolsonaro est affaibli par sa non-gestion criminelle du virus et par la déconfiture de son grand protecteur Trump. Quant au PC du Chili, il est l’aile marchante du mouvement antifasciste et anti-impérialiste que portent les masses chiliennes contre les restes du régime pinochetiste qui a ouvert en 1973 le cycle de l’offensive libéral-fascisante -mondiale contre le mouvement ouvrier et les pays en lutte pour le socialisme.
Et puisque je parle de “cycle”, qu’il me soit permis de noter qu’en Russie, les 2/3 de la population (les 3/4 de la classe ouvrière!) regrettent désormais, expérience faite des deux systèmes sociaux historiquement concurrents, l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques. Le fait que le Parlement européen ait entrepris de criminaliser les PC fidèles à l’emblème ouvrier et paysan (le drapeau rouge orné des “outils”) ne doit pas être interprété comme un signe de force des Etats capitalistes mais comme un signe de crainte: trente ans après l’annexion de la RDA et la contre-révolution en ex-URSS, les capitalistes européens pilotés par Berlin” craignent autant et plus qu’en 1848 (date de parution du Manifeste du Parti communiste) le “spectre du communisme”… Dès lors, pourquoi les communistes de France fidèles à l’emblème ouvrier et paysan ne transformeraient-ils pas cette tentative de chasse aux sorcières continentale en occasion de riposter ensemble à l’anticommunisme, cet aliment permanent du fascisme, en faisant revivre la faucille et le marteau sur les murs de France. Et pourquoi pas, si d’autres forces communistes européennes en décident, sur tous les murs d’Europe, par exemple lors des anniversaires d’Octobre 1917 et de Stalingrad ?
En Afrique et dans le grand pourtour méditerranéen, l’impérialisme français en déclin (tant notre grande bourgeoisie a démoli, non seulement ses ex-colonies et néo-colonies, mais l’Hexagone lui-même!) se voit durement concurrencé par des impérialismes et des sous-impérialismes émergents, clients de l’impérialisme US et/ou de l’impérialisme allemand : en témoignent les menées bellicistes du fascisant Erdogan du Caucase jusqu’en Libye, ou les agissements des pétromonarchies finançant le terrorisme islamiste de l’Afghanistan au Sahel, avec l’espoir de liquider chemin faisant les luttes progressistes des Palestiniens et du Front Polisario. Mais les peuples refusent d’être les jouets des rivalités dévastatrices entre prédateurs impérialistes ; et des mouvements populaires profonds, comme celui de la jeunesse algérienne et celui du peuple malien, que conduisent avec finesse les communistes du SADI, réclament l’indépendance véritable : ils doivent pouvoir compter pour cela sur la chaleureuse solidarité des patriotes français qui savent bien qu’ “un peuple qui en opprime d’autres ne saurait être libre”. Le PRCF continue donc de se prononcer pour le retrait de toutes les troupes françaises intervenant en Afrique. Si certaines d’entre elles devaient être maintenues, ce ne pourrait être qu’à la demande des peuples concernés, que pour combattre et combattre uniquement les forces djihadistes, et sous le commandement direct de l’ONU, comme l’ont réclamé ensemble le SADI et le PRCF.
I.C. – Dans quelles directions déployer présentement notre solidarité internationaliste?
Georges Gastaud – Dans les conditions que je viens de décrire, il faut évidemment refuser l’américanisation politico-culturelle de notre pays, et pour cela, rejeter le duel/duo Macron/Le Pen qui n’est autre que la projection hexagonale du duel/duo potentiellement sanglant entre Biden et Trump.
Il est également vital de rejeter le mouvement de plus en plus pressant vers l’officialisation de l’anglais comme seule langue institutionnelle de l’UE, car cette uniformisation linguistique n’est qu’une arme de plus aux mains du capital pour aggraver les délocalisations et les fusions industrielles capitalistes, pour susciter les migrations de populations sous contrainte impérialiste et soumettre in fine des milliards de prolétaires à une rivalité féroce, une concurrence “linguistiquement dé-segmentée” et socialement ruineuse pour chaque poste de travail : or c’est vers cette officialisation de l’anglais que marche à grands pas la présidente de la commission de Bruxelles, Mme Ursula von den Leyen, son but étant de parfaire la construction politique de l’Empire européen et de l’inscrire dans la marche au “grand marché transatlantique” (TAFTA, le grand retour…) ; bien entendu, il ne s’agit pas de combattre l’anglais en tant que langue, ce que nous visons depuis toujours, c’est la langue unique mondiale facteur de pensée, d’économie et de politique unique, c’est-à-dire d’un mot, de “globalitarisme”… Si ce n’est d’effacement de l’idée même de langue, avec tout ce qu’un tel mot porte de profondeur culturelle et d’arrière-plan historique, tant une langue unique est synonyme de novlangue, voire de “non-langue”!
Il faut aussi (nous) défendre (avec) Cuba socialiste et avec les autres pays de l’Alternative bolivarienne des Amériques (ALBA) tout en privilégiant les rapports fraternels avec les PC latino-américains. Une délégation du PRCF composée des camarades Fadi Kassem, Aymeric Monville et Hubert Cuilleron, vient à ce sujet de rencontrer dans un climat fort chaleureux le nouvel ambassadeur de la République de Cuba et nous participerons aux actions unitaires de solidarité prévues avec les amis de Cuba en France.
- renforcer notre solidarité avec les peuples palestinien, malien et sahraoui.
- lutter sans désemparer pour la paix mondiale sans nous illusionner sur Joe Biden, que nos médias “euro-atlantiques” vont, bien évidemment tenter de nous vendre comme un “second Obama”. Il faut au contraire prévoir que, si d’éventuelles évolutions tactiques de Washington sont possibles sur certains fronts comme l’Iran (et encore!), le clan “mondialiste” représenté par Biden et par les Clinton est férocement anti-russe: c’est même de lui qu’est partie la “révolution orange” qui a livré l’Ukraine post-soviétique aux nostalgiques de Hitler. Dans cet esprit, comme nous venons de le faire en rencontrant M. l’Ambassadeur de Biélorussie en France, puis en donnant la parole sur I.C. au président du PC d’Ukraine, le camarade Simonenko, nous devons faire notre possible pour activer la solidarité communiste et antifasciste dans toute l’Europe à côté, notamment de nos amis et camarades du Comité Internationaliste pour la Solidarité de Classe. C’est dans cet esprit que notre camarade Pierre Pranchère, ancien résistant FTPF et président de la commission International, vient d’affirmer notre solidarité avec les jeunes progressistes allemands de la FDJ brutalisés par la police d’Angela Merkel.
I.C. – Où en est la réflexion du Pôle en matière de politique sanitaire ?
Georges Gastaud – Notre commission Santé a, ces derniers temps, publié deux bulletins “Anticorps rouges” qui ont été diffusés devant différents centres hospitaliers du pays. En outre, depuis le début de la crise sanitaire, le PRCF a publié plusieurs motions adoptées unanimement ou quasi-unanimement par notre secrétariat national, notre commission exécutive ou notre comité central, tout cela malgré les difficultés que comporte l’impossibilité de débattre largement en “présentiel”.
Contre le “viro-scepticisme” répandu par certains milieux, contre Macron qui, début mars, se rendait encore au théâtre et appelait à ignorer le virus, le PRCF a d’emblée – comme nos camarades cubains, chinois ou vietnamiens – affirmé la réalité de la covid et de la létalité que comportent ses formes graves, n’en déplaise aux “libertariens” Trump, Bolsonaro, Johnson qui, d’ailleurs, comme Macron, ont tous attrapé le virus, Johnson manquant de peu d’en mourir ;
mais aux antipodes de toute union sacrée avec Macron, et tout en soutenant les gestes-barrières élémentaires demandés par les soignants, le PRCF n’en dénonce pas moins:
- l’euro-mondialisation capitaliste, facteur de syndémies virales (transmission des agents pathogènes de l’animal vers l’homme et réciproquement) et d’expansion ultrarapide des agents infectieux en raison de la dé-segmentation sauvage qu’entraîne l’ “économie de marché ouverte sur le monde où la concurrence est libre et non faussée” (Traité de Maastricht)
- l’euro-casse des services publics qui, au nom des critères de Maastricht, a dévasté l’hôpital et détruit les capacités industrielles françaises (la France, pays de Louis Pasteur, devenue incapable de produire en masse des masques, des respirateurs ou… des vaccins!), démoli l’Éducation nationale.
- la chaotique politique de Macron, Véran et autre Blanquer; ce dernier a gravement mis en danger les élèves et les maîtres (protocoles sanitaires insuffisants ou non appliqués dans nombre d’établissements scolaires). La culture néolibérale de ces messieurs, s’ajoutant à leur casse pluri-décennale de l’appareil d’État administratif et sanitaire, les ont empêchés, contrairement à Cuba, à la Chine ou au Vietnam (voire à certains pays capitalistes ayant conservé des capacités étatiques d’intervention) de planifier correctement quoi que ce soit, des masques aux vaccins en passant par le dépistage, le traçage et l’isolement des personnes infectées, leurs seuls outils étant ces armes de dernier recours que sont le confinement indiscriminé de toute la population et le couvre-feu, avec de graves effets sur l’économie et le moral de la population. Symétriquement, la Macronie soi-disant “anti-jacobine” s’est montrée d’un étatisme tatillon, flairant à cent lieues les pressions de Big Pharma, quand il s’est agi d’imposer une politique nationale de NON-soin et de stigmatiser, voire de réprimer ceux qui, instituts ou médecins libéraux, essayaient tout bonnement de soigner et d’écouter les patients en détresse. La Macronie pseudo-“libérale” a ainsi prouvé que pour elle, l’Etat doit servir uniquement les monopoles capitalistes, le soin proprement dit étant abandonné aux collectivités territoriales ou aux initiatives les plus diverses, les moins coordonnées entre elles et les plus susceptibles d’être réprimées in fine…
- enfin, n’oublions pas que la plupart des plans de licenciements annoncés ces derniers temps alors que le grand patronat se gave de subventions d’État allouées sans contrôle, ont précédé l’épidémie de la covid 19. Celle-ci existe par elle-même, et la sous-estimer sera gravissime, mais manifestement le grand capital et les États qui le servent (dont le nôtre), se servent de l’épidémie pour mettre en œuvre leurs objectifs de délocalisation, de fusion capitalistique transnationale, de privatisation, d’intensification de la productivité du travail, en un mot, pour accroître leur plus-value capitaliste, monopoliser le marché et “avaler”, chemin faisant, le petit et moyen capital. C’est pourquoi il est hors de question de confondre les mesures-barrières indispensables avec l’avalanche de mesures liberticides, comme la loi Sécurité globale, de contre-réformes (EDF, lycées, SNCF, ONF, retraites, indemnités chômage…) et de mesures qui avantagent le gros commerce au détriment des petits. Non seulement le PRCF condamne la politique gouvernementale, mais il invite ses organisations locales à organiser, partout où c’est possible, des manifestations, fussent-elles petites, pour dénoncer l’ensemble des mesures liberticides, des contre-réformes, des plans de licenciements et, plus généralement, l’accélération de la casse de la France au nom du “saut fédéral européen” prôné par Macron.
Concernant la vaccination, le PRCF refuse évidemment l’anti-vaccinisme de principe, le principe de la vaccination étant parfaitement rationnel et ayant fait ses preuves magistrales dans l’éradication mondiale de certains fléaux (pour rappel, c’est sur proposition de l’URSS qu’en 1958, l’OMS a organisé mondialement l’éradication de la variole par vaccination générale).
Bien entendu, le PRCF comme tel n’a pas pour autant vocation ni compétence pour garantir ou pas tel ou tel vaccin. Il est en revanche de notre devoir politique de rappeler que dans le capitalisme monopoliste d’État qui règne aujourd’hui sous le pseudonyme de néolibéralisme, les intérêts capitalistes et l’intervention de l’État sont fondus en un mécanisme unique qui soumet la recherche scientifique aux énormes intérêts financiers. Le dire n’est en rien participer du scepticisme antivaccinal, cet obscurantisme: il s’agit seulement de constater un fait patent. En résumé, nous sommes donc, bien évidemment, pour le principe du vaccin, nous exigeons que les vaccins chinois, cubain et russe ne soient pas écartés a priori du public français par pur préjugé politique et nous exigeons que liberté soit rendue aux médecins libéraux et hospitaliers pour conseiller leurs patients et pour prescrire comme c’est leur métier de le faire et comme le leur commande le serment d’Hippocrate. Ce qui n’exclut en rien une réflexion critique, programmatique et prospective générale sur la future réorganisation socialiste du soin dans notre pays.
Enfin, nous exigeons la nationalisation franche et “sèche” de SANOFI (sans indemnisation des grands actionnaires qui ne se sont que trop gavés) et la création d’un Institut hospitalier universitaire par région française (pour le dire de manière un peu synthétique) de manière que la covi 19 et que les futures maladies émergentes que peut hélas susciter à tout moment la dévastatrice mondialisation néolibérale, puissent être traitées à l’avenir sans déstabiliser l’ensemble du système sanitaire et sans nuire aux personnes souffrant de pathologies “ordinaires” (mais pas forcément moins graves!).
I.C. – La situation des masses populaires empire comme jamais en France et les mauvais coups du régime Macron s’accumulent. Quelle alternative progressiste face à cette évolution?
Georges Gastaud – Un quart des Français ne peuvent pas faire trois repas par jour (source: la MGEN) et personnellement, je n’ai pas besoin de statistiques pour mesurer la misère qui frappe ma région ouvrière gravement désindustrialisée : l’ex-bassin minier de Lens où les associations portant secours au peuple sont manifestement débordées. Mais les travailleurs n’ont pas besoin des militants de gauche pour voir que tout s’aggrave pour eux : ce désastre social, ils le vivent au quotidien, en particulier les jeunes travailleurs, les jeunes chômeurs, nombre d’auto-entrepreneurs et nombre d’étudiants issus du monde ouvrier. En revanche, les travailleurs ont besoin que les militants progressistes fassent enfin leur boulot qui est de proposer une alternative révolutionnaire.
Or on ne peut compter pour cela sur le rassemblement lepeniste qui, refusant de sortir la France de l’UE, de l’euro et de l’OTAN, n’a d’autre programme que de diviser les classes populaires sur des bases ethniques au risque de favoriser la guerre civile.
On ne peut compter non plus sur les confusionnistes qui prétendent favoriser l’union des “patriotes des deux rives” car ces escamoteurs, qui ne veulent à aucun prix affronter le grand capital, ne peuvent au final que servir de force d’appoint au RN.
Quant à la sempiternelle union des euro-gauches, qu’elle prenne le visage d’un euro-“socialiste”, d’un euro-“communiste” ou d’un euro-“écolo”, elle ne pourra en rien mobiliser la classe ouvrière puisqu’elle ne veut à aucun prix sortir la France du carcan européen qui précontraint toutes les politiques économiques dans notre pays depuis Maastricht. En réalité, aucune pirouette verbale, aucun talent tribunicien ne pourront faire oublier qu’une France franchement insoumise au grand capital ne peut être qu’une France sortant par la gauche, par la voie des nationalisations et de la démocratie populaire, de cette “construction” euro-atlantique qui forme le cœur de stratégie de l’oligarchie capitaliste.
C’est pourquoi le PRCF fait preuve de courage en apportant sa note originale dans la précampagne déjà lancée des élections présidentielle et législatives. Nous remercions à ce sujet notre camarade Fadi Kassem, jeune agrégé d’histoire et diplômé de sciences politiques, d’avoir accepté le rôle de porte-drapeau des militants franchement communistes et 100% anti-Maastricht dans une bataille éminemment difficile mais nécessaire: celle qui consiste, en lien avec les luttes sociales, à déverrouiller l’offre politique dans notre pays. Car les sondages disent tous que les Français ne veulent pas être enfermés dans le “choix” désespérant que dessinerait un nouveau duel/duo Macron/Le Pen, les Biden et Trump français. Ils ne veulent pas non plus d’une “alternative” rose pâle qui a déjà fait les preuves de son inconsistance tout en gonflant les voiles lepenistes. Nous qui voulons reconstruire un parti franchement communiste dont la classe laborieuse a tant besoin, travaillons à ce qu’émerge une alternative rouge et tricolore associant la visée du Frexit progressiste à la perspective révolutionnaire du socialisme pour la France. En ce 100ème anniversaire du Congrès de Tours, qui donna naissance au parti communiste français, en ce 150ème anniversaire de la Commune de Paris, nombre de jeunes travailleurs et d’étudiants se tournent vers le PRCF qui associe le drapeau internationaliste des travailleurs au drapeau de l’indépendance nationale.
Alors que notre pays est tiraillé entre crise sanitaire déplorablement gérée, fascisation des appareils répressifs et euro-dissolution de la nation, ne vous demandez pas si le pari courageux du PRCF est risqué, aidez-nous concrètement à reconstruire le parti communiste, à forger un parti de combat uni et discipliné, à briser le verrou politique Macron/Le Pen, à rouvrir franchement l’offre politique française, à raviver l’espoir de changer ce monde inhumain: rejoignez le PRCF et la JRCF.