On lira ci-dessous l’article que le Monde a publié récemment au sujet des relations politiquement incestueuses entre Macron, alors ministre de l’Économie et des Finances, et les dirigeants de l’entreprise Uber, fer de lance mondial de la de-protection sociale en France et dans le monde.
Observons d’abord que la presse française n’a guère été curieuse, et encore moins pionnière, en matière d’examen des relations plus que troubles entre les sommets de l’État français et cette sulfureuse transnationale américaine. Cet article du Monde est en effet le résultat d’un fuitage interne en provenance de l’entreprise Uber en direction du journal anglais The Guardian et d’un consortium international de journalistes d’investigation. Bref, la « libre » presse française, qui a peu discrètement soutenu Macron lors de la séquence électorale récente, ne révèle les scandales que lorsqu’elle ne peut plus faire autrement…
Sur le fond, on s’indignera qu’un ministre joue avec des PDG étrangers dans le dos du gouvernement auquel il appartient, qu’il manipule grossièrement les parlementaires au profit d’une entreprise privée, qu’il se comporte en ennemi déterminé de milliers de ses concitoyens (en l’occurrence les chauffeurs de taxi) et que, au lieu de défendre la loi française existante et récemment votée concernant le secteur des transports, il ourdisse une véritable machination avec Uber pour torpiller ou contourner la loi française en faisant pression sur les députés et sur la haute administration. Laquelle d’ailleurs ne semble pas s’être totalement laissé intimider, ce qui explique peut être pourquoi Macron s’acharne sur le statut de la fonction publique et sur les grands corps de l’État qu’il prétend « fluidifier »… Au profit de qui ?
Sur le fond, les marxistes-léninistes que nous sommes remarqueront ceci: loin de s’opposer, comme voudraient le faire croire les idéologues libéraux, et en réalité PSEUDO-libéraux, le néolibéralisme moderne fait très bon ménage avec le capitalisme monopoliste d’État (CME), ce mécanisme unique formé par l’État bourgeois et par les monopoles capitalistes à l’avantage de ces derniers.
C’est en effet l’État bourgeois qui relaie sans scrupules les exigences des influenceurs capitalistes visant à dynamiter les protections sociales conquises au fil des ans par les ouvriers, les artisans, les enseignants et les paysans: statuts, patentes, conventions collectives, sécu, retraites par répartition, services publics gratuits ou bon marché, etc. Bref le CME contemporain ne détruit que « l’État-providence » en tant qu’il protège le travailleur, mais il renforce comme jamais l’État-providence des monopoles capitalistes. Sans le moindre souci, faut-il le dire, de la souveraineté nationale…
En tout cas, la démocratie bourgeoise à l’ancienne est bien morte dans notre pays; car, après la honteuse affaire Mac Kinsey, l’affaire Uber/Macron eût encore suffi sous la Troisième République, voire sous la Quatrième, à ruiner la carrière d’un ministre se comportant aussi indignement que Macron.
Quant à la gauche établie et prétendument insoumise, socialiste ou « communiste », va-t-elle continuer à donner des gages de respectabilité bourgeoise en clamant que « Macron est légitime »? Aux militants de ne plus tolérer cette insoumission de carton-pâte. Et aux syndicalistes de classe de refuser que leurs états-majors continuent à créditer la Macronie en cautionnant le dialogue social en trompe-l’œil du pouvoir oligarchique actuel.
- https://www.lemonde.fr/
pixels/article/2022/07/10/ uber-files-revelations-sur-le- deal-secret-entre-uber-et- macron-a-bercy_6134202_ 4408996.html - https://www.7sur7.be/monde/deal-secret-de-macron-detectives-prives-a-bruxelles-pressions-politiques-les-uber-files-font-leffet-dune-bombe~a3de37c5/
- https://www.francetvinfo.fr/politique/affaire/uber-files/video-uber-files-regardez-l-enquete-montrant-comment-emmanuel-macron-a-facilite-l-installation-du-geant-des-vtc-en-france-lorsqu-il-etait-ministre-de-l-economie_5248765.html