Motion du secrétariat national du PRCF – 24 septembre 2020 – Face à la politique sanitaire perverse du pouvoir, défendre à la fois la sécurité sanitaire et les libertés publiques, entendre la colère du peuple français, orienter la « tempête sociale et politique qui vient » (dixit Édouard Philippe) vers le changement révolutionnaire de société.
Le secrétariat national du PRCF et la commission exécutive élargie du 26 juin dernier ont déjà condamné plusieurs fois et condamnent de nouveau avec vigueur la politique sanitaire du gouvernement: elle est illisible pratiquement, inefficace sanitairement, réactionnaire socialement et liberticide politiquement. Comme le dit le professeur Péronne : « Quelle erreur n’ont-ils pas faite? », à supposer qu’il ne s’agisse là que d' »erreurs », et non, la plupart du temps, de manigances inavouables…
Ciblons l’euro-mondialisation virale!
Certes, le PRCF rejette avec dégoût les dirigeants néolibéraux irresponsables qui, comme Trump, Bolsonaro, Johnson et initialement, Macron, minimisent ou ont initialement minimisé la maladie pour préserver les profits capitalistes en sacrifiant nombre de vies qu’on aurait pu sauver. Et certes, il faut évidemment expliquer et faire appliquer avec rigueur, de manière rationnelle et cohérente, des mesures-barrières adaptées et scientifiquement fondées comme ce fut ou comme c’est encore le cas, non sans succès, en Chine, à Cuba, au Vietnam ou en Corée. Mais comme l’a affirmé le PRCF dès le début de la pandémie (texte « Faire face à l’euro-mondialisation virale »), face à l’inquiétante émergence périodique de nouveaux virus, il ne suffit pas de riposter sur le terrain médical : encore faut-il obligatoirement mettre en cause et en accusation politiquement l’euro-mondialisation capitaliste et son « économie de marché ouverte sur le monde où la concurrence est libre et non faussée » (Traité de Maastricht) avec ses effets terribles en termes de casse du système de soins, de délocalisation des productions médicamenteuses et de la capacité de produire les biens nécessaires à la nation de façon autonome, planifiée et réactive; sans parler du creusement des inégalités sociales et territoriales et de la mainmise sur la puissance publique – qu’elle soit « nationale », européenne ou transcontinentale (UE, mais aussi O.M.S.) – qu’exercent de puissants groupes capitalistes du médicament qui pervertissent le débat scientifique et qui dénient même aux médecins le droit de soigner leurs patients en leur âme et conscience (conformément au Serment d’Hippocrate) ; comme chacun s’en scandalise, ces mêmes groupes capitalistes gavés de commandes et d’argent public, se servent même des subventions d’État pour accélérer leurs plans de licenciements et pour délocaliser davantage encore la production (SANOFI)!
Ne pas laisser bâillonner le mouvement populaire! Suspension sine die, abrogation et enterrement des plans de licenciement et de toutes les contre-réformes !
C’est pourquoi nous refuserons encore et encore de rallier l’union sacrée derrière une politique gouvernementale qui se sert d’une crise sanitaire bien réelle pour brider les libertés, accélérer les transferts de souveraineté vers Bruxelles et réduire sans fin les conquêtes sociales et démocratiques. Nous redisons que la sécurité sanitaire ne doit pas être prétexte à bâillonner le mouvement ouvrier et démocratique, notamment le droit de réunion, de tractage, d’affichage, de manifestation, de prise de parole sur la voie publique: car nous faisons pleinement confiance au mouvement populaire pour autogérer la protection sanitaire des militants avec le plus grand esprit de responsabilité. Pas question de brider les droits démocratiques et sociaux élémentaires d’action collective des travailleurs alors que le patronat renforce l’exploitation souvent au mépris de la sécurité sanitaire, le plus grand nombre de foyers de propagation de l’épidémie n’étant pas les manifestations, mais bien les lieux de travail. Pas question donc de laisser des préfets liquider la libre expression populaire alors que Macron et Castex, qui crient « pouce! » au mouvement social, s’engouffrent dans toute « pause » revendicative et civique pour précipiter les contre-réformes (relance annoncée de la « retraite par points » avant la fin du quinquennat), pour laisser faire les licenciements, pour appliquer sans coup férir la contre-réforme du lycée, pour supprimer des postes de fonctionnaires (y compris dans les hôpitaux !!!) et pour tenter de pré-formater entièrement, Marine Le Pen et Xavier Bertrand aidant, l’ « offre » politico-électorale de 2022.
Au passage, ce gouvernement finit par mettre en cause l’unité territoriale de la France en déléguant d’abord aux préfets et aux collectivités territoriales, voire aux proviseurs des lycées et collèges dont il a la charge, la gestion des décisions sanitaires (avec le risque d’illisibilité générale que cela confère à sa politique sanitaire »), après quoi, sans consulter personne, il décide seul, à partir de l’Élysée, quelles zones territoriales seront pré-confinées. Ce qui donne aussitôt lieu à des frondes d’élus locaux cultivant le régionalisme « antijacobin », quand ce n’est pas l’appel à faire sécession ! Espérons que les Marseillais et autres Guadeloupéens ne tomberont pas dans le piège de hurler contre « Paris » (elle-même pré-confinée !) et qu’ils verront clair dans ce double jeu du pouvoir qui consiste, pour détruire la nation et ses acquis sociaux, à en appeler au « pacte girondin » cher à Macron, tout en dirigeant en réalité le pays de manière brutalement autoritaire, non pas dans la tradition du jacobinisme véritable (qui défendait un large degré d’autonomie communale) mais dans celle du bonapartisme !
Par la lutte imposons une alternative sanitaire et politique !
Tout au contraire, la prise de conscience montante du caractère structurellement incompétent, imprévoyant, irresponsable de ce pouvoir de classe oligarchique – qui tout à la fois stigmatise des populations et des régions françaises entières, insulte tous les Français[i], mais laisse sans protocole sanitaire sérieux les écoles, grands magasins, transports publics, usines, bureaux, etc. – appelle une riposte forte, à l’unisson de la colère populaire qui monte. Pour ne citer que cet exemple, plus de six mois après le début de l’épidémie le gouvernement est toujours incapble de permettre à la population d’accéder à un dépistage efficient, faisant le pari perdant de l’initiative privée plutôt que de l’organisation et la planification publiques, le tout au frais de notre Sécurité Sociale. Ne laissons pas opposer sécurité sanitaire et libertés, ne baissons la garde ni sur l’une ni sur l’autre : exigeons par exemple que l’argent affecté au surarmement sur exigence de l’OTAN ou pour maintenir l’ordre néocolonial au Sud de la Méditerranée, soit immédiatement affecté à la construction et à la réouverture d’hôpitaux et de salles de réa, ainsi qu’à la réembauche des personnels enseignants précaires congédiés par l’arrogant Blanquer ! Exigeons la nationalisation sèche de SANOFI (pas d’indemnité aux actionnaires) et de toute firme capitaliste ayant touché de l’argent public au titre de l’emploi et dévoyant l’argent du contribuable pour financer sa délocalisation ! Il y a quelques jours, Édouard Philippe disait publiquement ses craintes d’une « tempête sociale et politique » en France. Pas question pour nous de la contenir sous couvert d’interdits sanitaires ! Que le gouvernement fasse plutôt le nécessaire dans les établissements scolaires, les grands magasins, les transports publics, pour protéger enfin les enfants, les enseignants, les travailleurs et le grand public au lieu de distribuer sans compter l’argent public, prétendument européen, aux maîtres du CAC 40, TOTAL en tête, qui démolissent nos industries. Nationalisation démocratique, sans indemnités pour leurs gros actionnaires, des secteurs-clés de la finance, de l’industrie et de la distribution ! Libertés publiques et individuelles, droits syndicaux, progrès social, souveraineté des peuples et sécurité sanitaires peuvent et doivent marcher du même pas, et pour cela, plus que jamais, appelons à chasser ce pouvoir dangereux et à sortir la France de l’euro, de l’UE, de l’OTAN et du capitalisme.
Exigeons la démocratie et le pluralisme réels dans les médias!
Pour finir, alors que les pratiques policières du gouvernement sont de plus en plus oppressives à l’encontre du mouvement syndical et politique, nous appelons à une refonte totale des médias. Ceux-ci sont aujourd’hui dévoyés pour applaudir sans fin le pouvoir tout en semant la confusion et le désarroi. Assez de « talk-shaws » ineptes, de désinformation continue, de stigmatisation pour les uns et de tapis rouges pour les autres, assez de mensonges simples ou de mensonges par omission non seulement sur la politique sanitaire de Cuba, de la Chine, du Vietnam, de la Biélorussie, etc., assez d’incitations médiatiques croisées à la panique et à l’irresponsabilité ! Exigeons ensemble un DROIT ÉGAL SUR TOUTES LES CHAINES PUBLIQUES ET PRIVÉES, ET POUR TOUTES LES ORGANISATIONS POLITIQUES et SYNDICALES du pays, parmi lesquelles notre P.R.C.F. victime d’une indigne censure au long cours, d’exposer librement et concurremment leurs propositions pour le pays. Pour cela, ne comptons nullement sur le « C.S.A. » aux ordres, et dans toutes les luttes faisons monter l’exigence démocratique !
[i] Cf la récente intervention de Sibeth N’diaye au Sénat, ou les propos scandaleux du président « républicain » du Conseil général du Loir-et-Cher, tous deux traitant carrément la masse des Français de parfaits demeurés…