Par Georges Gastaud, responsable du secteur « Etudes/Prospective » du PRCF ; Fadi Kassem, secrétaire national du PRCF et Gilliatt de Staërck, secrétaire de la JRCF – 15 juillet 2024
A tous niveaux, mondial, européen ou hexagonal, le capitalisme, parvenu dès longtemps au stade impérialiste et porteur d’une dimension exterministe affirmée, entre désormais dans une phase convulsive de plus en plus dangereuse pour toute l’humanité… Du moins si le prolétariat international et les peuples ne parviennent pas à engager la contre-offensive et à reconquérir l’initiative historique qu’ils ont perdue il y a trente-cinq ans lors de la destruction contre-révolutionnaire du camp socialiste.
USA, Europe, France : la situation géopolitique et politique
Aux USA, il faut carrément parler de putréfaction du système, tant l’ « hégémon » du prétendu « monde libre » capitaliste offre au monde le navrant spectacle de ses convulsions politiques, de son néant intellectuel, de son irresponsabilité militaire et de son pourrissement sociétal. Qu’est-ce donc qu’un « grand pays » qui, tout en prétendant à l’hégémonie mondiale sous protection censément divine, pousse à la guerre mondiale de la Baltique à la Corée en passant par Taiwan, et qui, par ailleurs, n’a plus le choix, pour se gouverner lui-même dans ces circonstances sinistres, qu’entre un président sortant gâteux et un ex-président putschiste, ignare et réac « comme on n’en fait plus » ? Qu’est-ce que cette « grande démocratie » prétendant à l’hégémonie mondiale où un désaxé de vingt ans peut tirer comme à la parade un ex-président tenant meeting en grimpant sur un hangar tout proche de l’orateur où le tireur est visible de tous… sauf de la police ? Qu’est-ce qu’une « Nation sous Dieu (« Nation under God ») où, depuis le début de l’an 2024, il y a déjà eu trois-cents fusillades et où pourrissent constamment en prison deux millions de détenus surtout noirs, amérindiens et latinos, certains arrêtés pour des peccadilles ? Qu’est-ce qu’un « monde occidental » parangon des libertés – en réalité, champion d’hypocrisie toutes catégories ! – qui arme jusqu’aux dents le terroriste d’Etat génocidaire Netanyahou qui a fait massacrer hier 100 civils palestiniens dans la totale indifférence des capitales européennes ?
En Europe, qu’est-ce que cette UE qui passe son temps à criminaliser le communisme historique, à l’amalgamer au Troisième Reich nazi que l’URSS a terrassé au prix de gros sacrifices et qui porte à bout de bras le régime pronazi de Zelensky ? Une UE dont la direction bruxello-berlinoise pactise chaque jour avec des gouvernements dirigés par, des nostalgiques avoués des Waffen SS baltes, de Mussolini ou du pogromiste antisémite Stepan Bandera, traité en héros national ukrainien ?
En France, qu’est-ce que ce président de la République qui refuse de nommer un premier ministre issu du camp arrivé en tête aux élections, qui continue, comme si le peuple ne l’avait pas désavoué aux européennes puis aux législatives, sa politique étrangère orientée vers le « saut fédéral européen » (que les Français ont rejetée quand ils ont dit Non à la constitution européenne) et vers la cobelligérance ouverte de la France avec la Russie en envoyant des militaires français sur le sol ukrainien?
Qu’est-ce que ce « bloc parlementaire central » bancal et macro-dépendant qui, bien que désavoué par tous les scrutins récents, prétend gouverner le pays sous l’égide d’un président abhorré avec, pour seule feuille de route réelle, l’exécution servile des sommations antisociales de Bruxelles, de l’OTAN, du MEDEF, des marchés financiers et de leur principale courroie de transmission « française », la Cour des Comptes présidée par l’ex-commissaire européen « socialiste » P. Moscovici?
Qu’est-ce que ce Rassemblement « national » fort avec les faibles mais faible avec les forts, dont tout le « courage » consiste à éructer contre les immigrés surexploités, mais dont le « patriotisme » cale d’avance, pour être adoubé par le MEDEF, devant l’urgence de sortir de l’UE, de l’euro et de l’OTAN qui nous dictent de plus en plus une politique intérieure et extérieure suicidaire ?
Qu’est-ce, hélas, que ce ci-devant « Parti communiste français » devenu le rosâtre ersatz du grand PCF de la Résistance et du VRAI Front populaire? Qu’est-ce qu’un « PCF », dont le secrétaire national négocie devant les toilettes du TGV et dans le dos des militants on ne sait quelle sombre combinazzionegouvernementale marginalisant les insoumis ? Qu’est-ce qu’un Parti « communiste » que les magouilleurs macronistes verraient bien dans le gouvernement, pour disposer d’une caution « de gauche », et qu’ils utilisent cyniquement pour marginaliser la principale formation du NFP qui est bel et bien, les chiffres sont clairs, la France insoumise?
Qu’est-ce que cette France de moins en moins « insoumise »qui a abandonné toute velléité de rupture avec l’UE-OTAN, dont la démocratie interne est confisquée par une clique étroite, dont la politique de rapprochement avec le PS a ressuscité Hollande et son PS failli, qui n’exclut même pas de former un gouvernement avec Glucksmann, chantre du jusqu’au-boutisme otanien en Ukraine ? Qu’est-ce que ce mouvement prétendument « informel » et « horizontal » dont les députés contestataires, les Ruffin, Autain, Garrido et Corbière, ont été purgés sans procès alors qu’ils veulent purement et simplement, en fait de « novation » politique, revenir à la gauche plurielle de désastreuse mémoire ? Est-ce cela la démocratie participative ? Est-ce cela la « radicalité » anticapitaliste ?
Et qu’est-ce que ces directions syndicales confédérales euro-alignées amatrices de « colloques » montreuillois sans fin, sinon d’AG dans les usines en grève, qui restent l’arme au pied en cette période cruciale pour l’avenir du pays, laissant sans riposte de la rue se déployer les manoeuvres du MEDEF, des macronistes, de la socail-démocratie de droite, ne disant pas un traître mot contre le vrai programme qui attend le futur gouvernement « français »: 50 milliards au moins à taper dans le budget (Sécu, retraites, services publics, ça craint plus que jamais!), des milliards à nouveau pour sauver l’Ukraine pro-fasciste et frapper la Russie « en profondeur » jusqu’à provoquer un conflit mondial menaçant la France d’anéantissement nucléaire ?
Plus généralement, qu’est-ce que cette « gauche radicale » d’opérette qui, avec le renfort d’un Besancenot ralliant de manière acritique la caricature anémique d’un « Front populaire » que les trotskistes combattaient pourtant en 1936? Un NFP qui promet des réformes sociales en restant à l’intérieur du système UE/euro/OTAN au moment même où Ursula von der Leyen fixe le cap officiel d’une « l’économie de guerre » européenne et de l’arasement du droit de veto des nations européennes dans le but d’instituer l’Etat fédéral européen et l’armée européenne, ces « broutilles » aux yeux de la fausse gauche et des faux marxistes-léninistes qui l’accompagnent béatement à toute occasion. En réalité, les nouveaux Tsipras français feignent d’oublier que la « Troïka » de sinistre mémoire (Commission de Bruxelles, Banque de Francfort, FMI) a déjà débarqué à Paris pour imposer 50 milliards d’économies en trois ans, une énorme euro-austérité qu’aggraveraient encore les énormes dépenses d’armement exigées par l’OTAN et qui interdirait en fait d’adopter en France autre chose que des mesurettes sociales symboliques pour calmer les salariés… et dérouler le tapis bleu marine pour l’élection de Le Pen en 2027 ! Qui ne voit que le mensonge éhonté d’une Europe et d’une France « sociales » évoluant bien gentiment à l’intérieur de l’UE-OTAN et de la zone euro dominée par Berlin est devenu intenable et que seuls sont désormais justes et potentiellement porteurs de mobilisations de masse les mots d’ordre popularisés par notre modeste, mais intègre PRCF, « l’argent pour les salaires, pas pour la guerre« , « du fric pour l’hôpital (variante: « pour l’Education nationale »), pas pour la guerre mondiale!« , « Brisons les chaînes / de l’Union européenne! », « sortons d’ l’OTAN, halte au surarmement!« …
Plus que jamais il faut donc tout faire pour sortir à temps de ce triple bourbier mortifère, mondial, européen et hexagonal.
Sortir à temps de ce triple bourbier mortifère, mondial, européen et hexagonal.
Au niveau mondial, il faut dénoncer et combattre la bipolarisation réactionnaire entre Biden, le chef de file (au moins apparent…) de la marche à la guerre mondiale antirusse, et Trump, le meneur surexcité de la guerre mondiale antichinoise, ces deux monstrueux agents (des) milliardaires américains s’accordant pour stranguler Cuba, génocider Gaza, atomiser la Corée populaire, vassaliser les « alliés » européens, achever de marginaliser et de briser la France concassée par 40 de « construction » euro-atlantique. Une bipolarisation américaine qui, hélas, « déteint » sur la planète entière où l’on voudrait partout voir s’opposer un parti pseudo-démocratique de la mondialisation euro-libérale sous dominance US (type « démocrates »), à un parti national-populiste, non moins belliciste, mais clairement appuyé sur des mots d’ordre nationalistes tels que « America first! » (parti dit républicain).
Et pour briser cette bipolarisation ravageuse, qui divise et à paralyse les peuples et le monde du travail, il faut soutenir, voire porter toute forme d’initiative internationale visant à reconstituer franchement
- un Mouvement communiste international fort, clairement marxiste-léniniste et ancré dans le prolétariat,
- un grand syndicalisme rouge affilié à la FSM,
- un grand camp anti-impérialiste mondial comprenant clairement, sans pour autant idéaliser les BRICS, que l’impérialisme euro-atlantique est aujourd’hui l’ennemi principal de la paix mondiale, donc de l’humanité.
Relancer cette vaste dynamique rouge et anti-impérialiste n’est nullement impossible puisque, de nouveau, le mouvement gréviste du prolétariat passe à l’offensive dans de nombreux pays avec d’impressionnantes grèves de masse en Inde, au Bangladesh, en Corée du Sud (Samsung), au Mexique, mais aussi aux USA (Stellantis, John Deer), en Grande-Bretagne, au Québec, et bien entendu, en France où le grand mouvement sur les retraites a été misérablement « planté » par le « syndicalisme rassemblé » sous la houlette de Berger, de ses journées saute-moutons sans blocage du profit capitaliste ni appel aux grèves reconductibles…
Sur la base de principe solide du VIIème congrès de l’Internationale communiste alors dirigée par Dimitrov, qui accompagna le lancement du Front populaire français de 1936, il faut, non pas opposer, mais articuler la bataille communiste et prolétarienne pour un socialisme-communisme de nouvelle génération et la construction d’un large front mondial anti-impérialiste, anti-hégémonique, antifasciste et anti-exterministe.
Au niveau français, le PRCF continue de se tourner vers les militants de base (et vers les dirigeants honnêtes de tous niveaux, notamment local) du PCF, de LFI, mais aussi vers les syndicalistes de terrain et vers les Gilets jaunes non repentis qui continuent de batailler pour la paix et la démocratie. Alors, proclamons ensemble, camarades et citoyens véritablement insoumis au Capital, à l’impérialisme et à ses outils, UE-OTAN-FMI, que
- nous refusons de voir au gouvernement de la France des macronistes et autres LR, rejetés par le suffrage universel
- nous refusons qu’y entrent les va-t-en-guerre à la Glucksmann ou à la Hollande, responsable de la crise ukrainienne par son torpillage REVENDIQUE des Accords de Minsk.
- nous flanquerons par avance à la poubelle le programme de méga-austérité de la Troïka, ainsi que les sommations arrogantes de Moscovici, cet relais français des instances européennes,
- nous saurons imposer une politique sociale à l’avantage des couches populaires, et refuser, jusqu’à rupture totale avec l’UE si besoin, les diktats de Bruxelles QUI NE DOIT PLUS FAIRE LA LOI EN FRANCE,
- nous ne suivrons pas l’OTAN dans sa course folle à la guerre mondiale, que le mot « insoumis » retrouve tout le sens qu’il eut sous des formes finalement convergentes les 17 et 18 juin 1940 à l’initiative de Charles Tillon et de Charles de Gaulle,
- nous exigeons la nationalisation des secteurs-clés de l’économie, banques, énergies et Total pour commencer; sans quoi nous n’aurons pas en main les manettes du changement que les capitalistes s’emploieront à torpiller d’emblée ; nous exigeons du reste le contrôle de la sortie capitaux aux frontières de la France
- il faut augmenter les salaires petits et moyens et les indexer sur les prix, à l’encontre de ce que firent Mitterrand et Delors en 1983 qui détruisirent l’échelle mobile pour lancer la course à l’euro, quitte à péréquer l’effort salarial en faisant principalement porter le poids des augmentations sur le grand capital
- il faut renflouer nos services publics exsangues, interdire les délocalisations, fermetures d’usine (Saupiquet, Poulain, Renault, etc.) et licenciements collectifs, abroger les contre-réformes maastrichtiennes (retraites, sécu, indemnités chômage, statuts publics…), reconstruire le Code du travail, et ENVOYER PROMENER la Troïka quitte à claquer la porte de l’UE-FMI-OTAN synonyme de guerre impérialiste à l’extérieur et de guerre de classe capitaliste à l’intérieur !
Tout cela n’a du reste rien à voir avec du « maximalisme », c’est là le SEUIL MINIMAL dont il faut partir si l’on veut AMORCER un changement en faveur du monde du peuple !
Il en va de même de la reconstruction d’un véritable Parti communiste. Elle ne peut reposer sur un « embrassons-nous Folleville ! » sans contenu qui rabattra forcément sur la social-démocratie ou sur les trotskistes. Sans ancrage prioritaire dans le monde du travail et notamment, dans la classe ouvrière, sans une analyse marxiste-léniniste de la société, sans un appui public apporté au syndicalisme de classe s’émancipant des appareils euro-formatés, sans un fonctionnement conforme au centralisme démocratique qui seul, permet aux travailleurs communistes, de contrôler leurs directions et leurs élus, sans combat résolu contre le négationnisme historique antisoviétique, sans bataille haut et fort assumée pour le Frexit progressiste dans la perspective du socialisme, sans l’union du patriotisme populaire, du pacifisme anti-impérialisme et de l’internationalisme prolétarien, la promesse de « reconstruire le Parti » est aussi creuse que celle de « construire l’Europe sociale » sans quitter l’UE, ou que celle de « défendre la paix » sans plaquer l’OTAN. Il ne s’agit nullement ici d’imposer toute la ligne du PRCF, laquelle est bien plus riche que ce seuil minimal de reconstruction, il s’agit des SEUILS OBJECTIFS au-dessous desquels on PALABRE pour accoucher à l’arriver d’une « chose » analogue, en plus petit, au PCF muté… alors que fascisme, casse de la France, régressions sociales massives et guerre mondiale frappent à la porte!
Cela, les militants franchement communistes du PRCF et de la JRCF continueront de le porter vigoureusement sur les marchés populaires et à l’entrée des entreprises durant l’été en se tournant principalement vers la classe ouvrière et la jeunesse populaire. Pas de « pause estivale » pour l’esprit de résistance et pour les vrais amis du communisme et d’une France Indépendante et Emancipatrice en marche vers une République Sociale !