Le discours prononcé le 20 mars, devant l’Académie française, par l’ex- « Young leader » Macron, vise à enfumer les amis de la langue française en leur faisant croire qu’on peut faire du français « la seconde langue mondiale » alors même qu’en France, sous l’égide des « élites » oligarchiques dont Macron est le chef de file, le tout-anglais envahit peu à peu toute la vie sociale en se substituant à la « langue de la République » (ainsi le français est-il défini par l’article II de la Constitution). Non seulement le tout-anglais hexagonal, européen et mondial met-il en péril la diversité des langues et des cultures, non seulement le « Business Globish » est-il le support d’une économie et d’une politique néolibérales uniques, mais le mouvement ouvrier doit se dresser à temps contre l’énorme danger, pour l’ensemble des travailleurs de France, d’Europe et d’ailleurs, que serait la totale « dé-segmentation » du marché mondial du travail par le passage à la langue unique dans les sphères de l’entreprise, de la science, de la technique et de l’Université. Dans le cadre du capitalisme mondialisé, du CETA, du Traité transatlantique toujours dans les tuyaux de certains secteurs impérialistes et de « l’économie de marché ouverte sur le monde où la concurrence est libre et non faussée » (définition de l’UE dans le Traité de Maastricht), la langue unique imposée à tous les travailleurs (et c’est déjà « en marche » chez Volkswagen, chez Renault, Peugeot, etc.) ne sera rien d’autre qu’un très puissant levier de dévastation du « produire en France », et surtout, de mise en concurrence démultipliée des travailleurs en France même, avec en perspective une compression sans précédent des salaires et des protections sociales établis dans un cadre national… Sans parler de la fièvre xénophobe que cette politique culturelle pseudo-internationaliste attisera comme jamais !
Il ne faut pas davantage « marcher » dans le discours macronien appelant à « dénationaliser » la langue française pour mieux en faire une « langue-monde ». Derrière le vernis anticolonial trompeur d’un tel propos, on appelle les défenseurs de la langue française à lâcher la proie pour l’ombre en découplant la défense de la nation souveraine de la défense de sa langue, « élément central de sa personnalité » selon la loi Toubon de 1994. Qui peut le plus peut le moins : si le français continue de reculer en France même, notamment dans les Universités aliénées au « modèle » anglo-saxon, il ne sera pas long à s’effondrer au niveau international. En réalité, rien n’empêche une langue d’être à la fois (voir les cas du grec ancien, de l’espagnol, du portugais, de l’arabe…) une langue nationale, y compris portant les particularités de telle nation ou de telle culture (wallonne, québécoise, romande, malienne, sénégalaise, malgache, etc.) et en cohabitant avec telles autres langues nationale dites « vernaculaires », ET de porter une dimension internationale et universaliste à côté d’autres langues et cultures. Le patriotisme républicain et l’internationalisme populaire et prolétarien ne s’opposent donc pas plus sur le terrain linguistique qu’ils ne s’opposent sur le terrain politique et géopolitique.
C’est pourquoi, tout en respectant le caractère associatif et unitaire du texte porté en référence, le PRCF invite les travailleurs et les citoyens conscients à signer et à diffuser largement la Déclaration commune lancée le 20 mars par les associations CO.U.R.R.I.E.L., AFRAV et ASSELAF en transmettant les signatures à G. Gastaud, qui transmettra à qui de droit.