Déclaration du PRCF et des JRCF – dimanche 10 avril 2022
Le résultat du premier tour de l’élection présidentielle de 2022 a débouché surle scénario cauchemar au sujet duquel ne cesse d’alerter le Pôle de Renaissance communiste en France (PRCF) et les JRCF depuis des années, à savoir une opposition entre Macron, le fondé de pouvoir du MEDEF, de l’UE et de l’OTAN, et Le Pen, la grande prêtresse de l’extrême droite xénophobe et fascisante. Ce n’est pas faute d’avoir, depuis des années, appelé les forces populaires, républicaines et patriotiques responsablesà contrer ensemble : l’euro-dissolution du pays dans l’Empire européen en construction, l’euro-dislocation de la République à travers le « pacte girondin », l’euro-démantèlement du produire en France, l’euro-destruction des services publics, l’euro-arasement des libertés publiques, l’euro-fascisation débouchant sur la guerre intercommunautaire et la répression du mouvement populaire que le RN porte dans ses gènes. Autant de mains tendues du PRCF restées sans réponse de la part du PCF et de l’ex-« France insoumise ».
Résultat ? Un demi-siècle après la signature du programme commun de la gauche qui, en des termes parfois ambigus, promettait à terme de « changer la vie », lesdites forces de la « gauche établie » sont balayées (la candidate « socialiste » terminant même en guenilles), payant le prix de leurs IMMENSES EURO-TRAHISONS SUCCESSIVES DEPUIS 40 ANS. Outre le fait que l’abstention (sans oublier la montée des votes blancs et nuls jamais pris en compte) est le plus important depuis 2002 – et particulièrement parmi les classes populaires et les jeunes –, le « Parti socialiste », les faux « écologistes » et le candidat PCF sont laminés pour avoir cautionné le principe même de la funeste « construction européenne » et toutes ses conséquences funestes pour la paix, le niveau de vie populaire et l’emploi productif. En particulier, après plus de 45 ans d’eurocommunisme et de funeste euro-mutation du PCF qui ont favorisé la liquidation du grand Parti communiste de Thorez et Duclos, Fabien Roussel, qui finit derrière Jean Lassalle, a obtenu un score très inférieur en pourcentage et en voix à celui de Robert Hue en 2002 et à peine supérieur en voix à celui de Marie-George Buffet en 2007.
De son côté, Jean-Luc Mélenchon a incontestablement créé une dynamique électorale, notamment auprès des jeunes, qui a le mérite de sauvegarder un espace progressiste de luttes pour les temps à venir. Cette dynamique est malgré tout restée insuffisante pour espérer vraiment atteindre le second tour, l’écart avec Le Pen étant similaire à celui de 2017 – et le tout avec la candidature rivale de Zemmour. Certes, l’appel à un « vote utile » a servi Mélenchon, au point que 40% des votants ont agi dans cette optique pour le candidat de l’Union populaire. Or c’est bien là que le bât baisse : en dépassant allègrement les 35% de vote parmi les ouvriers et les employés, notamment dans les espaces ruraux et populaires dévastés par la désindustrialisation, Marine Le Pen capte une plus forte partie du vote populaire lorsqu’il s’exprime que Mélenchon ; ce dernier n’a en effet pas su mobiliser cette partie de l’électorat à qui il aurait fallu s’adresser plus fortement pour la faire sortir, en dehors des grandes villes, de l’abstention qui constitue son choix toujours principal, ou du fourvoiement dans un vote Le Pen de colère qui est son choix secondaire devant le vote Mélenchon.
Car comme pour les européennes de mai 2019 lorsque la « France insoumise » appelait à un « référendum anti-Macron », l’appel au « vote utile » fait désormais, le jeu de Le Pen, perçue comme la plus apte à vaincre Macron au second tour – quelles que soient les idées nauséabondes qu’elle véhicule. Cette stratégie, efficace électoralement, démontre l’absence d’une vraie dynamique programmatique patriotique et populaire, que Jean-Luc Mélenchon avait su créer en 2017 à travers son mot d’ordre de l’époque : « l’UE, on la change ou on la quitte ! ». Ainsi, en optant pour un mot d’ordre altermondialiste des années 1990 (« Un autre monde est possible »), en opérant un virage à 180 degrés sur l’UE à travers un incompréhensible et inapplicable « opt out », en capitulant devant les nationalistes corses, en faisant croire qu’il pourrait « porter des projets de rupture avec le néolibéralisme au sein du FMI », en assimilant le globish à une fantasmée créolisation, Mélenchon, s’entourant de conseillers euro-bobo (les Clémentine Autain, Manon Aubry Manuel Bompard, etc.), a empêché que l’espoir patriotique et populaire né en 2017 soit incarné dans cette présidentielle et, potentiellement, victorieux contre le mensonger « Rassemblement national ».
Désormais, le choix du second tour oppose Macron à Le Pen qui, contrairement à il y a cinq ans, est en mesure d’être élue présidente de la République, ce qui constituerait une tache déshonorante pour l’histoire de France, tout en livrant les travailleurs de France et notre jeunesse à la merci du MEDEF et de l’UE du Capital dont la prétendue « patriote » ne veut pas sortir ! Car derrière un discours pseudo-« souverainiste », Le Pen est l’autre face de la même pièce européiste, atlantiste (au revoir les soi-disant annonces de « sortie de l’OTAN » avec l’intervention russe en Ukraine poussant le faux « Rassemblement national » à s’aligner sur le camp euro-atlantique et à défendre « l’Occident » !) et capitaliste, y ajoutant sa spécificité racialiste que les proclamations fascisantes d’Eric Zemmour ont banalisée. Autrement dit, en prêtant allégeance au MEDEF, à Francfort, à Bruxelles, à Berlin et à Washington, Marine Le Pen aggraverait les euro-politiques saccageant les conquêtes sociales, les libertés démocratiques, les services publics, la République laïque (sus aux musulmans !), une et indivisible, la souveraineté populaire et l’indépendance nationale. C’est pourquoi tous les militants du mouvement populaire doivent être sur le pont dès aujourd’hui pour détourner la colère des travailleurs et des jeunes, prêts à en découdre avec Macron, du vote Le Pen, y compris de leur vote de premier tour en sa faveur, en les appelant à s’abstenir au second tour.
Car si le score de Le Pen doit être le plus bas possible et qu’il faut absolument empêcher un succès de cette dernière qui serait dramatique pour les travailleurs, la France et la République laïque, une et indivisible – et potentiellement mortifère pour les communistes, les syndicalistes de lutte et les autres forces antifascistes de France –, pas question pour autant d’apporter le moindre soutien, même sous le mot d’ordre dévoyé de « barrage antifasciste », à celui que les François Fillon, Benoît Hamon, Pierre Laurent ou Philippe Martinez présentaient comme un rempart contre Le Pen au soir du 23 avril 2017. Résultat : cinq ans plus tard, l’extrême droite lepéno-zemmourienne culmine à plus de 30% des votants et peut compter sur le ralliement des faux « souverainistes » Dupont-Aignan, Philippot et autres faux « Républicains » (Ciotti, Wauquiez, etc.) pour espérer l’emporter.
Non, Emmanuel Macron n’est pas un « barrage antifasciste » mais une passoire fascisante, le meilleur carburant de l’euro-fascisation et de l’extrême droite qui ont progressé de manière exponentielle au cours de ce calamiteux quinquennat. Non, il ne peut être un pseudo rempart après avoir emboîté le pas de l’extrême droite en réhabilitant à demi-mots Pétain et Maurras, en passant son temps à parler d’insécurité, d’immigration et de « séparatisme » musulman, en affirmant combattre, via le réactionnaire Blanquer, l’« islamo-gauchisme » qui régnerait au sein des universités, et même en laissant ses valets comme Darmanin affirmer que Le Pen est « un peu branlante, un peu molle » pour combattre (seulement…) l’islamisme.
Et surtout, qui ne voit que voter Macron dans les terribles circonstances actuelles où l’UE et l’OTAN « cherchent la bagarre » avec la Russie au lieu de chercher la voie de la désescalade et de la négociation, au risque de susciter une conflagration nucléaire continentale et mondiale, c’est voter pour le chef de file de l’UE arrimée aux faucons américains ; c’est valider la marche à un « Etat fédéral européen » que notre peuple a refusé en mai 2005 ; et c’est aussi légitimer objectivement les projets archi-réactionnaires de Macron sur la casse des retraites, du RSA, des statuts, l’officialisation rampante de l’anglais comme langue de l’UE et le semi-détachement de la France de la Corse, de la Bretagne, de l’Alsace, etc.
En réalité, avec un Macron fanatique et zélé exécuteur des desiderata du MEDEF, de Bruxelles, Berlin, Francfort et Washington, la France a connu une mandature émaillée d’une féroce répression contre les travailleurs et les lycéen(nes) et étudiant(e)s en lutte, les syndicalistes de combat, les gilets jaunes, les forces attachées à la souveraineté populaire et à l’indépendance nationale, accélérant ains la fascisation du pays. Une répression fascisante visant, en somme, tous ceux comprenant de plus en plus que dorénavant, LA seule alternative à l’ordre capitaliste euro-atlantique est le FREXIT PROGRESSISTE, c’est-à-dire l’indispensable sortie de l’euro, de l’UE, de l’OTAN et du capitalisme dont ne veulent ni Le Pen, ni Macron, ni les faux « souverainistes » franchement réactionnaires de droite, ni les serviles et traitres euro-gauches – y compris parmi les forces trotskistes.
Voilà pourquoi le PRCF et les JRCF appellent à délégitimer massivement le second tour de cette mascarade électorale verrouillée depuis des mois par l’oligarchie, afin de délégitimer le plus puissamment possible le futur vainqueur du scrutin. Il appelle en particulier tous ses militants à convaincre les classes populaires en colère tentés de (re-)voter Le Pen à ne pas se rendre aux urnes le 24 avril, afin d’abaisser au maximum le score de Le Pen, dont une victoire pourrait installer durablement l’extrême droite à la tête de la France comme dans les pays fascisants d’Europe de l’Est (Hongrie, Pologne, etc.). A ce sujet, et tout en refusant catégoriquement d’apporter le moindre soutien politique ou électoral à Macron, le PRCF comprend l’angoisse des travailleurs qui, par antifascisme, sont prêts, à titre purement personnel, à voter pour celui qu’ils jugent le « moins désastreux » afin de stopper la candidate du RN. Ces électeurs antifascistes ne sont nullement nos adversaires, mais il faut absolument les gagner à une Alternative positive, à la fois 100% anti-Le Pen, anti-UE et anti-OTAN sans laquelle le peuple est sans cesse forcé de choisir entre la peste et le choléra.
Mais surtout, la mascarade de la présidentielle 2022 prouve une nouvelle fois que la solution pour tous les travailleurs, pour le peuple et pour sa jeunesse ne viendra pas d’un système électoral verrouillé (Ve République monarchique, carcan européen, union sacrée atlantiste, totalitarisme médiatique, « quinquennat » soumettant les députés au président), avec une abstention atteignant de nouveaux records à chaque fois, mais bien de la « grande explication » (qui pourrait rapidement advenir) du monde du travail avec les tenants de l’ordre capitaliste euro-atlantique qui n’ont pas peur, eux, d’une victoire de Le Pen. Car comme le disait Lénine : « C’est seulement lorsque « ceux d’en bas » ne veulent plus et que « ceux d’en haut » ne peuvent plus continuer de vivre à l’ancienne manière, c’est alors seulement que la révolution peut triompher. Cette vérité s’exprime autrement en ces termes : la révolution est impossible sans une crise nationale (affectant exploités et exploiteurs) ». Plus que jamais, la situation de la France correspond à ce juste et implacable constat, et cela d’autant plus que nous devons tendre toutes nos forces contre la marche à la guerre nucléaire Est-Ouest dont l’UE et l’OTAN sont également porteuses.
Ce combat, le PRCF et les JRCF continueront de le mener de toutes leurs forces pour reconstruire un Parti VRAIMENT communiste et en faveur de l’Alternative Rouge et Tricolore, la seule alternative désormais crédible pour qu’advienne enfin le Frexit progressiste dont les travailleurs de France ont URGEMMENT besoin pour rouvrir à la France la voie du socialisme et du pouvoir au peuple travailleur !
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