Une analyse et des propositions du secrétariat politique du PRCF – 25 août 2014
Élu sur un programme de « gauche » (« mettre la politique au-dessus de la finance », Discours du Bourget), Hollande et ses équipes successives n’ont eu de cesse, conformément aux sinistres traditions de la social-démocratie, de se mettre au diapason du MEDEF, de l’UMP et de l’UE, que ce soit en matière socio-économique (poursuite des délocalisations industrielles et du dépeçage du secteur public, des retraites et de la Sécu, ANI, Plan Valls-MEDEF…), institutionnelle (Traité de Lisbonne plaçant la France sous tutelle budgétaire, réforme territoriale antirépublicaine, mesures diverses tendant à désétablir le français au profit du tout-anglais de la future Union Transatlantique), militaire (principe de la Défense nationale sacrifié à l’OTAN et interventionnisme extérieur typiquement néocolonial), diplomatique (alignement, voire surenchère sur Washington dans la crise syrienne, feu vert de Hollande à Netanyahou pour envahir Gaza, soutien total de Fabius au gouvernement pro-nazi et pro-OTAN de Kiev).
Cette orientation social-réactionnaire de Hollande (sociale en paroles, patronale en fait) date en fait des débuts du quinquennat : car Montebourg n’a jamais fait qu’accompagner la casse du produire en France et Vincent Peillon laisse un souvenir amer aux vrais syndicalistes de l’ Éducation nationale. L’appel à Matignon de Manuel Valls, qui représente l’extrême droite de la « gauche » établie, et qui rivalise avec Sarkozy, Eric Ciotti et Cie en matière de xénophobie d’État et de pratiques liberticides, l’adoption d’un Plan de financement public du MEDEF qui revient à donner 50 milliards d’euros au patronat aux dépens de la Sécu et sans aucune garantie d’embauches, ont néanmoins forcé la prétendue « gauche socialiste » à monter au créneau sous peine de sombrer définitivement, comme l’a montré la déroute socialiste des municipales et des européennes. C’est pourquoi, sans remettre en cause les piliers de la politique social-démocrate que sont la « construction » européenne, le « pacte transatlantique », la contre-réforme territoriale et le bellicisme atlantique de Fabius, les prétendus « frondeurs » du PS se sont beaucoup agités dernièrement. Les choses en sont venues au point qu’après Cécile Duflot, qui rêve d’un « destin national » pour sa modeste personne, c’est Montebourg, dont les ambitions présidentielles passent par un discours vide sur la « dé-mondialisation » (dans le cadre de l’UE !), et Hamon, que sa part de marché politique situe à la « gauche du PS », se sont cru obligés d’adopter une posture « critique » : posture critique mais bien entendu « raisonnable », c’est-à-dire ne remettant pas en cause le programme commun du Parti Maastrichtien Unique (Montebourg, Hamon, Europe-Écologie-les-Verts, acceptent sans états d’âme l’appartenance de la France à l’UE, à la zone euro et à l’OTAN). Une manœuvre politicienne d’autant plus aisée pour les « frondeurs » que le Front de gauche, de plus en plus divisé, a toujours refusé de mettre en cause l’euro et l’UE, et que la principale composante du FDG – le PCF-PGE de Pierre Laurent – a pactisé avec le PS à Paris et dans nombre de grandes villes à l’occasion des municipales.
Dans ces conditions, le MEDEF et la droite les sommant de « clarifier » – c’est-à-dire de couper définitivement leurs amarres à gauche – Hollande et Valls s’apprêtent à donner satisfaction à la réaction en purgeant le gouvernement de ses éléments censément « critiques ». Il s’agit pour Hollande-Valls et pour le MEDEF qui les chaperonne, d’aplanir le terrain politique pour mettre en pratique le plan thatchérien de Valls contre les acquis sociaux et contre l’indépendance nationale : un plan que Valls a couché noir sur blanc dans un récent article publié dans Le Monde qui annonce une offensive tous azimuts en faveur des « réformes » (lisez : des attaques contre les acquis du CNR). Cet article de Valls, véritable déclaration de guerre à la gauche ouvrière et républicaine, a contraint Montebourg-Hamon à se soumettre ou à se démettre. Étrange « démocratie » française, soit dit en passant, qui voit la « gauche » triompher nominalement aux présidentielles et aux législatives, qui voit M. Valls obtenir un piteux 2% aux primaires socialistes, mais qui aboutit en pratique, une fois terminée la fête électorale, au triomphe du néolibéralisme euro-atlantique qui constitue le vrai programme commun de l’UMPS au pouvoir[1] ! Il faut néanmoins noter comme un fait politique non négligeable, ainsi que l’avait indiqué le PRCF au printemps 2012, que la base électorale du PS est loin d’être la même que celle de l’UMP : car alors que la mise en œuvre de mesures réactionnaires enthousiasme et fédère les électeurs réactionnaires de l’UMP, l’orientation droitière d’un gouvernement « socialiste » fait éclater les mensonges et les contradictions de la social-démocratie : une donné politique dont ne manquerait pas de s’emparer un Parti franchement communiste tirant parti des remarques de Lénine dans La maladie infantile du communisme, ou de celles de Dimitrov à la tribune du 7ème congrès de l’Internationale communiste. Toutes choses que l’on ne saurait attendre du PCF-PGE, qui s’entête à défendre l’euro et dont la haute direction, Mme Buffet en tête, courtise désormais les « frondeurs » du PS…
Aujourd’hui, alors que Hollande et Valls s’apprêtent à installer une équipe encore plus euro-atlantique et thatchérienne, l’heure est à la contre-offensive des forces populaires, dont l’inaction serait à la fois suicidaire et déshonorante.
Tout d’abord, il s’agit d’écarter les illusions sur Montebourg et sur les « frondeurs » socialistes. Ces drôles de « gauchistes », ne quémandent aucun changement de cap, seulement un simple « infléchissement » de la politique gouvernementale (Montebourg et Peillon ont accepté le Valls-MEDEF !). Pas une seconde il ne faut créditer politiquement ces gens dont le projet est de se promouvoir eux-mêmes en mettant en place en France une sorte de « Syriza » ou de « Die Linke », c’est-à-dire une social-démocratie « nouvelle », non moins inféodée que la précédente à la « construction » euro-atlantique antinationale, antirépublicaine et antisociale.
Quant à la « gauche de la gauche », son actuelle tentation de se fédérer sur le thème – confus et illusoire s’il est dissocié de l’idée d’une rupture avec l’UE – d’une 6ème République regroupant Cécile Duflot (partisan de l’euro-länderisation de la France et de la mort de l’Etat-nation !), le Parti de gauche et les principaux ténors « montebourgeois », ne peut que la mettre à la remorque de la nouvelle social-démocratie « de gauche » en gestation, à servir de marchepied aux ambitieux, à ruiner l’indépendance politique des forces populaires. L’aspiration légitime à une nouvelle Constitution démocratique et populaire (dite « 6ème République »)ne peut se dissocier de l’aspiration à sortir la France du mouroir euro-atlantique. Car à quoi servirait une nouvelle constitution française démocratique si le programme politique est dans tous les cas « dikté » en amont par Bruxelles, Berlin, Washington et par le CAC-40 ? Plus que jamais, la souveraineté populaire et le progrès social sont inséparables de la reconquête de l’indépendance nationale dans la perspective d’un affrontement sans merci avec le capitalisme et avec l’impérialisme.
Sans se mettre à la remorque de Montebourg, le moment est venu pour les forces franchement communistes, progressistes, syndicalistes et républicaines, d’appeler à une grande manifestation nationale d’opposition populaire à l’euro-austérité, au plan Hollande-Valls-MEDEF, à la politique de guerre et de fascisation des gouvernements atlantistes successifs, pour la souveraineté du peuple français, l’emploi en France, le progrès social, les services publics et les salaires. Plus que jamais, les syndicalistes de classe se doivent de monter le son pour forcer les confédérations syndicales euro-formatées à rompre avec la direction jaune de la CFDT, à s’affranchir du mensonge de l’Europe sociale et à prendre leurs responsabilités face à ce gouvernement de guerre sociale contre le peuple : faisons valser Hollande, capitale Maastricht ! Dans le cadre d’une telle manifestation, les forces progressistes anti-UE, communistes, syndicalistes de classe et républicains progressistes, devraient se regrouper et faire entendre leur voix de manière indépendante et non pas appuyer les états-majors euro-ralliés de la « gauche de la gauche ».
Outre cette première manifestation nationale urgente, le PRCF propose à ses camarades des Assises du communisme de promouvoir ensemble l’idée d’un rassemblement populaire au printemps 2015 (70ème anniversaire de la victoire des peuples sur la première Europe dictatoriale du grand capital, 10ème anniversaire du Non français à la constitution européenne) contre l’UE atlantique, supranationale, patronale, antisociale, fascisante, belliciste : notre pays et le mouvement progressiste sont perdus si ne se forme pas rapidement un ferment visible d’alternative progressiste indépendante à la fois des coteries du PS, du « Parti de la Gauche européenne » et de la Confédération Européenne des Syndicats (pro-U.E. et pro-euro), mais aussi de l’ U.M.’ Pen en gestation. Forgeons ensemble le rassemblement « rouge Marianne », seul moyen de briser l’étau politique qui broie aujourd’hui notre peuple entre le « rassemblement bleu marine » de l’ UM’ Pen en gestation et l’UMPS euro-atlantique, entre la fascisation rampante de la France et la dissolution définitive de notre pays et de ses acquis sociaux dans le Grand Marché Transatlantique (GMT TTIP TAFTA…).
Plus que jamais, UNION, ACTION, OPPOSITION POPULAIRE au gouvernement Hollande-Valls-MEDEF ! Front de résistance patriotique et populaire contre l’UE atlantique, supranationale, antisociale, fascisante et belliciste du grand capital !
[1] C’est comme au football : aux élections de la 5ème République, les Français débattent et croient choisir : mais à la fin, c’est toujours l’Europe allemande qui gagne !